Marseille sans terre
Incapables de faire pencher la balance en leur faveur, les Marseillais ont une nouvelle fois prouvé face à Lille la précarité de leur situation actuelle. En coulisse ou sur le terrain, c’est à un pénible spectacle qu’ont droit toutes les semaines les supporters de l’OM. La tête de Louis-Dreyfus réclamée par ces derniers lors du plus récent des enfers blancs n’arrangera sans doute rien. Le mal est profond, il vient de bien plus loin que du dessous de la casquette de l’argentier aux 600 millions engagés.
Quand sont montées les clameurs du peuple appelant à gorge déployée Bernard Tapie à la rescousse, on aurait pu croire à un rêve. Mais non, c’est bel et bien le souhait d’une partie de ce public que de voir revenir en leur sein l’ex millionnaire parisien, celui par qui tout a commencé, la gloire et la chute, le passé et le présent. Car ils ont la mémoire mal organisée ces Marseillais qui oublient que c’est par la faute de cet ancien homme d’affaire qu’ils ont plongé en D2, loin, très loin des promesses Tapiennes.
La crédibilité de l’OM est à tout jamais entachée par ce souvenir terrible de corruption. Et les grains semés à cette époque donnent les arbres que l’on voit aujourd’hui sur le terrain, sans branches, voire même sans pieds.
Il est entendu que la période Courbis et sa faculté à recruter à tout va des joueurs qui font leurs preuves ailleurs, a largement participé au naufrage qui se joue en ce moment. La saison de transition souhaitée par les dirigeants est bien peu à côté du temps exact qu’il faudrait pour renflouer les caisses de la trésorerie et regonfler le moral des troupes.
Weah n’a pas encore fait de miracles. Braga et sa baguette magique s’essoufflent à leur tour, Dubiton s’empare du micro et c’est tout Marseille qui se prend à cauchemarder. Quand on pense aux belles paroles d’il y a dix ans…
A chaque saison sa crise. Rien ne peut être simple à l’OM. Les maillots blancs ne cachent plus les fissures qui couvrent les murs de la commanderie depuis que Tapie a fourré le club dans un sale guêpier juste après l'avoir mené au paradis. Et le souhait récent de Blondeau de retrouver calme, luxe et volupté est déjà oublié. Les joueurs n’auront la paix qu’en quittant le club. Il en a été ainsi de Dugarry, de Luccin, de Dalmat et de Pirès. Combien de temps résisteront les Gallas, Leroy, Maurice et donc Blondeau?
La valeur marchande de cette équipe prend du plomb dans l’aile à chaque journée qui passe. Si bien, que même une augmentation de capital ne permettra sans doute pas de recharger les fusibles dès le prochain mercato. Et si l’OM tient encore sa place parmi l’élite la saison prochaine, combien d’années de transition faudra-t-il pour la revoir à la hauteur des formules un du championnat ?
Marseille n’a plus le choix, il lui faut très rapidement faire table rase des conflits qui la minent. Il lui faut évacuer ces velléités de traîtrise qui garnissent ses armoires. Il lui faut de la paix et probablement beaucoup plus de temps qu’imaginé pour redevenir une équipe qui fait peur. Aujourd’hui, ce n’est pas Lille qui a battu l’OM, c’est l’OM qui se flagelle en public. Marseille doit retrouver un équilibre, doit de nouveau semer sur ses terres jadis fertiles, bien avant l’époque Tapie, qui, ça au moins c’est sûr, ne doit pas revenir... Mais d'ailleurs qui oserait venir?
Marseille a été parmi les premières équipes françaises à mêler l'argent et le football, est-ce un hasard aussi si elle est parmi les premières à voir que même 600 millions ne valent plus rien face à une équipe de Lille qui ne fait que jouer simplement au ballon? Le championnat perd ses valeurs, et Marseille son esprit: droit au but... mais quel but?