Ne perdez pas de temps à lire ce texte, connectez-vous vite pour commenter les articles des CDF. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Domenech à mi-chemin de la vérité

Dans une interview qui sonne son "retour médiatique", l'ancien sélectionneur donne sa version des faits mais ne les explique pas.
Auteur : Jérôme Latta le 17 Fev 2011

 

Au moins, la communication de Raymond Domenech semble-t-elle enfin contrôlée: une longue période de silence sans pour autant donner l'impression qu'il se terre, les prémisses d'un retour avec quelques apparitions sans prise de parole (il entraîne les jeunes de l'ACBB à Boulogne-Billancourt), et enfin une interview dans un magazine généraliste, c'est-à-dire sur terrain neutre.


Les sales gosses

Cette communication est-elle plus sincère pour autant? Pas sûr, à la lecture de L'Express, que l'homme ait fait autre chose que dire, selon l'expression consacrée, "ses" vérités. Il le pose lui-même d'emblée: "Tout le monde parle à ma place. J'ai envie de rétablir ma vérité." S'ensuivent des protestations convenues: "Je ne suis pas l'abruti que l'on décrit", "J'aime le foot. Et qu'on ne mette pas en doute mon intégrité!". Et une thèse connue: "Je cherchais à protéger le groupe".

C'est bien là que manque une analyse. Domenech reconnaît des erreurs, comme la lecture du communiqué des joueurs – selon lui pour mettre fin à la "mascarade" du bus, admettant: "Si j'avais réfléchi deux secondes, je serais parti..." Il charge aussi, comme tout le monde, les joueurs dont il nie l'isolement [1] et qu'il affirme avoir tenté de convaincre. "Une bande de sales gosses inconscients": l'expression est cinglante, elle fait écho à celle de Roselyne Bachelot, dont par ailleurs l'ancien sélectionneur se gausse ouvertement. Le propos verse pourtant dans l'indulgence à propos de Thierry Henry ou des footballeurs en général [2]. "La colère ne sert à rien et j'ai un gros défaut: je comprends toujours trop bien les faiblesses humaines".

domenech_demi_2.jpg


Le discrédit du Lyonnais

Même s'il admet sa perte d'autorité à propos de la mutinerie ("Je suis surtout triste de ne pas avoir su trouver les bons mots face aux joueurs" [3]), il ne pousse pas plus loin l'examen du même phénomène dans le domaine sportif: "Je me suis peut-être trompé sur le choix des joueurs. L'équipe n'a pas bien joué: peut-être ai-je mal expliqué mon projet..." C'est rester très en deçà de la réalité. La fin de règne de Domenech est celle d'un discrédit auprès des joueurs devenu total au moment de l'explosion de l'équipe de France.

L'erreur la plus tragique du Lyonnais, sa principale faute, a été de vouloir continuer après l'Euro 2008, alors que toutes les conditions étaient réunies pour rendre son travail absolument impossible: la défiance de la Fédération et de son président, l'assurance de déchainements médiatiques aux moindres difficultés sportives, la présence d'ennemis farouches depuis les meilleurs postes de tir... et la consolidation de son statut de refouloir national. Par la suite, la volonté de Domenech de jouer une fois de trop la partition du groupe uni contre l'adversité relève d'une grave erreur stratégique: comment a-t-il pu croire que des joueurs dépourvus de vrai leadership depuis les retraites de Thuram ou Zidane allaient le suivre? Les footballeurs qui pensent que leur coach est un imbécile se comptent par centaines, et ils parviennent parfois à obtenir son éviction. Mais il est plus rare qu'ils finissent par faire comme s'il n'existait pas, à plus forte raison en pleine Coupe du monde.


La grève était annoncée

Le fiasco du Mondial aura au moins eu le mérite de montrer que Raymond Domenech – qui n'a jamais été un aussi mauvais entraîneur que l'opinion le pensait et dont les choix sportifs, discutables, n'ont jamais été aberrants –, ne pouvait décemment pas en être tenu pour le seul responsable. Un lieu commun consiste à dire aujourd'hui, à la façon du toujours subtil Christophe Dugarry, que "l’équipe de France n’arrivait pas à faire trois passes d’affilée". C'est travestir grossièrement la réalité: entre 2008 et 2010, la sélection avait certes été en grande difficulté après une défaite cruelle en Autriche, mais elle a aussi réussi d'excellents matches (par exemple contre la Serbie), survécu à une déveine incroyable et dégagé une identité de jeu dans un 4-2-3-1 organisé autour d'un Gourcuff alors en plein épanouissement.

L'épreuve des barrages contre l'Irlande aurait dû être un aboutissement et un tremplin, au lieu de quoi le calamiteux match retour montra une équipe sans mental qui se qualifia dans une atmosphère délétère. Le match amical contre l'Espagne, en mars, vit évoluer des internationaux démissionnaires. La grève avait déjà commencé. En annonçant vouloir couper les têtes, avant de finalement retenir les pontifes, Domenech achevait de perdre son crédit et parachevait son fourvoiement: ce sont ceux auxquels il accordait une confiance démesurée qui allaient le lâcher avec le moins de vergogne – pendant et après la compétition.


Le résultat le plus criant fut donc le spectacle d'Anelka atrocement mauvais sur le terrain, traînant des pieds pour montrer son désaccord avec sa position avant d'insulter le sélectionneur qui lui rappelait les consignes. Domenech avait fini d'exister en tant qu'entraîneur bien avant la mi-temps de France-Mexique. C'est peut-être demander beaucoup à une personne accablée de tous les torts, mais on aurait aimé qu'il nous explique comment l'équipe de France en était arrivée là. Ses demi-aveux n'y suffisent pas.


[1] "Il faut arrêter avec ces histoires de 'bulle'. Ils disposaient non pas d'un, mais de deux, voire trois téléphones portables, de deux ordinateurs. Les infos, ils les avaient plus vite que moi! C'était très facile de communiquer avec l'extérieur."
[2] "L'entraîneur de Manchester City disait récemment que les joueurs actuels se foutent de tout. Ce n'est pas tout à fait vrai. Je dirais plutôt qu'ils n'ont pas forcément conscience des enjeux dans lesquels ils évoluent".
[3] "Je leur dis même que leurs familles les regardent et que l'image qu'ils s'apprêtent à envoyer est terrible. Personne ne répond. C'est le silence. A trois reprises, je descends pour les laisser réfléchir. Quand je remonte, je les entends palabrer, je réessaie. Mais rien".

Réactions

  • José-Mickaël le 17/02/2011 à 02h16
    Je trouve que l'article pose les bonnes questions, et ce sans exagération dans un sens ou dans l'autre (ni anti- ni pro-Domenech primaire). Malheureusement, j'ai peur qu'on n'ait pas les réponses avant longtemps. D'ailleurs la soi disant grève a servi d'arbre qui cache la forêt : les médias semblent se focaliser sur elle, alors que le fiasco est tout ce qui vient avant.

    De toute façon, dans cette histoire tout le monde s'est défilé : selon Domenech c'est la faute aux joueurs, selon la fédération aussi, selon les joueurs c'est la faute aux médias, selon les médias c'est la faute à Domenech et aux joueurs, selon le gouvernement c'est la faute aux joueurs et à la fédération...

    À quoi bon savoir ce qui s'est vraiment passé ? (Je suis persuadé qu'il s'est passé quelque chose d'important et qui est resté caché.) Au moins pour l'intérêt historique. Et puis savoir expliquer le fiasco aiderait à ne pas le reproduire (comme après 2002).

  • Tricky le 17/02/2011 à 07h05
    Bon, d'un autre coté, tu ne peux pas demander à Ray (lequel se présente à l'itw en avocat et conseiller en com de crise), qui a mangé pendant deux ans sur le thème de sa com non maitrisee, de ne pas se livrer. N'oublie pas qu'il vient avant tout pour signaler qu'il recherche un job, pas pour soulager la conscience de ceux qui l'ont vomi depuis 2008. Pas sur qu'il ait déjà envie de se taper la cascade de réactions indignées des vierges outragées de France 1998 sur les media nationaux.

    Après, juste un point de désaccord avec Jerome. La plus grande erreur qu'il ait commise, ce n'est pas de rester, c'est d'avoir cru qu'il fallait protéger ses joueurs, meme maladroitement et grossièrement. Et que ceux-ci le lu rendraient.

  • wiseman81 le 17/02/2011 à 09h51
    Je suis quand même assez surpris des commentaires des professionnels de la profession suite à cette interview de Domenech.
    Je n'ai pas lu le papier originel dans l'express mais à part Bachelot, je crois qu'il ne cite aucun autre nom mais tout le monde lui tombe dessus en le traitant de manipulateur alors qu'il n'y aucune nouveautés dans ses propos. Je pense qu'il va falloir attendre la pièce de théâtre de Robert Hossein pour en savoir plus.

    En vérifiant, il semblerait qu'il critique les footballeurs/commentateurs mais plutôt à juste titre.


  • Tonton Danijel le 17/02/2011 à 09h52
    "Et qu'on ne mette pas en doute mon intégrité!"

    Je veux bien, mais le coup des révélations partielles, annonçant la sortie du livre à 30€, ça pose quand même le doute...

  • Tonton Danijel le 17/02/2011 à 09h59
    wiseman: l'article de l'express est donné en lien dans le chapeau.

    A noter que Domenech explique notamment qu'il n'a pas identifié de meneurs, ni vu de conflits entre les joueurs, confortant la version des joueurs.

    (Enorme le passage sur Bachelot: "Moi, je ne me suis jamais occupé de vaccins. Lorsque je ne suis pas compétent, je me tais. Ce jour-là, elle prétendait vouloir renforcer la solidarité du groupe, mais elle a commencé par tenir le staff à l'écart de sa rencontre avec les joueurs! Elle leur a parlé soi-disant comme une mère... (...) Les joueurs auraient pleuré? De rire, peut-être.")

  • Tonton Danijel le 17/02/2011 à 10h02
    Triplé mais je continue à lire cet article, il est à noter que si Duga et Liza sont choqués, c'est le journaliste qui fait le premier la remarque: "Leurs critiques portaient moins sur l'aspect sportif que sur la morale...", sur laquelle RayDo répond juste un Wengérien "Ah oui..."

  • Troglodyt le 17/02/2011 à 10h23
    Heureusement que L'Express est distribué gratuitement dans mon établissement, j'aurais eu les boules de l'acheter pour:
    - une interview aussi inutile;
    - une couverture avec Maryse Joissains en trop gros plan.

  • JihaiR le 17/02/2011 à 10h30
    wiseman81
    jeudi 17 février 2011 - 09h51
    .... Je pense qu'il va falloir attendre la pièce de théâtre de Robert Hossein pour en savoir plus.
    -----------
    C'est l'idée du siècle. Je me battrais pour y aller.


    (avec des invites)

  • casartelli le 17/02/2011 à 10h32
    qui n'a jamais été un aussi mauvais entraîneur que l'opinion le pensait et dont les choix sportifs, discutables, n'ont jamais été aberrants

    c'est toi qui le dis
    je ne suis pas d'accord du tout
    ceux d'Anelka et de Govou en periode pre coupe du monde-coupe du monde taillent deja ce "jamais" en pieces selon moi.

  • Baka in the sky with ballons le 17/02/2011 à 10h49
    "Comment l'équipe de France en est-elle arrivée à ce désastre?

    Je me suis peut-être trompé sur le choix des joueurs. L'équipe n'a pas bien joué: peut-être ai-je mal expliqué mon projet... "

    Le mec a eu 8 mois pour réfléchir à l'affaire, et il nous sort ça... En fait ce qui me gonfle avec RayDo c'est que tout le monde lui cogne dessus en mode "il est provocateur, il se fout du monde", mais au final je le trouve super consensuel. Que ce soir dans sa communication ou dans sa gestion de l'équipe. Son style de jeu est tout mou, ses choix de joueurs sont pas surprenants, il balance rarement des scuds en interview... Mourinho est provocateur dans sa com, Bielsa est provocateur par le style de jeu qu'il propose, Van Gaal fait des choix sur ces joueurs très arrêtés. Domenech il est toujours tiède.
    Il s'est fait taper sur la tronche pendant des années, on se dit qu'il va vraiment nous expliquer ce qu'il s'est passé, qu'il va se venger et allumer tout le monde... mais non, rien.

    Domenech provocateur c'est la plus grande arnaque marketing de ces dernières années!

La revue des Cahiers du football