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Bruno Genesio est-il un bon entraîneur ?

Critiqué par une partie des supporters, défendu par l'autre et jamais lâché par son président, l'entraîneur de l'OL continue à résister aux tempêtes mais la qualité de son travail reste difficile à juger.

Auteur : Christophe Kuchly le 8 Jan 2019

 

 

L'histoire débute par un clin d'œil: un coach nommé le jour du réveillon de Noël, affublé d'un surnom similaire à celui qui a tout gagné avec Messi. Pour beaucoup, Genesio n'est pas Bruno mais Pep. Un sobriquet à l'ironie certaine, triste honneur qui n'a pas de réel équivalent ailleurs en Europe. Leverkusen fut Neverkusen, et Everton Santos, dans les couloirs du PSG, était Jean-Claude Robigneau. Mais même Ravanelli, qui tenta de copier la méthode sans se faire comprendre de ses joueurs et ne gagnait jamais, n'a jamais été Fabrizio Lippi.

 

 

Le coaching et le contexte

Un fait, déjà: avec plus de trois ans d'ancienneté sur le banc lyonnais, Bruno Genesio dépasse la moyenne à son poste. Bien sûr, cela tient d'abord à la confiance de son président, qui aurait pu appuyer sur le détonateur à plusieurs reprises au cours de cette période – et l'aurait peut-être fait avec un coach n'étant pas du cru. Mais ne pas être lâché par son vestiaire est déjà une forme de réussite, relative mais notable, surtout en comparaison de la situation dans laquelle se trouve actuellement l'autre Olympique.

 

 

Contrairement aux joueurs, dont on estime le potentiel et la progression par rapport à leur âge, les entraîneurs sont vus comme des entités statiques binaires: bon/pas bon. Leur métier, basé sur l'intellect et la transmission, se juge à l'aune de ce qu'il se passe sur le terrain mais n'est pas réellement quantifiable (bonnes consignes et mauvaise transmission, l'inverse, ni l'un ni l'autre?). Souvent quinquagénaires, anciens joueurs et/ou multiplement diplômés, on suppose qu'ils ont assez de connaissance et de vécu pour proposer un produit fini. S'il est de qualité, alors ils sont considérés comme bons.

 

La réalité est pourtant bien plus nuancée. Rudi Garcia, dans l'impasse à Marseille, a gravi les échelons et gagné des titres en alliant une communication intelligente à un jeu abouti. Marcelo Bielsa, qui n'a pas réussi à Lille, n'a pas changé sa méthode et ses idées en allant à Leeds, avec qui il est en tête du Championship. À de rares exceptions près, aucun technicien n'est toujours la bonne personne au bon endroit, un talent supérieur transcendant les contextes. Et même Alex Ferguson, modèle de réussite durable, n'a gagné que deux coupes nationales entre 2003 et 2007.

 

 

Des résultats mais pas de titres

Le problème de l'OL, et donc de Bruno Genesio, est d'être régulier dans l'irrégularité. Il n'y a pas de bonnes et de mauvaises saisons, de sommets très hauts suivis de chutes encore plus grandes. Lyon est souvent bon dans les grands matches? Oui, mais il y a aussi la demi-finale aller de Ligue Europa face à l'Ajax et le huitième de finale retour contre le CSKA Moscou. Lyon souffre contre les petits? Il y a certes des sorties de route, mais pas assez d'accrocs pour parler de crise.

 

Manière et résultat: voilà le cœur du problème. La façon de faire est subjective (les fans du Barça et de l'Atlético n'ont par exemple pas les mêmes attentes) mais les points engrangés ne sont pas discutables. Quand, pour certains, leur total suffit à légitimer le travail d'un coach, les autres attendent plus. Et les Rhodaniens ont suffisamment gagné depuis le début du siècle pour que la question esthétique, secondaire chez les "losers", devienne importante.

 

 

Les chiffres, les voilà: deuxième, quatrième puis troisième lors des trois premières saisons sous les ordres de Genesio, Lyon est pour l'instant troisième. Le total de points, en augmentation constante (65, 67, 78), sera probablement en baisse, le compteur étant bloqué à 32 après dix-huit journées. Voilà pour le championnat. Demi-finalistes de C3, les Gones n'ont par ailleurs pas dépassé les quarts des coupes nationales et n'ont donc rien gagné depuis la Coupe de France 2012. Une disette à mettre en rapport avec la domination du PSG, mais rarement proche d'être stoppée.

 

 

Un potentiel inexploité

Bruno Genesio, dont les échecs à Villefranche-sur-Saône et Besançon n'ont pas aidé à bâtir une image de gagnant, n'a donc pas de palmarès. Pas beaucoup de charisme non plus, ce qui ne permet pas de détourner l'attention du terrain. Rolland Courbis, vainqueur d'un championnat de D2 et de deux coupes en Algérie en trente ans de coaching, soit moins que Victor Zvunka par exemple, pourra confirmer l'intérêt d'enrober des déclarations à la pertinence discutable d'une gouaille sympathique.

 

Toujours amené à jouer les premiers rôles en Ligue 1, le coach lyonnais a pour plus grand échec l'absence de podium en 2017, avec un retard sur Nice supérieur à l'avance sur Bordeaux, anonyme sixième. Et pour plus grande réussite le redressement opéré à son arrivée, même si la qualification pour les huitièmes de Ligue des champions, marquée par une victoire face au City de Guardiola, peut être le début d'une belle histoire.

 

Cette rencontre face à l'ogre anglais, double affrontement même puisque le nul du retour fut également abouti, ouvre paradoxalement la porte aux critiques. Jusque-là trop souvent proche de sa (faible) valeur plancher, avec une tendance à tourner en rond avec le ballon et mal couvrir ses zones sans, l'OL a alors rappelé que son plafond était très haut. Les détracteurs, qui devinaient l'énorme potentiel de cette équipe à la lecture de l'effectif, y ont eu la preuve de ses capacités. Et se demandent bien pourquoi elle évolue si loin de son maximum, semaine après semaine.

 

 

Logique difficile à suivre

On entre alors dans le cœur du problème: la gestion tactique d'un entraîneur qui n'a pas d'idées suffisamment fortes pour qu'on décèle une ligne directrice. Depuis sa prise de fonction, les exemples de ce qui ressemble à de l'improvisation sont nombreux: gestion du onze (Yanga-Mbiwa, Nkoulou, Mammana et Diakhaby alternant titularisation et tribune), des postes (Tolisso et Fekir baladés un peu partout) ou des systèmes (un différent à chaque match de C1 cette saison selon whoscored)…

 

 

Pour symboliser le manque de continuité des choix faits depuis trois ans, impossibles à résumer en un seul article, il faut imaginer un curieux avec beaucoup de temps libre et d'ouverture d'esprit, qui cliquerait sur tous les hyperliens de la page wikipédia "tactique (football)" jusqu'à avoir cinquante onglets ouverts. Un scientifique mélangeant des produits pour tester chaque réaction, érigeant la sérendipité au rang de projet footballistique. 

 

Parfois suffisamment audacieux pour faire des découvertes (Marçal en défense centrale) ou suffisamment attentif pour copier la formule des autres (Memphis en pointe comme en sélection, défense à trois calquée sur celle d'Hoffenheim). Mais jamais totalement à la pointe, le lancement d'Houssem Aouar dans l'entrejeu et le placement de Maxwel Cornet en pointe suivant de plusieurs mois l'injonction de nombreux suiveurs.

 

Comprendre le "pourquoi" n'étant pas facile, il faut imaginer des hypothèses. Deviner des sanctions contre certains quand ils sont subitement sortis de l'équipe, supposer qu'il y a un parti pris anti-routine dans le renouvellement permanent des fondations de jeu. Et c'est dans cette incompréhension que naît le débat sur le coach, dont on questionne d'autant plus vite les capacités quand on ne voit pas où il veut en venir – même s'il connaît a priori bien mieux le foot que tous ceux qui jugent son boulot. 

 

 

La théorie du livret A

Alors, pour revenir à la question du titre, Bruno Genesio est-il un bon entraîneur? Il n'est déjà pas le plus mauvais, ce qui peut paraître bête à dire mais peut vite s'oublier quand Lyon rate complètement un match. Là où, au hasard, un José Mourinho peut se couper de son groupe et nettement sous-performer, lui arrive pour l'instant toujours à garder le cap.  

 

Mais c'est aussi très loin d'être le meilleur, les performances ponctuelles ne masquant qu'en partie l'absence de projet de jeu reproductible qui ferait passer un cap à l'OL en championnat, lui qui dispose d'un effectif dont on mesurera la qualité dans quelques années – quand Ndombélé et consorts seront des références à leur poste. Au fond, dans un club dont la présence en bourse oblige à une gestion prudente, il est une sorte de livret A: rassurant car sans risque mais sans apport substantiel.   

 

En refusant d'être dogmatique, Genesio laisse un cadre assez libre et donne les clés à ses joueurs. Cela leur permet de progresser dans la prise d'initiatives et d'intéresser beaucoup de grands clubs, mais expose le groupe à la variation des états de forme. Sans structure supérieure à celle de l'adversaire, il faut que les individualités soient en mesure de faire des différences... ce qui est plus facile avec de l'espace que contre des blocs bas, et explique aussi les difficultés en championnat.

 

À sa façon, Bruno Genesio est encore un entraîneur en formation qui, comme ses ouailles, réussit des matches et en rate d'autres. Un nouveau venu au plus haut niveau qu'une communication défensive dessert autant que des soutiens médiatiques à l'argumentation discutable. Et qui, même s'il commence à prendre le parti du jeu depuis quelques semaines, n'a jamais proposé suffisamment de spectacle pour qu'on en fasse un romantique incompris.

 

 

Réactions

  • le Bleu le 08/01/2019 à 21h41
    Vous remarquerez que mon idée n'était pas strictement de défendre Genesio, si j'avais voulu le faire j'aurais mis vraiment en avant le fait qu'il lance et amène à progresser les jeunes talents (notamment par sa volonté de responsabiliser les joueurs de talent mais pas que).
    ---
    Genesio, lancer des jeunes ? Il fait jouer les jeunes recrutés parce que, eh bien, ce sont des recrues (et que JMA entend bien faire des plus-values de 60M d'euros sur elles). Pour ce qui est de la formation, en trois ans et demi, Genesio a vraiment lancé deux joueurs : Diakhaby et Aouar.

  • Mik Mortsllak le 08/01/2019 à 23h40
    Le titre aurait été trop long et indigeste mais c'est surtout sur le duo Genesio-Baticle qu'il faudrait se poser la question.
    Quand on voit les non-progrès dans le jeu dans les mois qui ont suivi les sprints finaux très réussis de 2016 et 2018, et le tout en perdant pourtant très peu de joueurs majeurs, je ne vois pas comment on pourrait y répondre "oui".

    Et je découvre le concept de "sérendipité", c'est vrai que ça colle bien à BG, qui avait d'ailleurs commencé fort dans ce domaine avec Ghezzal à droite.

  • Ishkar le 14/01/2019 à 15h13
    Les débats sur l'âge peuvent être réducteurs si l'on ne tient pas compte de cadres et de leur performance, et de leur capacité à être réguliers et dans l'équipe type.

    Dortmund et Lyon, je n'ai pas pondéré les minutes jouées par chacun en lien avec leur âge. Bon, déjà, ils mettent 6 points au Bayern et ont un parcours moins étincelant en Bundesliga que le PSG en L1. Ils profitent aussi en partie du Bayern qui est un peu poussif.

    Surtout, si l'on en revient à Lyon, la question est celle des cadres. Memphis a 24 ans, est-il pour autant un joueur régulier ? Non, et il l'était encore plus avant BG. Fékir, le capitaine, 25 ans, l'est-il aussi ? Physiquement, il est en difficulté et n'a même pas fait la moitié des minutes possibles depuis le début de la saison. Morel, qui joue moins, ou Marcelo, encore titulaire, sont-ils des cadres ? Marçal, qu'en dire ? Le problème peut être en partie ici.

    D'autres points, en vrac. Les joueurs, aussi talentueux soient-ils, ne sont pas forcément au top à Lyon. Monaco a peut-être plein de futurs internationaux mais ce n'est pas ça qui les fera gagner à l'instant T sans recruter des mecs plus âgés.

    L'autre point, c'est qu'à Lyon, on a beaucoup de profils assez solistes, bons dans l'élimination mais qui ne font pas forcément collectif. A part Aouar, les profils comme Fékir, Ndombélé, dans une moindre mesure Traoré, ou même Mendy ou Memphis (même s'il peut être très fin) brillent et sont visibles, et semblent donc très forts, car ils sont très forts balle au pied et dans le dribble. Mais ils ont finalement une variété plus faible de leur jeu.
    Même si ce n'est pas le même standing, un Terrier est par exemple je trouve plus varié, et Aouar, c'est aussi une classe au-dessus. Et c'est un peu ce qui manque à Lyon, où sur le banc on n'a pas vraiment de profil plus collectif.

  • Ishkar le 14/01/2019 à 17h17
    Concernant Pep lui-même, c'est difficile de juger dans le sens où contrairement à quelqu'un de véritablement incompétent, il a réussi, depuis son arrivée et à peu près quelle que soit la réussite de l'équipe dans la période où elle joue ces matchs, à plutôt être bon face aux gros. Avec Garde à l'inverse, on voyait souvent de grosses difficultés quand l'adversité augmentait. Il semble assez paradoxal de ne sembler être bon que face à des entraineurs qui, normalement, pourraient humilier Génésio.

    De ce qui rend le jugement également compliqué, c'est que Lyon, que ce soit contre City quand ça fonctionne ou dans d'autres matchs, peut marquer sur des situations de contre rondement menées. Et même si l'on a tendance, parfois, à faire comme si les équipes dites de possession ne marquaient que sur de longues séquences, même celles dont on vante le beau jeu savent souvent très bien exploiter les contres ou tout du moins les déséquilibres adverses. Liverpool me semble un excellent exemple, avec une attaque extrêmement rapide dans la remontée de la balle.

    A Lyon - et ça c'est aussi une responsabilité de Génésio, mais est-elle tant tactique que ça ? -, la difficulté que je trouve la plus visible est l'énorme différence d'intensité entre des matchs considérés comme petits et des matchs plus importants. Il y a certes des problèmes notamment dans les transitions défensives si le milieu prend trop de risques, mais dans l'ensemble, quand les joueurs entrent bien dans le match, on n'est pas tant déçu que ça. Le problème, c'est que la simplicité du jeu qu'on pouvait voir contre City par exemple, direct, sans trop de fioritures, notamment à cause du fait que sinon c'est très vite punitif, on ne le voit pas contre les petits. Comme si les joueurs n'appliquaient à la lettre les conseils donnés que quand ils n'ont pas le choix et qu'ils font un peu mumuse quand ils sentent qu'ils sont censés avoir de la marge.

  • Ishkar le 14/01/2019 à 17h23
    Radek Bejbl : Tu parles de Darder ou Mammana, mais pour l'instant, mais c'est pourtant exactement le bon exemple des joueurs talentueux - bon le second s'est bien blessé donc c'est différent - mais qui en-dehors de Lyon ne brillent pas instantanément comme certains nous le promettaient. Je ne sais pas ce que fera Darder, mais au bout d'un an il n'est pas allé au Barça, alors que Génésio, apparemment, le gâchait au possible à Lyon.

    Lacazette ou Tolisso, on peut aussi le lire d'une manière similaire. Le premier cité donne satisfaction à Arsenal mais ne survole pas non plus le championnat ou la LDC. Le second n'a pas toujours été titulaire à Munich. Ils progresseront et finiront par entrer dans les objectifs mais on ne tenait pas non plus des joueurs directement de classe internationale comme certains le pensaient. Si l'on compare à la grande époque, les Abidal, Malouda ou Essien, quand ils quittaient l'OL, c'était pour être titulaires indiscutables dans des clubs jouant la victoire en LDC... ou pour même gagner la LDC. Benzema était aussi de cette trempe et des Cris ou Juninho, s'ils n'étaient pas restés à l'OL, l'auraient aussi été.

    Nous, on a clairement des joueurs qui en sont dans des étapes plus jeunes de leur carrière. On les prend quand ils sont en réserve du Real, en échec dans un club comme Man U, que Chelsea préfère les vendre que les garder, qu'ils sont en L2... Avant, on les chopait quand ils s'étaient déjà imposés comme de bons joueurs de L1 voire les stars en devenir, à l'image des Abidal ou Malouda qui avaient déjà roulés leur bosse à Lille ou Guingamp et qui avaient plusieurs saisons dans les pattes. Et ça, je pense que ça manque.

    Et même, quel que soit le talent, il faut je pense des joueurs cadres qui tirent un effectif vers le haut. Quand tu ne l'as pas, tu coules, à l'image de Monaco qui n'avait, jusqu'à cet hiver, que des jeunes pour certains très talentueux et des cadres qui n'y étaient plus. Pourtant, ils avaient encore un entraineur champion de France et demi finaliste de LDC, donc un brin compétent. Et ça, c'est manquant à l'OL. La colonne vertébrale n'est pas assez régulière.

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