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Dis-moi ton joueur préféré...

… et je te dirai qui tu es? Dans la foulée d'une polémique récente et avec une étude de cas sur la question "Platini ou Maradona?", essayons de mieux cerner ce qui nourrit nos affinités et nos détestations en matière de football…
Auteur : Jamel Attal le 19 Fev 2003

 

La virulence des débats ayant suivi la publication de la Tribune de Grégory sur Maradona a réveillé l'envie de s'offrir une petite variation sur les rapports entre nos préférences en matière de football et ceux que nous sommes, de traquer le lien intime entre nos joueurs préférés et les valeurs où la vision du monde qui nous les prédestinent… Le football est en effet un espace partisan, qui implique de "prendre parti" pour des couleurs, qu'il s'agisse à un extrême du "fanatisme" de l'Ultra ou à l'autre du spectateur distancié qui, pour pimenter une rencontre, va se choisir un favori du soir. Rares sont les purs esthètes qui n'avouent aucune préférence durable pour certains joueurs ou certaines équipes — qui ne regarderaient que le ballon en quelque sorte. L'immense majorité des amateurs affichent clairement et défendent leurs préférences, moquant parfois celles des autres et nourrissant des polémiques inépuisables qui font la matière même du football, sujet infiniment discutable. Les clubs, les joueurs, les entraîneurs offrent ainsi des ressources illimitées d'adhésion ou de rejet à des façons de jouer au football, formant toute une cosmologie avec son histoire, ses styles de jeu, ses différentes compétitions, ses valeurs contradictoires, ses figures emblématiques, ses mythes, ses controverses, ses aspects purement techniques et tactiques etc. Il y a tant de choses à aimer dans le football qu'on ne peut pas tous aimer la même chose. Il arrive même fréquemment que nous détestions précisément ce que les autres aiment, et réciproquement. On ne s'aventurera pas ici à rechercher comment ces affinités se construisent et se distribuent, et comment elles traduisent des conceptions du football qui font elles-mêmes écho à des visions du monde, ou à des positions dans le monde. Renvoyons plutôt à Christian Bromberger, qui s'y est essayé de manière convaincante dans son ouvrage majeur (1). On n'abordera pas non plus le chapitre entier des préférences en matière d'équipes pour s'en tenir aux joueurs, au travers des plus controversés d'entre eux. Demi-dieux et guerres de religion En revanche, dans la continuité du débat autour de ce fameux article, autorisons-nous à aborder la façon dont les joueurs les plus emblématiques peuvent susciter des polémiques virulentes, qui vont bien au-delà de leur objet initial. Certaines figures cristallisent effectivement les passions, parce qu'elles concentrent un nombre exceptionnel de traits significatifs et qu'elles accentuent des contradictions qui, autrement, seraient bien moins marquées. Pourtant, en toute objectivité, n'importe quel personnage du football, aussi controversé soit-il, peut être défendu. Mais certains ne peuvent l'être qu'en mobilisant des conceptions antagonistes de notre sport-roi qui ne peuvent que s'affronter bruyamment. Etienne Melvec, dans un article qui avait suscité des réactions assez analogues à certains égards à celles de "Saint-Diego" (Humain, trop humain), avait tâché de montrer que la vindicte dont faisait l'objet Luis Fernandez (y compris de notre part) débordait largement la stricte objectivité pour tourner parfois au procès de personne, l'entraîneur parisien excitant en fait des oppositions "philosophiques" en matière de football qui trouvent là l'occasion de se radicaliser.

Une opposition classique : Maradona et Platini Les monstres sacrés du sport moderne se regroupent facilement par paires antagonistes lorsqu'ils sont contemporains: Anquetil-Poulidor, Borg-McEnroe, Senna-Prost… On peut multiplier les exemples de rivalités sportives qui ont défini de grandes fractures symboliques entre leurs partisans respectifs, tant elles semblaient opposer bien plus que deux personnalités antagonistes, mais aussi toute une vision du sport — et incidemment du monde ou de la société. Le couple Platini-Maradona, bien que leurs rayonnements respectifs aient été sensiblement décalés dans le temps, fait partie de cette série (2). On peut difficilement trouver deux meneurs de jeu — frappés d'un numéro 10 à la légende duquel ils ont largement contribué — avec des styles de jeu, des carrières et des images aussi opposées. Attardons-nous un instant sur la nature de leurs génies respectifs. Platini représente le numéro Dix "cerveau" de son équipe, leader tactique autant que technique, dont la vision — la science et la prescience — du jeu était incomparable. Joueur cérébral par excellence, au physique quelconque (3) mais à la technique impeccable, il n'est pas étonnant que le geste qui le représente le mieux soit le coup franc, exercice dont il a inventé la forme moderne. On retrouve des morceaux de lui dans le leadership de Deschamps, dans la fluidité du jeu de Zidane, dans les coups de patte de Carrière, dans le sens du but de Trezeguet… C'est dire le nombre exceptionnel de qualités qu'il réunissait. Maradona, lui, serait le génie incarné, fut-il mauvais génie. Moins stratège qu'artiste, il fait la différence à lui seul avec des gestes et des actions improbables, force la porte de l'histoire pour y entrer (la main de Dieu) ou en sortir (USA 94), entraîne toute une nation ou toute une ville dans le pathos de son sacrifice. Mauvais garçon issu des milieux les plus défavorisés, il représente malgré la consécration le "misfit", le paria qui dérange la norme et déroge au code de conduite que les sportifs, contraints à l'exemplarité par l'exemplarité même du football, sont implicitement obligés d'observer. Défiant les notion de bien et de mal, il est capable dans le même match de détrousser ses adversaires puis de leur marquer l'un des plus beaux buts de l'histoire…

Dans l'au-delà de leurs carrières sportives, Platini et Maradona s'opposent de manière encore plus caricaturale. Le premier a acquis la respectabilité d'un dirigeant au travers de l'organisation de la Coupe du monde et de son élection dans les deux plus hautes instances que sont l'UEFA et la FIFA. L'autre a écrit une chronique sulfureuse et scandaleuse dans laquelle il fut question de cocaïne, de violences diverses et de come-back pathétiques. On remarquera qu'aujourd'hui leurs surcharges pondérales respectives n'ont pas du tout le même sens. Si celle de Platini représente l'accès à la notabilité, celle de l'autre prend le sens d'une déchéance physique — presque morale… Et d'une manière générale, tout oppose, de manière parfois caricaturale, les deux joueurs, à commencer par la conformité de Platini aux valeurs morales dominantes dans le sport et l'image d'un Maradona "enfant terrible", génie autodestructeur injustement crucifié sur l'autel de ces mêmes valeurs. Mais il faut bien admettre que leurs caractéristiques "socioprofessionnelles" définissent des archétypes étonnamment contradictoires. Ils opposent, on l'a dit, le collectif à l'individualisme, l'intelligence à la ruse, la conformité à la déviance, le flegme à l'impulsivité, les trajectoires parfaites et les percées improbables, le cartésianisme à la fantaisie, la classe moyenne européenne au prolétariat sud-américain, la Juve à Naples etc. Ça n'empêche heureusement pas que de nombreux amateurs puissent pareillement apprécier ces deux extraordinaires spécimens du génie footballistique, mais leur dualisme invite décidément à prendre parti. Les anges de la discorde Il est significatif qu'une bonne partie des controverses sur Maradona portent sur le thème de l'exemplarité exigée des joueurs, les frasques de l'Argentin (qui mêlent ses filouteries sur le terrain et les déboires de sa vie "privée") constituant pour beaucoup un obstacle à sa reconnaissance comme "modèle" légitime. Dans ce débat, on est frappé par l'opposition entre ceux qui expriment une adhésion spontanée aux valeurs du sport — même théoriques et bafouées par les réalités économiques du sport pro — et ceux qui affichent un libertarisme ou un certain cynisme (ou encore un désenchantement) vis-à-vis du sport contemporain, qui voient en Maradona un personnage pasolinien, une revanche de la poésie, de la misère ou du génie sans concession… Et qui prennent plaisir à le voir désintégrer le consensus et arracher les masques. Il est permis, en fait, de rapprocher tous les enfants terribles qui déboulent dans le football comme des chiens dans un jeu de quilles, et dont l'inadaptation foncière alimentent les détestations. Cantona, Anelka, Fernandez, Gascoigne ont ainsi cette capacité à semer la discorde… Leurs "exploits" ont quelque chose de jubilatoire pour leurs partisans, comme autant de camouflets à un ordre établi dont ils révèlent l'extraordinaire hypocrisie. Un point de vue expressivement défendu sur le forum par ricardo tubbs (4). Cette préférence peut parfois, malheureusement, dégénérer dans une forme de poujadisme qui fait le lit des vils démagogues comme Bernard Tapie, qui incarne lui aussi la victoire du plus malin dans un système plus pourri que lui… Entre l'authenticité et les faux-semblants, la frontière est parfois ténue. Moralistes malgré nous ? Que dire de leurs contradicteurs, maintenant? Pour nous en tenir sagement à une auto-analyse, puisque nous nous comptons parmi eux (malgré le laxisme invraisemblable qui nous a laissé publier une tribune hérétique), on peut avec intérêt se pencher sur les partis pris des Cahiers du football, dont la plupart des rédacteurs partagent justement une certaine inimitié envers ces personnages, préférant au contraire la droiture de gens comme Aimé Jacquet, prenant parti dans le débat évoqué pour le Nancéen (pas seulement, espérons-nous, par chauvinisme), défendant une vision du jeu collectiviste, voire puritaine par moments (quand elle n'est pas nostalgique — "nouveaux réacs", nous voilà!). Alors, sommes-nous malgré notre façade contestataire des conformistes qui adhèrent au mythe des valeurs sportives, des idéalistes qui tournent aux moralistes et finissent eux aussi par sanctuariser le football? "Travail, Percussion, Patrie" serait notre devise? La question s'était déjà posée il y a longtemps, dans des termes sensiblement différents, à propos du risque d'angélisme que contenait notre vision du football (voir Plutôt idéaliste que mort). Pour ne pas prolonger excessivement cette dissertation, on laissera l'interrogation en suspens. PS : tous ceux qui écriront Maradona avec deux "n" comme Madonna seront sanctionnés d'une suspension de cinq minutes. (1) Christian Bromberger, Le match de football — Ethnologie d'une passion partisane à Marseille, Naples et Turin, Ed. de la Maison des Sciences de l'homme, Paris, 1995. Voir le chapitre II, "Le football comme métaphore". (2) On peut observer que les oppositions traversent parfois les époques, comme lorsqu'on oppose Zidane et Platini dans un impossible duel. Mais dans ce cas, les différences sont moins tranchées et tiennent plus à des éléments générationnels. (3) Rappelons qu'il a joué la majeure partie de sa carrière avec un ligament du genou en moins, diagnostic qui ne fut effectué qu'à sa retraite. (4) ricardo tubbs - mercredi 12 février 2003 à 18h15 (…) Diego est authentique, Zidane est authentique par sa classe naturelle, sa gentillesse, Canto est authentique, Anelka est authentique , Duga est authentique etc... Moi je préfère finalement un Maradona poudré à mort qui te dit que malgré leur statut privilégié, les footeux de haut niveau ne restent que des gladiateurs en dénonçant les cadences infernales, la langue de bois et la pensée unique qui sévissent au sein des vestiaires de peur de se faire griller par les coéquipiers, le staff voire les présidents, je préfère cette attitude à un Platini tout propret qui finalement est devenu un "monstre politique" arrogant se légitimant de son statut pour en imposer aux autres.

Réactions

  • Armel le 19/02/2003 à 03h44
    Excellent article... J'aime beaucoup la facon dont Jamel y analyse et y decrit "les deux camps" en presence...
    Et c'est tres bien d'avoir laisse la derniere question en suspens... :-))

  • Vamos Playa le 19/02/2003 à 05h47
    Pour la dernière réponse, en ce qui me concerne, par contre, pas de doute...
    Je réponds par un OUI franc et massif... Si préférer Platini à Maradona, c'est être moraliste, alors je le suis !!!
    J'ai tout compris, c'est ça? ;-)

    Pourquoi plus Platini que Maradona?
    1/ Il était plus altruiste. Il mettait des beaux coups francs. Il est plus marrant (en tout cas, je comprends ses vannes). Par contre, les noeuds de cravate de Platini sont pourris.
    2/ Je n'aime pas les artistes maudits (surtout ceux qui n'ont plus à l'être).
    3/ C'est comme ça.
    4/ S'il faut choisir un Argentin, ce sera Fernando D'Amico, en ce qui me concerne, personnellement, moi je.

  • Le Plan le 19/02/2003 à 08h38
    Je sens que je ne devrais pas le dire, car ca va relancer le debat, mais comparer Maradona a Platini, il n'y a que les Francais pour le faire.

    Diego est peut etre le meilleur joueur de l'histoire (il y a debat avec Pele), alors que Platini a ete l'un des meilleurs joueurs de sa decennie.

  • MajorFatal le 19/02/2003 à 09h20
    Que des français pour le faire, Le Plan ? Je crois me rappeler que c'était un débat récurrent en Italie au milieu des années 80... Mais les italiens n'y connaissent rien en foot, tout le monde sait ça...

  • Géant Vert le 19/02/2003 à 09h30
    Belle analyse sociologique Jamel !! Ca me fait penser a un article dans les Cahiers de la Sociologie dans les années 90. Et ca me fait aussi un peu penser aux débats foot-rugby, golf-croquet, tennis-jokari....
    En tout cas, ca donne envie de relire de tels articles....VITE !

  • jack bauer le 19/02/2003 à 09h45
    Le Plan, Platini a été 3 fois ballon d'or, 3 fois meilleur buteur d'Italie en jouant 10, il a mis 9 buts en 5 matchs à l'Euro 84... Même si il est probablement un peu en dessous de Diego, il est plus proche de Pelé ou Maradona que de Baresi ou Romario.

  • ricardo tubbs le 19/02/2003 à 09h51
    Je suis flatté qu'une de mes réactions ait attiré votre attention.
    Concernant l'apres carrière footballistique de nos 2 héros du jour, je suis d'autant plus perplexe par direction pragmatique qu'a empruntée celle de Platini qui, joueur, était loin de l'image d'un grand professionnel à savoir qu'il détestait s'entrainer, contestait fréquemment les choix tactiques du grand Trappatoni, fumait lors des mi-temps, n'avait pas le sens du sacrifice en ne travaillant pas défensivement sur le terrain etc...
    Finalement, Platini et Maradona, joueurs se ressemblaient énormément, seulement un est devenu froidement réaliste et ambitieux et l'autre n'est jamais redescendu de son piedestal et se bat contre des moulins à vent.
    Même s'il faut avouer que Platini est impressionnant dans cette nouvelle carrière en étant omniprésent dans les sphères footballistiques nationales, européennes et mondiales et que son avis sur le foot et le jeu est toujours plein de pertinence et de sagesse j'admire quand même un homme comme Maradona qui finalement n'a jamais cessé de vouloir donner du bonheur aux autres.

  • gb13 le 19/02/2003 à 09h57
    Bel article Jamel ... tu devrais faire journaliste ;-))
    Réjouissons nous d'avoir pû voir jouer de tels artistes. Difficile de trancher entre le talent et le génie pur ...
    Mais, c'est vrai qu'en tant que marseillais, je préfère Maradona, moins lisse, plus "vivant" que Platini et à terme, peut-être moins "dangereux" ... j'adhère totalement à l'analyse de Ricardo ...

  • Dribbleur comme Scifo... le 19/02/2003 à 10h03
    C'est un peu facile de prendre comme exemple l'opposition Platini-Maradona.
    J'attends l'analyse du duel Roberto Carlos - Cyril Rool.

  • CoinCoin le 19/02/2003 à 10h04
    Mais LePlan, tu sais bien que "meilleur joueur de l'histoire" est une expression à peu près dénuée de sens, et que l'on ne pourra jamais comparer Puskas et Zidane...

    Je l'ai déjà écrit, je suis définitivement dans le camp des Platiniens, ou plutôt des anti-Maradona. Car j'ai l'impression que les deux camps décrits se construisent plus avec ou contre l'argentin ; personne n'est vraiment antiPlatini-le-joueur, tout au plus Platini-le-politique peut-il déplaire.

    Et dans Platini-le-joueur, je chéris tout particulièrement Platini-la-feignasse, celui qui sait qu'une passe bien ajustée et un bon placement économise bien des entraînements physiques, et qui dit justement qu'il vaut mieux faire courir le ballon que courir soi-même, même si c'est un peu contradictoire avec les vertus dont l'article le rapproche (comme le dit justement ricardo). Cette attitude a donné espoir à un tas de gosses qui savent dès 9 ans qu'il n'auront jamais le physique de Vieira (et qui ne se rendent pas encore compte qu'ils n'auront jamais non plus la technique de Platoche).

La revue des Cahiers du football