Des derbies de feu, des tas de buts, des incertitudes en veux-tu en voilà... Elle est pas belle notre L1? Un Feuilleton dans le ton.
On redoutait pour les Lillois leur exil au Stadium Nord, l'usure de leur parcours en Intertoto et la minceur présumée de leur effectif… Ce n'était pas vraiment la peine, car aujourd'hui, le LOSC se positionne idéalement pour jouer le rôle du trouble-fête prêt à bousculer les hiérarchies. Claude Puel y trouvera peut-être une reconnaissance que sa légendaire réserve a retardé malgré un titre de champion de France avec Monaco.
Mais pour eux comme pour les autres, les jeux sont d'être faits alors que seulement le quart du championnat est sur le point d'être consommé. Six points d'écart entre le 4e (Auxerre) et le 16e (PSG), cela laisse un paquet de destins en suspens…
Magie du derby : Le Guen sourit avec les dents. |
Pas le dernier des derbies
En France l'appellation de "derby" est la plupart du temps galvaudée, ne serait qu'en raison de son adaptation abusive du terme anglais, qui désigne une rencontre entre deux clubs d'une même ville. On va même jusqu'à étirer les distances avec un improbable "derby de l'Atantique", comme s'il y avait une suprématie à établir sur les bans de poissons du Golfe de Gascogne… Ce label est aussi un moyen pour les journalistes "d'habiller" un match avec un costume trop large et pour les joueurs ou les entraîneurs, de justifier un surcroît d'agressivité pourtant très dispensable. Mais quand une certaine légitimité historique se double de rencontres exceptionnelles, il n'est plus trop question de bouder le plaisir. Entre un Monaco-Nice assez stupéfiant et un Saint-Étienne-Lyon d'une rare intensité, la 9e journée a bien servi cette imparfaite mythologie.
Constatant la ferveur de Geoffroy Guichard en cette occasion spéciale, on mesure en quoi l'ASSE a pu manquer à la L1. L'histoire y est parfois pesante (voir
Bain de jouvence dans le Chaudron), mais l'ambiance, même si elle se nourrit de frustrations — comme d'ailleurs, celle du résultat final de ce match —, y reste incomparable. Les plus partisans des Stéphanois feront remarquer que, comme le plus beau match de la saison passée avait été le Saint-Étienne-Sochaux en demi-finale de Coupe de la Ligue, le plus beau de l'exercice en cours est déjà le sommet de dimanche soir. Les chambreurs leur feront remarquer qu'à ces deux occasions, les Verts s'étaient inclinés par trois buts à deux après avoir mené au score…
Outre la qualité du jeu et du scénario, on aura aussi apprécié l'état d'esprit des deux équipes, joueuses et ne s'étant pas laissées entraîner par le contexte dans une escalade de "virilité" mal placée. Une sportivité qui s'est prolongée dans les déclarations d'après-match. Pour cruelle que fut l'issue aux yeux des Stéphanois, il leur fallait bien reconnaître la supériorité lyonnaise, qui s'est exprimée par une remarquable capacité à garder leur sang-froid afin de faire valoir in extremis leurs qualités individuelles.
Voilà qui confirme l'impression de puissance et de sérénité exprimée par l'OL 2004/2005, que l'on avait cru à tort affaibli par une intersaison surprenante à certains égards. D'ailleurs, on devrait ajouter à notre liste de
pronostics pour la saison celui que l'équipe de Paul Le Guen va enfin connaître le grand parcours européen qui lui manque pour obtenir une pleine reconnaissance nationale. L'Olympique lyonnais en finale de Ligue des champions, cela aurait de la gueule. Et comme ça les empêcherait peut-être de remporter un quatrième titre d'affilée pour égaler Marseille et Saint-Étienne, les Lyonnais ne seraient peut-être pas les seuls à y trouver leur compte!
Les Verts ont beaucoup rétréci depuis leurs grandes heures. |
Les observations en vrac
> L’Ajaccien Lucas a marqué quatre buts en huit matches, ce qui prouve qu’il n’a absolument aucun lien de parenté avec son homonyme ex-Rennais.
> Un message d’espoir pour les pieds de Dagui Bakari : même la tête de Saviola arrive à marquer des buts.
> La presse critique beaucoup le "fantôme de Pauleta", mais c’est quand même lui qui a ouvert le score de la tête sur un centre de Pancrate.
> Lens a inscrit son but après 45 secondes de jeu dans une journée ou tous les vainqueurs ont marqué en fin de match. Le problème dans le Nord-Pas de Calais, c’est que les modes arrivent systématiquement avec six mois de retard.
> Halilhodzic ne parle plus à la presse. De toute façon, les journalistes du Parisien ont suffisamment d’imagination pour lui faire dire ce qu’ils ont envie d’entendre.
> L'action désespérée : Marlet pour Bamogo qui transmet à Olembé qui rate son tir.
> Pancrate marque involontairement : l'influence de Reinaldo s'étend au sein du PSG.
Jérôme Rothen ; "Comme j'ai raté des passes, cette fois c'est moi qui fais le voyage de retour dans le train d'atterrissage de l'avion". |
La bonne résolution, mais difficile à tenir
Christophe Revault (La Dépêche) :
"Je sors à l'instant du bureau de l'arbitre où j'ai tenu à m'excuser, au nom de toute l'équipe, de notre réaction épidermique après le deuxième but auxerrois. Nous avons commis une grosse erreur de jugement, il n'y avait pas hors jeu. À chaud, nous avons cru le contraire. Il faut donc savoir reconnaître ses erreurs et j'ai donc été m'excuser auprès des arbitres. Et puis il faut arrêter avec ça, ce n'est pas comme ça qu'on va avancer, en mettant en avant les fautes d'arbitrage".
Le César du meilleur acteur mélodramatique
Vahid Halilhodzic (psg.fr) : "Je n’oublie pas non plus de remercier tous ceux qui ont continué à m’encourager: des sportifs, des hommes politiques, des personnalités ou encore mes anciens collaborateurs, à Lille et à Rennes..."
Le mea culpa inutile
Didier Deschamps (C+) : "À 3-1 j’aurais pu faire d’autres choix". Oui mais Diego Perez n’était pas là pour tacler Agali à la carotide.
La leçon de tolérance
Lorik Cana (psg.fr) : "Vairelles nous a beaucoup gênés". Il faut pourtant savoir rester naturel avec les gens "différents".
Le traumatisé de France-Algérie
Thomas Guichard (C+) : "Les supporters niçois envahissent gentiment la pelouse". Pas comme ces hordes de barbares qui égorgeaient nos filles et nos compagnes au Stade de France.
Le président strasbourgeois n'est pas en train d'annoncer la reformation des Leningrad Cowboys, mais le limogeage d'Antoine Kombouaré. |
La défaite programmée
José Anigo (OM.net): "Il faut faire une série. On l’a commencé mais une série, c’est trois matches. Il faut la terminer contre Saint-Étienne". La victoire sera donc interdite à Lens, ordre du coach.
Le journaliste qui tient à son accréditation au Camp des loges
David Berger (C+) : "Le PSG a géré presque comme un leader".
Le long apprentissage
José Anigo (OM.net): "Ce soir, j’ai découvert des joueurs comme Lizarazu, Costa ou Bamogo". Tu vas voir, avec le temps, tu en trouveras encore plein des joueurs à découvrir au fond de la cave: Cheyrou, Christanval, Delfim...
Le tueur sadique
Gernot Rohr (AFP) : "Froidement, Agali a achevé Monaco".
Le peloton d'exécution
Sylvain Armand (Le Parisien) : "On a montré qu'on n'était pas mort. Tout le monde a tiré dans le même sens". C'est bien pour ça qu'on vous a cru morts.
Michel Pavon tombe dans l'oreillette d'un sourd. |
L'ULM rennais
Laszlo Bölöni (AFP) : "Parfois, il faut savoir redescendre sur terre pour redémarrer ensuite".
Les extrêmes qui se rejoignent
Jacky Duguépéroux (DNA) : "Il n'y a pas de titulaire, il n'y a pas de remplaçant".
Claude Puel (La Dépêche) : "Il n'y a pas de titulaire, il n'y a pas de remplaçant".
La perte des repères
Lorik Cana (Le Parisien) : "On ne pouvait pas tomber plus bas. On va regarder devant maintenant". Et vous allez voir les parois du trou.
La métaphore animalière débridée
Egon Gindorf (DNA) : " Les joueurs ont couru comme un renard dans le poulailler". Un renard dépressif paralysé des membres inférieurs?
Le séjour en HP
Nicolas Penneteau (psg.fr) : "Nous sommes allés nous enfermer dans un entonnoir". Vous étiez pourtant prévenus que PSG est une équipe de fous.
La vérité sur l'effondrement de Monaco : Didier Deschamps était ivre mort à la mi-temps. |
L'opéra de Strasbourg
"Hier, le Racing a accepté de se soumettre à son infériorité. A accepté ce jeu que de successives solitudes n'ont jamais su emplir et qui se liquéfie encore, comme si c'était possible, journée après journée. Car pire que l'enfer de Dante, sa chute ne connaît décidément pas de fin à son abîme" (DNA).
Le démagogue qui en fait un peu trop
Gernot Rohr (C+) : "L’équipe que j’entraîne est magique (…) Les joueurs donnent tout pour ce fabuleux public niçois".
Le collègue inconscient
Claudio Caçapa (Le Progrès) : "Juninho a de l'or dans les pieds". Tais-toi, malheureux! Tu veux qu'Aulas lui coupe?
Le collègue indélicat
Jérôme Rothen (Le Parisien) : "J'ai envoyé deux ou trois centres qui auraient mérité mieux".
La nuance
Peguy Luyindula (om.net) : "Oui, nous sommes complémentaires avec Habib. J’apprécie la profondeur, mais sans doute pas autant que lui. Il aime décrocher mais moins que moi. Je ne pense pas que nous avons le même jeu".
La preuve que les supporters lyonnais ont été complètement conditionnés par l'approche mercantile de leur président. |
Le lot de consolation pour les Stéphanois
Claudio Caçapa (Le Progrès) : "Depuis que je suis en France, je n'avais jamais vu une telle ferveur dans un stade. Même à Marseille ou à Lens, ce n'est pas comparable".
Le truc complètement dingue que tu le croirais jamais
Juninho (olweb.fr) : "Cela a été un scénario fou. Les supporters ont d'abord pensé que l'OL allait l'emporter, puis les Verts et enfin l'OL".
Le gars qui veut nous faire croire qu'il n'a pas chambré le public
Sidney Govou (Le Progrès) : "Après mon but, je suis allé voir mes collègues du Puy pour leur faire un signe".
Le train en marche
Loïc Amisse (Ouest-France) : "J'avais dit aux joueurs qu'il y avait trois wagons. On était dans le troisième. On passe dans le deuxième. Maintenant, il faut essayer de remonter des places pour, pourquoi pas, espérer pouvoir frapper à la porte du premier".
Le vœu dangereux
Patrick Remy (Ouest-France) : "Avoir un Chamakh ou un joueur comme Bakari serait mieux".
Jérémie Janot revendique la réouverture immédiate du skate-park de Saint-Chamond. |
Le retour à la normale
Laszlo Bölöni (Ouest-France) : "Rennes ne vaut ni mieux, ni moins bien qu'un milieu de tableau (…) Je ne vais, quand même pas leur apprendre à faire une passe (..) l'inspiration est absente. Nous avons commis trop d'erreurs individuelles, nous avons fait trop de cadeaux que nous avons payés cher".
La pente pas douce
Pascal Johansen (DNA) : "Je suis prêté, et ma côte descend".
Le choix entre le bûcher et la noyade
Jacky Duguépéroux (AFP) : "De jeunes joueurs intégreront l'entraînement professionnel. S'il ne faut pas brûler les étapes, il faut également savoir les jeter à l'eau".
La mission impossible
José Anigo (L'Équipe) : "On bosse et on ferme notre gueule".
La partie de boules en Provence
Mehmet Bazdarevic (L'Équipe) : "Je suis triste de voir mon équipe perdre en montrant aussi peu de choses". L'inspecteur Anigo est passé dans le vestiaire?
Patrick Remy devrait se méfier : on commence par afficher un style vestimentaire rustique dans un club modeste eton finit viré de l'OM pour harcèlement sexuel. |