On dit souvent que l’humour suisse est aussi plat que leurs lacs. Carton Rouge tendrait à prouver le contraire. Animé par une équipe de passionnés, ce site helvétique met un peu de poivre dans la fondue, un peu de sel dans la raclette: ça pique un peu, mais ça rajoute du goût. Omnisports, Carton Rouge se permet de fustiger (un peu) Roger Federer, de faire des jeux de mots douteux sur le FC Thoune et de faire rire (beaucoup), notamment avec les fiches de tous les participants, plus spectaculaires que les chutes du Rhin.

> Retrouvez les présentations des onze autres pays participants à l'Euro sur Carton rouge, et relisez l'hommage à Puskas reproduit sur ces pages.



1. Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays?

Suisse de chez Suisse à la naissance, j'étais comme tout le monde, comme vous tous (si si, il ne sert à rien de le nier), élevé dans la détestation du grand méchant voisin. Mais plus tard, en passant entre un et trois mois par année en France, j'ai appris à connaître ce pays, ces gens, cette manière de vivre qui n'a pas d'équivalent sur la planète (qui a dit "heureusement?"). Et j'ai appris à l'aimer. On dit que la France est un beau pays mais mal habité? Faux. Les Français sont tous si différents, ce pays est si vaste et ses régions si particulières que le réduire au parisianisme à outrance qui nourrit ses médias est une faute de goût notoire et une belle preuve d'ignorance réductrice.


2. À quoi sert ce pays?

La France est pratique. On peut la détester, la visiter, se foutre de sa gueule, boire son vin, son Champagne, sa Clairette, son Picon, son Pastis, son Armagnac, son Cognac, son Bourgogne, ses Côtes-du-Rhône, son Bordeaux et compagnie. On peut se régaler de sa gastronomie, écouter Thierry Roland, se délecter de sa télé-réalité à la con et rigoler de Jean-Luc Delarue tout en se disant: "Ouf, je ne suis pas comme eux". Mais après, on voit Jean-Marc Richard et Jacques Deschenaux, et là... c'est le drame. La France a également inventé le cocorico, la guillotine, la Révolution... Non, pardon, la France a tout inventé, la France est LE pays et la France vous emmerde. Comme ça c'est plus crédible et le lecteur moyen sera heureux de pouvoir se gausser.


3. Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi?

Les Bleus se sont qualifiés parce que Raymond Domenech. Ils sont venus à bout des terribles Écossais, des méchants Féringiens, des tireurs de péno Ukrainiens, des infâmes Géorgiens, des bûcherons Lituaniens et des champions du monde avec de la chance – beaucoup de chance – Italiens. La France s'est qualifiée parce que sinon l'Euro aurait été moins rigolo sans les analyses de Franck Lebœuf sur M6.


4. Pourquoi vont-ils gagner l'Euro?

La France va gagner l'Euro parce que Raymond Domenech. Et dans une moindre mesure parce que Aimé Jacquet. Les Bleus vont l'emporter comme ça ils élimineront entre autres les Portugais, les Italiens et les Espagnols et que ça ne peut pas faire de mal à nos oreilles et que ça ne peut pas faire de mal à mon ego.


5. Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour?

La France va se faire éliminer au premier tour parce que Roumanie, parce que Thuram, parce que Abidal, parce que Vieira et parce que Govou. De plus, les Romands n'auront pas à supporter les "Championg' d'Europeuh" qui ne manqueront pas de les agacer. Les miens y compris. Toutefois, si la phalange de Raymond Domenech se fait éliminer, votre chroniqueur va devoir supporter les quolibets de beaucoup de monde. A l'heure où l'on s'offusque des lieux communs à l'encontre des Portugais-plongeurs, des Turcs-assoiffés de sang ou des Italiens qu'on ne peut plus appeler "Ritals", il est amusant de noter qu'on peut absolument tout dire des Français...


6. Qui sont les joueurs à surveiller?

Benzema, Anelka, Benzema, Nasri, Benzema, Gomis, Benzema et Toulalan. Ce tournoi va marquer l'avènement du futur-meilleur joueur du monde. Vous l'aurez compris, c'est Benzema. Bien que formé et évoluant à Lyon, je trouve que ce môme de même pas vingt ans est incroyable. Techniquement hallucinant, il complète sa panoplie par un sens du but aiguisé et une ambition dévorante. La nouvelle terreur de l'équipe de France va commencer par piquer la place de titulaire de Nicolas Anelka, ensuite, tout est permis.


7. Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer?

Thuram, Abidal, Vieira, Malouda, Govou, Henry, L. Diarra et Gallas. On peut aussi beaucoup se moquer de Trezeguet et de Cissé si jamais, même s’ils ne sont pas là, ça ne coûte rien. Les chouchous de Domenech sont à nouveau bien présents dans la liste, bien que la France ait échappé aux présences de Landreau et de Djibril. Les incertitudes concernant les vétérans, les blessures diverses et les degrés de forme très aléatoires de nombreux internationaux pourraient coûter cher.


8. Une bonne raison de les supporter?

Aimer être à contre-courant, animer les discussions surchauffées d'avant-match ou être astrologue. En mettant un drapeau bleu-blanc-rouge à votre balcon, vous pourrez aussi aisément constater que le hooliganisme en Suisse n'est pas un vain mot et récolter gratuitement des trésors lancés par vos voisins. De plus, en vous promenant avec un maillot français dans les rues de Lausanne ou Genève, vous reconnaîtrez aisément les frontaliers, les Suisses et les gros cons. Les insultes fusent facilement et les regards moqueurs sont légions. Une bonne raison de supporter les Bleus serait de voir Thierry Roland s’étouffer en direct à l'antenne et mourir tel Molière, sur les planches.


9. Une bonne raison de ne pas les supporter?

Raymond Domenech et Thierry Henry. Ou : "Hooooo, les peeeeuuutiiiiiiits Suuuuuuiiiiiiiissssssssses, vous avez paaaaarquééé oooooùùù voooootre Jaaaaaguaaaaar, voootre moooonnntrrreee eeeeeen oooooorrrrr eeeeet la vaaaacccchhheee Miiiiilkaaaaaaaa?". Bon, comme en matière de clichés les Suisses et les Français sont à égalité, on ne va pas en rajouter une couche.


10. Bon d'accord, mais sinon?

Que la fête soit belle, que les nations cohabitent sous nos latitudes dans le plus grand respect, que nous nous aimions tous les uns les autres – en tout cas que beaucoup de Suédoises, de Russes et de Roumaines m'aiment beaucoup –, que nous fraternisions tous dans ces belles UBS Arena et que l'UEFA fasse un méga gros bénéfice. Voilà c'est tout.