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Brno future

Histoire FC – L’Hakoah de Vienne n’a pas été le seul club de football européen 100% juif de l’entre-deux-guerres…

Auteur : Toni Turek le 15 Fev 2013

 


Vienne, 1909: l’Hakoah voit le jour comme association sportive exclusivement réservée aux personnes de confession juive. Le club de foot de l’Hakoah – alors amateur – commence doucement: il lui faut dix ans pour accéder à la première division autrichienne. Ensuite, l’Hakoah s’établit vite dans la première partie de tableau, avec notamment une deuxième place en 1921/22 (Lire "Hakoah, que la force soit avec toi").
 


Recruter large

L’Hakoah n’est pas l’unique club 100% juif fondé à cette période. Dans les années 1910-1920, d’autres clubs multisports naissent en Europe centrale, eux aussi basés sur le principe d’une participation réservée aux Juifs, à l’époque souvent bannis des associations déjà existantes. Si certains y voient le moyen de promouvoir les idées sionistes, pour beaucoup c’est d’abord et surtout la possibilité d’exercer un sport comme chacun devrait pouvoir le faire.
 

Parmi ces clubs frères de l’Hakoah viennoise: le Makkabi Brno, en Tchécoslovaquie, créé en 1919. À l’instar de l’Hakoah, le Makkabi Brno veut s’appuyer sur sa vitrine football. Mais à l’opposé de l’Hakoah, il ne dispose pas d’un réservoir local de footballeurs juifs aussi important que celui du club autrichien.
 

Cette limitation contraint les dirigeants du Makkabi à recruter bien plus loin qu’à Brno. Des recrutements sont même effectués à l’étranger, jusqu’aux viviers que sont Vienne et Budapest. C’est ainsi que se conclut la venue au Makkabi de l’international hongrois Sándor Nemes, fin 1920. Pour quelques mois seulement, le temps de purger une suspension édictée par la fédération hongroise pour avoir participé à une tournée non autorisée. Une fois la sanction passée, au printemps 1921, Nemes quitte le Makkabi Brno… pour s’en retourner à l’Hakoah de Vienne.
 


Viser haut

Sportivement, le Makkabi se fait remarquer grâce à ses bons résultats, dont un nul contre l’ogre local d’alors, le Sparta Prague. Hélas, l’économie fait vite de l’ombre au sportif: l’association du Makkabi a voulu grandir, et développer ses installations pour ses différentes sections. Problème: l’argent n’abonde pas, et ce qui est dépensé pour les uns n’est plus disponible pour les autres. Faute de toucher le pactole promis, les footballeurs venus de l’étranger repartent vite de Brno – des départs non compensés qualitativement.
 

 


Gyula Feldmann, Gábor Óbecsei et Ferenc Híres.
 Une solution vient de quelques hommes d’affaires locaux. Eux ont vu les possibilités offertes par le Makkabi, et décident de soutenir le club pour en faire une équipe de haut niveau. Cela démarre par le recrutement de Gyula Feldmann, un joueur hongrois qui prend aussi en charge l’entraînement du club. Puis les nouveaux venus affluent: entre 1922 et 1924, ce sont une vingtaine d’internationaux magyars qui vont poser leurs valises à Brno [1]. Les cachets offerts convainquent facilement ces Hongrois d’émigrer quelque temps en Tchécoslovaquie, sous l’œil réprobateur de la fédération magyare.
 

Avec sa forte légion étrangère, le Makkabi Brno perd de son esprit local. Mais cela ne l’empêche pas de remporter de nombreux matches, tant à Brno qu’en déplacement à l’occasion de tournées, où le club tchécoslovaque se montre au niveau des meilleurs. En 1923, le Makkabi s’impose à domicile devant tous ses adversaires viennois (Hertha, Wacker, Rapid, Vienna), et conclut son année sur un succès de prestige 4-1 chez un Rapid de Vienne alors champion d’Autriche [2]. Lors d’une tournée dans le Sud de l’Europe, le Makkabi Brno remporte, entre autres, deux matches contre le Real Madrid et un contre la Juventus Turin, et plus tard, il fera 1-1 contre l’équipe nationale d’Italie. Mais à cause de sa politique de transferts, le Makkabi ne bénéficie pas chez lui d’une large sympathie, au contraire de l’Hakoah viennoise.
 


Tomber bas

Hélas, le pire est à venir. En faisant venir Ferenc Híres et Gábor Óbecsei, deux internationaux hongrois et non-juifs, le Makkabi franchit une ligne qui déclenche l’ire de la ligue tchécoslovaque en 1923. Motif: le Makkabi Brno relève de la section juive, et n’est donc pas admis à aligner un joueur non-juif [3]. Dès 1924, les footballeurs non-juifs doivent quitter le Makkabi, tels Híres et Óbecsei qui s’exilent en Allemagne. À la grande satisfaction du Sparta Prague, qui a pu craindre de voir son leadership national remis en cause...
 

La saignée est rude: affectés par cet exode, certains joueurs juifs quittent le Makkabi Brno, l’entraîneur Feldmann aussi. Le club mène une lutte pour sa survie… et la perd: lorsque la fédération prononce une suspension à son encontre, et l’empêche de repartir pour une nouvelle tournée européenne, ses dirigeants entérinent la dissolution de la section professionnelle. À partir de 1925, pour faire du foot au Makkabi Brno, il faut rallier la section amateur – qui disparaîtra à son tour en 1939.
 

Quelques-uns des ex-joueurs du Makkabi – des Hongrois pour qui un retour dans le foot amateur de Hongrie est exclu – envisagent néanmoins de rester à Brno en ralliant le Blue Star Brno. Mais celui-ci se voit refuser l’accès au championnat professionnel tchécoslovaque qui vient d’être mis en place. La fusion du Blue Star avec un autre club de la ville ne mène à rien: faute de paiement des salaires, la nouvelle entité disparaît vite à son tour, et le "football juif professionnel" s’arrête à Brno dès 1925. L’année même où, à Vienne, l’Hakoah se couvre de gloire en remportant la première édition du championnat professionnel autrichien.
 


[1] Quatre d’entre eux iront au tournoi olympique de Paris de 1924.
[2] À comparer avec les années 1921-22, où Brno n’avait gagné qu’un match sur les huit disputés (tous à domicile) face à des clubs autrichiens.
[3] Situation différente en Autriche: c’est l’Hakoah qui s’impose de respecter ce critère de judaïcité, sans ordre de sa fédération.

 

Réactions

  • Tonton Danijel le 15/02/2013 à 10h11
    Danke Herr Toni! Content de voir que tu as réussi à retrouver les traces de ce Makkabi.

    Au passage, les joies de la CFA m'ont fait découvrir qu'on avait aussi en France un Maccabi Paris (qui a récemment fusionné avec l'UJA Alfortville), club fondé par des juifs en 1948 (donc pas dans le même contexte que le Makkabi Brno ou l'Hakoah Vienne), mais qui aujourd'hui revendique un visage cosmopolite (mais qui selon son président se heurte parfois, en raison de son origine, à des réactions un peu bêtes sur les terrains):

    lien

  • Richard N le 16/02/2013 à 14h55
    En somme, le Makkabi Brno a disparu pour avoir fait preuve d'ouverture. Triste fin. Très bel article !

La revue des Cahiers du football