Si vous saisissez votre mot de passe PUIS votre e-mail, vous aurez la confirmation que ça n'a aucun effet particulier. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Dis-moi ton joueur préféré...

… et je te dirai qui tu es? Dans la foulée d'une polémique récente et avec une étude de cas sur la question "Platini ou Maradona?", essayons de mieux cerner ce qui nourrit nos affinités et nos détestations en matière de football…
Auteur : Jamel Attal le 19 Fev 2003

 

La virulence des débats ayant suivi la publication de la Tribune de Grégory sur Maradona a réveillé l'envie de s'offrir une petite variation sur les rapports entre nos préférences en matière de football et ceux que nous sommes, de traquer le lien intime entre nos joueurs préférés et les valeurs où la vision du monde qui nous les prédestinent… Le football est en effet un espace partisan, qui implique de "prendre parti" pour des couleurs, qu'il s'agisse à un extrême du "fanatisme" de l'Ultra ou à l'autre du spectateur distancié qui, pour pimenter une rencontre, va se choisir un favori du soir. Rares sont les purs esthètes qui n'avouent aucune préférence durable pour certains joueurs ou certaines équipes — qui ne regarderaient que le ballon en quelque sorte. L'immense majorité des amateurs affichent clairement et défendent leurs préférences, moquant parfois celles des autres et nourrissant des polémiques inépuisables qui font la matière même du football, sujet infiniment discutable. Les clubs, les joueurs, les entraîneurs offrent ainsi des ressources illimitées d'adhésion ou de rejet à des façons de jouer au football, formant toute une cosmologie avec son histoire, ses styles de jeu, ses différentes compétitions, ses valeurs contradictoires, ses figures emblématiques, ses mythes, ses controverses, ses aspects purement techniques et tactiques etc. Il y a tant de choses à aimer dans le football qu'on ne peut pas tous aimer la même chose. Il arrive même fréquemment que nous détestions précisément ce que les autres aiment, et réciproquement. On ne s'aventurera pas ici à rechercher comment ces affinités se construisent et se distribuent, et comment elles traduisent des conceptions du football qui font elles-mêmes écho à des visions du monde, ou à des positions dans le monde. Renvoyons plutôt à Christian Bromberger, qui s'y est essayé de manière convaincante dans son ouvrage majeur (1). On n'abordera pas non plus le chapitre entier des préférences en matière d'équipes pour s'en tenir aux joueurs, au travers des plus controversés d'entre eux. Demi-dieux et guerres de religion En revanche, dans la continuité du débat autour de ce fameux article, autorisons-nous à aborder la façon dont les joueurs les plus emblématiques peuvent susciter des polémiques virulentes, qui vont bien au-delà de leur objet initial. Certaines figures cristallisent effectivement les passions, parce qu'elles concentrent un nombre exceptionnel de traits significatifs et qu'elles accentuent des contradictions qui, autrement, seraient bien moins marquées. Pourtant, en toute objectivité, n'importe quel personnage du football, aussi controversé soit-il, peut être défendu. Mais certains ne peuvent l'être qu'en mobilisant des conceptions antagonistes de notre sport-roi qui ne peuvent que s'affronter bruyamment. Etienne Melvec, dans un article qui avait suscité des réactions assez analogues à certains égards à celles de "Saint-Diego" (Humain, trop humain), avait tâché de montrer que la vindicte dont faisait l'objet Luis Fernandez (y compris de notre part) débordait largement la stricte objectivité pour tourner parfois au procès de personne, l'entraîneur parisien excitant en fait des oppositions "philosophiques" en matière de football qui trouvent là l'occasion de se radicaliser.

Une opposition classique : Maradona et Platini Les monstres sacrés du sport moderne se regroupent facilement par paires antagonistes lorsqu'ils sont contemporains: Anquetil-Poulidor, Borg-McEnroe, Senna-Prost… On peut multiplier les exemples de rivalités sportives qui ont défini de grandes fractures symboliques entre leurs partisans respectifs, tant elles semblaient opposer bien plus que deux personnalités antagonistes, mais aussi toute une vision du sport — et incidemment du monde ou de la société. Le couple Platini-Maradona, bien que leurs rayonnements respectifs aient été sensiblement décalés dans le temps, fait partie de cette série (2). On peut difficilement trouver deux meneurs de jeu — frappés d'un numéro 10 à la légende duquel ils ont largement contribué — avec des styles de jeu, des carrières et des images aussi opposées. Attardons-nous un instant sur la nature de leurs génies respectifs. Platini représente le numéro Dix "cerveau" de son équipe, leader tactique autant que technique, dont la vision — la science et la prescience — du jeu était incomparable. Joueur cérébral par excellence, au physique quelconque (3) mais à la technique impeccable, il n'est pas étonnant que le geste qui le représente le mieux soit le coup franc, exercice dont il a inventé la forme moderne. On retrouve des morceaux de lui dans le leadership de Deschamps, dans la fluidité du jeu de Zidane, dans les coups de patte de Carrière, dans le sens du but de Trezeguet… C'est dire le nombre exceptionnel de qualités qu'il réunissait. Maradona, lui, serait le génie incarné, fut-il mauvais génie. Moins stratège qu'artiste, il fait la différence à lui seul avec des gestes et des actions improbables, force la porte de l'histoire pour y entrer (la main de Dieu) ou en sortir (USA 94), entraîne toute une nation ou toute une ville dans le pathos de son sacrifice. Mauvais garçon issu des milieux les plus défavorisés, il représente malgré la consécration le "misfit", le paria qui dérange la norme et déroge au code de conduite que les sportifs, contraints à l'exemplarité par l'exemplarité même du football, sont implicitement obligés d'observer. Défiant les notion de bien et de mal, il est capable dans le même match de détrousser ses adversaires puis de leur marquer l'un des plus beaux buts de l'histoire…

Dans l'au-delà de leurs carrières sportives, Platini et Maradona s'opposent de manière encore plus caricaturale. Le premier a acquis la respectabilité d'un dirigeant au travers de l'organisation de la Coupe du monde et de son élection dans les deux plus hautes instances que sont l'UEFA et la FIFA. L'autre a écrit une chronique sulfureuse et scandaleuse dans laquelle il fut question de cocaïne, de violences diverses et de come-back pathétiques. On remarquera qu'aujourd'hui leurs surcharges pondérales respectives n'ont pas du tout le même sens. Si celle de Platini représente l'accès à la notabilité, celle de l'autre prend le sens d'une déchéance physique — presque morale… Et d'une manière générale, tout oppose, de manière parfois caricaturale, les deux joueurs, à commencer par la conformité de Platini aux valeurs morales dominantes dans le sport et l'image d'un Maradona "enfant terrible", génie autodestructeur injustement crucifié sur l'autel de ces mêmes valeurs. Mais il faut bien admettre que leurs caractéristiques "socioprofessionnelles" définissent des archétypes étonnamment contradictoires. Ils opposent, on l'a dit, le collectif à l'individualisme, l'intelligence à la ruse, la conformité à la déviance, le flegme à l'impulsivité, les trajectoires parfaites et les percées improbables, le cartésianisme à la fantaisie, la classe moyenne européenne au prolétariat sud-américain, la Juve à Naples etc. Ça n'empêche heureusement pas que de nombreux amateurs puissent pareillement apprécier ces deux extraordinaires spécimens du génie footballistique, mais leur dualisme invite décidément à prendre parti. Les anges de la discorde Il est significatif qu'une bonne partie des controverses sur Maradona portent sur le thème de l'exemplarité exigée des joueurs, les frasques de l'Argentin (qui mêlent ses filouteries sur le terrain et les déboires de sa vie "privée") constituant pour beaucoup un obstacle à sa reconnaissance comme "modèle" légitime. Dans ce débat, on est frappé par l'opposition entre ceux qui expriment une adhésion spontanée aux valeurs du sport — même théoriques et bafouées par les réalités économiques du sport pro — et ceux qui affichent un libertarisme ou un certain cynisme (ou encore un désenchantement) vis-à-vis du sport contemporain, qui voient en Maradona un personnage pasolinien, une revanche de la poésie, de la misère ou du génie sans concession… Et qui prennent plaisir à le voir désintégrer le consensus et arracher les masques. Il est permis, en fait, de rapprocher tous les enfants terribles qui déboulent dans le football comme des chiens dans un jeu de quilles, et dont l'inadaptation foncière alimentent les détestations. Cantona, Anelka, Fernandez, Gascoigne ont ainsi cette capacité à semer la discorde… Leurs "exploits" ont quelque chose de jubilatoire pour leurs partisans, comme autant de camouflets à un ordre établi dont ils révèlent l'extraordinaire hypocrisie. Un point de vue expressivement défendu sur le forum par ricardo tubbs (4). Cette préférence peut parfois, malheureusement, dégénérer dans une forme de poujadisme qui fait le lit des vils démagogues comme Bernard Tapie, qui incarne lui aussi la victoire du plus malin dans un système plus pourri que lui… Entre l'authenticité et les faux-semblants, la frontière est parfois ténue. Moralistes malgré nous ? Que dire de leurs contradicteurs, maintenant? Pour nous en tenir sagement à une auto-analyse, puisque nous nous comptons parmi eux (malgré le laxisme invraisemblable qui nous a laissé publier une tribune hérétique), on peut avec intérêt se pencher sur les partis pris des Cahiers du football, dont la plupart des rédacteurs partagent justement une certaine inimitié envers ces personnages, préférant au contraire la droiture de gens comme Aimé Jacquet, prenant parti dans le débat évoqué pour le Nancéen (pas seulement, espérons-nous, par chauvinisme), défendant une vision du jeu collectiviste, voire puritaine par moments (quand elle n'est pas nostalgique — "nouveaux réacs", nous voilà!). Alors, sommes-nous malgré notre façade contestataire des conformistes qui adhèrent au mythe des valeurs sportives, des idéalistes qui tournent aux moralistes et finissent eux aussi par sanctuariser le football? "Travail, Percussion, Patrie" serait notre devise? La question s'était déjà posée il y a longtemps, dans des termes sensiblement différents, à propos du risque d'angélisme que contenait notre vision du football (voir Plutôt idéaliste que mort). Pour ne pas prolonger excessivement cette dissertation, on laissera l'interrogation en suspens. PS : tous ceux qui écriront Maradona avec deux "n" comme Madonna seront sanctionnés d'une suspension de cinq minutes. (1) Christian Bromberger, Le match de football — Ethnologie d'une passion partisane à Marseille, Naples et Turin, Ed. de la Maison des Sciences de l'homme, Paris, 1995. Voir le chapitre II, "Le football comme métaphore". (2) On peut observer que les oppositions traversent parfois les époques, comme lorsqu'on oppose Zidane et Platini dans un impossible duel. Mais dans ce cas, les différences sont moins tranchées et tiennent plus à des éléments générationnels. (3) Rappelons qu'il a joué la majeure partie de sa carrière avec un ligament du genou en moins, diagnostic qui ne fut effectué qu'à sa retraite. (4) ricardo tubbs - mercredi 12 février 2003 à 18h15 (…) Diego est authentique, Zidane est authentique par sa classe naturelle, sa gentillesse, Canto est authentique, Anelka est authentique , Duga est authentique etc... Moi je préfère finalement un Maradona poudré à mort qui te dit que malgré leur statut privilégié, les footeux de haut niveau ne restent que des gladiateurs en dénonçant les cadences infernales, la langue de bois et la pensée unique qui sévissent au sein des vestiaires de peur de se faire griller par les coéquipiers, le staff voire les présidents, je préfère cette attitude à un Platini tout propret qui finalement est devenu un "monstre politique" arrogant se légitimant de son statut pour en imposer aux autres.

Réactions

  • smartin94 le 19/02/2003 à 12h08
    gb13,
    je ne garantis pas la clarté mais j'ai essayé de coller à ce que j'apprécie dans les cahiers du foot: le foot comme reflet de notre société... donc j'ai généralisé... mais bon, je suis encore en periode de rodage réactionnel ... je vais m'améliorer

  • kalle le 19/02/2003 à 12h13
    Moi j'ai pas envie de choisir, ou alors je choisis le football, le jeu et dans ce cas je prends les deux Platona et Maradini.
    C'est pour des joueurs comme ça que j'aime le foot.
    Et les deux sont dans le top 10 de l'histoire du foot.

  • gb13 le 19/02/2003 à 12h55
    smartin94, c'est de la jalousie, moi, je sais pas faire !!!

  • No Fun le 19/02/2003 à 13h20
    Moi je suis plutôt Rolling Stones que Beatles, et, donc, plus Maradona que Platini. Ca donne des infos sur ma personnalité (ou celle que j'aimerais avoir) ??

    Bien sur ce sont deux génies du football, mais je trouve Maradona supérieur (allez je me lance dans un top5 bien improbable : 1 Diego, 2 Platoche, 3 Pelé, 4 Cruyff, 5 Zidane). Et je ne crois pas que l'on puisse dire : Platini était collectif, avait l'intelligence du jeu, était droit et Maradona génial, rusé (au sens péjoratif du terme), individualiste, ... Je pense que les deux possèdent ces caractéristiques.

    J'ai l'impression que je suis le seul à m'en souvenir, mais Platini s'est pris plusieurs cartons pour simulation de pénalties alors que la sanction de cette attitude n'avait pas encore effleuré les instances arbitrales internationales. Par ailleurs et l'un de vous l'a noté dans le fil, Maradona était un grand passeur décisif. On peut considérer que Platini est un individualiste opportuniste lorsqu'on le voit évoluer aujourd'hui dans les sphères des institutions du football... Et la suffisance avec laquelle il distille ces analyses (toujours justes et intelligentes, il faut bien l'avouer)...

    Je renvoie les détracteurs de Maradona à l'interview (que j'ai trouvé excellente pour ma part) qu'il avait donnée à Naguy et diffusée sur Canal + (il y a 1 an ou 2), il reparlait de la main contre l'angleterre et de tous les reproches qu'on lui fait (il se drogue alors qu'il est un exemple pour les jeunes, c'est un tricheur, ...)


  • No Fun le 19/02/2003 à 13h22
    Très bel article en tout cas.

  • Agora le 19/02/2003 à 13h40
    Leo, d'accord avec toi quand Rivaldo ou Maradona marquent un but, c'est pour l'équipe, mais combien de buts font ils perdre à leur équipe par leur jeu "perso" ou une tactique trop centrée sur eux?

    (Non, je ne pense pas qu'au PSG ou à l'équipe de France en disant cela...)


    Agora qui a dû être traumatisé dans la cour de récré par les mecs qui jouaient mieux mais toujours perso.

  • gb13 le 19/02/2003 à 14h05
    Un top 5 ??? alors on peut très bien rêver d'une équipe avec Maradona à gauche, Cruyff à droite, Pelé en pointe avec Platini qui tourne autour et Zizou derrière pour alimenter.

    Pour que les autres équipes aient une chance, je met à l'arrière ( et pour faire plaisir aux abonnés du forum PremierShip ) Seaman, Gary Neville, Martin Kweon, Steve Bruce, Gary Pallister ...
    Au milieu, Vinny Jones et Robbie Savage. ;-)))

  • eio2 le 19/02/2003 à 14h29
    pour la rivalité platoche/dieguito qui nous ramnène 15 ans en arrière, j'ai pas forcément envie de choisir.
    L'opposition stratège altruistre/ génie individualiste est incomplète.
    Pour platini, l'équipe jouait autant pour lui qu'il ne jouait pour l'équipe. Le dégré de strarification, d'individualisation était immense (TR ne l'appelait que "quivoussavez" pdt un ou deux ans).
    L'équipe de club où il atteint les sommets était formée de 7/8 champions du monde + boniek.
    Le Napoli de Diego n'était certes pas un ramassis de tocards mais Carnevale, Carrera, Bagni, Di Napoli, Ferrara (le juventino actuel), cela était bien loin du niveau de la Juve 84. La part de diego dans cette réussite collective (scudetto, UEFA) est au moins aussi importante que celle du Michel à Turin.

    idem avac la nationale de 90 que Maradona a porté a bout de bras ; le platini en bleu a pu s'épanouir au milieu de la 2ème génération dorée française.
    Autant que ces fameuses ouvertures à 50 m, ce sont ses exploits individuels qui ont fait sa légende (dont le lob avec la juve contre Brescia je crois ou son triple yougoslave à St Etienne).
    Une des grandes actions de génie de Diego est l'ouverture qui permet à Burruchaga de signer le 3ème gol en finale en 86 (geste platinien s'il en est).

    Tout cela n'enlève en rien les mérites de notre platoche bien entendu. Mais Tubbs a raison, c'est plus de l'opposition de deux archétypes qu'on glose à l'infini.

  • peterelephanto le 19/02/2003 à 14h52
    Dieu existe, j'ai joué avec lui au tennis-ballon:

    lien


    Cette sensation s'appelle coke:

    lien
    lien


    On n'fait pas d'omelette sans s'casser de Joeuf:

    lien

    Mon Saint-Michel:

    lien

  • Agora le 19/02/2003 à 15h37
    Le tennis ballon est typique de ce que je disais plus haut : le football ce n'est pas du cirque ni du jonglage ;)

La revue des Cahiers du football