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L'incertain plaisir d'être pompé

Les Cahiers du foot inspirent notre presse nationale au point que certains journalistes n'hésitent pas à recourir au copiage pour écrire leurs articles. Cette fois, c'est Télérama qui (s'y) colle.
Auteur : La rédaction le 11 Juin 2004

 

Sous le titre "Oulalalala, attention – le subtil métier de commentateur", Télérama vient de publier, dans le numéro de cette semaine, un très bon article sur la confrérie de Thierry Roland, Jean-Michel Larqué ou Charles Biétry. Très bon à plus d'un titre, notamment parce qu'il mentionne "l'excellent magazine les Cahiers du football". Il ne se contente pas de cela, pour être tout à fait exact, puisqu'il reprend — sous des formes allant de la paraphrase à la transcription fidèle — de significatifs extraits de notre neuvième leçon de journalisme sportif, portant sur… le consultant télé. Cette fois sans préciser leur origine. Des emprunts (voir ci-dessous) qui ne manquent pas de sel. Nous sommes en effet particulièrement flattés que des rédacteurs de médias prestigieux suivent au pied de la lettre nos enseignements. Ils les suivent de plus d'une manière, puisqu'un autre épisode de notre célèbre Académie s'intitule Pomper les articles des Cahiers, en référence à un autre plagiat dont nous avions été l'objet (mais qui avait été ultérieurement réglé en toute amitié avec son auteur, inutile de revenir dessus). L'invitation a manifestement été entendue.

Interrogé, l'auteur de cet article n'a évidemment pas nié cette "inspiration" (ou cette aspiration), mais il s'est étonné de notre étonnement. "Je pensais que vous prendriez ça pour le clin d’œil que c’était" nous a-t-il déclaré. D'après lui, les éditeurs [les personnes qui habillent, corrigent et titrent les articles] ont supprimé une mention plus explicite à notre Numéro 7 et à son Guide de l'Euro… Ce qui ne change rien au fond de l'affaire, sauf à ne voir là-dedans qu'un échange de services. Et bien que "navré" et affirmant "adorer" les Cahiers, il considère que nous devrions quand même être satisfaits d'être ainsi cité dans un journal comme Télérama.

Nous avons hésité sur la démarche à suivre, ne tenant pas à donner l'impression de dramatiser à l'excès cet incident, même si nous devons avouer que la pilule est un peu amère (surtout compte tenu des efforts que nous fournissons pour donner un contenu original à un site et un mensuel, avec des moyens modestes). En définitive, il nous semble plus adéquat — et plus en accord avec nos principes — d'exposer les faits à nos lecteurs en les laissant juges, et en posant un certain nombre de questions. Sommes-nous d'incurables naïfs en ignorant les pratiques en vigueur dans le monde de la presse et en nous imaginant qu'un support comme Télérama, fleuron du groupe Le Monde, devrait avoir les moyens de publier des articles véritablement originaux? Quelques emprunts sont-ils la contrepartie normale d'une mention flatteuse d'un canard indépendant dans un hebdomadaire à grand tirage? Notre inimitable génie nous condamne-t-il à recevoir ce genre d'"hommage"? Jamel Attal doit-il résilier son abonnement à Télérama? Et pourquoi n'est-ce jamais L'Équipe qui s'inspire de nous, alors que nous serions trop contents de les laisser faire?

teleramacdf.jpg


Compilation comparative

Précision : les parties reproduites ci-dessous constituent l'intégralité des emprunts effectués par l'article (voir sur l'image les parties surlignées pour se faire une idée de la proportion).

Télérama : Le profil du poste : avoir pratiqué ou entraîné à haut niveau. Savoir conjuguer les principaux verbes et disposer d'un important vocabulaire technico-tactique.
CdF : Le profil du poste : avoir joué et entraîné à haut niveau. (...) Le candidat doit savoir conjuguer les verbes et disposer d'un minimum de vocabulaire technico-tactique.


Télérama : L'un des rôles principaux du consultant est de savoir ce qui se passe dans les vestiaires. Grâce à son réseau dans le monde secret du foot pro, il doit (…) faire des supputations sur la causerie de l'entraîneur à ses troupes : "Jacques Santini a dû remonter les bretelles de ses entraîneurs", entendra-t-on, de préférence à "Je ne sais vraiment rien de ce qui a pu se dire dans les vestiaires".
CdF : L'un des rôles principaux du consultant est de savoir ce qui se passe dans les vestiaires. (...) Fort de sa connaissance du foot professionnel, celui-ci devra fournir des supputations quant à l'éventuel message proféré par l'entraîneur à ses joueurs. Exemple : "Nul doute que Guy Roux leur aura demandé de jouer plus haut". A éviter : "Je suis foutrement incapable de deviner ce que Luis Fernandez va encore nous inventer".


Télérama : Une bonne couverture de match ne saurait se dérouler sans l'intervention d'un troisième homme : le "consultant de terrain". (...) Il a la charge des interviews express… sur le terrain. La question ne doit être ni trop longue, ni trop compliquée.
CdF : On peut également souligner l'existence d'un troisième homme (ou femme). Lui aussi consultant, il doit en effet interroger les joueurs à l'entrée et à la sortie du terrain. Attention, la question ne doit être ni trop longue ni trop compliquée.


Télérama : La mission du consultant de terrain se limite (…) à annoncer des infos sans intérêt, comme les changements de joueur ou le temps additionnel, dont personne ne semble lui avoir dit qu'elles s'affichent à l'écran. Bref, un job ingrat dont certains se tirent avec humour comme l’hirsute et décalé Laurent Paganelli.
CdF : Une fonction de l'homme de terrain est également d'annoncer les changements et le temps additionnel avant que le quatrième arbitre ne lève son panneau. Cette information ne présente aucun intérêt, puisqu'elle est généralement délivrée à l'image une dizaine de secondes auparavant. Reconnaissons tout de même que ce rôle spécifique est interprété par Laurent Paganelli avec un humour assez unique.


Télérama : On note également depuis quelques saisons que le défaitisme congénital de Jean-Michel Larqué a fait des émules.
CdF : Il serait inconvenant d'omettre Jean-Michel Larqué, qui a totalement transcendé le statut du consultant (...) imprégnant de son défaitisme congénital des générations de téléspectateurs.


Exemple bonus, tiré de la Leçon 5 : l'auto-promotion et l'éloge du patron

Télérama : Un match de foot ne saurait plus être complet sans quelques plans des tribunes. Outre une sélection de supporters peinturlurés, (...) on peut également compter sur le réalisateur pour insérer une image du chef de service des sports, voire du Pdg de la chaîne. Charge au commentateur de saluer avec révérence la présence du patron (généralement inconnu du téléspectateur).

CdF : Il faut manifester à l'égard de ses supérieurs hiérarchiques une révérence constante et très appuyée. (...) Les grands chefs, qui ne viennent pas en plateau, seront salués dès qu'ils paraîtront en tribune comme des dignitaires de la plus haute importance. Peu importe que le téléspectateur s'en batte les gonades.


Enfin, pour donner un élément de réflexion, nous conclurons sur une citation de Serge Halimi, extraite de son ouvrage "Les nouveaux chiens de garde" (Editions Liber Raisons d'agir) portant sur le journalisme contemporain.
"Le plagiat, qui constitue une forme de vol intellectuel, n'est presque jamais sanctionné par la profession. Pis, des auteurs déjà convaincus d'avoir eu recours à ce procédé continuent de bénéficier des faveurs médiatiques. En France, la technique la plus courante consiste à piller l'article d'un confrère, son analyse et ses données, tout en le citant une seule fois, en général sur un point tout à fait accessoire. Quand il est confronté à l'évidence de sa rapine, le malfaiteur pris en flagrant délit a même parfois l'audace de répliquer: 'Vous avez vu que je vous ai rendu hommage'... Dans la presse américaine, une pratique de ce type entraîne le discrédit professionnel du coupable ; dans les universités, l'exclusion définitive de l'étudiant ou du professeur".

Réactions

  • Dero le 11/06/2004 à 09h29

  • deaftone le 11/06/2004 à 09h34
    Vous avez pas demandé une page de pub gratos à Télérama, en guise de réparation ?
    ;-)

  • trollounet le 11/06/2004 à 09h37
    Je suis vraiment navré de voir ça :/
    Télérama est un magazine que je ne sais pas situer : tantot ses articles me paraissent pertinents et bien ecrits, tantot ils m'irritent par leurs tics et leurs analyses bas-de-plafond.

    La je pense que je viens de basculer irrémédiablement dans la seconde catégorie.
    Et comme mon père y est abonné, je vais lui bruler son exemplaire, et le desabonner à l'insu de son plein gré :)
    Ce qui me désole le plus, finalement, c que cet article est bon, et qu'il va plaire à enormément de gens qui ne sauront pas d'ou il vient.

    Bref, en attendant de savoir s'ils font plus qu'un geste anecdotique pour se rattraper, j'invite tous les lecteurs des cahiers à leur faire sentir par mail (depuis leur site) l'indignation qui nous etreint, camarades ! (ahem, les reflexes arlettiens reviennent :))

  • barrjo44 le 11/06/2004 à 09h46
    Télérama est certes un magazine de qualité, mais cela ne lui donne pas pour autant tous les droits. On connaît tous l'intransigeance des journalistes et critiques qui y donnent leur avis définitif sur tel album ou tel film qu'ils ont adoré ou détesté (rarement de demie mesure). Ils renvoient la subjectivité de ces critiques à leur sacro-sainte exigence professionnelle. Et c'est tout le travail de musiciens, d'écrivains et de cinéaste qui se voit juger en un article parfois laconique. Mon souhait : Que cette exigence et cette intransigeance envers les autres valent aussi pour leur propre travail.

  • prettygirlsmakegraves le 11/06/2004 à 09h53
    je trouvais l'article de Telerama un peu mieux tourné et plus drôle que l'original. Jusqu'à ce que je réalise qu'en fait les deux articles étaient étonnament inversés, d'abord le plagiat, ensuite l'original.

    Quant à la conduite à suivre, je crois que c'est assez grave pour que la rédaction exige des excuses officielles et publiques (ie, dans un prochain numéro de Telerama) de la part de Telerama.

  • litteulced le 11/06/2004 à 10h02
    Courrier personnel envoyé à la rédaction de Télérama sur le mode "vous avez oublié de citer l'article reproduit dans votre numéro, je vous indique les références afin que vous puissiez réparer votre malencontreux oubli" ainsi qu'au courrier des lecteurs.
    Je pense (peut-être naïvement) que si les demandes d'explications se multiplient, la rédaction de télérama finira forcément par réagir....

  • vito le 11/06/2004 à 10h08
    Dans la 2ème compilation comparative, ils n'ont pas osé mettre les mêmes commentaires que ceux des Cahiers ce qui nous vaut un "Jacques Santini a dû remonter les bretelles de ses entraîneurs";-))

  • BrrU le 11/06/2004 à 10h14
    Evidemment c'est absolument gerbant.

    En tant que grand naïf moi meme, je compatis à votre sentiemnt de frustration.

    Mon opinion, et je la partage, est que vous ne devriez pas laisser ces faits en suspens, télérama ou pas télérama.
    C'est un peu le grand de la cours de récré qui tapote sur la tête du petit, plein de compassion, après lui avoir piquer son 4heure, et lui disant : "je t'expliquerais quand tu seras grand".

    Vazy cahiers, te laisses pas marcher sur les pages, revendique ta qualité, ta personnalité.

    Et pour parler en termes purement mercantiles, la pub que vous rapporterais la diffusion de la vérité serait sans commune mesure avec celle que ce journaliste, dans sa grande bonté, a daigné vous faire.... sans vous citer.

  • Flying Welshman le 11/06/2004 à 10h20
    Je ne conteste pas la responsabilité de Télérama.
    Mais je vois surtout celle de l'auteur de l'article. Or on n'a pas son nom (sauf erreur de ma part) ! C'est légalement interdit de le donner ?
    Je veux son nom, il faut qu'il soit répété, et au moins on saura à quoi s'en tenir quand on le lira.
    Moi aussi j'ai voulu devenir journaliste un jour. J'ai suivi une autre voie. Mais nombreux sont les gens qui en rêvent toujours, à mon avis. Y a de la demande, c'est pas l'auteur de cet article pompé qui manquera à la profession, donc connaître son nom serait une étape importante pour qu'il obtienne la considération qu'il mérite.
    Hmmpphhhh ça m'éneeeeerve...

  • Loul le 11/06/2004 à 10h21
    Je ne pense pas que la pub soit recherchée à tout prix par les cahiers dans cette affaire.

    Sinon la marche la plus simple à suivre serait une action en justice qui ferait forcément du bruit (mais mettrait très certainement (?) la rédac au banc de la profession et dans ce cas finis les petits plaisirs pervers en fin de soirée ^^ ).

La revue des Cahiers du football