Ode à Raymond
Un petit poème vaut mieux qu'un long discours ou un dessin de Chenez.
Auteur : Paul Graverlaine
le 21 Juin 2008
Voici les Bleus dehors, voici nos âmes en peine.
Comme autant de fleurets, les micros sont tendus.
Les sondages déjà versent leur flot de haine
En réclamant ta tête. Et toi, qu’annonces-tu ?
Quelque regret tardif ? Quelque mea culpa ?
Bien loin ! Toi tu demandes Estelle en mariage.
Somptueuse bravade où l’essentiel est là :
Ni le match, ni le quart, mais l’amour, onguent sage.
Je t’imagine alors, te répétant la scène,
En première mi-temps, la gorge un peu serrée.
Francky souffre, Eric sort, et les Italiens mènent.
Toi, tu choisis les mots qui la feront pleurer.
Quel souffle ! Quel panache, ô Raymond, quelle gueule
De déclarer ainsi ta flamme à l’heure même
Où quelques charognards lorgnent sur ton linceul !
Tout le monde te hait ? Fort bien. Raymond, je t’aime.
Rien n’est moins important, au fond, que le football,
Ce jeu, cette passade, ce vaniteux loisir,
Tellement moins sérieux, plus futile et plus drôle
Quel la passion, la vie, le bonheur, l’avenir !
Qu’importe que la France ait perdu à un jeu !
Qu’importe que tu n’aies ni louanges, ni stèle !
Plus rien ne compte enfin, ni les Blancs, ni les Bleus.
Notre quart de finale à nous s’appelle Estelle.