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Martinez 2022, l’arrêt du (XXIe) siècle

Un jour, une parade - Le 18 décembre 2022 à Lusail, dans les derniers instants d'une étrange Coupe du monde, Emiliano Martinez repousse la frappe de Randal Kolo Muani. 

Auteur : Richard Coudrais le 18 Dec 2023

 

Lorsque l'arrêt qu'effectua l'Anglais Gordon Banks en 1970 face à Pelé est désigné comme l'arrêt du siècle, cela sous-entend celui du XXe siècle. Or, depuis l'an 2000, le nouveau siècle n'avait pas encore célébré la parade de gardien dont il ferait sienne. C'est alors que surgit l'Argentin Emiliano Martinez face au Français Kolo Muani, le 18 décembre 2022 à Lusail.

S'il est difficile de comparer les exploits de Banks et de Martinez sur le plan strictement technique, le contexte penche largement en faveur de l'Argentin. Le portier anglais a stoppé la tentative de Pelé au cours d'une rencontre du premier tour alors que l'Argentin s'est interposé face à Kolo Muani à la dernière minute de la finale de la Coupe du monde.

Si Banks n'avait pas stoppé Pelé, son équipe aurait été menée au score, mais n'aurait pas été éliminée (elle perdra de toute façon la rencontre sans grandes conséquences). Si Martinez avait été battu par Kolo Muani, l'Argentine aurait tout simplement perdu la Coupe du monde.

 

À Buenos Aires, les rues ne sont pas sûres. Photo Antoine Zéo
À Buenos Aires, les rues ne sont pas sûres. Photo Antoine Zéo

 

D'un miracle l'autre

Longtemps, on a cru que l'Argentine remporterait sans trop de frayeur cette finale de la Coupe du monde 2022. Les coéquipiers de Lionel Messi mènent 2-0 depuis la 36e minute et maintiennent longtemps leur avantage face à une équipe de France, tenante du titre, qui passe tout bonnement à côté de son match.

Mais la rencontre bascule soudainement à dix minutes de la fin lorsqu'un penalty est accordé aux Français, que transforme Kylian Mbappé, et que cette réduction du score est immédiatement suivie par un but miraculeux, une reprise de volée du même Mbappé. L'Argentine doit se remettre à l'ouvrage face à un adversaire ragaillardi.

Les prolongations sont nécessaires pour tenter de départager les deux équipes. Les figures emblématiques de chaque sélection y vont de leur but, Lionel Messi côté argentin et Kylian Mbappé, encore sur penalty, côté français. Les occasions se multiplient de part et d'autre alors que deux équipes atteignent la 120e minute sur le score de 3-3.

Mais l'arbitre accorde quatre minutes de temps additionnel, et bientôt un coup franc pour les Français devant leur surface. Hugo Lloris expédie au loin un ballon que Nicolás Otamendi repousse, mais qu'Ibrahima Konaté, qui a remplacé Raphaël Varane dix minutes plus tôt, récupère dans le rond central. Il lance Randal Kolo Muani pour un face-à-face avec Emiliano Martinez à l'entrée de la surface.

En étoile

Après avoir laissé rebondir, l'attaquant de Francfort déclenche sa frappe du pied droit. Face à lui, le gardien argentin s'est déployé à la manière d'une étoile, les quatre membres en croix et le bassin proche du sol. Le positionnement parfait dans une telle situation, appliqué avec sang-froid malgré l'enjeu et la fatigue nerveuse de plus de deux heures de match.

La frappe tendue de l'attaquant français percute alors le pied gauche du gardien argentin. Le ballon est renvoyé vers le défenseur Cristian Romero, lequel le dévie de la tête pour éviter que Marcus Thuram ne s'en empare. Nicolás Otamendi écarte vers Lionel Messi.

 

 

Certes, deux autres occasions suivront, pour chacune des équipes : l'Argentin Lautaro Martinez verra sa reprise de la tête passer à côté, puis Kylian Mbappé sera contré à l'issue d'un étourdissant slalom dans la surface argentine. Mais au moment où l'arbitre Szymon Marciniak siffle la fin des prolongations, c'est l'émotion de l'arrêt de Martinez sur Kolo Muani qui prévaut.

Le gardien argentin devient un héros national. Pour cet arrêt, mais aussi pour avoir su perturber les jeunes Français lors des tirs au but. Sacré champion du monde, Emiliano Martínez se voit remettre le trophée du meilleur gardien du tournoi, qu'il célèbre malheureusement d'une manière déplorable. Mais il restera désormais, quoi qu'il arrive, l'homme qui effectua l'arrêt du siècle. Du XXIe, s'entend...

Réactions

  • Tonton Danijel le 18/12/2023 à 10h11
    L'Equipe Explore est d'ailleurs revenu sur cette parade et les explications de Dibu: en face à face il a tendance à laisser un côté ouvert pour forcer le frappeur à tirer de ce côté avant de se déployer au dernier moment. Les journalistes ont évidemment vérifié (vu comme le joueur a l'air légèrement mytho...) et effectivement, il joue souvent les un contre un de cette façon en Premier League.

  • Sens de la dérision le 19/12/2023 à 07h27
    Dommage que ce qu'on retienne aussi, c'est cette célébration de victoire ridicule et vulgaire.

  • bcolo le 19/12/2023 à 08h34
    On ne peut pas s’empêcher de penser que si ça avait été Mbappé dans la même position… il avait clairement pris le dessus sur Martinez dans ce match. Il ne faut pas oublier aussi l’occasion énorme juste avant où il centre sur Kolo Muani qui n’arrive pas à reprendre de la tête. Le ballon continue sa trajectoire et fini près du poteau de Martinez qui était battu… ça aurait fait 4-3 et Dibu serait entré dans l’histoire en tant que premier gardien à avoir encaissé quatre buts d’un même joueur en finale de Coupe du monde.

  • lyes le 21/12/2023 à 09h28
    Peu importe la vulgarité de ce personnage et la détestation qu'il engendre... Cet arrêt est légendaire instantanément. A ce moment la d'une finale de coupe du monde, dans cette position la. Il fait tout ce qu'il peut de manière parfaite. Oui Kolo Muani aurait pu piquer son ballon ou tenter la petite basse à Mbappe sur le côté gauche mais globalement l'angle est tellement bien réduit. C'est la posture parfaite avec une réactivité assez dingue vu l'intensité à ce moment la.

    L’arrêt de gardien le plus important en termes de conséquences que j'ai jamais pu voir. Il y a tout: l'enjeu démesuré des dernières secondes d'un match qui ne peut avoir lieu que tous les 4 ans, la folie du jeu box to box à ce moment avec les deux équipes débridées. Le temps comme suspendu qui permet de se rendre compte qu'une immense occasion se joue. Incroyable.

    Un sale type en terme d'image mais alors quel arrêt, quelle présence.

  • La parole à la défense le 21/12/2023 à 16h35
    Assez d'accord avec l'article et les commentaires pour féliciter Martinez pour cet arrêt !
    Je n'ai pas craqué pour m'abonner à L'Equipe et lire l'article là-dessus mais a priori ils reviennent en détail sur la stratégie mise en place pour forcer le tir à cet endroit-là et maximiser les chances de l'arrêter. C'est une des premières fois que je vois ainsi évoquées les techniques en défense individuelle qui poussent l'attaquant dans un piège. Moi qui ai toujours joué défenseur, je crois que c'est ce qui me plaisait le plus, faire en sorte que l'adversaire fasse ce que je voulais pour ensuite le neutraliser. J'aime bien essayer de deviner les techniques défensives des joueurs quand je regarde des matchs.
    Après, amener le joueur là où on veut ou dans la situation où l'on souhaite qu'il soit ne suffit pas toujours. Sorti des fois où l'on s'est trompé et qu'en fait on l'a amené sur un terrain qui nous est finalement défavorable, si l'autre est vraiment supérieur, même coincé il peut aller plus vite ou réussir un geste qui fera qu'il passera. Mais on aura gagné la bataille "stratégique". Maigre consolation mais consolation quand même.

  • Manx Martin le 21/12/2023 à 23h21
    Extraits de l'article de L'Equipe sur ce que fait Martinez :

    ***
    Martinez : « Je suis sorti en laissant volontairement un peu d’espace sur ma gauche. […] Je l’ai poussé à tirer là. » (De fait, au moment de la frappe, Martinez est en appui sur son pied droit, prêt à pousser sur sa gauche, exactement vers la zone où Kolo Muani choisira de frapper.) « Puis au moment de sa frappe, j’ai détendu mon bras gauche et ma jambe gauche pour refermer l’angle. C’est quelque chose que j’avais travaillé. »

    L’observation est fascinante. Elle nous a permis de réaliser qu’Emiliano Martinez était coutumier de ce genre de mouvements. On ne parle pas seulement de l’influence qu’un gardien cherche à avoir sur l’attaquant, mais de la mécanique gestuelle précise mise en marche face à Kolo Muani.

    Lorsque le frappeur est situé sur la droite de la surface, « Dibu » Martinez répète quasi-systématiquement une routine singulière : il ouvre le premier poteau, puis prend appui sur son pied droit pour jaillir ensuite vers sa gauche en direction de l’espace laissé ouvert dans un premier temps. L’influence sur l’attaquant rejoint alors ses préférences motrices pour réaliser un arrêt spectaculaire.

    (Suivent quatre exemples en images : en 8e de finale contre le Nigeria, sauvetage décisif du même type à la dernière minute ; 4 mois avant face à Gabriel Jesus (Arsenal) ; janvier face à ManU.)

    Le florilège aurait pu s’allonger tant les exemples sont nombreux. Sur chacune de ces situations, le frappeur visera le premier poteau et Emiliano Martinez réussira son arrêt en poussant sur sa jambe droite. C’est son geste signature. La plus grande force de l’Argentin dans son arrêt devant Kolo Muani réside dans sa lucidité encore intacte à ce moment du match, après deux heures d’une finale éprouvante, pour penser à exécuter son mouvement fétiche. « Dibu » a agi sur le face-à-face et dicté son déroulé.

La revue des Cahiers du football