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Chevtchenko : lauréat parce qu'il le vaut bien?

Le décryptage des votes pour le Ballon d'Or ne laisse aucun doute: la victoire est venue de l'Est. Et c'est un peu une défaite pour l'institution de France Football...
Auteur : José-Karl Bové-Marx le 15 Dec 2004

 

Après un insoutenable suspense (éventé, comme d’habitude, au moins deux semaines avant la publication des résultats), Andrei Chevtchenko a donc été sacré Ballon d’Or 2004 de France Football — un prix qu’il a accepté en désespoir de cause, comprenant qu’il ne pouvait prétendre au Ballon de Plomb avant de signer à l’OM ou au PSG. Une désignation apparemment démocratique Alors que France Football, pénétré de la gravité de l’instant, affiche sur tous les kiosques de France et de Navarre sa traditionnelle "Une" solennelle représentant le vainqueur, émerveillé, tenant à bout de bras sa récompense dorée, il nous semble nécessaire de revenir sur les circonstances douteuses d’un scrutin dont les résultats ne sont pas sans rappeler ceux de la récente présidentielle tenue dans le pays natal du goleador du Milan AC, tant une fracture nette apparaît entre les votants de l’Est et ceux de l’Ouest. Rapide rappel du fonctionnement du Ballon d’Or : chaque pays affilié à l’UEFA dispose d’un votant — généralement, il s’agit du rédacteur en chef du principal journal local consacré au football (en France, c’est Gerard Ernault de France Foot qui s’y colle). Une liste de cinquante footballeurs ayant marqué l’année est établie au préalable par la rédaction de France Foot. Seul impératif pour appartenir à cette liste: évoluer dans un club européen. Et c’est au sein de cette liste que les votants doivent piocher cinq joueurs en les classant dans leur ordre de préférence, selon des critères qui mêlent la qualité footballistique au palmarès obtenu au cours de l’année. Cinq points sont attribués au premier, quatre au deuxième, trois au troisième, deux au quatrième et — bien, y en a deux qui suivent — un point au cinquième. Après quoi, on additionne les résultats et on attribue la récompense individuelle la plus convoitée du football mondial à celui qui récolte le plus de points. Limpide.

Bâton de maréchal Revenons un instant sur cette formule éculée mais, force est de le constater, justifiée : "la récompense individuelle la plus convoitée du football mondial". Si le Ballon d’Or est effectivement le bâton de maréchal des stars du foot, loin devant le "joueur de l’année FIFA" et autres innombrables consultations Internet, c’est dû principalement à son principe apparemment aussi universel que démocratique : un pays = un votant. Chaque pays étant représenté par le plus emblématique de ses journalistes footballistiques, le résultat du scrutin doit donc être incontestable aux yeux de la population, surtout depuis 1995 et l’ouverture du concours aux joueurs évoluant en Europe mais n’étant pas de nationalité européenne. Même s’il arrive parfois, comme pour la désignation de Figo au détriment de Zidane en 2000, que le vainqueur ne convainque pas tout le monde, une chose jusqu’à présent n’était pas vraiment remise en question: l’impartialité des jurés, présentés par FF comme un aréopage empli de sagesse et qui ne se laisse jamais aveugler par des pulsions partisanes. Chevtchenko mieux que Henry ? La victoire de Chevtchenko, nous allons le voir, fait voler en éclats cette présomption de probité. Et s’il est indéniable que l’avant-centre ukrainien est un joueur hors normes dont la grâce gestuelle, l’inventivité dans le jeu et le sang-froid de sniper font un Ballon d’Or tout à fait présentable, il est également certain que sa victoire était bien loin de couler de source, selon les critères mêmes définis par France Foot. Au niveau des statistiques individuelles, Chevtchenko a été le meilleur buteur du championnat d’Italie 2003-2004 avec vingt-quatre buts, et il semble reparti sur les mêmes bases cette saison avec déjà onze buts à son compteur. Il faut y ajouter ses quatre buts inscrits l’an dernier en Ligue des champions et les trois qu’il a marqués dans cette compétition cette année. Mais à ce degré uniquement statistique, il souffre de la comparaison avec Thierry Henry, auteur lui aussi de vingt-quatre buts dans son championnat 2003-2004, mais qui en est déjà à quinze cette saison en Premiership. Le buteur français a également inscrit plus de buts que Chevtchenko en Ligue des champions: sept l’an dernier et déjà cinq cette saison. Ajoutons qu’Henry est aussi bien plus souvent passeur décisif que son concurrent, et que son club a réussi cette année une série record de quarante-neuf matches de championnat sans défaite. Angleterre, Italie… Ou Portugal ? On objecte généralement à cette comparaison que le niveau du Calcio est bien plus élevé que celui de la Premiership et que les statistiques affriolantes de Chevtchenko seraient dont plus méritoires que celles d’Henry. Sans épiloguer sur la question, remarquons que, lors de la dernière journée de championnat disputée à la veille de la désignation du Ballon d’Or, les deux buteurs ont inscrit chacun un doublé: contre la Fiorentina au cours d’une victoire 6-0 pour Chevtchenko ; contre Chelsea — et sa défense de fer bâtie par Mourinho à l’aide notamment de deux anciens de Porto — pour Henry… On peut également noter que la Premiership a réussi cette saison à placer l’un de ses représentants en demi-finale de la Ligue des champions, ce que le Calcio n’a pas su faire. Et encore, Arsenal n’a-t-il été éliminé de cette compétition que par Chelsea. Et cette saison, les Anglais ont qualifié leurs quatre représentants pour les huitièmes de finale de la compétition européenne suprême, tandis que les Italiens ont laissé l’un des leurs en route. Tout cela pour dire qu’à nos yeux, au niveau individuel, il est très difficile de donner l’avantage à Chevtchenko sur Henry. Pour ce qui est du palmarès, l’Ukrainien affiche pour l’année 2004 un titre de champion d’Italie, ce qui n’est pas rien. Mais son club, tout comme celui d’Henry, a chuté en quarts de finale de la Ligue des Champions 2003-2004. Surtout, sa sélection ne s’est pas qualifiée pour l’Euro 2004. La conjonction Ligue des champions / Euro 2004 désigne directement un Portugais évoluant à Porto, c’est-à-dire un vainqueur de la plus prestigieuse compétition continentale de club et finaliste de l’Euro (sans oublier un titre de champion de Portugal). Sur les critères du palmarès, Deco, meneur de jeu de ces deux équipes et titulaire indiscutable dans un Barça qui se balade cette année, dépasse assez largement Chevtchenko. Sur ces seuls critères, même un Charisteas, vainqueur de l’Euro où il fut trois fois décisif et champion d’Allemagne, peut tenir la dragée haute à Chevtchenko. Plus généralement, c’est la deuxième fois seulement qu’une année paire voit la victoire d’un joueur n’ayant pas participé à la compétition internationale majeure de l’été (Euro ou Coupe du Monde). Enfin, au niveau de la classe pure, Ronaldinho, qui n’a rien gagné cette année, semble voler au-dessus de tous les autres. Ce long développement n’était destiné qu’à établir une évidence : si, d’après les critères mêmes de France Football, Chevtchenko était un prétendant assez sérieux au podium cette année, son sacre n’allait nullement de soi. L'Est d'une seule voix Alors, qu’est-ce qui a permis cette victoire ? L’épluchage des résultats parus dans France Football ne laisse guère de place au doute : c’est le quasi plébiscite obtenu par l’Ukrainien chez les jurés originaires des pays de l’Est. Un plébiscite d’une ampleur telle qu’à sa découverte, le mythe de l’impartialité des jurés s’effondre comme un certain coéquipier milanais du vainqueur au moindre contact dans la surface… Chevtchenko doit indéniablement sa victoire aux journalistes des pays de l'Est, qui ont massivement voté pour "l'un des leurs". Il est donné premier par les jurés de vingt-sept pays (1) parmi lesquels l'intégralité des pays de l'Est, sauf la Russie, l’Estonie, la Roumanie et la Serbie, qui l'ont placé chaque fois en deuxième position. La République tchèque, seul représentant de l’Est qui ne le cite pas du tout, place néanmoins Baros deuxième et Nedved troisième… Neuf anciennes républiques soviétiques sur les onze représentées l'ont ainsi classé premier, et neuf autres pays de l'Est sur douze! Si une telle proportion avait été respectée à l'échelle de tous les votants, "Cheva" aurait fini avec une bonne centaine de points d'avance sur son dauphin, Deco (trente-six points en réalité), et aurait même approché le record de popularité de Platini en 1984. Et si le scrutin s’était limité aux pays de l’Est, Chevtchenko aurait obtenu 106 points sur 115 possibles! Notons que sur l’Europe entière, il n’obtient que 175 points sur 260 possibles. Et si l’on se réfère uniquement à l’Europe de l’Ouest, il émarge à 69 points sur 145. Perdre ses latins Le déséquilibre avec les pays de l’Ouest est patent : Chevtchenko est premier dans dix-huit pays de l’Est sur vingt-trois… Mais dans neuf pays de l’Ouest sur vingt-neuf seulement ! Un déséquilibre sur lequel France Football préfère ne pas s’attarder, se contentant de remarquer que "c’est en Europe de l’Est et en Europe 'latine' au sens large que Chevtchenko obtient ses meilleures parts de marché [appréciez la formule], l’Europe anglo-saxonne et nordique lui préférant Ronaldinho". On peut d’ailleurs se demander ce qui justifie l’adjonction de l’Europe "latine", dans la mesure où sur les neuf votants de l’Ouest qui ont donné l’Ukrainien premier, cinq n’émargent pas vraiment à cette catégorie: la Turquie, la Belgique, la Suisse, l’Eire et le Danemark. Ou alors une Europe latine, au sens très large... Quoi qu’il en soit, le score maximal atteint par Chevtchenko en Europe de l’Est est incomparable à celui qu’il obtient en Europe latine. La mise sur un pied d’égalité de ces deux régions par la rédaction de France football atteste donc clairement un certain malaise éprouvé à la vue des résultats : si toute l’Europe de l’Est oublie son devoir d’impartialité et vote aveuglement pour le même joueur, c’est bien que ces jurés ne sont pas capables de prendre la distance réclamée par leur tâche. Noyons donc le poisson… Affinités électives Il est à noter que cette attitude qui consiste à voter pour "l’un des siens" n'est pas partagée par tous les pays dont sont originaires les favoris: le juré français met Chevtchenko en tête (Deco est deuxième et Henry "seulement" troisième), alors que le Portugais, dont on pourrait se dire qu'il n'avait que l'embarras du choix entre ses nombreux compatriotes, place Ronaldinho premier. Chez lui, Deco est certes deuxième, mais il n'y a aucun autre Portugais dans son top 5. Le juré anglais ne désigne aucun joueur anglais dans les cinq premiers et l'Espagnol cite seulement Vicente cinquième de son classement. À noter également que le Hollandais ne nomine pas Van Nistelrooy dans les places susceptibles de lui attribuer des points. Bref, les vingt-deux points de Rooney, les dix-huit de Van Nistelrooy et de Carvalho ou encore les onze de Cristiano Ronaldo ne doivent rien à leurs propres pays... Il est pour le moins décevant de voir les votants au Ballon d'Or se conduire comme les membres du CIO, c’est-à-dire décerner leurs voix en fonction de leurs affinités personnelles plus qu'en fonction d'un réel jugement de valeur. En 2000, le juré slovène avait profité de la présence de Zahovic dans les cinquante pour le placer directement premier. Un chauvinisme trop criant pour ne pas être gênant. Du coup, ce juré avait été remplacé l’année suivante. Mais est-il possible de remplacer tous les jurés l’an prochain, ou bien Cheva peut-il d’ores et déjà préparer une place pour son Ballon d’Or 2005 sur son armoire à trophées? (1) Albanie , Arménie, Azerbaïdjan, Bélarus, Belgique, Bosnie, Bulgarie, Croatie, Danemark, Eire, France, Géorgie, Hongrie, Italie, Kazakhstan, Lettonie, Lituanie, Macédoine, Malte, Moldavie, Pologne, Saint-Marin, Slovaquie, Slovénie, Suisse, Turquie, Ukraine.

Réactions

  • timilson le 16/12/2004 à 18h28
    J'ai un ami qui s'est penché sur une théorie intéressante : le prénom de chacun aurait une influence sur les choix stratégiques de sa vie.

    Ainsi il y aurait plus de Denis dentiste à Denver par rapport à une "moyenne" ...
    Moi ça me laisse songeur.
    C'est beaucoup plus tordu que les votes "orientaux" pour Chevtchenko, bien sur :).
    Mais pour moi ça rejoint le fait qu'on peut trouver un tas de chiffres qui peuvent montrer un tas de trucs.

    En étudiant les trois questions que je pose plus haut (je ne parle pas de celle sur Baggio bande de malins!), si on peut montrer que le même postulat s'applique alors je me rangerai à tes côtés lissagaray.
    Pour l'instant, cette proportion énorme de pays de l'est ayant voté pour l'ukrainien n'est qu'une coïncidence pour moi, oui.


  • Jesper Olsen le 16/12/2004 à 18h29
    Timilson > "Et si on découvrait que ce sont tous les journalistes portant le catogan qui ont élu Baggio en 1993 ?"

    MDR Tim.

    Quelqu'un d'assez motivé pour répondre à ses questions ? Qui du vote 2003 ? Par qui Nedved a-t-il été élu ?

  • dimitri le 16/12/2004 à 18h29
    => C’est un fait purement mathématique, comme je peux t’en trouver des tonnes avec des agrégats totalement farfelus : ca n’apporte rien au débat

    non en effet ça n'apporte rien au debat, mais c'est juste l'objet du débat ... c'est ce dont on parle depuis 20 pages ... expliquer un fait mathématique par d'autre moyens que le complot ou le hasard ...

    "=> T’as vu la liste des pays ? C’est bien rapide de parler d’histoire commune (ou alors on dit que l’Angleterre et la France ont une histoire commune…pourtant footballistiquement parlant, ils se détestent) : pas une preuve"

    tres mauvais exemple, la Premier League n'a jamais été autant valorisée en france, des recent s sondages ont d'ailleur montré que pour les français c'etait le meilleur championnat d'europe ...

    "=> Pardon ?? Tu vois beaucoup de points communs entre le foot pratiqué en Pologne et en Roumanie ? "

    il me semble qu'historiquement, pas mal de pays de l'est avait un football organisé de la même façon, avec les fameux clubs de l'armée, du ministere des transports ou autre, et la preponderance du PC dans l'organisation même du football ... mais je ne suis pas un specialiste de l'histoire du football de l'est.

    => A la rigueur pour 5 ou 6 pays limitrophes…et encore. Ca reviendrait à dire que le Français regardent plus le championnat Belge que le championnat Espagnol, parce qu’ils sont plus proches culturellement…. Ca demande confirmation, mais les Tchèques regardent sûrement plus la premiereleague que le championnat ukrainien.

    c'est sur , je peux aussi t'en sortir d'autre des comme ça, en effet les français regardent sans doute plus le championnat de russie que du Liechtenstein ...

    je suis pas du tout certain qu'avant 89 les pays de l'est avaient beaucoup d'infos ou d'images des clubs occidentaux, et je pense donc bien legitimement que le Dynamo Kiev, un des meilleurs club de l'est ayant remporté la c2 etait un des clubs les plus mediatisé consistuant l'elite du football dans le bloc de l'est.

    => Tu parles du bloc de l’est… à l’époque ou cette notion avait un sens, (quand les fameux journalistes étaient jeunes), les clubs de référence n’étaient pas forcément les mêmes… (et Sheva ne jouait même pas ;-))

    le fait d'apprecier tel club plutot qu'un autre se joue generalement quand on est jeune, je pense que pour toute personne de plus de 25 ans, l'epoque ou l'europe était divisée en deux reste assez importante pour le vécu. le dynamo a gagné la C2 en 75 et 86, nul doute que ces victoires ont été assez marquantes pour des jeunes amateurs de football des pays de l'est, de meme que la victoire du Dinamo Tbilissi, les clubs de l'est a avoir remporté un trophé européen majeur sont pas nombreux.

  • dimitri le 16/12/2004 à 18h36
    pour 2003 je me souviens d'une certaine campagne qui voulait nous faire croire que Nedved gagnerait grace aux voix de l'est et que Titi n'avait aucune chance, mais finalement la victoire avait été assez large je crois et plus personne n'en avait parlé .

  • Karloff le 16/12/2004 à 19h01
    "qui à l'ouest s'est intéressé aux performances de l'Ukraine cette année ? (et qui a vu leurs matches ?)
    ils devancent Turquie, Grèce et Danemark ? bof, c'est du menu fretin.
    que nenni, ce sont les troisièmes de la CdM, les vainqueurs de l'Euro et une trois grosses sélections selon mon critère ! d'ailleurs, les jurys de Turquie, Géorgie, Danemark, Albanie et Kazakhstan (tous dans le groupe de l'Ukraine) mis Chevchenko en tête, le Grec votant Zagorakis.
    la vision diffère entre "l'est" et "l'ouest" mais allez savoir laquelle est juste"

    Voila le post le plus intelligent lu dans ce topic. Et un vrai travail de journaliste...

  • Jamel Attal le 16/12/2004 à 19h03
    J'ajoute un truc : la cohérence entre la plupart des pays "de l'Est", il n'y a pas besoin de la chercher très loin, mais par exemple, simplement dans la position relative avec l'Europe "de l'Ouest", et effectivement comme un héritage de la scission du continent en deux durant la guerre froide :

    C'est tout ce qui peut rassembler des peuples auquels nous avons donné l'économie de marché et la "liberté" tant vantée, et qui se retrouvent aujourd'hui avec des problèmes économiques et sociaux assez dramatiques, ou en tout cas qui ont des niveaux de vie inférieurs aux nôtres et peuvent souffrir de tout un tas de complexes et de frustrations. Qu'on pense simplement au ressenti des ex-Allemands de l'Est au sein de l'Allemagne réunifiée...

    C'est un exemple, mais si ces éléments ne constituent pas des éléments objectifs pour des formes de solidarité symbolique et de communauté d'esprit, dans une "élection" (non-politique mais qui a des résonances identitaires) dont l'échelle est celle de la "grande Europe", ben merde alors.

  • LMD le 16/12/2004 à 20h02
    Quelqu'un m'a repris au vol de fort belle maniére mais c'était loin... Au moins 4 pages. =)

    Bon pour essayer de dire quelque chose de nouveau.

    Déjà il y a une partie des votes de l'Est qui ne saurait souffrir contestation. Si Shev à recu la moitié des points possibles en Occident (69 sur 145), alors je suppose qu'en gros il y a 55 ou 57 points "de l'Est" qui ne saurait souffrir de discussion. Ca en laisse... 50 qui interpellent certaines personnes ici. (La je pars du principe que le vote de l'Ouest est la référence ou un échantillon totalement "impartial" et "juste". Déjà ce genre de postulat me pose un probléme mais admettons).

    Je crois que pas mal de raisons valables à ce "surplus" de points ont été apportés: Plus grande popularité de Shev, ou du Dynamo dans cette zone géographique, couplé au fait qu'aucun vainqueur incontesté ne semblait devoir se dégager cette année. alors oui ca revient à dire que Shev est plus populaire à l'Est et que footbalistiquement parlant des pays de ces zones serait plus proches... So what? C'est parfaitement normal non? L'épopée de Kiev en CL à marqué les esprits à l'Ouest, probablement encore plus dans ces pays la.

    Est ce que cela veut dire qu'il y à fraude? Je ne vois pas vraiment ou. Mis face à une séléction de joueurs globalement "égaux" (même si ca reste un sujet de discussion... Deco, Ronnie et Shev n'ont pas du tout le même profil mais ca fait aussi partie du ballon d'or ce mélange des genres, puisque tous les joueurs évoluant en Europe sont éligibles), certains journalistes de l'Est ont favorisé un joueur qu'ils connaissent probablement mieux ou qui effectivement leur semble plus "proche"... Plus qu'une quelconque volonté de fausser le scrutin, je vois la des gens à qui on demande de désigner "le meilleur footeux de l'année" (tache éminemment impossible...) et qui, cette année, ont décidé de recourir pour trancher à des facteurs "affectifs". Mais encore une fois... so what? Il faudrait être très borné à mon sens pour penser que c'est la premiére fois que ce genre de considérations intervient dans le vote du BO: oui c'est un facteur "irrationnel", mais le BO de Zidane en 98 ou celui de Ronaldo en 2002 eux aussi se basait sur une part d'irrationnel ou du moins, s'écartait clairement des soi-disants critéres objectifs qui préside aux votes.

    Ce genre de vote a toujours existé et existera toujours. On peut même dire que ce facteur est une part inhérente au systéme de vote, et pas du tout une anomalie ou une fraude.

    Et au final, 50 que certains ne comprennent pas, ça fait jamais que 10 journalistes le mettant en tête, ce qui est un nombre absolu assez faible. Sachant que ces 10 là ne percoivent pas le football comme les journalistes de par chez nous (quels championnats suivent ils exactement? Qu'est ce qu'il en voit exactement? etc...), attribuer leur vote à une fraude ou à de la malhonnetete, je vois pas trop d'ou ca vient.

    Parce que bon, quel argument pour parler de fraude, ou de vote faussé, ou de BO immérité...? La on en revient au débat sur le lauréat et sur la comparaison du talent absolu des joueurs, qui ne saurait être tranché, mais Shev à t'il fait une saison en dedans? A t'il été clairement surclassé au point que le vote du BO ne saurait pas être celui qui à eu lieu? Je ne le pense pas, sinon tout le monde serait d'accord... En même temps, c'est clair qu'il n'a pas clairement surclassé tous ses concurrents, sinon on serait tous d'accord, mais dans l'autre sens.
    En clair, cette année, aucun joueur ne sort vraiment du lot (n'en déplaise aux pro-Deco...).

    Je sais que l'article en lui même ne parle pas de fraude, mais comme d'autres l'ont mieux expliqué que moi, le papier est bourré de sous entendus et de remarques dirigées dans ce sens.

    En clair c'est un vote et les journalistes ont tout à fait le droit de voter pour qui ils veulent, tant que ce n'est pas biaisé. Et la on m'a toujours apporté aucune preuve que le vote était biaisé. On se contente de constater que le vote à l'Est à été massivement pro-Shev, ce qui en soi ne me suffit pas, puisqu'on n'est pas dans un refléxe de type "patriotique" comme dans le cas du journaliste slovéne (Parce que un hongrois qui vote pour un ukrainien... Ca n'a rien de spécialement patriotique. Enfin bon.).

    En soi la fameuse "préférence panslave de l'est" existe peut être dans le cas de certains des votes, mais ca ne me choque pas plus que ça, donc.

    Et puis je suis assez d'accord avec la remarque de quelq'un d'autre... Je ne vois pas trop en quoi on peut dire que le vote de l'Ouest serait une référence sur laquelle les votes de l'Est devrait se calquer... Quelqu'un connait le travail des journalistes votants de Pologne ou de Hongrie? Parce que la à longueurs de pages on nous explique que ces gens là votent pour des raisons "affectives" voire "malhonnete" sans que personne ne puisse prétendre juger de leurs réels niveaux de compétence en tant que journaliste/analyste sportif. C'est un peu limite non? Aprés tout peut etre que Shev à vraiment ecrasé la saison et qu'il est en réalité sous representé à l'Ouest pour des raisons totalement farfelues dues à nos journalistes incompétents...

    Au final: le BO est remis aprés un vote, il est donc naturellement subjectif. De plus ce vote est fait sur un tout petit échantillon (50 personnes plus ou moins), ce qui à tendance à faire que les disparités (par exemple ici entre Europe de l'Ouest et de l'Est) dans les résultats augmentent très vite dés que un ou 5 ou 10 votants ne suivent pas le "vote moyen" ou la "moyenne statistique".

  • Karloff le 16/12/2004 à 20h13
    Ce qui me gêne surtout c'est que ça dévalorise Chevchenko alors que ce dernier mérite le Ballon d'or comme Pavel Nedved l'an passé. Ce n'est pas un "vol" manifeste comme le BO de Figo en 2000 ou celui d'Owen en 2001. Deux joueurs occidentaux et personne n'a remis en cause alors la nationalité des votants.

  • Hristo Botev le 16/12/2004 à 23h59
    Avant de crier au complot, il ne faut quand même pas oublier que Sheva est un très grand jouer qui mérite amplement sa victoire pour sa régularité et son esprit exemplaire sur les terrans ! Ce n'est pas non plus sa faute d'être de nationalité ukrénienne et de ne pas avoir la chance d'évoluer au niveau international avec les mêmes coéquipiers prestigieux que Henry ou Déco... Il ne pouvait pas à lui tout seul qualifier l'Ukraine pour l'Euro, non ?

  • Zinédine Météconté le 17/12/2004 à 22h55
    Je suis étonné par cet article, qui ne me paraît pas correspondre à la ligne habituelle du football. Admettons que Cheva ait bien été élu Ballon d'or grâce à une coalition des "pays de l'Est". Où est le problème ? Les anciennes démocraties populaires ont été presque entièrement effacée du paysage footballistique européen par l'évolution économique de ce sport. Entre 1986 et 1991, 3 clubs venus de l'est atteignaient la finale de la C1 (et en remportaient 2) ; dans un passé plus lointain, des clubs comme Ujpest, Ferencvaros ou le Dinamo Zagreb pouvaient espérer briller en C3. A cette époque, les clubs français claquaient des dents quand le tirage au sort leur attribuait un adversaire soviétique, yougoslave ou tchécoslovaque. Quid aujourd'hui ? Parmi les 16 rescapés de la Champion's League, quatre clubs représentent la Premiership et trois le Calcio ; tandis que les dizaines de clubs et les millions de licenciés des pays de l'est européen ne pourront compter que sur leurs expatriés pour les représenter. Même en coupe de l'UEFA, on ne trouve en tout et pour tout que 6 clubs venus d'ex-pays communistes (sur 32, soit moins de 20 %). A ce stade somme toute assez précoce de la compétition, la République tchèque a disparu, de même que la Pologne, la Croatie, les pays baltes, la Bulgarie. La Russie elle-même, où l'on ne pratique pas un football absolument médiocre, comme le PSG a pu s'en rendre compte, n'est plus représentée que par un club. Bon nombre de fédérations sont purement et simplement rayée de la carte dès la fin de l'été et les tours préliminaires, avant que la fête n'ait véritablement commencée ; et elles se retrouvent engagées dans un cercle vicieux -pas de résultat, d'où rétrogradation dans l'indice UEFA, d'où conditions d'accès toujours plus drastiques pour accéder à l'élite- d'où on ne voit pas comment elles pourraient sortir. D'autant que leurs meilleurs joueurs partent quasi-systématiquement à l'étranger, et que, contrairement à la France par exemple, ils ne peuvent pas forcément s'offrir de jeunes Brésiliens ou de talentueux Africains pour compenser. Ah ! si le Sparta Prague alignait Baros, Koller, Nedved et Cech, avec quelques latino-américains ; si Kiev avait gardé Chevchentko, et lui avait offert Drogba ou Eto'o comme complément offensif ; alors on assisterait à des coupes beaucoup plus intéressantes et équilibrées, du point de vue géographique. Au lieu de quoi les compétitions européennes de clubs s'apparentent à une ligue privée où cinq pays d'Europe de l'Ouest détiennent 90 % des parts, les pays situés à l'est de la ligne Oder-Neisse n'ayant pour fonction que de fournir quelques sparring partners, une main d'oeuvre qualifiée et abondante, et une belle clientèle télévisuelle. -On pourrait faire maint beau parallèle avec l'Europe politique et sociale ; je laisse cela à votre imagination.
    Comble de malchance, quand un milliardaire russe décide d'investir dans le foot, il achète Chelsea plutôt que le CSKA ! Le système est absolument verrouillé.
    Maintenant, la désignation de Chevtchenko, après celle de Nedved, fait sourciller les CdF : les pays de l'est aurait favorisé l'un des leurs par chauvinisme. Mais il ne leur reste plus que cela ! C'est pratiquement le dernier moyen qui leur reste de dire : "Eh ! Nous aussi on joue au foot." D'ailleurs, il est assez symptomatique que ce soit un Ukrainien qui ait été récompensé : le football de ce pays est le seul qui, à l'est de l'Europe, soit parvenu cette année à tirer son épingle du jeu. Placer trois clubs en seizièmes de la coupe UEFA, c'est un véritable prodige, pour un pays pauvre, en pleine révolution, et où les terrains sont impraticables quatre mois par an. C'est en tous cas une performance qui m'inspire beaucoup plus de respect que le carton plein des riches clubs anglais en C1.
    Bref, le sacre de Chevchentko, ce n'est pas un scandale : c'est une réconfortante révolte des gueux du football européen contre les négriers du G 14.
    Pour terminer, qu'il me soit permis de dire que je connais bien l'un de ces pays de l'est européen (la Roumanie) où, pour des raisons familiales, je passe plusieurs mois par an. Quand les clubs roumains entrent en lice, en plein coeur du mois d'août -à un moment où leurs homologues occidentaux sont encore en vacances-, les supporters, que là-bas on appelle "microbistes", sont pris d'un espoir un peu fou : et si, cette fois, ça passait ? Si au moins on parvenait à franchir un ou deux tours, pour l'honneur ? Mais non, et personne en Europe n'etendra jamais parler de Gloria Bistritsa ou d'Universitatea Craiova. Et à l'automne, quand les gros entrent en scène et qu'on peut assister, à la télévision, à des Milan-Barça ou à des OL-MU, je suis toujours un peu gêné : c'est la coupe d'Europe, c'est vrai, mais la Roumanie ne fait pas partie de cette Europe-là -elle est trop pauvre.

    Alors vive Cheva.

La revue des Cahiers du football