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Ce cher David Beckham

Le néo-retraité était capable de frappes d'une grande précision sans se décoiffer, prouvant qu'un métrosexuel pouvait être un grand milieu de terrain.

Auteur : Gilles Juan le 22 Mai 2013

 


Le terme "métrosexuel" a été pondu en 1994 sur le site salon.com par un journaliste, un certain "Simpson". Rapidement relayé par les médias, le mot a quelques années désigné certains hommes, dont on disait qu’ils allaient dissoudre l’identité masculine dans les méandres de la féminité, sous prétexte qu’ils s’épilaient, prenaient soin de leur peau, tapaient la pose et étaient très attentifs à leur apparence vestimentaire comme à la mode en général. Tout cela incarnait, en outre, des problèmes futiles.
 


D'accord avec Baudelaire

Il faut souligner, premièrement, qu’en méprisant les métrosexuels parce qu’ils avaient des soucis superficiels, tout en affirmant qu’ils avaient des attitudes d’autant moins viriles qu’elles étaient féminines, on avait une attitude sexiste: on assimilait, l’air de rien, la féminité à la superficialité. Ce n’est pas bien.

 


 

Deuxièmement, il est difficile de ne pas être d'accord avec Baudelaire, qui explique que le maquillage est une vertu proprement humaine, légitime d’un point de moral comme d’un point de vue esthétique: nous autres humains ne laissons pas notre corps pousser naturellement. Nous le prenons en charge, nous l'entretenons (ce serait-ce qu'en se coupant les ongles ou les cheveux, en se lavant les dents). C’est là notre dignité, une conséquence immédiate de la conscience de soi. Dès lors, à partir de quelle quantité de soin cela commence-t-il à faire trop? Difficile à dire. La peau clean sur tout le corps, les sous-vêtements raffinés, les cheveux subtilement en bataille, le fond de teint et le mascara sont-ils en contradiction avec l'identité masculine? C'est aujourd’hui une composante de l’époque, avec laquelle il faut, comme son nom l’indique, composer. Beaucoup de filles séduites par cette attitude affirment que ce n'est pas "moins" être un homme, c'est être un homme "autrement". Les artifices et les soucis métrosexuels ont constitué une nouvelle et, vraisemblablement, excessive façon de prendre soin de son image, mais dans l'absolu, ce n’est pas plus une pose que "le naturel".
 


Un footballeur plus lisse

Et puis, troisièmement, cette attitude n’a rien remplacé du tout. Elle a fait bouger les lignes, sans doute, en nous habituant, beaucoup d’images aidant, à une apparence masculine plus lisse et soignée. Mais l’époque contemporaine et libérale fait que les valeurs (esthétiques, éthiques, politiques…) ne se succèdent plus, mais s’accumulent dans le grand et bordélique bain de la démocratie et de la liberté d’expression. L’époque goûte Beckham mais elle aime aussi Chabal, Brad Pitt, Clooney, Gainsbourg, Justin Bieber. Etc. Tous les deux jours nous devons ressembler à autre chose pour être beaux, non pas parce qu’il n’y aurait plus du tout de valeurs, mais parce qu’au contraire il y en a de plus en plus. Toutes ne se valent pas, mais toutes sont légitimes: nous avons l’embarras du choix.
 

Beckham sera toujours associé à une image de beau gosse soigné et tatoué. Un spice boy parvenu à un compromis difficile: très apprêté et très masculin. Bravo à lui. On devra se rappeler qu’il fut aussi un joueur formidable, à la technique plus élégante encore que la coupe de cheveux, un joueur qui a longtemps porté des shorts trop grands et des cheveux trop blonds, mais qui ne manquait pas de courage, de caractère ni d’ardeur, y compris à l’entraînement (plein de petits jeunes présomptueux ont dû en prendre de la graine ces dernières semaines). Il cumule 115 sélections en équipe nationale, il est peut-être l’auteur du plus grand nombre de centres millimétrés de l’histoire du foot, il revenait s’arracher en défense, il tirait des corners parfaits, dont les deux plus célèbres ont occasionné la victoire en finale de la ligue des champions, en 1999 – l'année où David, avec Manchester United, réalisa le fameux triplé "championnat, coupe nationale et Ligue des champions". Il a marqué quelques buts importants, et glissé en tirant son péno comme personne.
 


Enfin, devra rester l’image de cette technique de frappe si performante, si identifiable, à la fois très caractérisée et très spontanée, à mille lieues de ce qu’on apprend dans les écoles de foot: Beckham frappait… du coup de l’intérieur du pied (?), avec un pied d’appui trop loin du ballon, et un corps trop penché en arrière selon les critères Larqué – mais il est certain que le ballon prenait la courbe et la destination que "Becks" désirait. Tout le reste (les motivations économiques plutôt que sportives des clubs qui l’embauchèrent jusqu’à trente-huit ans, les pubs pour slibard, les caméras braqués sur sa personne alors même que l’adversaire est en train de marquer, les maillots vendus, etc.), il faudra qu’on finisse par moins le reprocher – si tant est qu’il faille le reprocher – à Beckham, qu’à ceux qui ont profité de son charisme d’un côté, et qu’à notre société de fans débiles assoiffés d’autographes d’un autre.
 

Réactions

  • Licha Sauvage le 22/05/2013 à 19h15
    Magnifique première page de réactions, typiquement le genre de truc qui explique pourquoi j'aime autant vous lire, ne changez rien :)

  • Maurice Eculé le 22/05/2013 à 21h56
    Merci à l'auteur pour ce tour très complet de ses névroses quant à la virilité.
    Une erreur semble toutefois s'être glissée dans le texte puisqu'il est question de football dans le 5e paragraphe.
    Quant à la conclusion, il semblerait qu'on puisse n'être, quoique sans doute a minima à moitié débile et à l'occasion assoiffé, que peu fan du bonhomme sans échapper pour autant à ses défilés en slip. Mais si Baudelaire pense le contraire...

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