Malgré des terrains en béton, le championnat est reparti d'un bon pied, du moins pour Lyon, Rennes ou Bordeaux. Passage en revue et en images de la journée de reprise…
Le plan serré : un digne sommet
Placée sous l'autorité de Pierluigi Collina et en exergue de la reprise du championnat, la rencontre Lyon-Marseille méritait d'être observée sous plusieurs angles, comme celui de la morosité qui a saisi le football français au terme d'une année 2002 plutôt déprimante. On se demandait en effet avec un peu d'anxiété quelle qualité de jeu allait offrir la confrontation entre le leader provisoire et le tenant du titre, sous le regard des téléspectateurs italiens (enfin, de ceux qui sont assez excentriques pour le regarder).
Pour en juger, il fallait déjà que la pelouse soit dans un état satisfaisant, et ce fut le cas malgré le froid très vif qui saisissait Gerland. Si le match n'a pas été inoubliable et s'il s'est un peu délité sur la fin, son intensité a été réelle et sa qualité technique plutôt remarquable. Avec des joueurs comme Dhorasoo, Govou ou Edmilson à leur meilleur, les jolis gestes n'ont pas manqué. Côté marseillais, ce furent plutôt les performances défensives de Van Buyten, Lebœuf ou Runje qui retinrent l'attention.
Après, on pourra regretter ce verrouillage tactique propre à la Ligue 1, surtout concernant le dispositif prudent d'Alain Perrin, n'alignant que Chapuis en pointe. Fernandao et Bakayoko ne firent leur entrée qu'après l'heure de jeu, mais ce fut Lebœuf qui eut la meilleure occasion. L'entraîneur marseillais manque-t-il de confiance dans son équipe, ou en évalue-t-il parfaitement le potentiel? Le but ayant été encaissé (une nouvelle fois) à la suite d'un coup de pied arrêté, les Phocéens peuvent avoir d'autant plus de regrets qu'ils n'ont pas été surclassés, et que leurs vingt premières minutes furent prometteuses.
Pour sa part, Paul Le Guen ne renonçait pas ses ambitions offensives en titularisant Carrière, Juninho et Dhorasoo derrière Luyindula et Govou. Dhorasoo était théoriquement positionné en récupérateur, mais il a été très en vue pour donner l'impulsion des phases d'attaque. S'il continue de briller, il mettra l'objectivité de Jacques Santini à rude épreuve…
Bref, ce match valait un peu mieux à nos yeux que les trois parcimonieuses étoiles décernées par L'Equipe, et que le 5,5 accordé à Dhorasoo. Heureusement, un correctif dans l'édition de ce dimanche nous apprit qu'il s'agissait d'une erreur de transmission, le bon chiffre étant 6,5 (1). Le genre d'erreur dont le Lyonnais se rend rarement coupable.
(1) Dans le cas contraire, nous aurions pu imiter l'hilarante rubrique du regretté magazine Guadalajara, intitulée "Renotons les notons de L'Equipe".
Pierluigi Collina : "Ça s'est bien passé, mais j'aimerais bien que le monsieur tout nu quitte le vestiaire maintenant". |
Le plan armoricain
Avec cinq victoires d'affilée, Rennes signe un paradoxal record, puisque aucun autre club n'a réussi cette performance depuis le début de la saison. Le redressement du Stade rennais et de la valeur de Halilhodzic sur le marché des entraîneurs se poursuit donc.
Le plan aquitain
Même reprise de rythme pour Bordeaux, qui malgré le dégraissage mené à la trêve, reste sur la lancée de sa bonne fin d'année 2002, signant sa quatrième victoire consécutive à domicile (10 buts dont 7 lors des deux derniers). Le club de Jean-Louis Triaud est qualifié dans les deux coupes et sa 8e place à sept points du leader peut le laisser espérer.
Surtout, Baup en a profité pour jeter au panier ses variations tactiques (voir
Elie Baup à tâtons) et en revenir à un 4-4-2 sans fioritures. Darcheville et Pauleta sont invités à mettre eux-mêmes un terme au débat sur leur complémentarité, et si Savio devient un habitué de ce genre de prestation, on aura peut-être des Bordelais ambitieux et offensifs en 2003.C'est souhaitable, parce qu'une défense Basto-Caneira- Afanou-Jemmali, ça peut faire peur.
Le gel du calendrier
On félicitera les dirigeants lyonnais de s'être donné les moyens de préserver leur pelouse du gel, et ainsi de manifester un minimum de cohérence envers un calendrier qui condamne le foot français à disputer un nombre record de rencontres dans la période où les conditions climatiques sont les plus mauvaises — en plein mercato et en écourtant la trêve hivernale, aux dépens des spectateurs, des joueurs et du jeu… Le RC Lens dépense des millions d'euros pour se doter du centre mégalomaniaque de la Gaillette, mais est infoutu de s'offrir une bâche chauffante, ce qu'un club de L2 comme Grenoble parvient pourtant à faire. Ce doit être une question de priorités.
On observera avec curiosité comment les compétitions nationales vont être désorganisées par les reports s'ils s'accumulent (voir aussi
Le général Hiver frappe-t-il par surprise, mis en ligne il y a un an jour pour jour). À moins qu'on ne se résigne à faire jouer les matches sur des "plaques de béton", selon l'expression de Bertrand Marchand.
Louis Nicollin ne s'est pourtant pas nourri que de cornflakes. |
Les observations
5 minutes pour remplacer Meïté, c'était l'hommage de Perrin à Courbis?
Juninho a déclaré qu'il préférait quand même jouer à droite. Fait pas chier Paulo, il a assez de problèmes comme ça.
Il suffisait que Jean-Michel Aulas parte en vacances pour que l'OL aille mieux.
D'Amico perd ses dents quand il prend une baffe.
Le trophée "Warmuz"est attribué cette semaine à Cech et Ramé ex-æquo, pour leur anticipation de centre précédant un plongeon piteux dans la cage pour essayer de sortir le ballon.
Merci à Monaco, Bastia, Ajaccio et Paris pour leur contribution à la définition du match complètement nul.
La Beach soccer attitude
15 tonnes de sable déversées à l'Abbé Deschamps. Avec Guy Roux en maillot de bain, on aurait eu Auxerre-Plage après Paris-Plage.
La bonne ambiance
Marquez-Roma.
La non-information
Cardetti est encore 6e au classement des buteurs.
Tout juste rentré de ses vacances au ski, Jean-Michel Aulas avait encore son forfait autour du cou |
La cure de jouvence
Après le départ de Franck Silvestre, la moyenne d'âge de Montpellier tombe à 21 ans. Celle de Bastia passe à 42?
L'attitude responsable
Joël Muller et Henri Stambouli après le report de Lens-Sedan.
Le come-back
0-0 à Ajaccio : Rolland Courbis est vraiment de retour.
L'acte manqué
Van Buyten tacle Lebœuf.
Le réflexe malheureux
L'arbitre d'Ajaccio-PSG met un carton rouge à Bruno Rodriguez avant de s'apercevoir qu'il doit en fait être attribué à Regragui.
Le coaching psychologique obscur
Alain Perrin (La Provence) : "J’ai félicité les joueurs mais il ne faut pas qu’ils le prennent mal".
Le commentaire moyennement précis
Éric Besnard (Canal+) : "Bordeaux, qui gagne pour la première fois de la saison deux fois de suite à domicile". Ça lui apprendra à lire les statistiques de l'Equipe en diagonale.
L'inflation de qualificatifs
Lilian Gatoune (Canal+) : "Govou place une tête imparable, que Runje va chercher d'une main implacable. Luyindula a suivi et marque un but qui rend aussi inutile que dérisoire la première parade exceptionnelle de Runje".