Deschamps contre lui-même
Une Balle dans le pied – L’équipe de France aborde le cycle de sa préparation à la phase finale avec un énorme potentiel, mais peu de certitudes. Quel procès faut-il faire de son sélectionneur?
(…) Si le profil de Didier Deschamps est facile à établir, son bilan et sa responsabilité dans la situation actuelle le sont moins – surtout si l’on veut sortir des procès à charge contre les sélectionneurs nationaux, procès dont la tradition implique empilement de griefs sans souci de leur validité et noircissement de tableau façon nappe de mazout. La toute récente prolongation du contrat du sélectionneur n’a fait qu’aviver les déplorations.
On résume constamment Deschamps à son "pragmatisme". Cela signifie qu’il peut à peu près tout sacrifier au résultat, qu’il ne va pas s’encombrer de principes ni s’entêter par amour-propre (dans une philosophie de jeu ou dans le choix des joueurs). En d’autres termes, il n’est pas du genre de certains de ses confrères prêts à mourir avec leurs idées.
Cette approche consiste, en résumé, à optimiser les chances de l’emporter en minimisant la prise de risque, ce qui conduit souvent à l’emporter par une marge réduite… et donc à déplacer le risque (lire "Deschamps, bilan critique"). Une gestion qui proscrit donc l’excès d’audace au profit d’une sorte de football-pourcentage que l’on incarne trivialement dans la fameuse "chatte à Dédé" – sans comprendre que cette réussite est largement calculée. (…)