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Chat noir, Chat blanc

Invité : When Saturday Comes – L'arrivée à Sunderland de Paolo Di Canio, connu pour ses sympathies pour le fascisme, a plongé le club et ses supporters dans l'embarras. Jusqu'où peut-on supporter une équipe?

Auteur : Ed Upright le 17 Mai 2013

 


Un nouvel article de
When Saturday Comes traduit sur les Cahiers du football, issu du numéro de mai. Titre original: Dangerous Method. Traduction: Toto le zéro.


* * *


Pour tout club de Premier League qui choisit comme entraîneur de l'équipe première un homme arborant des tatouages de Mussolini, une attitude prudente serait logiquement de mise: un homme ayant été photographié à de nombreuses reprises le bras tendu est susceptible de lui faire une mauvaise publicité. Et si l'une de ses déclarations les plus fréquemment citées est "Je suis un fasciste, pas un raciste", il peut représenter une source de problèmes auxquels le club devra directement faire face. Malheureusement, la gestion par Sunderland de l'arrivée subite de Paolo Di Canio a été empreinte de naïveté et d'incompétence.
 


Réactions molles

À l'heure d'un contrôle strict de la communication d'entreprise et de la gestion de marques internationales, la direction du club des Black Cats a d'abord tenté de répondre à la question du fascisme supposé de Paolo Di Canio en l'ignorant totalement. Par la suite, devant la réaction hostile des médias et la démission de David Miliband, alors vice-président du club, citant les "déclarations politiques passées du nouveau manager", le club publia une déclaration confuse érigeant Sunderland et son nouvel entraîneur en victimes de la polémique.
 

 



 

L'intéressé a réagi mollement en déclarant que ses propos avaient été déformés et qu'il estime être traité injustement. Il a également ajouté: "Je ne veux pas parler de politique parce que ce n'est pas mon domaine. Nous ne sommes pas au Parlement mais dans un club de football." Une réaction inappropriée pour deux raisons: en effectuant par le passé des gestes explicitement politiques sur des stades de football, Paolo Di Canio avait déjà abandonné son droit à la confidentialité de ses opinions politiques; en outre, le fait qu'une personnalité de premier plan choisisse de promouvoir publiquement l'idéologie, l'histoire ainsi que les sous-entendus du fascisme ne devrait jamais être ignoré. De telles opinions politiques sont dangereuses, à l'inverse d'un Frank Lampard jouant les courtisans de David Cameron.
 


Fuir l'évidence, puis la nier

De manière incroyable, Margaret Byrne, la directrice générale du Sunderland, a prétendu que le club se voyait "déçu" de la réaction à la désignation de Paolo Di Canio, ajoutant que "l’accuser aujourd'hui (...) d'être un raciste ou d'avoir des affinités fascistes est non seulement insultant pour lui mais également pour la probité de ce club de football." Impossible de prendre une telle manœuvre au sérieux puisque ni le club, ni le technicien italien n’étaient disposés à commenter sa fameuse déclaration "Je suis un fasciste", qui daterait de 2005. Paolo Di Canio refusa à plusieurs reprises de clarifier sa position, laissant ainsi tout le monde dans le doute. Le club et son nouvel entraîneur ont donc choisi de ne pas revenir sur sa déclaration passée et encore moins de l’expliquer.
 

Pourtant, l'agitation politique a continué. L’Association des mineurs de Durham a qualifié la nomination de l’ancien footballeur italien de "trahison", demandant à ce que leur bannière dans le Stadium of Light, l’enceinte du club, leur soit rendue. Le Doyen de la cathédrale locale a exhorté Paolo Di Canio à "renoncer au fascisme dans toutes ses manifestations" sous peine de se voir "associé à ces tendances toxiques d’extrême-droite". Et le Sun a déniché de nouvelles photographies de l’ancien joueur de la Lazio participant aux funérailles d’une personnalité fasciste italienne en 2010.
 

Paolo Di Canio a fini par publier un nouveau communiqué: "Je suis apolitique, je ne suis pas lié à une organisation, je ne suis pas raciste et je ne supporte pas le fascisme". Une initiative manifestement insuffisante et un peu trop tardive. Faut-il désormais croire que ses "saluts romains" aux fans de la Lazio n’étaient que pure flagornerie?
 


Absolution

Les supporters du club sont divisés et nombre d’entre eux ont exprimé un embarras profond sur le plan politique. Alors que des mouvements d’extrême-droite tels que le British National Party ou l’English Defense League tentent à l’heure actuelle d’attirer les suffrages sur ce terrain traditionnellement à gauche, la frange la plus importante de supporters du club a néanmoins affirmé ne pas se soucier des opinions politiques du nouveau manager: éviter la relégation était de loin le plus important, même si sur ce seul plan sportif et malgré une meilleure prestation lors de son premier match (défaite 2-1 à Chelsea), choisir un entraîneur aussi fantasque et inexpérimenté que Paolo Di Canio constitue un pari risqué.
 

Une autre partie des fans, en nombre croissant sur les forums en ligne, s'est mise à défendre farouchement le club et son nouvel entraîneur. À l’image des supporters de Chelsea à propos de John Terry ou de ceux de Liverpool pour Luis Suárez, ils ont été nombreux à invoquer des justifications morales alambiquées afin de légitimer leur soutien inconditionnel au club. D’autres, étonnamment, ont eu recours à l’historiographie et avancèrent que beaucoup d’Italiens soutenaient le fascisme, comme si cela affranchissait Di Canio (ce qui est faux), adhérant ainsi passivement à l’idée reçue qui assimile le fascisme transalpin à un simple nationalisme inoffensif (ce qui, là encore, est faux). Il y en a encore eu pour s’étonner de l’absence d’une telle polémique lorsque le technicien italien était à la tête de Swindon, ignorant ainsi l'évidence que les médias généralistes s’intéressent, de manière parfois abusive, exclusivement à la Premier League.
 


Les fans peuvent donc réagir comme ils l’entendent, mais il est tout de même déplorable que dans le football moderne, quoi que fassent les clubs de football, certains choisissent de les soutenir de manière inconditionnelle. Toute préoccupation est assimilée à de la lâcheté et ceux qui font part de leurs doutes font l’objet d’attaques. S’en tenir à des principes personnels est plus courageux que d’approuver sans jamais remettre en cause. En tant que fan de Sunderland, je me sens particulièrement mal à l’aise et crains que le pire ne soit encore à venir: si l’avenir de ce sport est que de plus en plus de supporters refusent de critiquer les clubs même pour les pires de leurs comportements, je ne tarderai pas moi-même à me sentir gêné de mon statut d’amateur de football. Adopter une mentalité d'assiégés n’est pas la réponse la plus pertinente, elle mène à la claustrophobe et à la peur… surtout lorsqu’il s’agit d’absoudre totalement un individu aux opinions politiques extrêmes.

 

 

 

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Réactions

  • Kireg le 17/05/2013 à 16h18
    Ward
    aujourd'hui à 12h15

    Une solution consiste à introduire de la distance, du jeu dans les cordages, entre soi et cette "adhésion avec les tripes" à un club.
    ------------------------
    La vache. Rationaliser la passion. Quelle horreur.
    Si je m’autorisais une métaphore, je demanderais : "peut-on tomber amoureux d'une sombre conne ?"

  • Ward le 17/05/2013 à 16h57
    Bah cette passion là oui, je m'efforce de la rationaliser un minimum, justement parce que je me pose les questions que pose cet article. Mais je reconnais que c'est problématique.

  • A la gloire de Coco Michel le 18/05/2013 à 09h56
    Manx Martin
    17/05/2013 à 13h03
    Il est très bien ce webdoc, merci pour le lien.

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