France-Espagne : les gars
Solides collectivement mais moins homogènes sur le plan de la qualité individuelle, les Bleus ont finalement manqué – de peu – leur épreuve d'espagnol.
Lloris a manqué d'accomplir un miracle sur le tacle à bout portant de Pedro, avant de manquer le sauvetage sur la ligne. Deux de ses sorties dans les pieds appelaient un penalty (35e et 90e+1). Le reste du temps, il a vu les frappes espagnoles rater le cadre. Mauvais soir.
Koscielny a plutôt réussi son match dans les duels, mais il n'a pas oublié de livrer sa spéciale "Je me fais reprendre par l'attaquant dans mon dos en remontant le ballon à deux à l'heure", agrémentée du bonus "Je pars dans une montée rageuse – je ne sais instantanément plus quoi faire du ballon".
Encore une fois excellent dans le placement et le jeu de tête, sûr dans ses relances, Varane aurait pu se payer un morceau de légende s'il avait pu pousser le ballon dans le but à la réception du corner de la 74e minute. Il peut se consoler en considérant que ces deux matches ont fait un bon début pour sa longue carrière en bleu.
Jesus Navas est entré pour poinçonner Patrice Évra, il lui a même offert plusieurs allers-retours gratuits, et même un tour de manège. Le Mancunien a failli alimenter sa légende avec une tête plongeante qui aurait pu trouver les filets, mais l'action a été de toute façon invalidée pour hors-jeu (86e). Il n'assure pas un contrôle (sur une vilaine passe de Benzema), offrant une occasion à Villa (35e). Sa fameuse couverture extérieure-en retard a fait merveille sur le but espagnol.
Courageux et assez juste techniquement en première mi-temps, Jallet a proposé une variante du défenseur "tour de contrôle" en dégageant la piste pour Monreal. Il avait bien lancé Benzema (29e), trouvé de bons appuis avec Valbuena, tenté quelques centres et sorti un ballon brûlant (35e), mais c'est hélas de son erreur d'appréciation que l'on se souviendra.
Le rébus officiel
(by Portnaouac)
Devant (et de part et d'autre de) Pogba, Cabaye et Matuidi ont passé leur temps à courir en touchant très peu le ballon, en le récupérant péniblement et en échouant à en faire un bon usage offensivement. Ils ont hérité de deux positions de frappes chacun, sans précision, et d'un avertissement lorsque la fatigue a grossi leurs fautes.
C'est Pogba, en dépit de sa position reculée, qui a pris les rênes de l'équipe, en distribuant remarquablement le jeu – souvent après avoir récupéré ou nettoyé un ballon – à l'image de cette merveilleuse transversale pour Jallet (38e). Son invraisemblable culot a payé, jusqu'à ce qu'il se transforme en manque de discernement, donnant une fin tragique à un match exceptionnel.
Dans le droit fil de ses prestations précédentes en bleu, et malgré l'efficacité d'Arbeloa face à lui, Ribéry a beaucoup donné et est souvent passé en percussion, sans oublier de lever la tête. Il a l'ouverture du score au bout du pied, mais c'est Valdés qui remporte le duel (39e), et il croisera trop son tir aux seize mètres en fin de partie (83e).
Valbuena complète le trio des hommes du match côté français. Avec sa vivacité et sa spontanéité, il a délivré des ouvertures remarquables et n'a pas été moins inspiré dans le jeu court. Dommage qu'il n'ait pas eu lui-même de véritable occasion, en dehors du retourné qu'il rate dès la première minute.
Compte tenu de sa disponibilité, notamment pour les contres, et de nombre de bons choix, on pourrait dire qu'il n'a manqué que la finition à Benzema. Mais elle lui a énormément manqué, avec un nouveau festival de derniers gestes irrémédiablement galvaudés.
Entré à la place de Cabaye pour faire la décision, Ménez a tenté de traverser le rideau espagnol, puis s'est retrouvé en pointe après le remplacement de Benzema par Sissoko. À la 83e minute, ce dernier s'est ouvert la voie à coups de machette avant de servir Ribéry.