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"C'est l'incertitude qui crée la valeur"

Interview - Frédéric Bolotny, économiste, éclaire les tendances et les enjeux de l'économie du football actuel: arrêt Bosman, G14, rôle des instances, droits télé, spécificité sportive, place du foot français, DNCG européenne…

le 26 Jan 2004

 

 

Dans le dernier numéro des Cahiers, Frédéric Bolotny décrit le modèle économique mis en œuvre par Florentino Pérez pour le Real Madrid , impliquant notamment le recrutement de stars, véritables "marques" permettant de générer, outre du jeu sur le terrain, des synergies commerciales et des revenus périphériques. Le club madrilène, dont le président dirige également le G14, symbolise ainsi une économie du football de plus en plus dérégulée, creusant les écarts financiers et cherchant à réduire le risque sportif pour les clubs les plus riches…

 

La concentration de l'essentiel des moyens économiques par un petit nombre de clubs est-elle inquiétante

 

Ce qui me gêne dans tout cela, c'est que le sport est une activité où c'est l'incertitude qui crée la valeur. C'est le fait de ne pas connaître à l'avance le résultat d'un match qui motive l'intérêt du public. C'est une activité du spectacle dans lequel toutes les recettes, transferts mis à part (les transferts, c'est un jeu à somme nulle dans lequel les échanges s'équilibrent), pour lesquelles il y a une vraie création de valeur, sont liées à l'audience, et donc à l'assise populaire: billetterie, sponsoring — même si c'est le sponsor qui paie, en définitive c'est le fan — droits télé, merchandising… Tout est connecté à l'audience au sens large, et le principal moteur de cette audience, même s'il y en a plusieurs comme le drapeau, le beau jeu, les stars, etc., c'est l'incertitude. C'est le seul spectacle d'envergure dont le scénario n'est pas écrit à l'avance, dont le scénario n'est pas connu des acteurs. On est dans une activité où les lois naturelles du marché ne sont pas nécessairement efficaces, une activité qui doit préserver la logique sportive pour être optimale économiquement.

 

Paradoxalement, le sport professionnel américain ne suit pas la même évolution…

 

L'exemple américain est intéressant pour comprendre comment fonctionne le marché — mais pas pour servir d'exemple à ce qui devrait se faire en Europe, parce que les ligues fermées ne sont pas exportables ici, le public étant très attaché à la sanction sportive. L'organisation du sport américain est une organisation "collectiviste", avec le salary cap, la draft et la centralisation des droits. Les clubs ont décidé, il y a quarante ans, suite à une baisse des droits de retransmission, d'adopter cette organisation parce que les Américains, avec leur pragmatisme habituel, ont compris qu'on était dans un secteur où tout le monde était dans le même bateau, le seul secteur dans lequel les clubs sont à la fois adversaires au plan sportif et partenaires au plan économique. Pour qu'une compétition soit intéressante et donc créatrice de valeur, il faut qu'elle soit équilibrée… Quand on parle de spécificité du sport, elle est là. L'objectif d'un club ne peut pas être de tuer la concurrence, sinon, il n'a plus d'adversaire à son niveau.

 

Mais est-ce que les clubs du G14 n'ont pas justement pour ambition de n'avoir pour partenaires que les autres membres du G14?

 

Certains dirigeants n'ont effectivement pas conscience de ce risque. Il faut comprendre qu'ils sont soumis à un maximum de pressions à court terme et que leur problème est avant tout de finir l'année, ce qui explique qu'il y a peu de politique de développement à moyen et long terme — même si le Real, en l'occurrence, a une stratégie de ce type. Mais ce n'est pas aux clubs de dire "je ne veux pas tuer la concurrence", il faut avoir des autorités de régulation suffisamment fortes et suffisamment indépendantes — les ligues, l'UEFA — pour dire aux clubs qu'avec, par exemple, la formule de la Ligue des champions à deux tours, ils vont tuer la poule aux œufs d'or…

 

Comment cette évolution s'est-elle accélérée ?

 

On a assisté à une très forte vague de déréglementation lors des dix dernières années en Europe. Ce qui nous tenait lieu de draft ou de salary cap, c'était les quotas de nationalité. En les supprimant, on prenait le risque d'aller tout droit vers des ligues fermées avec quelques clubs regroupant tous les plus grands joueurs. Les conséquences ont été très positives pour les clubs et les joueurs leaders, mais évidemment pas pour les clubs et les joueurs de second rang, l'arrêt Bosman ayant contribué à accroître les disparités entre clubs. Une des conséquences, c'est que de nombreux pays ne sont plus représentés dans les phases finales de compétitions et que les audiences y baissent. On l'a vu en France avec la chute des droits de télévision pour la Ligue des champions, et donc des recettes. Au bout d'un moment, le serpent se mord la queue avec la sur-domination des clubs et des pays leaders. Lors des six années ayant précédé l'arrêt Bosman, les trois pays les plus performants trustaient un tiers des places en quarts de finale de la Ligue des champions. Les six années d'après, cette part est passée à deux tiers. On assiste donc à une concentration du marché, des moyens financiers et humains, sur quelques clubs d'élite.

 

Quelles sont les risques de cette concentration?

 

C'est très bien de développer du business, mais la base, c'est quand même le foot. Un analyste disait: "Considérez les fans comme des clients, mais ne les appelez surtout comme ça". Il y a un lien émotionnel entre le public et les clubs qui fait qu'on n'est pas dans une économie classique. Les gens savent qu'on fait du business, du marketing. Mais il faut arrêter de le dire sans arrêt, parce qu'il risque d'y avoir un phénomène de rejet si la ficelle est trop grosse. En affaires, on doit communiquer sur ses stratégies, jouer la transparence pour sécuriser les partenaires… Mais il y a un risque dans le contexte du football, parce que c'est l'image qui est au centre de ce modèle.

 

Trop de marketing tue le business?

 

Toutes les compétitions qui ne sont montées que sur des critères marketing, comme le Super 12 en rugby, finissent par péricliter. Le marketing doit être discret, et doit servir à mettre en valeur le joyau qu'est le sport. Malgré le caractère visionnaire des dirigeants madrilènes, il y a un danger pour le système: on est dans une logique où le sport pourrait presque devenir accessoire. On peut développer les revenus périphériques, recruter des joueurs sur le critère de leur nationalité ou de leur potentiel commercial dans telle ou telle zone… Mais c'est quand même le sport qui crée la valeur.

 

Ce système-là risque donc d'atteindre ses limites…

 

C'est évident, et c'est même souhaitable. En regardant les comptes des clubs italiens il y a deux ans, on voyait déjà que la banqueroute était inévitable. Les dirigeants du Calcio reconnaissent d'ailleurs leurs erreurs, ils sont tout simplement en train de redécouvrir les bases de l'économie du spectacle sportif !

 

Les acteurs du sport sont donc en pleine prise de conscience?

 

Avec ce qui s'est passé en Italie, ou même en Formule 1, la compréhension du public a progressé concernant le fonctionnement spécifique des activités sportives professionnelles. Il y a aujourd'hui une forte contradiction entre le modèle européen du sport — fondé sur une logique sportive et un principe de qualification-relégation auxquels le public est très attaché —, et la logique nécessairement économique des clubs. Mais la finalité de l'ensemble du système doit rester sportive, parce que si elle devient seulement économique, cela compromettrait même la viabilité économique du système.

 

Comment rétablir un équilibre ou instaurer des régulations?

 

Il y a deux façon de prévenir les conséquences économiques du risque sportif sans le tuer. Au niveau macro-économique, vous mutualisez le risque avec des système de redistribution. La Ligue française de rugby, par exemple, l'a bien compris : les clubs qui ne sont pas qualifiés pour les play-off touchent plus que ceux qui sont qualifiés. Après, il ne faut pas être jusqu'au-boutiste, il faut savoir où mettre le curseur. Plutôt que des répartitions égalitaires, il faut des répartitions équitables, avec lesquelles chacun s'y retrouve en fonction de ce qu'il apporte. L'autre façon de "lisser" le risque sportif, c'est de diversifier ses ressources afin notamment d'être moins dépendant, en particulier, des ressources télévisuelles.

 

Quelle est la spécificité économique du football français dans ce contexte?

 

Dans un système comme celui du foot français, avec des compétitions emboîtées et des sanctions sportives — et une incertitude qui permet de maintenir sa forte attractivité avec des audiences en progression —, la répartition optimale des ressources ne peut pas être totalement égalitaire: on peut tout à fait introduire un critère de notoriété, voire d'autres critères comme la participation à la formation — en lien avec un principe de "développement durable", en quelque sorte. C'est toute l'ambivalence de notre système… Il faut creuser un peu les écarts pour que nos clubs soient plus compétitifs à l'échelle européenne, mais il faut aussi limiter ces écarts… Il faut aussi remarquer qu'en France, les droits télé ne baisseront pas, sauf s'il y a une fusion entre TPS et Canal+. Mais le foot français est excessivement "télé-dépendant". Avec les nouveaux contrats, qui ont légèrement augmenté, 65 à 70% des budgets hors transferts des clubs proviendront des droits télé…

 

Quels sont les obstacles à une DNCG européenne?

 

Le problème est en effet de trouver des critères de convergence pour ce contrôle de gestion, dans un espace européen extrêmement hétérogène. De façon utopique, on pourrait imaginer un plafonnement des salaires, mais il faudrait que ce soit sur des montants nets d'impôt. Ce serait difficilement compatible avec le droit européen, même si la position de l'Europe a considérablement évolué: la Commission n'accepte pas encore un retour en arrière sur les quotas de nationalité, pour des raisons politiques, mais elle a pris la mesure de la spécificité du sport en acceptant le principe des droits centralisés, comme au travers de l'accord avec l'UEFA qui est autorisée à centraliser la vente des droits des compétitions européennes à condition qu'elle segmente les lots. Idem en Angleterre. En tout cas, le principe d'une DNCG européenne est très bon, il va dans le sens d'une nouvelle régulation. Il faut absolument que le foot français le comprenne — je crois que c'est le cas de Frédéric Thiriez — et fasse du lobbying en faveur de la licence européenne des clubs, même si je crains que sa mise en application soit très délicate.

 

Frédéric Bolotny est économiste au Centre de droit et d'économie du sport de Limoges et auteur de l'étude "Les clubs de football" (Eurostaf - Les Echos, juillet 2002).

Réactions

  • leo le 26/01/2004 à 19h53
    "Malgré le caractère visionnaire des dirigeants madrilènes, il y a un danger pour le système: on est dans une logique où le sport pourrait presque devenir accessoire."

    Cette phrase, qui pourrait s'appliquer à Manchester United ou à Chelsea ne peut l'être au Real Madrid.
    Le Real Madrid n'est pas côté en bourse, n'a pas d'actionnaires. Ce n'est pas une entreprise, c'est une association. Comme je l'ai déjà dit sur le forum, personne ne gagne d'argent sur les bénéfices éventuels que ferait le club. Florentino Perez n'a pas un statut différent de celui des 80000 autres "socios" propriétaires du club (et qui ne touchent pas de dividendes sur les résultats financiers du club) et, je crois, ne touche même pas d'indemnités en tant que président du Real Madrid.

    Pour le Real Madrid, le business, le marketing n'est qu'un moyen de gagner de l'argent et d'être stable financièrement pour pouvoir acheter des joueurs, payer leurs salaires et au final, gagner des titres.

    Alors que les actionnaires de Manchester ou Tottenham (sauf les fans, mais ils sont nombreux, c'est vrai) demandent avant tout à leur club qu'il ait des résultats financiers intéressants. Certes, les résultats sportifs entrent en ligne de compte dans ces résultats financiers, mais, dans ce cas, ne sont qu'un moyen et non la finalité.

  • Armel le 27/01/2004 à 00h18
    lien Je vais repondre a ta question par une autre question, mais est-ce que toi tu connais beaucoup de presidents qui vont aussi loin qu'Aulas en termes de modele economique? T'as deja entendu parler de PSG Taxis ou d'OM Coiffure? :-)

    Je voulais simplement dire que j'ai reconnu Aulas (pas que lui, d'accord) dans bien des passages de cet interview. Et c'est la une vision des choses que je suis loin de partager.

    Je trouve que le gros probleme du foot actuellement c'est qu'il se prend trop au serieux.

    Un exemple parmi d'autres - OM-PSG de samedi dernier. Quand j'etends Anigo dire avant le match contre Paris qu'il va tenir un discours "identitaire" a ses joueurs, moi ca me fait peur. Quand je vois Heinze et Ecker qui balancent leurs coudes et leurs poings un peu partout, je me dis que c'est dommage. Et quand je vois des spectateurs jeter des objets sur un joueur pendant qu'il est en train de se faire soigner (!!!), je me dis que ca va bien trop loin.

    Il faut redevenir raisonnable, se rendre compte que le foot est et reste un sport, un jeu dont l'objectif est de se depasser et de s'amuser.

    Dans cette perspective, ce ne sont pas des gens comme Bouchet ou Aulas qui vont inciter le monde du football a se prendre moins au serieux.

    Regardez l'evolution du discours des dirigeants sur les dernieres annees... Je ne me souviens de personne, avant les annees 80, qui parlait de "mourir pour son maillot". Je ne dis pas qu'il n'y avait pas d'ambitions, de rivalites entre clubs, etc., je me demande simplement, parfois, ou est passe le climat bon enfant qu'on attend de voir autout d'un evenement sportif.

    Moi j'en ai marre des discours guerriers, des taxis OL et des discours a n'en plus finir sur les avantages financiers monegasques. J'en ai marre que le foot se prenne tellement au serieux. Parce que figurez-vous qu'il y a une vie en dehors du foot... Si, si, il parait...

    Serais-je donc le seul a penser cela?

  • frenchy005 le 27/01/2004 à 01h35
    Armel, je suis tout à fait d'accord avec toi. Pour toi, pour moi, et pour les lecteurs des CDF, il y a effectivement une vie loin du foot. Mais l'article parle justement de personnes qui gagnent leurs vies grâce au foot. Donc ces mecs là, ils ont intérêts à ce que le foot reste un produit qui puisse plaire aux consomateurs.

    En fait le problème de fond est tout simplement le professionnalisme du foot. A partir du moment où un loisir devient un moyen d'obtenir de l'argent ou de gagner sa vie, et surtout au niveau du foot avec ses millions d'euros qui y sont investis. Et bien à ce moment là, il devient impossible de garder une ambiance bonne enfant, car cela n'est plus un sport mais un "travail".

  • Armel le 27/01/2004 à 07h32
    frenchy005 - Mais ces gens-la devraient justement se poser la question de savoir si leur passion c'est le foot ou le business! Aulas, s'il eprouve un tel besoin de voir sa boite reussir financierement, il avait qu'a se lancer dans le business pur et dur! Y'a des gens qui font ca tous les jours, et y'en a meme a qui ca reussit plutot bien, demandez a un certain William H. Gates de Seattle...

    Alors je ne pense pas que le probleme soit a chercher du cote du professionnalisme. Du cote des exces du professionnalisme, ca oui. Je trouve normal que les footballeurs et les entraineurs les plus doues puissent vivre de leur passion; c'est quand meme la moindre des choses, et puis c'est comme les comediens, les acteurs, les peintres et les sculpteurs apres tout - une certaine proportion d'entre eux a la chance de vivre de son art, et c'est tres bien comme ca, ca ne viendrait a l'idee de personne de protester contre ca.

    Maintenant il faut savoir rester raisonnable, et ca c'est delicat. Quand tu vois les sommes faramineuses qui sont actuellement en jeu dans le foot de haut niveau, tu te dis qu'il y a un truc qui tourne pas rond, non? Et pourtant personne ne s'est rendu compte de ces derives sur le coup, ou presque...

    Aujourd'hui j'ai envie de dire qu'il y a deja deux types de films - les films de cinema et les films de divertissement; entre ceux qui travaillent avant tout par passion, mais qui en vivent, et ceux qui travaillent avant tout pour faire exploser les recettes du box office et du merchandising... on peut se demander si ces deux categories de personnes font vraiment le meme boulot.

    Je crois que ca risque de devenir pareil pour le foot; bientot on aura droit a des matchs de pur divertissement - genre le Real qui change de couleur de maillot a tous les matchs pour augmenter les recettes marketing, contre le Bayern dont les joueurs couchent avec toute la Baviere pour ameliorer le tirage de la presse a scandale, tout ca parce que le club en detient les titres phares... Le tout en trois tiers-temps de 17 minutes, entrecoupees de 20 minutes de pub, et avec le droit d'effectuer sept remplacements en cours de match et dix changements de sponsor...

    Rigolez pas, c'est en preparation.

    Maintenant, qui decide de tout ca? Nous. C'est-a-dire ceux qui payent leurs places.
    De meme que je peux decider d'aller voir des bons films de cinema ("lost in translation", "the secretary", et j'en passe) plutot que des blockbusters comme Matrix 3, je peux decider de ne jamais monter dans un Taxi OL; je peux decider d'ignorer superbement les declarations d'Anigaud (sic) sur l'identite marseillaise; je peux survivre sans me fournir chaque annee en maillots du PSG - ah, s'offrir la gamme complete avec ses maillots domicile, exterieur, terrain neutre, jour de pluie ou saison des fetes!...

    Alors on decide quel film on va voir, pourquoi on ne deciderait pas de quel genre de football on veut voir? A la base, c'est quand meme nous qui payons, non?
    Je suis deja tout deprime de voir que le ratio "films de cinema" / "films de divertissement" tend dangereusement vers 0... Me dites pas qu'en plus va falloir que je me fasse une raison pour le football aussi!

    Pour conclure, je crois qu'on a surtout les dirigeants qu'on merite. On merite Aulas et on merite Bouchet - toujours pour ne citer qu'eux. Tant qu'on sera assez fous pour leur laisser croire qu'on aime le football du business et des combats de rue, on les aura comme dirigeants, et on n'aura pas le droit de se plaindre.

    Alors a quand des initiatives de supporters parisiens et marseillais pour montrer que ce qu'on veut voir, c'est du beau jeu et du fair-play, avant meme de souhaiter la victoire de son equipe favorite?
    A quand des dirigeants qui sauraient rester a leur place, dans leur role? A quand des dirigeants qui ne se reveraient plus en Jeanne d'Arc du football rhodanien, chargee par Dieu de bouter hors du championnat de France l'equipe du Perfide Albert?
    A quand des joueurs qui n'auraient plus besoin de montrer les crocs sur le terrain? A quand des joueurs dont on attendrait simplement qu'ils prennent du plaisir a gagner leur vie grace a leur passion?
    A quand un football qui se prend moins au serieux?

    Bon moi je fatigue, j'ai dit tout ce que j'avais a dire. Desole que ca ait ete si long, et merci a ceux qui ont eu le courage de me lire... :-)

  • ouais.super le 27/01/2004 à 08h07
    Armel : pour répondre à ta question par une réponse : il y a beaucoup de présidents de clubs français qui veulent suivre la voix ouverte par Aulas, parcequ'on ne peut pas nier qu'il a obtenu un certain succès, et d'autres qui l'ont fait avant lui. Valoriser une marque et créer des franchises, ce n'est pas Aulas qui l'a inventé, ça existe depuis lontemps. Il ne fait que diversifier les produits dérivés pour augmenter les revenus du club et péréniser sa situation financière et j'ai vraiment du mal à voir où est le mal. D'ailleurs, juste pour l'anecdote, il me semble bien qu'il y avait une voiture estampillée OM en vente il y a quelques années, ce qui procède de la même logique.

    Ensuite, l'argent que génère Aulas PAR l'Olympique Lyonnais, c'est en grande partie POUR l'Olympique Lyonnais. Ce qui lui permet d'avoir des comptes équilibrés, un endettement ridicule par rapport à de nombreux autres clubs européens (et même français), de pouvoir garder ses meilleurs joueurs et d'en recruter de nouveaux, de nourrir des ambitions sur le moyen et le long terme.

    Beaucoup de gens s'y retrouvent :
    - les suppporters, qui encouragent une équipe qui a de réelles chances de gagner des compétitions. C'est plus agréable que de se battre chaque année ou presque contre la relégation.
    - L'ensemble de la région, qui s'identifie à une équipe de gagnants et dont le nom figure désormais en haut du palmarès. Au niveau européen, Lyon gagne également en notoriété grace à son club, même si beaucoup reste encore à faire.
    - Les joueurs, qui savent qu'ils trouveront une certaine stabilité à Lyon, un bon salaire, un staff et des équipements de qualité et faire partie d'un club qui peut raisonablement penser gagner quelquechose à chaque début de saison, c'est agréable.
    - Les sponsors bien évidemment, qui bénéficient de l'image positive du club.
    - Toute la vie économique qui existe grace au club, de nombreux salariés de différents métiers...

    Quand Aulas a pris la direction du club, il n'était qu'en ligue 2, quasiment personne à Lyon ne s'y intéressait, et en 15 ans, il en a fait ce qu'il est aujourd'hui. C'est pas rien.

    Pour ce qui est de l'argent, ouais, bon, que dire ? L'argent c'est mal, l'argent c'est pas bien, ceux qui veulent en gagner c'est des méchants. Soit, si tu veux. Maintenant dans le cas précis d'Aulas, de l'argent, il en a déjà énormément, il a d'autres sociétés, il avait pas besoin de l'OL pour devenir riche. S'il s'en occupe, c'est vraiment par passion, pour réussir un challenge sportif et financier. Où est le mal ? Qui trouve à s'en plaindre ?

    Alors oui, sans doute faut-il combattre les excès du foot-business, mais je ne pense pas que l'OL soit "excessif" puisqu'il ne me semble pas qu'il sacrifie le sport et les bons résultats sur l'autel du pognon.

    Par contre, si tu ne supportes pas l'idée que des gens soient payés pour pratiquer un sport, si tu ne supportes pas qu'une structure économique soit nécessaire et que tu veux regarder un sport "bon enfant", rien ne t'empêche de suivre le foot amateur et de te désintéresser complètement du foot pro. Il y a des miliers d'équipes en France qui joue sans rien gagner.

    Dans ton deuxième post, j'ai eu la flemme de tout lire, désolé...

  • luckyluke le 27/01/2004 à 08h30
    Ce sont souvent les mêmes qui se plaignent d'une part que les clubs français ne réussissent pas en Coupe d'Europe et d'autre part que les mêmes clubs français cherchent à gagner plus d'argent pour avoir des moyens pour faire des résultats.
    Les "grands" clubs européens ont leurs franchises depuis des années. En France, l'OL est le premier à le faire et comme on n'est pas habitué on s'étonne (et puis les Parisiens et les Marseillais, voire les Stéphanois, s'étonnent surtout de voir que c'est à Lyon que ça se fait et pas chez eux, et la presse avec eux).
    Bien sûr il y a des excès. Mais franchement, qui peut oser dire que la gestion de l'OL par Aulas est mauvaise, qui peut dire que le club est instable financièrement ou sportivement?
    Aulas veut une entrée en bourse pourquoi? Pas pour se faire de l'argent, pour faire gagner l'OL. Qui peut prétendre le contraire?

  • luckyluke le 27/01/2004 à 08h32
    Et puis tout ça n'est pas nouveau
    Remember Hechter, Rocher, Leclerc, Lagardère, Bez, Tapie
    A chaque fois il y a eu des hauts cris!!!

  • jacky56 le 27/01/2004 à 10h39
    Félicitations M. armel pour ces propos qui vous honorent. Tu poses de bonnes questions, et elles ne se limitent pas à l'examen du bilan aulas sur 15ans, enfin je crois.


  • leo le 27/01/2004 à 11h36
    Ca fait plaisir, je me casse le cul à écrire un post à peu près cohérent et deux posts après, Armel lance une phrase qui ne semble pas en tenir compte : "Je crois que ca risque de devenir pareil pour le foot; bientot on aura droit a des matchs de pur divertissement - genre le Real qui change de couleur de maillot a tous les matchs pour augmenter les recettes marketing, contre le Bayern dont les joueurs couchent avec toute la Baviere pour ameliorer le tirage de la presse a scandale, tout ca parce que le club en detient les titres phares... Le tout en trois tiers-temps de 17 minutes, entrecoupees de 20 minutes de pub, et avec le droit d'effectuer sept remplacements en cours de match et dix changements de sponsor...".

    C'est pas les réglements qui obligent à avoir 3 maillots ? C'est pas le Real Madrid qui, pour l'année de son centenaire, jouait sans sponsors sur son maillot (il y a quelques autres clubs qui jouent sans sponsors, comme le Barca ou Bilbao, mais en nationale ou en CFA, je suis pas convaincu qu'il y en ait beaucoup) ? C'est pas en France (où on en a rien a foutre du business, on donne des leçons, on a la DNCG, nous Môssieur) que les maillots de la Coupe sont maculés de sponsors dans tous les sens et ne sont même plus les maillots des clubs qui y participent ?

    D'ailleurs, Armel, quand tu dis : "Alors a quand des initiatives de supporters parisiens et marseillais pour montrer que ce qu'on veut voir, c'est du beau jeu et du fair-play, avant meme de souhaiter la victoire de son equipe favorite?"

    Tu ne te dis pas que c 'est ce qui se passe au Real Madrid, où les socios élisent le président du club et votent le budget et où ça joue avec 1 voire aucun milieu défensif et des latéraux qui passent plus de temps dans la surface adverse que dans la leur (mais ça, c'est pas chercher du spectacle, c'est être déséquilibré, se moquer du football, quand ils tomberont contre des italiens ils feront moins les fiers) ?
    Sais-tu qu'au Real Madrid, un entraîneur a déjà été viré en cours de saison (Radomir Antic) car le public était mécontent et n'acceptait pas que le Real joue uniquement la contre-attaque, ALORS que le Real Madrid était en tête de la Liga ?

    Enfin, continuons à accumuler les clichés et tout ira bien...

  • Jesper Olsen le 27/01/2004 à 12h23
    Bon bon bon, à mon tour...

    Alors, en préambule, je dirais que l'argent ne me dérange pas dans le football. Que l'OL (pisku'on parlait d'eux) cherche à augmenter ses revenus par des systèmes de franchises, licences et tout et tout, je trouve ça bien ou pas mal pour le moins... Certes, j'ai eu beaucoup rigolé avec OL Coiffure par exemple quand on voyait les spécimens Tony Vairelles ou Christophe Delmotte, le futur lancement de OL Saint-Marcellin me fait doucement sourire et être sarcastique mais bon... Si, en prolongation à ce que tu disais Armel, les consommateurs sont assez "bêtes" pour payer 1.5 fois plus cher un produit ou un service parce qu'il est estampillé OL bah c'est leur problème. Notez que je fonctionne également à "l'affectif" dans une part de mes achats lorsque par exemple je vais acheter ma panoplie de stylos bics Girondins de Bordeaux alors qu'un stylo sclassique écrirait tout aussi bien voire plus longtemps. Que les clubs profitent au même titre qu'une marque "classique" de ce phénomène ne me gêne pas le moins du monde. Aulas et sa structure ont dans le domaine une bonne longueur d'avance sur la majorité des clubs de L1, l'OL va jusqu'au bout de sa logique de "1ère entreprise de spectacle du Rhône-Alpes", bah tant mieux pour eux.

    Effectivement, une croissance progressive et rigoureuse a permis à l'OL de passer de club de D2 à locomotive du football français, faut pas s'en plaindre même si je préfèrerais voir mon club à leur place. Le modèle économique de l'OL est viable comme le disait lien et permet au club de se soulager progressivement des "contingences" sportives, c'est-à-dire que si l'OL rate une saison sportivement, ils ne seront pas obligés de vendre la moitié de l'effectif pour éponger le manque à gagner. Bref, l'OL agit en ce sens comme une entreprise classique en développant des sources de revenus parallèles au football, rien de mal à ça.

    Au sujet de JMA plus particulièrement, il n'est pas salarié du club et a fait fortune dans d'autres domaines. Il pourrait très bien vivre sans le club, tout du moins financièrement, parce que l'OL lui amène autre chose en termes de puissance locale voire nationale mais là c'est un avis tout ce qu'il y a de personnel. Mais ce qu'il a bien compris, c'est qu'en investissant à travers sa boîte dans le club, il pouvait en retirer pas mal d'avantages pour cette même boîte, c'est du donnant donnant et il l'utilise très bien. A l'égal de ce que fait le "bon" président Nicollin symbole du football d'un autre temps et qui pourtant utilise à fond l'image de ses différents clubs pour faire fructifier son affaire de camion poubelle... Mais c'est un autre sujet.

    Bref, il ne faut pas voir le mal partout et le foot business si il est pris sous cet angle là (développer les resources en profitant du potentiel de la marque "club de football") n'est pas négatif. Si Aulas veut absolument aller en Bourse, qu'il y aille même si je pense que ce calcul n'est pas forcément le bon et présente des risques comme on le voit dans la pupart des clubs européens cotés en Bourse. Si il veut faire un musée OL et qu'il y a de la fréquentation, si il veut créer sa propre ligne aérienne en rachetant aOL et qu'il génère du trafic, si il veut lancer une franchise de prostituées "OL est Bonne" et qu'il y a des clients, grand bien lui fasse.

    Où le côté business me gêne, c'est quand on cherche à réduire l'incertitude de l'activité et donc qu'on touche au sport lui-même. Les CDF en ont parlé beaucoup mieux que moi (notamment dans l'excellente version papier n°3), je me limiterai donc à citer les aspects néfastes au football que je défends : G14-18 et "superligue" européenne, négociation des droits télé individualiséé avec fin de la solidarité entre les clubs d'un même pays et d'une même division, surpuissance des clubs progressive par rapport aux fédérations nationales, progressive "dépossession" du club pour les supporters (si tant que le club leur appartiennent) au profit des "consommateurs-spectateurs-clients", etc...

    Bref, que chacun essaie de tirer la couverture à lui parce qu'il est à un moment donné en situation de domination me chagrine... C'est classique et représentatif de la nature humaine mais ça m'emmerde. Pour revenir sur Aulas (c'est vous qui en avez parlé en premier hein, c'est pas moi... pas taper baygon...), le fait que son club soit en haut de l'affiche nationale depuis 2-3 ans ne l'autorise pas à mes yeux à se croire omnipotent et à vouloir changer les règles du jeu à son profit... Je dis Aulas, je pourrai dire Bouchet ou d'autres et ça marcherait aussi bien. On en revient à la phrase ma grand-mère "l'excés en toute chose est néfaste".




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