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Changer les règles : 2. Calculer les effets pervers

Exclusions temporaires, coups francs avancés, suppression de la "double peine": de la difficulté de réformer les règles sur le terrain...

Auteur : Pierre Martini le 27 Oct 2011

 

 

Renforcer les sanctions et la dissuasion pour préserver une certaine justice sportive permet déjà d'envisager des changements sur le volet "disciplinaire" de la question en agissant surtout de l'extérieur... Mais comment intervenir sur le terrain lui-même, c'est-à-dire là où les décisions portent le plus à conséquence, sans susciter de biais ni d'injustices supplémentaires?

 


Ne pas ajouter de l'arbitrage

Il est souvent question de l'introduction de l'exclusion temporaire, comme elle se pratique dans d'autres disciplines, afin de disposer d'un niveau de sanction intermédiaire entre le carton jaune et le carton rouge – l'un apparaissant souvent comme un sursis avantageux pour le fautif quand l'autre semble trop définitif. L'intention et le principe sont légitimes. Pourtant, les décisions arbitrales ne vont pas moins être discutées avec trois niveaux de sanction.


Par ailleurs, les phases de supériorité numérique risquent de favoriser une soupe tactique assez indigeste, ainsi que l'évolution vers une forme d'américanisation, à l'image de ces disciplines où les changements de configuration tactiques sont permanents. Or, l'augmentation du nombre de remplaçants a déjà considérablement renforcé l'importance du coaching, en parallèle avec l'évolution de la discipline vers la généralisation des exigences tactiques. Initialement prévus pour pallier les blessures, les remplacements sont entrés dans les mœurs comme une manière pour l'entraîneur d'intervenir sur le cours du match en modifiant les options de son équipes (et en lui adjoignant de la fraîcheur physique) [1].

 

Surtout, cette mesure reviendrait à "ajouter de l'arbitrage" alors qu'il faudrait toujours chercher à en enlever – objectif poursuivi par les sanctions a posteriori, qui cherchent à faire intérioriser les règles par les joueurs en jouant de la dissuasion, sans intervention dans le cours du jeu.

 

 


La "double peine", sévère mais juste

Parmi les mesures "disciplinaires", on invoque souvent l'idée de faire avancer les coups francs en cas de contestation. Là encore, l'intention est bonne, mais elle confie aux arbitres une intervention et une responsabilité supplémentaires. Leur choix sera discuté dans la mesure où la subjectivité sera de mise s'agissant de décider d'un seuil de protestations, et où cette décision aura souvent pour conséquence d'offrir une occasion franche à l'équipe concernée.

 

Tout dernièrement, Franz Beckenbauer a remis sur le tapis la question de la "double peine", lorsqu'un joueur est exclu pour avoir annihilé une occasion de but et que son équipe subit le penalty consécutif à sa faute. Le bon sens réclame de transformer le rouge en jaune [2]. Mais les défenseurs vont vite calculer le rapport bénéfice/risque d'une opération consistant à jouer le penalty plutôt que le but certain, par exemple en arrêtant sur la ligne le ballon de la main (cas de figure illustré par l'affaire Suarez lors du Mondial 2010 – lire "Changer les règles: 1. Mieux sanctionner") ou en séchant gentiment l'attaquant prêt à conclure.


La "double peine" actuelle est imparfaite, mais elle obéit à une certaine logique de justice: on applique les règles – deux règles distinctes: l'une qui sanctionne une faute passible d'exclusion, l'autre qui sanctionne une faute dans la surface. Leur application simultanée est sévère, mais l'objectif est bien que les défenseurs laissent les attaquants jouir de leurs occasions de but. On note aussi qu'un défenseur empêchant une occasion de but hors de la surface serait exclu, tandis qu'un autre faisant de même dans la surface resterait sur le terrain... Accorder un but de compensation plutôt qu'un penalty serait envisageable (lire aussi l'article précédent), mais la responsabilité de l'arbitre, avec le pouvoir d'accorder un but virtuel, serait là aussi exorbitante.

 


Une proposition : protéger les fins de match

Pour prolonger l'exercice, on peut défendre une "nouvelle règle" qui ne règlerait qu'un problème particulier mais qui répondrait au cahier des charges: ne pas impliquer plus d'intervention de la part des arbitres, favoriser l'esprit du jeu et le spectacle, limiter les effets pervers. Il existe ainsi une calamité inexplicablement tolérée avec les remplacements effectués dans les dernières minutes par les entraîneurs désireux de préserver un résultat favorable. Rien ne les justifie sur le plan strictement tactique: il ne s'agit que de casser le rythme, même si le temps additionnel sera crédité de trente secondes supplémentaires.


De nombreux matches s'enlisent ainsi dans un brouet de jeu, au moment où la tension devrait au contraire culminer à chaque fois que le score est indécis: l'exact contraire du Money Time au basket. Cette tolérance favorise évidemment les équipes qui refusent le jeu, pénalise celle qui cherche encore à faire la différence, et dégrade l'intensité dramatique du spectacle... Pourquoi, alors, ne pas interdire les changements après la 80e minute, afin de ménager des fins de match ouvertes? [3]

 

On objectera que les équipes utiliseront disposent d'autres manières de casser le jeu, mais faire disparaître celle-ci sera utile en soi. Des effets pervers sont également prévisibles. Dans le cas où l'on admet que les blessures autorisent tout de même un remplacement, les simulations risquent d'être de rigueur. Si strictement aucun remplacement n'est autorisé, la tentation existera de "terminer" un adversaire déjà entamé – mais dans ce cas, les sanctions existent. L'avantage de la mesure est qu'elle ne nécessite pas d'intervention des arbitres de champ.


Cette proposition précise peut être discutée et contestée, on peut lui préférer le statu quo, et il en existe probablement d'autres plus intéressantes... L'idée est de dire qu'il faut, avant de s'attaquer à la réforme des règles et de promouvoir des changements particuliers, se demander quels sont les objectifs globaux que l'on poursuit, pour ensuite anticiper les inévitables effets indésirables que ces changements susciteraient. Il s'agit d'évaluer au mieux les bénéfices réels à attendre, en ayant bien conscience que l'édifice des règles, aussi imparfaites soient-elles, repose sur un équilibre fragile et précieux.


Changer les règles : 1. Mieux sanctionner
Changer les règles : 2. Calculer les effets pervers
Changer les règles : 3. Sauver le jeu
 

[1] On oublie par ailleurs que les remplacements favorisent les équipes aux effectifs les plus riches.
[2] Beckenbauer, président de la Task Force 2014 de la FIFA chargée de réfléchir aux aménagements de règles, estime qu'un avertissement et un penalty suffisent tant que la faute ne menace pas l'intégrité physique de l'adversaire.
[3] Un changement pourra être demandé au quatrième arbitre jusqu'à la 79e minute, pour le prochain arrêt de jeu.

Réactions

  • arnaldo01 le 28/10/2011 à 19h12
    José-Mickaël
    27/10/2011 à 17h24

    Ce qui ne me plaît pas dans le système des cartons, c'est le système des uspensions. Une équipe qui a commis plein de faute contre un certain adversaire se retrouve affaiblie contre l'adversaire suivant (par les suspensions). Qu'on soit affaibli contre l'adversaire qui a subi nos fautes, c'est normal ; mais quand c'est contre un tiers qui n'a rien subi de notre part, c'est lui donner un avantage qui aurait dû bénéficier au premier adversaire. Du coup, je pense que s'il faut pénaliser les grosses fautes, il faut le faire en priorité durant le match.
    ____

    Le suspensions me genent aussi et j'ai eu une idée : si un joueur recoit un carton jaune, il est suspendu pour le match retour. Ca

  • arnaldo01 le 28/10/2011 à 19h15
    Ca marche tres bien pour les matchs aller mais pour les matchs retour, c'est pas top que la suspension s'applique la saison suivante.

  • LLBB1975 le 31/10/2011 à 09h57
    On pourrait faire comme au basket et ajouter une sanction après un nombre de fautes atteint et/ou un nombre de carton jaune. A voir ensuite pour la sanction mais au moins cela serait au 4ème arbitre de gérer et pas à l'arbitre de touche.

  • losc in translation le 31/10/2011 à 17h26
    Pas mal de choses intéressantes ont été dites, et je vais apporter mon grain de sel. Ou de sable, mais c'est moins digeste.
    Sur les changements, ça ne me parait pas si mal fonctionner... hors temps additionnel. Donc limiter les changements de la 1ère à la 89ème, pourquoi pas, mais ça ne révolutionnera pas les choses.
    Sur les cartons, c'est beaucoup plus clair. La notion de contestation est en effet largement entrée dans les moeurs, ç'en est désespérant.
    Donc, je suis pour :
    - les suspensions de 10' en cas de jaune. ça marche bien au rugby, pourquoi pas au foot.
    - Les coups francs avancés en cas de contestation. Pratiquant un sport méconnu (le hockey sur gazon) depuis quelques années, on a pu constater le bienfait de cette règle si elle est bien appliquée. Quand j'arbitre, je retourne parfois un coup franc si l'équipe bénéficiaire râle pour une raison X ou Y. ça calme aussi. Aux abords du cercle (équivalent de la surface de réparation), ça se transforme en petit corner, phase de jeu sans équivalent en foot et qui est une occasion de but systématique. Pas de cas où les petits corners est transformé en pénalty par contre... A haut niveau, ils ont introduit la vidéo donc l'arbitre demande au capitaine de l'équipe qui conteste le PC s'il souhaite y recourir, et en disant quel fait de jeu implique qu'il n'y a pas PC (en général, faute de l'équipe attaquante en amont). Dans ce cas, on ne conteste plus, on demande, ou non, la vidéo.
    Autre élément, il existe une sanction intermédiaire, le carton vert, qui donne une suspension de 2 ou 5' (je ne sais plus exactement). ça donne un effet dissuasif intéressant, en tout état de cause.

    Sinon, pour un info, le hors-jeu a été supprimé au hockey il y a une dizaine d'années, ce qui a eu pour effet de modifier substantiellement le jeu tant en attaque qu'en défense, et de rendre les parties plus prolifiques en buts. A titre d'exemple, 6.1 buts par match en moyenne au cours des 24 rencontres du premier tour de l'eurohockeyleague, équivalent, toutes proportions gardées, de la Ligue des champions, donc avec des équipes nettement plus faibles que d'autres. En Elite en France, 105 buts à ce jour en 23 matchs, soit 4.5 buts par match. Je ne dis pas qu'il faut le faire pour le foot, mais je m'étonne que cette solution ne soit jamais proposée.

    Désolé pour le pavé.

  • José-Mickaël le 31/10/2011 à 20h14
    losc in translation
    aujourd'hui à 17h26
    > [suppression du hors-jeu] > Je ne dis pas qu'il faut le faire pour le foot, mais je m'étonne que cette solution ne soit jamais proposée.

    Chaque fois que je regarde un match de foot avec mon père, il ne peut pas s'empêcher, au moindre hors-jeu, de s'exclamer pour la 23.995è fois « ah mais on devrait supprimer les hors-jeux ! ». Je lui fais remarquer parfois que ce ne serait plus le même sport... Mais c'est vrai qu'on pourrait toujours tester. Ça étirerait les lignes, ça favoriserait peut-être le marquage individuel...

  • José-Mickaël le 31/10/2011 à 21h06
    Du coup, une petite réflexion qui m'est venue de l'idée des suspensions injustes...

    L'idée, c'est que tout ce qui se passe dans le match doit être sanctionné dans le match, car les suspensions avantagent les adversaires suivants qui n'y sont pour rien. Donc il faut durcir les sanctions.

    1) 1 carton jaune = avertissement. À donner systématiquement en cas de faute pas trop grave (le réglement doit établir une liste précise des types de faute). Pas de subjectivité ou de psychologie : 1 faute = 1 avertissement, pas de discussion. Ce carton joue un peu le rôle de l'avertissement verbal, qui n'existe plus. (Il y aura donc beaucoup plus de cartons jaunes qu'aujourd'hui !) Un 4è arbitre peut gérer ça.

    2) 1 carton rouge = expulsion temporaire. À donner après une faute pas trop grave à quelqu'un qui a déjà eu un jaune, ou directement après une faute relativement grave (v. liste précise des types de faute). Joue le rôle du carton jaune actuel. Un 5è arbitre gérera les exclusions temporaires. À son retour (pour ça on attend un arrêt de jeu), le joueur revient avec un casier vierge.

    3) 1 carton noir = expulsion définitive. À donner en cas de faute très grave (genre qui annihile une action de jeu ou qui peut blesser l'adversaire) ou de deuxième expulsion temporaire.

    Remarque : être hors-jeu n'est pas considéré comme une faute.

    4) On ne tient pas compte du fait que les fautes sont volontaires ou involontaires. Ainsi, toutes les mains seront sifflées. Aux joueurs de faire attention où ils mettent leurs bras. (Là encore c'est pour éliminer la subjectivité, donc simplifier l'arbitrage.)

    5) Le coup de pied de réparation joue le même rôle que l'essai de pénalité en rugby. Il sera donc donné pour une faute annihilant une occasion de but, quel que soit l'endroit où cette faute a été commise (je trouve ça plus cohérent que la règle actuelle où on peut avoir un pénalty même pour une faute bénigne). Un joueur qui fait main (involontaire ou non) dans la surface de réparation, ce ne sera pas forcément pénalty si sa main n'annihilait pas une occasion de but (par exemple sur un corner). Mais un attaquant séché avant la surface par le dernier défenseur, c'est pénalty (en plus du carton noir bien sûr).

    6) Personne ne parle à l'arbitre sauf le capitaine. Parler à l'arbitre = carton jaune systématique (ou plus s'il y en avait déjà un) voire rouge selon le ton employé. Forcer l'arbitre à reculer = carton rouge voire noir selon la véhémence. 5 excités qui se précipitent sur l'arbitre = 5 expulsés temporaires ==> moins de 7 joueurs sur le terrain => défaite sur le tapis vert.

    7) Réclamer ou contester, c'est une faute, ça vaut un carton jaune (au moins).

    De façon générale, un arbitrage plus strict devrait éviter qu'on ait besoin des suspensions pour dissuader. Sauf dans un cas : les simulations. Une simulation découverte par vidéo après le match doit valoir une sanction très grave (genre jusqu'à 1 an de suspension). D'où l'idée suivante :

    8) Si un joueur bénéficie d'une faute alors qu'il n'y a pas eu de faute, il aura le droit de le signaler à l'arbitre (sans passer par le capitaine - mais le capitaine aussi pourra le signaler à sa place) pour que la sanction soit annulée. Il en sera encouragé par le fait qu'il pourrait être soupçonné de simulation. Par exemple un joueur qui tombe tout seul ferait mieux de dire aussitôt à l'arbitre que son adversaire ne l'a pas touché, car les images montreront qu'il n'y a pas faute et il serait considéré comme simulateur.

    Avec cette règle, personne ne pourra dire « oui je suis tombé, mais c'était pas pour tricher, c'est parce que je me suis marché dessus ». Si c'était le cas, il aurait fallu le dire aussitôt. Ce n'est pas facile quand on perd l'occasion de bénéficier d'un pénalty, mais si par ailleurs on sait qu'on risque 6 mois de suspension... Bon, si c'est la finale de la coupe du Monde, ça vaut bien ce sacrifice. Du coup la durée de la suspension dépendra de l'importance du match. Simuler en finale de coupe du Monde, ça coûtera très cher.

    Tout ça est sûrement criticable, mais ne me paraît pas impossible, et je trouve que ça améliore un petit peu (j'aime bien par exemple la nouvelle définition du pénalty).

  • Safet le prophète le 01/11/2011 à 11h18
    Il y a du bon et moins bon...
    Le recours aux expulsions temporaires que beaucoup voudraient voir ne me dit rien qui vaille. Si c'est pour transformer le football en attaque défense à chaque exclusion, non merci.
    De plus, les équipes en infériorité numérique passeront leur temps à jouer la montre durant cette phase et le jeu n'en sortira pas gagnant.
    Enfin, on peut ajouter le risque de blessure forcément plus important avec des joueurs à l'arrêt temporairement...bref, cela me semble vraiment une mauvaise idée.

La revue des Cahiers du football