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15 minutes pour survivre

Les arbitres et leur syndicat ont décidé de réagir au traitement dont ils sont l'objet cette saison en retardant de quinze minutes les coups d'envoi des matches de ce week-end.
le 4 Mars 2011
Dernière réaction : le 05/03/2011 à 13h17

 

Ce week-end, les matches de la 26e journée du championnat de Ligue commenceront avec quinze minutes de retard: c'est ainsi que les arbitres et leur syndicat SAFE ont décidé "d'alerter tous les acteurs du football (joueurs, dirigeants, médias, instances fédérales et professionnelles) sur l’impérieuse nécessité de revenir à un climat apaisé et respectueux des arbitres".

Ils déplorent notamment, dans leur communiqué, qu'en dépit de la multiplication des convocations devant le Conseil national de l'éthique cette saison, les auteurs de déclarations vengeresses contre les arbitres n'ont écopé que de sanctions avec sursis.

Devant la dégradation constante de l'environnement des arbitres, devant l'imbécillité et l'indignité qui président aux "débats" sur l'arbitrage, devant l'incapacité des acteurs du football professionnel à se départir de comportements aussi infantiles qu'antisportifs (lire "Irresponsables"), devant l'invraisemblable impunité dont bénéficient les auteurs de dérapages physiques et verbaux, devant les risques graves que cette attitude fait encourir au football (et, un jour, à l'intégrité physique des arbitres), nous ne pouvons qu'encourager cette démarche en espérant – même si nous en doutons – qu'elle favorisera la "prise de conscience générale" souhaitée par le SAFE.


Extraits du communiqué du SAFE

"S’ils sont prêts à reconnaître leurs erreurs, les arbitres n’en demeurent pas moins des hommes dignes de respect. Leur mission est de veiller au bon déroulement des rencontres et de garantir l’équité et la justice sportives. Sans leur présence (même si, pour le journal L’Equipe, voir l’édition du 25 février 2011, ils sont les «panaris» du football), nul ne peut envisager la tenue effective d’un championnat régulier. (...)
Quant aux instances chargées de véhiculer un message éducatif et pacificateur, elles ne font que conforter ceux qui par leurs agissements nuisent gravement à l’image de notre sport et àl’image des arbitres. Ce climat général qui entoure le football et notamment les arbitres (attaques de dirigeants, menaces, impunité des fautifs, etc.) se dégrade au point de devenir incompatible avec l’indispensable sérénité des débats sportifs.
Face aux attaques sans cesse répétées et impunies et avant que de graves incidents ne se produisent, le SAFE dit stop! et appelle au respect! Respect des hommes, respect de la fonction respect de l’image du football, respect des engagements institutionnels. (...)"

Réactions

  • Tonton Danijel le 04/03/2011 à 16h52
    Pour Bonnaire, ce fut même plus léger, 50 jours. Pour ça:
    lien
  • visant le 04/03/2011 à 17h04
    Certes Tonton, mais j'ai un peu de mal à comparer cette réaction de Bonnaire (assez stupide) à celles des Diarra, Deco & Barthez sur le corps arbitral.
    Des mecs font une connerie, ils sont punis. Ok.
    Mais des mecs qui font une connerie en représaille d'une décision arbitrale déjà relative à l'une de leur connerie, y a double connerie non?
  • syle le 04/03/2011 à 17h21
    Baka in the sky with ballons
    vendredi 4 mars 2011 - 15h27

    Pour moi le problème se situe moins sur le terrain pendant les matchs, qu'à l'extérieur. Ce qui me gêne ce sont toutes les déclarations faites autour de l'arbitrage, et les médias qui surfent sur la polémique. Un entraîneur, dirigeant ou joueur qui explique que son équipe à perdu a cause de l'arbitre, c'est laid et c'est sanctionnable à mon sens.

    ---------------

    Marrant, je vois les choses de façon presque diamétralement opposée.
    Les déclarations après le match, je m'en tamponne un peu, d'autant que je ne les écoute généralement pas. une fois le match terminé, j'ai vu ce que j'avais à voir, et je n'ai pas besoin d'être "débriefé" ni de me coltiner les interviews standards du joueur qui prend les matches les uns après les autres ou de l'entraîneur qui verra au mois de Mai où il est.

    Par ailleurs, on oblige les entraîneurs à aller s'exprimer à chaud en conférence de presse (alors qu'ils savent souvent eux-mêmes qu'il serait préférable de la boucler) pour leur reprocher ensuite d'être allé trop loin dans leurs propos. Etrange...
    Et accessoirement, même si ce type d'intervention n'a rien d'intelligent ni de constructif, j'ai quand même du mal à condamner un type qui va dire que l'arbitre a été nul ou qu'il perd deux points sur une erreur quand c'est la vérité... De la même manière que j'estime que l'on a le droit de dire qu'on encaisse des buts parce-qu'Edel a été une quiche, ou qu'on n'en a pas marqué parce-que Brandao raterait une vache dans un couloir. Dans le même esprit, je te promets que si on vient m'interviewer sur le plombier qui est venu réparer l'arrivée d'eau de mon lave-linge, ça risque d'être Rock and Roll !

    Par contre, ce qui pourrit vraiment les matches, ce sont certaines attitudes sur le terrain. Tiens, un des trucs les plus insignifiants et est pourtant déjà insupportable quand on y réfléchit bien : quand un ballon sirt en touche, tout le monde sait très bien qui l'a touché en dernier, mais t'auras toujours un mec de chaque équipe pour lever le bras et réclamer ! C'est recta !
    Venir postillonner frénétiquement à la face de l'arbitre est désormais "dépénalisé". Pauvre joueur, faut le comprendre, c'est la frustration ! L'arbitre qui prendrait le risque de le sanctionner en ferait une affaire personnelle et/ou manquerait de diplomatie et/ou réagirait stupidement et risquerait de perdre le contrôle d'un match pourtant calme.
    D'ailleurs, en parlant de ça, c'est moi, ou Hadji n'a toujours pas purgé de suspension ?
    Alors très clairement, je ne serais pas faché de voir un carton à chaque début d'attitude outrancière et irrespectueuse d'un joueur, à chaque tentative de tricherie, ou à chaque réclamation trop véhémente.
    Et, évidemment, sanctionner lourdement tout entraineur ou dirigeant montrant un comportement déplacé vis à vis du corps arbitral (type courir dans un vestiaire en invectivant un arbitre incompétent qui risque de faire perdre 20 patates à une équipe qui vient de livrer un match merdique).
    Mais ce ne sont clairement pas les déclarations d'après match qui me gênent le plus.

    Reste le traitement qui en est fait par la presse sportive.
    Ca répond à l'éducation du téléspectateur, quelque part. Et le but est de faire de l'audimat, pas de rééduquer le téléspectateur. En vertu de quoi on n'a pas fini de râler comme des putois, et les Cahiers ne sont pas près d'avoir autant de connections quotidiennes que Kiplépoinfreu.
    Pour ma part, j'ai un moyen hyper efficace de gérer ça : l'extinction de télé et la non-consultation des sites et journaux qui me gavent.
  • Tonton Danijel le 04/03/2011 à 17h23
    Je veux pas non plus paraître non objectif, mais à mon souvenir, Bonnaire, capitaine, venge un de ses coéquipiers qui s'était pris un coup de genou gratuit (alors qu'il relaçait ses chaussures) du joueur agenais sur lequel Bonnaire s'est rué.

    Sinon, je ne pense pas que les lois du jeu soient plus clémentes en foot que dans d'autres sports co en ce qui concerne l'arbitre: Barthez, malgré son aura, malgré le fait que l'incident se soit produit lors d'un match amical - et alors qu'il n'était même pas aligné sur le terrain - a pris la sanction la plus lourde possible pour une première fois (presque autant que s'il avait été convaincu de dopage). Pour Diarra je ne me souviens plus trop du geste mais il a eu le mérite de reconnaître son erreur (ce que Barthez n'avait pas fait il me semble, se croyant sans doute protégé), et a pris une sanction plus clémente, mais assez longue pour rester dissuasive. Simplement dans les autres sports, la pression médiatique est moindre et les règles sont plus adaptées. Au rugby, tu prends 10 mètres sur pénalité - règle hélas difficilement transposable au foot - si tu ouvres simplement la bouche contre l'arbitre. Au hand et au basket, il me semble que tu perd la possession du ballon dans un tel cas de figure - ce qui est là aussi plus handicapant qu'au foot. Voilà qui incite les joueurs à ne pas l'ouvrir, et à plus forte raison à ne pas lever la main sur l'arbitre.

  • lyes le 04/03/2011 à 17h52
    Bon. Soutien pour les arbitres blablabla tout ça tout ça.

    Mais pourquoi prévenir d'une telle initiative ???

    Et pourquoi retarder de 15 minutes seulement ???

    Je suis peut être extrémiste sur les bords mais pourquoi ne pas se mettre d'accord et refuser d'arbitrer tout les matchs. Ou plus gentillement envoyer de la bonne heure de retard SANS prévenir.

    Ils se font traiter comme de la merde de manière récurrente et répondent poliment par une superbe annonce de quinze minutes de retard...

  • Safet le prophète le 04/03/2011 à 18h27
    Incroyable :

    lien
  • Henri Désiré Landreau le 04/03/2011 à 19h02
    Qu'est ce que j'aimerais un bordel monstre au cours de cette journée avec des buts validés à tort et l'inverse.
    Au moins peut-être que certains commenceront à comprendre que ce n'est pas si facile d'arbitrer.
  • le Bleu le 04/03/2011 à 19h33
    (et, un jour, à l'intégrité physique des arbitres)

    ------

    Eh bien moi c'est de ça dont j'ai le plus peur.


    Qu'il va falloir un mort, oui, un mort, et toute l'hypocrisie écoeurante qui l'accompagnera, pour que les choses se mettent à changer.


    Quand est-ce qu'ils rediffusent le film de Jean-Pierre Mocky ? Il ferait pas de mal celui là.
  • Raspou le 04/03/2011 à 19h48
    Bon, la réaction n'a pas tardé. Ca montre à quel point les instances sont conscientes du pouvoir qu'ont les arbitres et qu'elles ne souhaitent absolument pas qu'ils soient en mesure de l'exercer - bonne logique patronale. Alors là, deux possibilités: les arbitres remplaçants refusent de remplacer les autres, et le rapport de forces repart dans le bon sens (à moins que la Ligue n'embauche des arbitres mercenaires tchadiens dans l'urgence); soit ils sont trop heureux de cet accès à la L1 et, dans une logique de lumpenproletariat, force d'appoint du capital, ils ouvrent le feu contre leurs camarades syndiqués.

    Sinon, je rejoins complètement syle: ce qui doit être sanctionné en priorité, c'est le comportement inacceptable des joueurs sur le terrain. Les déclas d'après-match, sauf si elles dépassent du cadre légal, ça relève de la liberté d'expression: les gens ont quand même le droit de dire des conneries! Aulas ou Ménès ont le droit de dire que les arbitres sont nuls, autant que Houellebecq a le droit de trouver le Coran très con. Ca appelle plus débat contradictoire que sanction d'une quelconque police de la pensée.
  • José-Mickaël le 04/03/2011 à 19h58
    Ad Vitam
    vendredi 4 mars 2011 - 12h42
    > Puis-je doucher l'ambiance et rappeller que, tout en constatant avec horreur les dérives journalistiques, et l'ignoble attitude de bon nombre d'acteurs du foot, je ne puis m'empêcher de penser que, peut-être, je dis bien peut-être, que si les arbitres étaient capables, une fois de temps en temps, de reconnaitre officiellement leurs erreurs, on n'en serait pas là ?

    Non, tu ne peux pas. En effet, les arbitres savent reconnaître leurs erreurs. Lorsqu'ils sont interrogés après le match et qu'on leur montre les ralentis, ils admettent : « effectivement, le ballon était rentré dans le but, mais j'étais mal placé... » ou « en effet le joueur ne l'a pas touché de la main, mon assistant s'est trompé... » En tout cas c'était le cas il y a 2/3 ans, lorsque je regardais régulièrement les matchs sur Canal (exemple : Caen-Marseille avec le but caennais rentré mais pas validé). De plus les arbitres sont évalués, et ceux qui les évaluent notent leurs erreurs. Le documentaire sur les arbitres à l'Euro 2008, diffusé l'an passé par Canal, le montrait parfaitement.

    Ce sont les journalistes qui prétendent que les arbitres ne reconnaissent pas leurs erreurs. Mais c'est un mensonge. Attention de ne pas se laisser manipuler.

    ----
    visant
    vendredi 4 mars 2011 - 15h42
    > Ca me semble assez gros d'exiger [...] des arbitres de se "repentir" à chaque erreur

    D'autant que le repentir mine l'autorité. Les arbitres doivent des comptes à leur hiérarchie, pas à l'entraîneur adverse (si l'entraîneur adverse n'est pas content, qu'il s'adresse à la Ligue). Quand on admet ses erreurs publiquement, on perd toute autorité. On le sait bien depuis la mode des autocritiques dans la Chine des années 1970.

    ----
    Sinon, concernant les problèmes à résoudre, en plus des comportements durant le match et après le match, je trouve que c'est même un problème de mentalité à changer. Quand l'arbitre est trompé par une simulation, les médias pointent du doigt l'arbitre. J'ai vu le coup récemment (peut-être sur le blog de Ménès ?) : tel match a été soi disant faussé par les erreurs arbitrales, la preuve : l'arbitre a accordé un but (ou un pénalty) sur une simulation. Ah bon, ce n'est pas le simulateur qui a faussé le match ? Ça montre bien que les arbitres sont les bouc-émissaires. Ce genre de raisonnement, je le comprendrais venant d'un supporteur de mauvaise foi. Mais les journalistes et les dirigeants ont la même mentalité !

    ----
    Quant à la Fédération, elle a été nulle à la coupe du Monde, et elle continue à être nulle. Plus rien ne m'étonne de sa part... En tout cas elle envoie un message très fort : seul compte le pognon (c'est bien pour ça qu'il faut éviter de commencer en retard). OK, j'ai pris note : je suis considéré comme un consommateur, pas comme un amateur de foot.

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