C'était Fjord Knox
Matchbox : OM-Brann Bergen 2-1 – Pour entrer dans la grande Europe, l'OM s'est fait peur, peinant décidément à enfoncer des clous qui ne réclament que ça.
Auteur : Rigoboum Song et Thibault Lécuyer
le 28 Août 2008
Olympique de Marseille-Brann Bergen : 2-1
Buts : Niang (66e, 90e+1), Sigurdsson (75e)
La nalyse
Ce serait presque un luxe pour un club comme Marseille d'avoir ce genre de match à jouer fin août, par un agréable soir d'été. Un but d'avance marqué à l'extérieur, un adversaire idéal, l'occasion de faire tourner son équipe tout en maintenant le groupe sous pression.
Mais cet OM qui se construit depuis quelques saisons déteste la simplicité, et les joueurs ont réussi à transformer un match facile en partie de poker à quinze millions d'euros.
Liquéfaction directe
Le début de rencontre aurait pourtant dû les forcer à maintenir un certain niveau de concentration. Dès la septième minute, Huseklepp se balade dans la surface et oblige Mandanda à un premier arrêt décisif. L'OM domine le match de la tête et des épaules, mais laisse des boulevards derrière. Les Norvégiens seront dangereux sur chacune de leurs incursions, mais trop maladroits pour conclure. Les Phocéens laissent passer plusieurs occasions d'ouvrir la marque (Taiwo sur le poteau, 13e) et s'entassent dans l'axe, où Niang peine à s'imposer. Comme contre Le Havre, l'absence de Cissé prive l'équipe de jeu en profondeur, et donc d'un peu de variété devant un bloc aussi compact.
L'emprise se fait pourtant de plus en plus forte, et les joueurs de Bergen semblent de moins en moins capables d'inquiéter les hommes de Gerets. Alors quand Niang profite d'une belle erreur de Sigurdsson pour porter à deux buts l'avance des siens, on se dit que la fin de match ne sera qu'une formalité. C'est pourtant ce qui décidera les Norvégiens à partir à l'abordage et à éprouver la sérénité de la défense marseillaise. La capacité de cette équipe à se liquéfier dès qu'il s'agit de défendre un résultat est assez incroyable. L'OM semble ne disposer d'aucune marge, surtout en ce début de saison où peu de joueurs dans l'effectif sont à leur meilleur niveau.
Faiblesse mentale
La suite est presque banale. Le même Sigurdsson trompe Mandanda sur corner, et les Marseillais commencent à paniquer. Comme à la fin du match aller, au terme duquel Djibril Cissé avait su soulager la défense, grâce à un jeu de tête précieux.
Il faudra une nouvelle erreur de l’arrière-garde de Bergen pour que Niang offre la victoire aux siens. Méritée, mais au combien révélatrice de la faiblesse mentale de l'équipe.
Conçu pour construire, l'OM pourra aussi s'inquiéter de marquer une majorité de ses buts sur de grossières erreurs de l'adversaire – loupé de Borne Route de Lorient, doublé de Grichting, doublé de Sigurdsson – ou sur des exploits individuels. Toutes les équipes ne seront pas aussi généreuses que Bergen, Rennes ou Auxerre.
Les gestes
• L’arrêt réflexe de Mandanda, qui ferme les volets de son soupirail devant Huseklepp, empêchant ainsi le viking de mettre le feu à la maison marseillaise dès la septième minute.
• La sérénité d'Hilton qui, en position de latéral gauche face à Demba-Nyren, contre le centre en retrait du Gambien d’un petit pas de danse, les bras ostensiblement croisés derrière le dos.
• Le tour de prestidigitateur d’un Ben Arfa pourtant cerné et dos au but, qui – abrakaradas ! - fait disparaître l’ancien joueur du Benfica d’un dribble derrière la jambe d’appui et se remet face au jeu.
• Le coup d’œil d'Hilton, monté aux avant-postes et qui, en première intention, donne une louche de caviar à Taiwo, lequel réexpédie la balle sur le poteau d’Opdal.
• La foi de Niang qui, par deux fois, reste accroupi devant la cheminée à attendre, le menton dans les mains, que le père Noël norvégien vienne lui déposer ses cadeaux.
Les antigestes
• Le gri-gri de cour de récré de Demba-Nyren qui, dos au but dans la surface de réparation marseillaise et alors qu’un coéquipier lui offre une solution dans un couloir droit dépeuplé, dessine avec son pied de grossières spirales au-dessus du ballon sans prendre le soin de protéger ce dernier.
• La tentative d’hypnose de Sigurdsson qui, les yeux fixés sur Niang et le visage serein, se désintéresse totalement du ballon pour convaincre le Sénégalais que ses paupières sont lourdes et la sphère de cuir déjà trop loin.
• Le langage du corps de Sigurdsson, qui passe un coup de téléphone à Niang pour le prévenir de sa tête en retrait pour Opdal.
Les observations en vrac
• Jean-Marc Ferreri qui nous "rassure" pour nous dire "qu’on n’a rien raté" pendant les deux minutes d’images sans aucun commentaire, c’est une manière de nous dire qu’on est incapable de comprendre ce qui se passe s’il n’y a pas une voix pour nous expliquer qu’ils sont quand même grands, ces Norvégiens ou que ouuuh, c’était pas loin, cette frappe de Grandin?
• Si c’est pas malheureux de passer son temps à tricoter des pulls aux deux lignes de défenseurs norvégiens pour finalement marquer deux buts de raccroc sur des obus de quatre-vingts mètres…
• "L’atmosphère pesante" liée au "contexte lourd" avait bon dos pour excuser sinon expliquer, dans la bouche des commentateurs, les difficultés phocéennes pour enflammer le match. Alors même que la peur de porter pour la première et dernière fois ce maillot or spécial Europe était une raison au moins aussi valable.
• Les Marseillais ont renvoyé à leur équipementier les curieux maillots à manches trois-quarts. Sauf Taiwo qui l'a conservé, même si avec ses épaules, ça fait des manches normales sur lui.
• Il a un peu bronzé avec les années, mais il est toujours aussi rusé, ce Rudi Völler.
• Hier, le vrai drame s'est produit à Anfield, où une équipe coachée par Laszlo Bölöni et dont l'un des meilleurs joueurs est Wilfried Dalmat a fini par craquer après avoir tenu tête au Liverpool de Benitez, Torres et Gerrard pendant 208 minutes. C'est la deuxième année consécutive que les quatre Anglais seront dans le chapeau 1.
Le jeu des deux erreurs
"L'Olympique de Marseille s'est qualifié sans trembler face à une belle équipe de Brann Bergen (2-1)." (lfp.fr)
Les titres auxquels vous avez échappé
• Brann to be alive
• Sigurdsson toujours deux fois
• Opdal, Opdal masqué (ohé, ohé)
• Viking size