Aigles et Dragons
Matchbox : Porto-Benfica, 1-1 - Statu quo en tête de la Liga Sagres. Le leader Porto n’a pas pu prendre la mesure de son dauphin Benfica, toujours à un point.
Auteur : Raphael Pereira
le 10 Fev 2009
O Jogo
Quique Flores a bien préparé son match. Pour gêner les transmissions de balle de ses hôtes du FC Porto, le stratège espagnol leur oppose deux lignes proches l’une de l’autre, en position basse sur le terrain. En évoluant et s’adaptant en bloc au gré des déplacements adverses, Benfica récupère beaucoup de ballons et donne une fausse impression de domination pour Porto.
Au fur et à mesure de la première mi-temps, le bloc lisboète monte plus haut sur le terrain et étouffe de plus en plus sa proie. Les Aigles sont des spécialistes des coups de pieds arrêtés, l’ouverture du score sur corner avant la mi-temps vient le rappeler.
Le rythme baisse dans le second acte. Après avoir aiguisé ses serres une dernière fois, Benfica regarde les attaquants portistes buter sur leur défense. La faille semble impossible à trouver, mais un penalty peu évident (L'Équipao parlera de "vol") vient récompenser l’obstination des locaux. La fin du match est anecdotique: les deux équipes jouent pour ne pas perdre.
Les gars de Benfica
Sept joueurs derrière, menés par l’impeccable Ruben Amorim et trois joueurs devant; Benfica a surtout compté sur la vélocité de son attaquant hondurien Suazo et de la vista d'Aimar pour affoler les locaux. Avec un Maxi Pereira efficace sur son aile droite aussi bien dans ses interventions défensives que sur sa percussion offensive, le reste du terrain fût le royaume du quatuor Katsounaris, Yebda (l'ancien Manceau en personne), Luisão, Sidnei.
Les gars de Porto
Porto a suivi le rythme de son jeune milieu défensif Fernando, étincelant en début de match avant de s’essouffler. La paire défensive Bruno Alves, Rolando a pu compter sur les infatigables Hulk et Cristian Rodriguez (l'ancien Parisien en personne), au four et au moulin sur la longueur de leurs ailes respectives. Le jeu est surtout passé sur la droite, ou Fucile se refait une santé, et au milieu de terrain – le métronome Lucho Gonzalez tentant tout le match de fissurer le bloc adverse. À noter que pour la première fois de la saison, l’avant-centre Lisandro Lopez a été remplacé en cours de match.
Les observations en vrac
• Cissokho part de sa défense pour d’inutiles courses de soixantes mètres balle au pied, Luisão est un grand échalas impérial dans sa surface et Hulk marche sur le ballon: l’ombre de Sammy Traoré n’a cessé de planer sur cette rencontre.
• Un port altier, des fringues classes, un corps longiligne, un visage mal rasé mais distingué ; le stade du Dragon a la douleur de constater qu’il y a du Mourinho chez Quique Flores.
• Encore une victoire pour Frédéric Thiriez : l’ex Gueugnonnais Cissokho prouve que ce ne sont pas forcément les meilleurs joueurs qui quittent la France.
• On savait que la kryptonite affaiblissait Superman. L’incroyable Hulk vient lui de faire la connaissance de Sidnei.
• Un but marqué puis un penalty provoqué : Yebda remporte haut la main le challenge Lilian Thuram à l’envers.
Le joueur à suivre
On pourrait parler de Pablo Aimar qui relègue Oscar Cardozo sur le banc, ou du champion olympique Di Maria, remplaçant de luxe de José Antonio Reyes. Mais s’il ne faut retenir qu’un joueur du très fourni effectif lisboéte, misons sur le futur Pepe.
Sidnei Rechel da Silva Junior : brésilien, 19 ans, défenseur central.
Lancé dans le grand bain lors d’un bouillant déplacement à Naples en coupe UEFA, Sidnei a vite convaincu. Taulier de la défense de l’Internacional Porto Alegre la saison dernière, son arrivée avait suscité de nombreuses interrogations à Lisbonne. Mais depuis le mois de septembre, le joueur enchaîne des prestations solides, montrant une grande maturité dans son sens de l’anticipation. Son gabarit et ses velléités offensives lui ont déjà permis de marquer trois buts. Une valeur qui ne cesse de grimper: il se dit qu’il pourrait rejoindre son meilleur ami, un certain Alexandre Pato.