La quête raulienne de Thierry Henry
Tribune des lecteurs Élection capitale ou inutile gri-gri à paillettes? Omar, lecteur non-électeur, ne donne le Ballon d'Or ni à Henry, ni à un autre…
Auteur : Omar
le 22 Dec 2003
Ce soir, la Grande Chaîne de Télévision Canal+ retransmettra la Grande remise du Grand Ballon d’Or. Qui sera élu meilleur footballeur de l’année 2003 par le Grand Journal France Football ? Les spéculations ne cessent de tournoyer, macérer dans les cerveaux et les commentaires ramollis de nos journalistes préférés. Parmi les favoris, toujours les mêmes… Le Grand Zidane, Le Grand Ronaldo devancent les éternels défenseurs déchus et condamnés à vivre dans l’ombre malgré leurs 129 titres mondiaux et leurs 39.564 minutes de jeu par saison, Maldini et Roberto Carlos. Et si l’on tentait la surprise, si l’on essayait de réinventer l’étonnement absolu à la Nikos Aliagas en élisant un outsider? Cette année, le protégé d’Arsène semble être la parade idéale pour réjouir les cœurs des passionnés de football semi-rebelles. "C’est Henry qui mérite le ballon d’or cette année", combien de fois ai-je entendu cette phrase devenue maxime suite au 1-5 infligé par Arsenal à l’Inter à San Siro? En effet, ce soir-là, Thierry brilla de milles feux, ridiculisant Javier Zanetti par une accélération spectaculaire. Alors que le Ballon d’Or 2002 s’était décidé sur une Coupe du monde, cette année, faisons mieux, appuyons-nous sur cette passionnante partie de Ligue des Champions pour élire le meilleur joueur de football de l'année. Henry est certes un bon footballeur, doué techniquement et doté d’une surprenante accélération balle au pied, mais a-t-il la polyvalence, l’intelligence d’adaptation d’un Platini ou d’un Maradona, a-t-il le génie d’un Zidane ou d’un Ronaldo? Impossible de ne pas tracer un parallèle entre la croisade Henry 2003 et la croisade Raul de l’élection 2002. "Raul mérite le ballon d’or" phrase devenue maxime en 2002, grâce à l’acharnement mené par Grand Journal espagnol Marca, croisade télé-portée dans tous les pays d’Europe. L’année prochaine, on entendra "Hasselbaink mérite le Ballon d’Or" et dans cinq ans, on affirmera que Marama Vahirua mérite le Ballon d’Or parce qu’il célèbre bien ses buts? Cette futile extrapolation n’a le mérite que d’éclairer une seule certitude: le football n’a pas besoin de Ballons d’Or! Le football n’a pas besoin de Césars, ni d’Oscars, ni de Marcel, ni de Sept d’Or, ni de cérémonie et de récompenses pompeuses. Bientôt Roger Hanin sera jury et remettra le Sept Ballon d’or à Robert Pires. Nous comprenons que le football est devenu un business, mais épargnez-nous ces spectacles Prime Time et ces suspenses SMS. Nous, Les Amoureux du Foot, nous n’en voulons pas. Il y a effectivement une volonté en chacun de nous pour définir quelques icônes qui ont marqué l’histoire de ce sport, (Pelé, Platini, Maradona), mais de là à transformer cette admiration en une compet’ glamour, non merci. Mais bon, finalement on tombera tous dans le panneau du système (surtout moi) en répondant aux lois de l’offre et en créant la demande, hypnotisés par nos postes de télés, on s’émerveillera devant les belles gonzesses défilant sur le plateau de Gilardi et les publicitaires et autres sponsors n’auront qu’à se frotter les mains et reviendront en masse l’année suivante pour un plus Gros et plus Médiatisé Ballon d’Or Show! En tout cas Thierry, cette année tu bénéficieras peut-être du travail de sape de Raul et tu l’auras peut-être ton Ballon d’Or. On en rit déjà…