36e journée, 36 buts, 36 chandelles, et facilement 36 raisons de lire le Feuilleton, le seul produit dérivé de la Ligue 1 qui marche vraiment.
Si l'on plie le classement en deux, Auxerre et Rennes se trouveront exactement sur le pli. Cela signifie que les quatre clubs "européens" sont dans la première partie de tableau, et que les quatorze autres se traînent dans la seconde, à des années-lumière du leader.
Les jeux sont donc faits pour Monaco et Lille, qui n'ont plus qu'à se disputer la place directement qualificative pour la C1. Marseille, Auxerre et Rennes sont à la lutte pour la C3, et derrière eux, on doit se contenter de "rêver" d'Intertoto, mini-Graal pour équipes ayant peu ou prou raté leur saison — seule l'AS Saint-Étienne faisant exception dans cette catégorie-là.
Côté ratages, les Toulousains poursuivent leur dégringolade au point d'être talonnés par les Strasbourgeois, sauvés des eaux, tandis que les Girondins boivent la tasse, pris dans la baïne. Compte tenu du resserrement en queue de peloton, personne n'est à l'abri de la noyade. On a le suspens qu'on peut.
Orgie offensive
Il aura fallu attendre la mi-mai pour vivre enfin une véritable soirée de football. Les supporters rennais, bordelais ou bastiais ne partageront pas forcément ce point de vue, mais l'amateur de ballon rond ne peut que se réjouir que la Ligue 1 ait vécu enfin une journée de championnat spectaculaire comme nos voisins en connaissent plus régulièrement, avec une moyenne de 3,6 buts par rencontre. Ce n'est probablement qu'une illustration supplémentaire de la trouille abyssale qui s'est abattue sur nos techniciens hexagonaux pendant toute la saison: débarrassés d'une part de pression ou, au contraire, placés au pied du mur pour accrocher leur objectif annuel à trois matches de la fin de l'exercice, nombre d'équipes ont sorti l'artillerie lourde et rompu avec leur prudence habituelle. On a donc vécu une soirée hallucinante où Armand a pu mettre une volée sous la barre en étant quasiment éclipsé par un presque-doublé de coups francs de Nicolas Savinaud, un triplé de Chevanton ou un retourné acrobatique somptueux d'Utaka. On en regretterait presque que les acteurs de cette belle flambée offensive aient gardé ce joli spectacle pour cette seule et unique soirée de printemps. La dose était effectivement puissante, mais on l'aurait préférée distillée sur une période un peu plus longue.
En tout cas, le service des sports de Canal+ peut se féliciter d'avoir établi une liste des plus beaux buts de la saison en excluant deux ou trois des chefs-d'oeuvre aperçus ce soir.
L'Olympique lyonnais soutient la Fondation Dagui Bakari. |
Les observations en vrac
> Vile vengeance contre son public infidèle : c'est quand la moitié du Parc est partie pour éviter les bouchons que les joueurs parisiens ont décidé d'inscrire leurs deux buts.
> Carton rouge pour Cyril Rool au bout d'une petite demi-heure de jeu. Il ne voulait pas cautionner cette parodie de football qui se déroulait sous ses yeux depuis la veille.
> Les joueurs lyonnais libérés : "Avec Paul Le Guen, on avait l'impression d'être brimés dans nos velléités offensives".
> Le comique rennais Adeslam Ouaddou poursuit sa tournée française : il jouait samedi son spectacle "Je sais aussi marquer des auto-goals du dos" au Stade Bollaert de Lens.
> Benoît Pedretti voulait mettre des "coups de pied au cul" de ses coéquipiers. Finalement, c'est Violeau qui a pris.
Jeu-test : les défenseurs caennais ont perdu leur gardien sur ce corner. Sauras-tu le retrouver? |
Le beurre nantais demi-sel
Philippe Brunel (AFP) : "Nantes n'a pas fait un marquage très strict. On n'avait pas l'impression de duel à chaque fois. On a marqué trois fois sur trois coups de pied arrêté et trois fois de la tête. On s'est appliqué sur corner et coup franc, c'est tout".
Le ténia alsacien
"Pagis réussit une percée solitaire dans les entrailles messines" (C+).
La disette de Serge
Serge Le Dizet (Ouest-France) : "Il nous manque un peu de tout".
Le journaliste d'investigation
Denis Balbir (C+) : "Juninho, c'est le moment de le souligner car c'est une véritable info, Juninho n'a jamais marqué contre les Girondins de Bordeaux".
Mickaël Landreau emploie un langage de plus en plus imagé pour s'adresser à ses dirigeants. |
Le choix du terrain
Fabrice Fiorèse (om.net) : "Il faut que nous abordions les deux matches qui restent comme deux finales". Espérons que ce ne sont pas Bari et Moscou.
L'extraterritorialité
Philippe Troussier (om.net) : "Nous allons accueillir le beau championnat lyonnais".
Le faux départ
Eric Bédouet (girondins.com) : "Il n’y a pas de secrets, il faut s’arracher". Pourquoi pas, mais pour aller où?
Le tunnel du Mont-Blanc
Jean-Michel Aulas (olweb.fr) : "[Les joueurs] savent aussi qu'est née entre eux et les supporters une histoire d'amour et de foi qui leur permet de traverser des montagnes".
Les trois points
Claudio Caçapa (olweb.fr) : "Quand on entre sur un terrain, c'est pour la victoire, la victoire et la victoire".
Le gardien de but, détenteur d'une classe et d'une élégance naturelles qui n'appartiennent qu'à lui sur un terrain de football. |
L'hommage à Sidney Govou
Jean-Michel Aulas (olweb.fr) : "L'Olympique Lyonnais peut inscrire son nom dans l'histoire du football en conquérant des titres comme on le fait en ce moment mais aussi en démontrant que le professionnalisme se décline jusqu'au bout de la nuit".
Le comité d'entreprise radin
Grégory Coupet (olweb.fr) : "Le président nous a fait un discours à la Guy Roux comme quoi il ne faut rien lâcher… au bout du compte lui aussi n'a rien lâché. Même pas une petite goutte de champagne".
La mobilité nantaise
Emerse Faé (L'Équipe) : "On reste soudés".
Le blindage
Guy Roux (L'Équipe) : "Ce serait faire injure à Marseille que d'être mécontent de ce point". En même temps, ils ne se vexent plus pour grand-chose.
Si, comme Mamadou Niang, vous fixez longuement le disque doré, vous pourrez vous aussi voir un but de Michael Pagis consécutif à un double contact. |
Les bleus marinent
Claudio Caçapa (olweb.fr) : "On cherchait quelqu'un à jeter à l'eau, mais il n'y avait personne, ils se méfient tous maintenant". Sauf les Bordelais, qui sont allés directement toucher le fond.
La formation continue
Laszlo Bölöni (Ouest-France) : "Il aurait fallu jouer mieux avec le ballon".
La principauté sans couronne
Julien Rodriguez (L'Équipe) : "On va tout faire pour finir dauphins de Lyon".
L'entraîneur qui aura tout tenté
Serge Le Dizet (Ouest-France) : "Ce n'est pas faute de leur avoir rappelé les consignes à la mi-temps".
La nostalgie inattendue
Jérôme Rothen (L'Équipe) : "Je préfère faire un 2-2 avec ce scénario qu'un 0-0 triste à mourir". C'est là que les supporters regrettent les 1-0 tristes à mourir de l'ère Halilhodzic.
Courageusement, Philippe Troussier tente d'expliquer à Benoît Pedretti le concept du "2" dans le 4-2-3-1. |
L'accident bête
Rolland Courbis (L'Équipe) : "Nous avons grillé un joker". Chapuis a mis les doigts dans la prise?
La grosse constipation
"Strasbourg enfin soulagé" (L'Équipe).
Le dépucelage tardif
Serge Le Dizet (L'Équipe) : "On a pris le bâton pour se faire battre".
La grande première
Pascal Garibian (L'Équipe) : "C'est la première fois que j'expulse Cyril".
Le presse-agrume
Michel Pavon (L'Équipe) : "Il faut essayer de se vider la tête". C'est vrai que les couilles, c'est déjà fait.
Gêné par un panneau publicitaire, un Bastiais peine à répondre aux questions de Laurent Paganelli. |
Le sursis à exécution
Franck Dumas (Ouest-France) : "La victoire nous permet simplement d'espérer une semaine supplémentaire".
La blague de la semaine
Guy Roux (L'Équipe) : "On connaît la qualité de la défense marseillaise".
L'humour involontaire
Anthony Réveillère (Le Progrès) : "On est entré sur le terrain avec les cheveux teints en rouge et bleu, mais ce n'était pas pour chambrer". Tant mieux, parce que c'était vous qui aviez l'air ridicule.
La crédulité strasbourgeoise
Jacky Duguépéroux (TF1) : "Les joueurs ont cru ce que je leur ai dit".
Les joueurs sous contrat
Stéphane Porato (C+) : "Ce n'est pas ces arbitres-là qui vont nous faire descendre". En même temps, si vous continuez à les énerver, ne vous étonnez pas qu'ils fassent appel à des tueurs à gage.
José Cobos a raté sa vocation. Selon vous, il aurait dû être:
1. Interprète de Conan le barbare dans des séries Z.
2. Guitariste rythmique dans un groupe de thrash-metal.
3. Chippendale dans la banlieue de Las Vegas. |