Le cable réseau du serveur étant presque saturé, merci de ne vous connecter qu'en cas d'absolue nécessité de vous amuser. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Avaler les sifflets

Les pros de l'indignation et le gouvernement disputent aux siffleurs de France-Tunisie la palme de la bêtise.
Auteur : Jamel Attal le 16 Oct 2008

 

Était-ce couru d'avance? Les réactions aux sifflets n'étaient-elles pas aussi prévisibles que les sifflets eux-mêmes, auxquels on a unanimement tendu la perche et les micros? Pas si sûr, si l'on se rappelle que ceux de France-Maroc (lire "Le coup des sifflets") avait été très discrètement commentés en comparaison de ceux de France-Algérie (lire "Drame mineur sous les projecteurs") ou de Bastia-Lorient (lire "La république et les sifflets"). Déjà, la saison passée, l'affaire Ouaddou puis celle de la "banderole anti-Ch'tis" avaient souligné cette versatilité des réactions: ces deux événements avaient été médiatisés avec une disproportion et un pathos qui masquaient l'existence d'innombrables précédents n'ayant pas suscité l'ombre d'une réaction (1).

Alors, qu'est-ce qui explique qu'un événement provoque l'emballement de la machine, et pas un autre très semblable? La question comporte une partie de la réponse: l'élément déclencheur n'est finalement qu'un prétexte, et ce qu'il déclenche en dit infiniment plus long sur l'état pitoyable de notre démocratie médiatique.


sifflets_laporte_hamel.jpg"Délocaliser" le problème
Que nous y soyons préparés ou pas, le football nous surprend une nouvelle fois avec son incroyable faculté à se prêter à des délires collectifs et à une instrumentalisation politique éhontée, entraînant la quasi-totalité des acteurs dans une stupidité qui repousse ses propres bornes. Car foin de périphrases et d'euphémismes: c'est bien une bêtise sans fond, une bêtise institutionnelle que notre époque récompense chez ceux qui ont le pouvoir et la parole.

On peine même à dégager une hiérarchie dans le brouet des réactions à l'affaire. On peut certes saluer Frédéric Lefèbvre, porte-parole de l'UMP, qui en profite pour réclamer... l'arbitrage vidéo, ou rester coi devant la déclaration très France des années 50 de Jean-Claude Hamel (à regarder ici).
Mais la palme revient légitimement à ceux qui nous gouvernent. D'un côté Bernard Laporte, qui a souhaité "délocaliser" le problème en organisant les matches à risque "chez eux, ou alors en province". De l'autre, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé et des Sports, qui prône plus radicalement, à l'Assemblée, la suppression des matches amicaux "avec les pays responsables, avec les pays concernés".


Interruption volontaire
Mais le cœur de l'action gouvernementale a résidé dans une "mesure phare" (qui tient probablement son nom de sa capacité à aveugler le chaland), suggérée le matin par le Premier ministre et annoncée par le président de la République quelques heures plus tard. Qu'on se le dise: à l'avenir en pareil cas, les matches seront annulés. Une décision encore plus inadaptée et inapplicable que les précédentes, dont les conséquences peuvent être parfaitement désastreuses s'il s'agit d'évacuer des dizaines de milliers de personnes dans un stade – sans parler des imbroglios sportifs ou des effets pervers qu'elle susciterait inévitablement (2).

Aux inquiétudes de Jean-Pierre Escalettes ("On ne peut pas prendre cette décision comme ça, sans avoir des garanties sécuritaires. Moi, je balance pas 50.000 personnes dans les rues comme ça, sans que les choses aient été prévues à l'avance"), Nicolas Sarkozy a répondu: "L'État assumera". Cela signifie-t-il que la force publique assumerait des émeutes dans lesquelles elle pourrait difficilement nier avoir une grande part de responsabilité?
Cerise sur le gâteau: les membres du gouvernement seront sommés de quitter l'enceinte aux premiers sifflets souillant Rouget de Lisle... On ne saurait mieux assurer aux siffleurs une pleine et entière reconnaissance.


sifflets_hymne.jpg


Occuper le terrain
Loin d'ignorer ces sifflets, on pouvait justement s'y intéresser d'un point de vue politique, en se souvenant que le gouvernement Raffarin et son remuant ministre de l'Intérieur, obéissant bien avant Rachida Dati à la règle "un fait-divers = une loi", avait fait voter un texte contre les outrages aux symboles nationaux – outrages qui devaient cesser dans la France d'après. Une loi dont on a pu, une nouvelle fois, vérifier le caractère disproportionné (de tels faits restant rares) et l'impossibilité pratique de l'appliquer. Les membres du gouvernement qui se sont agités ce mercredi ont donc grossi un délit qu'ils ont créé mais qu'ils s'avèrent incapables de réprimer.

Peu importe – du moins aussi longtemps que les citoyens avaleront et régurgiteront ces grosses ficelles –, les mesures de ce genre suivent leur logique démagogique jusqu'au bout: il s'agit d'occuper le terrain médiatique et non de résoudre des problèmes qui pourront encore servir, plus tard, aux mêmes numéros de cirque (lire "Sarkozy bloqué au même stade") (3).


Une connerie à faire
Les sifflets sont en définitives encore plus regrettables pour les réactions qu'ils suscitent que pour la pensée simpliste qui les déclenche – pensée témoignant d'un rétrécissement de la conscience politique à des formes inarticulées. Inutile, d'ailleurs, de sociologiser à l'envers en cherchant des excuses ou un sens à cette manifestation ("l'expression d'un malaise"), les problèmes dont elle témoigne si mal sont ailleurs, bien plus complexes que les sempiternels lieux communs sur "l'intégration".

Sans nier la responsabilité individuelle de ces néo-délinquants qui menacent si gravement l'ordre public (4), il faudrait commencer par se demander pourquoi siffler la Marseillaise est devenu une connerie à faire, dans des conditions idéales pour que ce "geste" obtienne un écho démesuré. Le problème devient tout de suite plus complexe et intéressant, comme l'illustre l'interview du sociologue Williams Nuytens sur lemonde.fr.


Faire diversion
Le processus consiste à accorder à une imbécillité minuscule (en comparaison par exemple de celle, incommensurable, des inventeurs des crédits à subprimes), l'honneur d'une parade grotesque menée par les élus, éditorialistes et autres philosophes jetables qui se livrent à la curée sans avoir mené la moindre enquête ni amorcé la moindre analyse. Comme si l'on réagissait désormais aux faits sociaux comme aux erreurs d'arbitrage: avec la même capacité de recul.

Cette explosivité médiatique des micro-événements du football indique la place démesurée accordée à ce sport dans la hiérarchie de l'information et des priorités de nos responsables politiques, mais aussi sa remarquable capacité à faire diversion. L'arrivée d'une crise économique grave dont les origines remettent profondément en cause l'idéologie dominante depuis trente ans, fait écho, à la petite échelle du ballon rond, à la crise de gouvernance que traversent les instances du football professionnel. Autant dire que les intéressés trouvent leur intérêt dans cette belle occasion de détourner l'attention.


(1) On peut aussi souligner que les sifflets qui ont pu être émis contre la Marseillaise en Italie ou en Israël n'ont pas suscité d'indignation particulière.
(2) En soirée, Roselyne Bachelot, a réduit la portée de l'annonce en précisant que l'arrêt des matches relèverait de la décision de la Fédération et ne concernerait que les matches amicaux.
(3) N'oublions pas de saluer la traditionnelle lâcheté idéologique du PS et de ses représentants, qui ont avalisé les mesures annoncées sans oser souligner leur absurdité ni leur façon de frapper à côté du problème.
(4) Notons que rares sont ceux qui cherchent à connaître le point de vue des principaux intéressés, qui n'existent plus que sous la forme d'un stéréotype de coupable dont on prétend connaître les mobiles. Les Tunisiens ou Franco-tunisiens qui n'ont pas sifflé ou ont désapprouvé les sifflets du Stade de France n'ont pas voix au chapitre, la question de la proportion des siffleurs et des non-siffleurs n'est même pas posée.

Réactions

  • José-Mickaël le 17/10/2008 à 15h58
    lotbur
    jeudi 16 octobre 2008 - 17h10
    > Ben non, c'est pas une bonne idée. l'hymne représente le pays (et pas la république j'insiste) et comme c'est l'équipe nationale qui joue, y a l'hymne (et le drapeau).

    N'empêche qu'on n'est pas obligé de faire jouer l'hymne juste avant de jouer un match de foot entre équipes nationales. Quand les habitants de telle ville française rencontrent ceux de la ville étrangère avec laquelle ils sont jumelés, ils ne jouent pas les hymnes. Une rencontre de football, c'est une aussi rencontre, ce n'est pas la guerre.

    > De la même façon qu'aux jeux olympiques, quand un athlète français gagne, on joue la marseillaise.

    Pas pareil : il s'agit alors d'une remise de médaille, pas du début d'une rencontre. D'ailleurs lors des remises de coupes du Monde ou d'Europe (et pas qu'en foot), on ne joue pas les hymnes, comme quoi on peut même s'en passer pour les remises de trophées.

    Mais bon, je ne suis pas contre de jouer l'hymne lors d'une remise de médaille ou avant un match (vu que comme le dit Diablesse, c'est un moment d'émotion), je dis juste que ce n'est pas inévitable.

    lotbur
    vendredi 17 octobre 2008 - 11h21
    > Mais quel est le rapport avec la suppression de la marseillaise ? plus de marseillaise = plus de sifflets = plus de réactions des politiques ? c'est bien ça ?

    Je ne sais pas ce qu'en pense Loul (à qui tu adresses la question) mais je permets de répondre, vu que moi aussi je trouve que les hymnes, on pourrait s'en passer. Il ne s'agit pas de réagit au sifflement des hymnes en les supprimant. Il s'agit juste d'exprimer l'opinion que si on n'avait pas pris l'habitude de jouer les hymnes avant les rencontres sportives, ils ne seraient pas siffler. Je suis pour qu'on ne joue pas les hymnes, mais pas en tant que réaction à l'affaire de mardi dernier, juste parce que je ne vois pas ce qu'ils font là.

    ParisHilton
    jeudi 16 octobre 2008 - 21h42
    > Et si la plus grande insulte à l'identité française de ces dernières années c'était d'avoir permis à Laam et à Mireille Mathieux de chanter publiquement la marseillaise ?

    Chacun ses goûts, mais Mireille Mathieu est une véritable ambassadrice de la culture française. Elle chante avec succès dans plein de pays et y exporte le rayonnement de la France. Sans elle, ni les Japonais ni les Chinois ne sauraient même qu'on existe. Pour Lâam, je ne sais pas, je ne connais pas son parcours.


  • visant le 17/10/2008 à 16h08
    José-Mickaël
    vendredi 17 octobre 2008 - 15h58

    Sans elle, ni les Japonais ni les Chinois ne sauraient même qu'on existe.

    ----------------

    Ha ouai, carrément.

    Et Jean-Michel Jarre alors?
    Moi je réclame une Marseillaise au synthé.

  • PlazaAthenee le 17/10/2008 à 16h15
    oui mais alors on peut siffler?

  • visant le 17/10/2008 à 16h20
    Tu peux librement siffler l'air de la Marseillaise, oui.
    Néanmoins, en ces temps de surveillance video je te conseille de simplement d'ouvrir la bouche pendant les hymnes, mains visibles pour éviter tout malentendu.

  • Edji le 17/10/2008 à 16h27
    tholotforever
    vendredi 17 octobre 2008 - 15h33
    Spécial quizz : Qui a dit ?

    "Si on commence à arrêter un match parce qu'il y a des sifflets, dans ce cas-là on arrête aussi dès qu'un joueur se fait siffler ou quand le gardien se fait conspuer après un dégagement. C'est absurde ! Et pourquoi pas aussi un policier derrière chaque spectateur. Il faudrait plutôt éduquer les supporters car dans certains pays, les hymnes ne sont jamais sifflés".

    Indice :
    - Ce n'est pas moi (même si j'ai développé cette vision des choses hier ici même)
    - Ce n'est pas une personne proche de la gauche ni de Ségolène Royal à ce que je sache (même si le discours est similaire)
    - Ce n'est pas un politique...

    ---
    Indice supplémentaire :
    - C'est quelqu'un qui a aussi précipité la FFF dans une logique d'étonnante surenchère en la poussant à refuser toute conciliation et user de tous les recours possibles dans l'affaire de la banderole

    (ouais, je tiens des dossiers)

  • lotbur le 17/10/2008 à 16h39
    José-Mickaël
    vendredi 17 octobre 2008 - 15h58
    Je ne sais pas ce qu'en pense Loul (à qui tu adresses la question) mais je permets de répondre, vu que moi aussi je trouve que les hymnes, on pourrait s'en passer. Il ne s'agit pas de réagit au sifflement des hymnes en les supprimant. Il s'agit juste d'exprimer l'opinion que si on n'avait pas pris l'habitude de jouer les hymnes avant les rencontres sportives, ils ne seraient pas siffler. Je suis pour qu'on ne joue pas les hymnes, mais pas en tant que réaction à l'affaire de mardi dernier, juste parce que je ne vois pas ce qu'ils font là.

    ---

    Je comprends ton propos. L'opinion, déconnectée des faits de mardi soir que l'on devrait (pourrait?) supprimer les hymnes peut tout a fait se discuter. C'est plutôt l'impression que ça donne de le faire sous la contrainte des sifflets et comme un emanière de régler le "problème" qui me gêne.

  • Qui me crame ce troll? le 17/10/2008 à 17h00
    José-Mickaël
    vendredi 17 octobre 2008 - 15h58
    N'empêche qu'on n'est pas obligé de faire jouer l'hymne juste avant de jouer un match de foot entre équipes nationales. Quand les habitants de telle ville française rencontrent ceux de la ville étrangère avec laquelle ils sont jumelés, ils ne jouent pas les hymnes. Une rencontre de football, c'est une aussi rencontre, ce n'est pas la guerre.
    ----
    Et avant d'attaquer une guerre, on chante les hymnes? Les hymnes n'ont, me semble-t-il, rien à voir avec la guerre, et tout à voir avec le pays. L'équipe représente le pays, on chante son hymne. D'où ça vient d'ailleurs cette idée de chanter les hymnes? Et en rugby faut les interdire aussi? Et au hand ils chantent l'hymne avec les matchs? Et quand les équipes nationales existaient en cyclisme, on chantait 20 hymnes avant de partir?

  • thibs le 17/10/2008 à 17h36
    tholotforever
    vendredi 17 octobre 2008 - 15h56
    ---

    Tu t'entendrais bien avec Loul. En matière de déformation des propos des autres, je crois que tu es le seul à le dépasser.

  • tholotforever le 17/10/2008 à 17h46
    thibs
    vendredi 17 octobre 2008 - 17h36
    Tu t'entendrais bien avec Loul. En matière de déformation des propos des autres, je crois que tu es le seul à le dépasser.

    Voyons, je n'ai en rien déformé tes propos (page 7, jeudi 16 octobre 2008 - 14h23), mais là n'est pas la question. Avoue quand même que le fait que Platini dise exactement la même chose que Ségolène Royal et que moi était assez cocasse pour être souligné, le tout sans malice évidement...



  • thibs le 17/10/2008 à 17h59
    Ah oui, donc t'as vraiment pas lu ce que j'ai écrit en fait. Ni ça, ni toutes les explications que j'ai données après et auxquelles tu as répondu.

La revue des Cahiers du football