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La frontière entre Özil et Altintop

Hamit Altintop a reproché à Mesut Özil d'avoir, contrairement à lui, préféré la Mannschaft à l’équipe nationale turque. Un choix pourtant pas isolé, et parfaitement légitime...
Auteur : Toni Turek le 18 Oct 2010

 

Le 6 octobre, soit deux jours avant le match Allemagne-Turquie programmé à l’Olympiastadion de Berlin, le milieu international turc du Bayern s’est livré en des termes peu amènes à une attaque à l'encontre de Mesut Özil, dans une interview à la Süddeutsche Zeitung (1).

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International Mannschaft
Interrogé sur le choix de l’actuel dépositaire du jeu de l’équipe nationale allemande, Altintop a taclé Özil sans ménagement: "Le football est parfois une affaire de cœur, mais beaucoup plus souvent un simple business. (…) Comme international allemand, Mesut (…) vaut davantage sur le marché des transferts et gagne plus d’argent. S’il avait opté pour la Turquie, il n’aurait pas joué de Coupe du monde et ne serait pas maintenant au Real. C’est aussi simple que ça".
Aussi simple? Voire. Souvenons-nous que des vingt-trois Allemands mondialistes appelés par Jogi Löw, onze étaient d’origine étrangère: Aogo (Nigéria), J. Boateng (Ghana), Cacau (Brésil), Gomez (Espagne), Khedira (Tunisie), Marin (Bosnie), Özil & Tasçi (Turquie), Klose, Podolski & Trochowski (Pologne). Özil est loin d’être le seul dans ce cas… Tous ces joueurs auraient donc opté pour l’Allemagne pour leur carrière, par facilité ou par avidité?

ozil_3.jpg

En fait, la priorité accordée à la Mannschaft est liée à divers facteurs:
- être né ou non en Allemagne
- avoir vécu plus ou moins longtemps (voire pas du tout) dans un autre pays
- avoir aucun, un seul ou ses deux parents originaires d’un autre pays
- se sentir plus proche des cultures et traditions allemandes
- avoir été approché d’abord par la fédération allemande
- avoir été international allemand Espoir, etc.


Le droit d'Özil
Dans son interview, Altintop précise que sa mère est turque, son père est turc, et donc que lui est et se sent turc – d’où son choix du maillot au croissant. Concernant Özil, son père vit en Allemagne depuis l’âge de deux ans et possède la nationalité allemande; de plus, Mesut est né en Allemagne (à Gelsenkirchen… comme Altintop!) et y a vécu dès son plus jeune âge. Il a toujours joué dans des clubs allemands – jusqu’à son départ à Madrid cet été – et il a porté le maillot allemand des sélections de jeunes (2). Le choix d’Özil peut bien être critiqué par Altintop, mais il n’est pas incohérent.

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Pour d’autres, on est en effet loin des considérations familiales et culturelles. C’est alors davantage l’opportunité de devenir international A qui fait qu’une nation est choisie aux dépens d’une autre. D’où une situation particulière cet été, quand les deux demi-frères Boateng ont disputé un même match de Coupe du monde sous deux maillots différents: Jérôme le défenseur pour l’Allemagne, Kevin "Prince" le milieu pour le Ghana. Pourtant, Kevin Boateng avait joué dans les différentes sélections de jeunes d’outre-Rhin. Mais, ignoré par Löw et privé de perspectives avec l’Allemagne, il a ensuite exprimé sa volonté d’évoluer avec les Black Stars pour tenter de disputer la Coupe du monde sud-africaine – avec succès.


Opportunismes
L’histoire de Sebastian Boenisch est semblable. Né à Gliwice comme Podolski, le latéral gauche du Werder de Brême possède la double nationalité germano-polonaise. Courtisé tôt par la fédération polonaise, Boenisch a d’abord donné la priorité à l’Allemagne. Il a ainsi joué avec les Espoirs alors entraînés par Horst Hrubesch, et a été sacré champion d’Europe Espoirs 2009 en Suède. Mais estimant ses chances d’être sélectionné avec les A plus élevées avec la Pologne, Boenisch a profité de la disparition en 2009 du critère de la limite d’âge pour changer de maillot et choisir définitivement son pays de naissance. Il a joué son premier match international avec la Pologne en amical contre l’Ukraine le 3 septembre dernier.

Même sans la limite d’âge, le changement d’équipe nationale est encadré. Il ne peut avoir lieu qu’une fois – afin d’éviter les imbroglios comme cela arrive parfois entre clubs – et le joueur doit prouver l’existence d’attaches (famille, séjour de longue durée) avec le pays dont il convoite le maillot national – histoire d’éviter un nouveau "cas Ailton": on se souvient que le buteur brésilien, méconnu dans son pays, avait tout envisagé pour participer à la WM allemande de 2006, y compris se faire naturaliser… qatari! Par chance, il n’en est pas encore du choix des équipes nationales comme des transferts entre clubs…


Chez les jeunes et les voisins aussi
Revenons à nos Turcs. Outre Özil et le défenseur remplaçant Tasçi, l’Allemagne aligne quelques joueurs d’ascendance turque également dans ses équipes de jeunes, tels les deux jeunes milieux du FC Nuremberg Mehmet Ekici et Ilkay Gündogan, actuellement internationaux Espoirs avec la Mannschaft. Eux aussi auront un jour à se décider entre Turquie et Allemagne. De futures têtes de Turcs pour Altintop?

L’Allemagne est certes connue pour sa minorité turque forte de plus de deux millions de personnes, et le fait qu’Özil ait fait la une des journaux sportifs grâce à sa Coupe du Monde et à son transfert au Real Madrid a permis à cette minorité d’y être un peu plus reconnue. Mais l’Allemagne n’est pas la seule à aligner des joueurs aux origines turques.
Premier exemple, la Suisse: que ce soit hier avec l’ancien meilleur buteur helvète Kubilay Türkyilmaz et l’actuel entraîneur du FC Thoune Murat Yakin, ou aujourd’hui avec le milieu de l’Udinese Gökhan Inler, l’attaquant trentenaire du FC Lucerne Hakan Yakin et le jeune buteur du Bayer Leverkusen Eren Derdiyok, la confédération helvétique aligne elle aussi quelques footballeurs d’ascendance turque. Autre exemple: le Liechtenstein. La petite principauté a chez elle le gardien Cengiz Biçer, qui a fait ses débuts sous le maillot liechtensteinois en août dernier, lors d’un match amical en Islande.


Demande à Diego
Dernier exemple, l’Autriche: ces dernières années, la tenue rot-weiss-rot a été portée par des joueurs d’origine turque tels que le gardien Ramazan Özcan (1899 Hoffenheim), les milieux Cem Atan (Gençlerbirligi Ankara) et Yüksel Sariyar, et l’attaquant Muhammet Akagündüz. Actuellement, on compte encore chez les internationaux locaux le défenseur Ekrem Dag (Besiktas Istanbul), les milieux Ümit Korkmaz (Eintracht Frankfurt – photo), Veli Kavlak & Yasin Pehlivan (Rapid de Vienne).

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On attend avec impatience les prochaines déclarations d'Altintop envers les Autrichiens d’origine turque, juste avant le match Turquie-Autriche, le 29 mars prochain. En espérant pour lui qu’elles aient plus d’impact – l’Allemagne ayant finalement battu la Turquie 3-0, avec un but d’Özil, malgré les sifflets des nombreux supporters turcs présents au stade de Berlin.
S’il le souhaite, Altintop pourra toujours discuter du sujet avec son coéquipier du Bayern Diego Contento. Révélation de la saison passée (ce qui lui a valu de passer pro en janvier dernier), le latéral gauche a déjà joué pour les moins de 20 ans allemands, mais a récemment déclaré qu’il se verrait bien jouer… avec son pays d’origine, l’Italie.


(1) L’interview d’Altintop (en allemand).
(2) L’interview d’Özil père & fils (en allemand) dans Rund.

Réactions

  • le Bleu le 18/10/2010 à 09h34
    Domenech avait tenu la même ligne: pour un joueur à nationalité française, priorité à l'Equipe de France. Et s'il n'est pas pris, eh bien bon vent à lui s'il trouve autre chose... Obraniak joue désormais pour la Pologne.

    C'est ainsi que 3 des 23 mondialistes français sont nés à l'étranger, et quelques autres sont d'origine étrangère - tel Alou Diarra, et que dans l'autre sens, la moitié de l'équipe d'Algérie est française.

    Paradoxalement, le changement de sélection est actuellement infiniment plus restrictif que dans... les années 30-40-50, où passer d'un pays à l'autre n'était pas si rare ! L'exemple le plus célèbre est Aldredo di Stefano, qui a joué 6 matchs sous le maillot Albiceleste, puis 31 sous celui de la Roja.

  • Oook le 18/10/2010 à 09h41
    Il y a eu un bon gros groupe d'internationaux argentins qui ont ensuite joué pour l'Italie il me semble également.

  • jeronimo le 18/10/2010 à 10h30
    C'est quoi la "Affenkäfig" de Schalke dont parle l'article du Süddeutsche ?

  • François-Youssouf Hadji-Lazaro le 18/10/2010 à 11h35

    Merci Toni pour cet article qui me tient à coeur par rapport à mon histoire personnelle.

    Juste une petite précision sur l'emploi de la locution "d'origine étrangère" en plus des très bonnes considérations que tu as avancées sur les divers critères et diverses situations personnelles.
    J'estime que si l'on est né de parents de nationalités différentes, on ne peut pas être considéré comme étant "d'origine étrangère".

    Je suis moi-même binational et ne comprends ni n'accepte cette dénomination "d'origine étrangère". Je suis et me sens pleinement français et pleinement marocain, même si je ne suis pas considéré comme tout à fait français en France ni tout à fait marocain au Maroc. Mais je ne suis pas un français d'origine étrangère. Mes origines sont françaises et marocaines.

    Tout ça pour dire que les propos d'Altintop, bien que vrais si l'on s'en tient aux faits (exposition médiatique, perspectives de carrière...), sont loin d'avoir la nuance nécessaire à l'évocation du sentiment d'appartenance à une nation où à une autre dans les cas de vécus impliquant plusieurs nations.

  • Casimir le 18/10/2010 à 11h59
    L'article est excellent, tout comme le sujet, passionnant. Qu'est-ce qui fait que l'on choisit de jouer pour telle ou telle équipe nationale.

    L'exemple des frangins Altintop est assez probant. Nés en Allemagne, élevés en Allemagne, de culture allemande et turque, ils ont opté pour le pays de leurs parents. Pourquoi ?

    La question que je me pose est, qu'est-ce qui fait que tu choisis un pays dans lequel tu n'as pas vécu, que tu ne connais qu'au travers de tes parents et de tes congés au détriment d'un autre où tu es né, dans lequel tu passeras probablement ta vie, etc.

    L'article cite Obraniak. J'ai plus l'impression d'un choix opportuniste que de cœur. Je me trompe peut-être. Mais son grand-père était polonais et son père est né en France... Loin de moi l'idée de remettre son choix en cause, mais j'avoue que j'ai du mal à comprendre ces décisions. Pas dans le sens où c'est mal, mais qu'est-ce qui fait qu'une personne va choisir une nationalité dont elle a peu de lien à part les origines de ses parents ou de ses grands-parents plutôt qu'une autre, dans laquelle il a grandit vécu, etc. Et qu'est-ce qui pousse un joueur qui a fait toutes les sélections de jeunes d'un pays, remporté des titres avec ce pays puis qui décide au moment de jouer avec les A de jouer pour un autre pays?

    J'avais par exemple un ami, bosniaque, qui n'avait jamais mis les pieds en Bosnie, sauf une fois, une semaine pour aller voir ses grands-parents. Il était né en France, ses parents avaient quitté la Bosnie durant la guerre, il ne parlait pas un mot de bosniaque. Mais il affirmait avec force que lors d'un match France-Bosnie, il soutiendrait la Bosnie...

    Ce sujet est passionnant, et mériterait une véritable étude sociologique !

  • Nicaulas le 18/10/2010 à 13h05
    Très bon article qui apporte les nuances nécessaires, bravo et merci à l'auteur.

  • Sens de la dérision le 18/10/2010 à 14h43
    François-Youssouf Hadji-Lazaro
    lundi 18 octobre 2010 - 11h35
    Je suis moi-même binational et ne comprends ni n'accepte cette dénomination "d'origine étrangère". Je suis et me sens pleinement français et pleinement marocain, même si je ne suis pas considéré comme tout à fait français en France ni tout à fait marocain au Maroc. Mais je ne suis pas un français d'origine étrangère. Mes origines sont françaises et marocaines.
    -----
    Je plussune sur ce paragraphe. Cette locution, "d'origine étrangère", me fait penser à de la viande bovine. Mais c'est surtout l'occasion de faire une distinction entre les Français et les Français-d'origine-étrangère.

    Au niveau footballistique de la chose, il est évident que la qualité des joueurs et des sélections visées joue énormément dans le choix de "son" pays. Sans doute plus que la culture, le sentiment d'appartenir à tel ou tel pays à part sans doute pour quelques très rares joueurs.

  • socratesinho le 18/10/2010 à 14h46


    Merci pour l'article Toni.

    L'entrevue avec Altintop est assez affligeante... mais il faut aussi rappeller les propos d'Hiddink qui sont du même tonneau et "légitiment" ceux d'Hamit.

    Il y a un autre facteur: les dirigeants du football turcs préféreront déblatérer sur un jeune qui ne choisit pas la Turquie... plutôt que de pointer la faiblesse de la formation au pays. parmis, les noms que tu cites, un certain nombre joue en Turquie et l'équipe nationale a été en grande partie alimenté par les émigrés (y compris en 2002, par exemple l'étoile filante İlhan Mansız). Le niveau de l'équipe nationale dépend tout simplement de ces émigrés alors que les clubs dépensent bien plus que dans les pays maghrébins par exemple. Cela évolue mais très faiblement... et le délire nationaliste (version trahison) passe malheureusement très bien.

    PS : tu oublies Nuri Şahin formé à Dortmund et qui joue au Feyenoord.

  • Ba Zenga le 18/10/2010 à 14h48
    Comme toujours avec Toni, un article bien écrit, complet et passionnant. Qui soulève la réflexion sur la terre d'attachement, celle de cœur, d'exil ou d'origine.

    Etant juif d'origine maghrébine, j'attache pour ma part beaucoup d'importance à la terre où j'ai vécu et à celle de mes aïeux. J'ai par exemple infiniment plus d’attachement à l’Algérie qu’à l’Israël, qui ne reste pour moi une terre d’exil, de regroupement, plutôt que celle de mon sang. Et pourtant, je n’ai jamais mis les pieds, ni dans un pays, ni dans l’autre. Mais celle qui a le plus d’importance à mes yeux reste la France, parce que c’est là que j’y ai grandi. Et à une échelle plus réduite, vivant actuellement en Alsace, mais marseillais de naissance, je pense que je me sentirai toujours plus de cœur phocéen.

    A vrai dire, je pense qu’il y a une vérité pour chaque individu, chaque famille, chaque éducation. D’où les cas différents de Ozil et de Haltintop. Ou encore de Higuain, récemment.

  • François-Youssouf Hadji-Lazaro le 18/10/2010 à 15h01
    socratesinho
    lundi 18 octobre 2010 - 14h46


    Merci pour l'article Toni.

    Il y a un autre facteur: les dirigeants du football turcs préféreront déblatérer sur un jeune qui ne choisit pas la Turquie... plutôt que de pointer la faiblesse de la formation au pays.

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    Très juste socratesinho.

    Les cas du Maroc et de l'Algérie sont aussi très parlants si l'on regarde le nombre de joueurs internationaux formés en France, sans parler de ceux qui sont nés et ont grandi en France (et dans une moindre mesure aux Pays-Bas et en Belgique pour le Maroc)...

    La fédération pense souvent qu'il n'y a plus qu'à se baisser pour ramasser les fruits de la formation en dehors du pays et préfère effectivement blâmer un choix plus que compréhensible plutôt que de remettre un tant soit peu en question la formation locale.

    Après, il est certain que les moyens dont ils disposent ne sont pas comparables...

La revue des Cahiers du football