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  • Westham le 26/12/2023 à 07h38
    Reportage littéraire pour celles et ceux qui s'intéressent aux rixes adolescentes:

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  • Jah fête et aime dorer Anne le 22/01/2024 à 06h41
    Le Tsar, c'est Moi — L'imposture permanente d'IVan le Terrible à Vladimir Poutine, Claudio Ingerflom


    Ingerflom a rédigé l'éclairant Le Domaine du Maître (publication originale en 2022, publication française en 2023). En russe, le terme gossoudarstvo est utilisé pour désigner l'État mais il signifie originellement domaine du maître. Dans cet essai, Ingerflom montrait comme quoi l'état russe n'est jamais — en dehors de quelques périodes fort ponctuelles — devenu un état au sens d'état moderne (création très spécifique dans l'histoire du monde) mais est toujours resté un domaine du maître, c'est-à-dire une propriété personnelle. Je recommande fortement cet assez court mais dense ouvrage qui vous permettra de mieux comprendre le fonctionnement du pays.
    Mais j'avais quelques réserves, notamment que si l'auteur montrait bien la réalité du phénomène, il n'explicitait peut-être pas assez ses causes.
    Mais cette réserve peut-être levée en lisant des essais antérieurs de l'auteur, dont son précédent titre, Le Tsar, c'est Moi.



    Le Tsar c'est moi, ce n'est pas seulement une histoire de l'imposture — qui s'est généralisée à toutes les sphères de la vie à plusieurs époques, même dans la culture (il n'y a qu'à lire Le Double, Le Nez, Boris Godunov, Le Revizor, etc.) — mais surtout une explication des spécificités russes l'ayant permise et encouragée, ceci permettant in fine de mieux comprendre le comportement de la Russie (et celui d'autres sociétés a contrario).



    Vague résumé imparfait, avec les limites de mes souvenirs.

    Si, pour renforcer la légitimité d'une nation russe en cours de création, un peu comme ailleurs à l'époque, les généalogies russes étaient un brin pipeautées, c'est le premier tsar, Ivan IV dit aussi Le Terrible et nommé en 1547, qui, par la mise en place d'une autocratie basée sur l'inversion, le tout dans un ordre où le Droit n'est pas à part mais comme simple partie d'un ordre universel fondé par Dieu et non pas par les hommes, qui fut décisif.
    Le Tsar était nommé par Dieu directement (et non pas par la noblesse comme en Pologne). L'inversion, Ivan la mit en place dans son comportement individuel mais aussi dans l'organisation du pays, par exemple en se déclarant comme simple frère dans un monastère, en nommant comme Tasr et en lui obéissant Siméon, un descendant d'un des Khans de la Horde d'Or, les ennemis ancestraux des Russes, en séparant le pays en deux avec des règles inversées dans chaque région, en se soumettant à la religion tout en en bafouant explicitement toutes les règles (ses mariages multiples, torturer à mort des religieux dans les monastères, etc.). Ce comportement qui ne respecte pas les normes de la religion ne choque même pas, car Ivan IV se place dans la tradition des Fols-en-Christ qui étaient censés être en communication directe avec Dieu et qui donc pouvaient avoir des comportements différents, ils restaient dans la religion.
    Cela effaça tous les critères formels permettant de juger un gouvernement mais aussi de légitimer la couronne — avec Siméon, le Tsar Ivan n'a même pas besoin du trône pour qu'il soit le dirigeant du pays. La seule chose qui fonde le droit à la Couronne d'un Tsar, c'est parce que Dieu l'a nommé, sachant que Dieu est en contact direct avec le Tsar (ça ne passe pas par l'Église par exemple). On est dans l'autocratie la plus despotique qui soit, et aucun humain ne peut juger le Tsar.
    Mais donc, sans critère extérieur, tout le monde déclarant être nommé par Dieu est un Tsar potentiel vu qu'il n'y a rien pour le disqualifier.

    Il faut insister sur l'aspect autocratie despotique. La Russie, c'est le gossoudartsvo, le domaine du maître. En Russie, il y a le maître — le Tsar — et ses esclaves. Même la noblesse n'est que propriété du Tsar. Il y a un véritable isomorphisme Tsar-Dieu et, vu que l'on croit en Dieu, on est obligatoirement un simple bien du maître. Par exemple à un paysan les autorités ne demandaient jamais pas « Qui es-tu ? » mais « A qui es-tu », et le paysan répondait « Je suis à Dieu et au Tsar, après je suis au Seigneur XXX » (notons que Dieu et Tsar sont mis à égalité). Mais cette absence d'états intermédiaires fait que dès qu'un individu ne pensait plus « je suis à » mais « je suis », le « je suis » devenait facilement « je suis le Tsar ».

    On aurait pu penser qu'en l'absence de critères formels, le côté dynastique aurait fini par en faire un, mais voilà, la dynastie des Riourikides, celle d'Ivan IV, s'éteignit peu après la mort de ce dernier en 1584, ses derniers fils mourant avant d'atteindre la majorité, et c'est le régent Boris Godounov qui devient Tsar (lisez Boris Godounov de Pouchkine). Mais voilà, une personne (dont on n'a pas de preuves de l'identité réelle, la piste principale étant qu'il s'agissait d'un moine défroqué nommé Grégoire Otrepev) déclara être Dimitri, un des fils disparus sous Godounov d'Ivan le Terrible, et réussit à prendre le pouvoir (avant d'être assassiné un an plus tard, mais des doutes sur sa mort donnèrent la possibilité à de nouveaux faux Dimitri, et les annonces comme quoi c'était un faux Dimitri donnaient la possibilité à un vrai Dimitri d'exister — oui, cela devient assez vertigineux à force).

    Un point important, c'est que dire imposteurs n'est pas tout à fait exact. Le mot utilisé est samozvanstvo, qui ne veut pas dire l'imposture mais autonomination. Dans le sens « qui n'est pas nommé par Dieu », là où le Tsar par exemple est nommé par Dieu. Cette dimension religieuse est primordiale, et l'autonommé pour appuyer sa légitimité passe par plusieurs étapes, et notamment celle de l'apparition (plusieurs siècles plus tard samozvanstvo signifiera également l'imposture).

    Mais donc, étant donné que Dieu est bon et parfait, que le maître du pays est un isomorphe de Dieu, pourquoi est-ce que la situation du pays n'est pas bonne ? Et, principale revendication paysanne, pourquoi le servage n'a-t-il toujours pas été aboli ?
    Et bien dans ce système, cela signifie que ce n'est pas le vrai Tsar qui est à la tête du pays mais un faux : le mauvais Tsar ne peut pas exister, ce n'est tout simplement pas un Tsar, même si c'est lui qui est sur le trône. Et donc il est possible que cette personne qui se déclare être Tsar (quand bien même elle a toujours vécu dans le village voisin) soit le véritable Tsar que l'on doit remettre sur le trône.
    La contestation passa donc par l'autonomination, ce qui eut des conséquences gigantesques. En effet, avec l'autocratie et l'autonomination (en russe le même auto est utilisé dans les deux mots), le problème, ce n'est pas le système mais la personne : on cherche donc simplement à remplacer la personne pour remettre sur le trône le vrai dirigeant nommé par Dieu. Ce qui empêcha la politique d'advenir !
    Un système différent, c'est par exemple l'Angleterre, où le principe des deux corps du roi a de temps en temps fonctionné. Un roi pouvait être un mauvais roi tout en restant le véritable roi. Il fallut donc inventer des systèmes pour faire fonctionner cette idée, ce qui permit à la politique d'advenir.

    Le livre est intéressant pour son analyse du peuple dans ce système, un peuple bien moins crédule et bien plus acteur que ce qui est habituellement commenté. D'un point de vue naïveté, le peuple croyait tout autant à cette organisation religieuse que les nobles mais aussi que les Tsars et Empereurs. Mais en plus c'était vraiment le système de fonctionnement, système employé par tous les Russes, et on ne peut reprocher aux gens d'utiliser le système habituel. Et puis les gens du peuple ne croyaient pas naïvement n'importe quel pékin qui se déclarait Tsar, ils avaient des tests pour vérifier ces dires (marques sur le corps, tests effectués par des sorciers, etc.).
    Surtout, l'autonomination était donc un outil de contestation. Par exemple des mouvements de révolte commençaient, mais avoir un autonommé permettait ensuite de développer cette contestation. Mais utiliser un autonommé permettait également de se protéger : « je me suis fait abusé par cette personne qui disait être envoyée par Dieu, qui suis-je pour contester Dieu, c'est la faute de cet autonommé, pas de moi ».
    J'avais dit qu'il n'y avait pas de critère formel pour le Tsar mais, avec cette exigence de « résultat » pour un Tsar abstrait mais non retrouvée dans les Tsars concrets, il y en a une pour le peuple : la sacralité des Tsars concrets fut en fait mise à mal par le peuple dès la succession d'Ivan le Terrible. En retour le pouvoir multiplia les efforts pour sacraliser le Tsar, notamment en interdisant la parole évoquant le corps humain du Tsar.

    Très intéressant alors dans ce cadre est la révolte de Razine en 1669-1671( « ou quand les gueux faillirent inventer la politique moderne »). Attention, pour ce paragraphe, Ingerflom précise bien que les sources sont peu nombreuses et que celles du camp de Razine sont fort rares et donc que ses conclusions sont fragiles.
    En effet, celle-ci, qui échoua de peu, fut originale car Razine n'était pas un autonommé. Mais il créa quand même un autonommé pour sa révolte, le Netchai-tsarevitch Alexis. Mais ce dernier ne fait pas d'apparition : il n'est pas incarné — ce qui est en fait la logique du non-corps physique du Tsar poussée à bout. Mais il existe : sa nomination par Razine le fait exister et, en utilisant le terme Netchai (arrivé plus tôt que prévu mais révélé quand même), le fait aussi exister différemment du Tsar habituel. Bref, la révolte invente une nouvelle figure, le Tsar non incarné, qui donc peut enfin être un vrai Tsar parfait.
    Mais il faut bien un dirigeant pour mener les affaires courantes du pays, et Razine avait prévu d'occuper ce rôle — or Razine ne se déclare pas être nommé par Dieu. On a donc un dirigeant humain, qui n'est pas un isomorphisme de Dieu, et à partir de là la politique peut exister.
    Mais la révolte échoua dans la dernière ligne droite.

    On le voit, la figure de l'autocrate commençait à fatiguer auprès du peuple. Et ce faisant la figure de l'autonommé aussi. Mais Pierre le Grand relança la machine.
    Déjà, la succession après la mort de Theodore, le demi-frère de Pierre le Grand et fils du Tsar Alexis, fut compliquée. En effet les héritiers potentiels étaient les jeunes enfants d'un premier mariage d'Alexis : Sophie, une fille, et Ivan, un garçon handicapé, et celui d'un second mariage : Pierre. Après diverses luttes les familles trouvèrent un arrangement : Ivan et Tsar étaient co-Tsar et Sophie était la régente. L'accord était pourri et ne dura pas : Pierre le Grand s'arrangea pour récupérer tout le pouvoir. Mais, après l'épisode Razine, cette succession abîma considérablement l'autocratie et le principe d'un Tsar élu par Dieu (Dieu n'a vraiment pas l'air certain de ses choix).

    Pierre le Grand fut alors décisif pour rétablir l'autocratie, notamment en s'inspirant d'Ivan le Terrible, en particulier l'inversion. Il faut bien insister que, à rebours du discours usuel, Pierre le Grand n'est pas l'inventeur de la Russie moderne : au contraire, s'il fit de nombreuses réformes (port des vêtements, pilosité des visages, réforme de l'église, etc.), cela eut pour but et pour effet de figer le pays dans l'autocratie et dans un ordre religieux, empêchant la politique moderne d'advenir.
    Pour l'inversion et pour brouiller les frontières entre le vrai et le faux, Pierre posa en tant que simple capitaine dans des cérémonies militaires, se promena déguisé en simple paysan, moqua le titre de Tsar (et créa celui d'Empereur). Surtout, il créa le  Tout-comique et Tout-ivrogne Concile  où il siégea en tant que Pachôme fourre-bite-Mikhailov. Ce concile orgiaque avait pour but de créer une cours de fidèle et était un véritable organe de pouvoir. Mais il promeut également l'inversion, que ce soit par les comportements orgiaques, l'inversion des sexes des membres du Concile, mais aussi parce que Pierre n'y avait pas le rang le plus élevé (mais comme pour Ivan le Terrible qui abandonna le trône, cela renforça sa place de maître).
    Pierre le Grand renforça l'autocratie, mit la hiérarchie religieuse sous son autorité (avant elle était à part), masculinisa l'autocratie (le pouvoir, c'était le phallus), renforça la divinité du maître, renforça le côté domaine du maître en décidant que l'empereur pouvait choisir son héritier, même hors de la famille. J'insiste sur ce dernier point : le pays était vraiment une propriété privée du maître qui pouvait en faire ce qu'il en voulait : il n'y avait donc pas de droit de propriété, il n'y avait même pas de droit inaliénable : le fils n'avait de droit de succession à sa naissance. Une position inverse, c'est par exemple la France : quand en 1420 Charles VI prétendit priver le Dauphin de ses droits à la couronne au profit du roi d'Angleterre, les juristes déclarèrent que la couronne n'est pas héréditaire mais que le Dauphin acquérait dès sa naissance un droit inaliénable à la couronne. Et Pierre le Grand institutionnalisa l'analogie entre le titre d'Empereur et le Père de Famille, en devenant également « Père de la PAtrie ».
    Et, comme pour Ivan, cela se termina en queue de boudin : Pierre le Grand n'eut pas d'héritier mâle (enfin, si, il en eut deux mais il tortura le premier à mort — Alexis refusait notamment de reconnaître la divinité de son père — et le second mourut précocement). Le Père de la Patrie échoua en tant que père de famille et mourut avant d'avoir pu nommer un successeur. Ce qui relança le processus d'autonomination : chacun pouvait devenir Tsar/Empereur.

    L'inversion et l'autonomination atteignirent des hauteurs folles, notamment avec l'immense révolte de Pougatchev (1773-1775) (lisez le sublime La Fille du Capitaine de Pouchkine). Non seulement Pougatchev s'autonomma Pierre III (Pierre III étant l'empereur précédent, assassiné en 1762 par son épouse Catherine II qui occupa le trône jusqu'en 1796) , mais en plus il y eu un dédoublement par autonomination de toute la cour impériale mais également du fonctionnement administratif et judiciaire.
    Et cela alla encore plus loin dans l'inversion et l'autonomination. Craignant pour la succession, on prêta à au fils de Catherine II, futur Paul Ier, des intentions d'autonomination en se faisant passer pour Pierre III. Non seulement dans la population on appela Pougatchev Pierre III, mais on appela aussi Paul Ier Pougatchev: le tsar et l'autonommé devinrent interchangeables.


    L'autonomination s'étendit à d'autres domaines de la vie et par là finit par devenir simple imposture, mais aussi un nouvel outil de contestation. Faux prêtres, faux soldats, faux gouverneurs, faux tout se multiplient . On atteint même des somemts vertigineux avec par exemple une fausse troupe de théâtre qui se fait pincer parce qu'elle joue mal le Revizor, une pièce de Gogol basée sur l'imposture. Mais ces faux qui prospèrent sont intéressants, d'une parce qu'ils montrent l'absence de règles dans le pays mais aussi parce qu'ils impliquent la participation des victimes. C'est parce que les imposteurs se comportent comme les gens l'attendent que les impostures marchent (et non pas parce qu'ils ont des documents par exemple) (exemple d'un imposteur qui se fait pincer parce qu'il n'a pas été assez brutal et impoli avec ceux qui sont censés être subalternes). Et les imposteurs se font traiter de manière bénéfiques non pas parce qu'il y a des règles officielles pour cela mais parce que les victimes pensent que l'on doit les traiter ainsi (rien n'oblige à héberger gratuitement celui qui se prétend revizor, mais on le fait quand même). A noter que certains imposteurs faisaient réellement bien leur boulot et étaient convaincus de leur action.
    Cela devient également un outil de contestation, notamment pour les lois. En 1860 le servage fut aboli, mais dans des conditions telles que ce »la provoqua le mécontentement des paysans serfs. Un texte législatif était distribué dans les campagnes pour appliquer cette abolition. Une méthode de contestation des paysans fut par exemple de ne permettre que des lecteurs ayant une lecture conforme à leurs attentes : celui qui leur lisait réellement le texte était battu, celui qui pipeautait était récompensé. On en revient au maître de la Russie qui était envoyé de Dieu. Le maître comme Dieu était forcément bon et voulait le bien des paysans. Un texte qui n'était pas conforme à leurs attentes était donc un faux texte. Il y eut aussi de faux textes législatifs qui circulèrent, car pour les paysans seuls ces faux textes conformes à leurs intérêts pouvaient être vrais.


    Fin 19è siècle, l'autonomination et l'autocratie s'épuisent, les réflexions politiques parcourent la population, et surtout les contestations augmentèrent. En 1905, la révolution mit fin à l'autocratie institutionnelle et, si le régime impérial survécut, une constitution libérale fut mise en place. Mais en 1907 un coup de force impérial jeta à bas tous ces progrès. Un point important à noter que la société russe était une société d'ordres. La révolution de 1905 permit la transition vers une société de classes sociales, mais 1907 gela cette transition.
    En février 1917 une révolution renversa le régime impérial puis en octobre de cette même année les bolchéviques prirent le pouvoir par une nouvelle révolution. Or ce nouveau régime fût fatal au développement des classes sociales : ben oui, c'était le prolétariat qui était censé l'emporter.

    De par l'organisation soviétique, l'imposture continua allègrement. Que ce soit par exemple pour échapper à sa classe sociale et aller dans la bonne (on en revient aux généalogies trafiquées d'antan), que ce soit par le culte des héros et par le fait de ne pas oser remettre en cause ceux qui avaient une allure d'autorité, mais aussi par des faux membres de la famille impériale exécutée, des faux Lénine, Trotski, fils de dirigeants soviqétique, etc. Il faut aussi souligner le fait que le régime soviétique avait pour idéal les tables de la loi marxiste qui furent vues avec un absolu (et là aussi empêchant la politique de se développer). A noter que le terme d'autonomination fut encore utilisée à cette période, que ce soit par des bolcheviques pour délégitimer les anciens tsars/empereurs, que ce soit par les paysans pour délégitimer le pouvoir soviétique, mais aussi par des communistes pour critiquer l'organisation du pouvoir (« ils parlent d'élections, mais en fait ils se nomment eux-mêmes » ou encore le texte cinglant en 1930 signé par des ouvriers contre Staline, accusant celui-ci d'autonomination). Mais on peut voir dans ces derniers cas que le sens d'autonomination changea, il était devenu politique et non plus religieux. L'accusation d'antéchrist resta encore utilisée mais elle aussi son sens changea : ce n'était plus la personne qui était l'Antéchrist, mais le pouvoir.

    La partie soviétique du livre est plus courte, notamment parce que les archives sur cette période ont été ouvertes bien plus récemment. Et l'auteur n'aborde pas la période post-soviétique car estimant qu'il n'y a pas assez de recul historique pour le faire.


    Ce résumé étant imparfait, incomplet, probablement erroné par endroits, je vous recommande donc plutôt la lecture du livre, passionnant et fortement instructif (que ce soit sur la Russie mais aussi en miroir sur d'autres sociétés).

  • Red Tsar le 23/01/2024 à 11h59
    Merci, c'est passionnant !
    On aimerait en savoir plus, notamment sur les différentes formes de contestation (narodniki, vieux-croyants, anarchistes...) et, si tu as le temps, quelques mots sur la période soviétique plus tardive.

  • theviking le 23/01/2024 à 12h02
    Merci beaucoup également pour ce résumé très instructif et fascinant ...

  • Jeanroucas le 23/01/2024 à 15h41
    Commandé, merci !

  • Markov Erratique le 18/02/2024 à 21h05
    Je sors ce fil de la torpeur (page 5 du forum tout de même!) pour une petite page d'auto-promo.

    Lorsque vous irez chez votre libraire préféré acheter le livre de raspou, n'hésitez pas à prendre une seconde pour aller flâner au rayon écologie. Si votre librairie est de qualité, vous y trouverez peut être un petit essai au titre énigmatique "A la fin du monde il fera beau" lien
    Ça ne parle pas d'échecs (quoi que si on y réfléchit bien, les politiques écologiques de ces dernières années; on peut bien considérer que c'est un vaste échec), ni de foot.
    Avec mon co auteur (un philosophe, un mec sérieux) on a essayé de réfléchir aux causes de l'inaction climatique, à travers un dialogue entre biologie et sciences sociales. N'hésitez pas à l'acheter, pour vous, pour un proche, ou pour un mec de droite.

    Fin de la parenthèse, vous pouvez reprendre une activité normale

  • Balthazar le 18/02/2024 à 21h13
    [Prem's]
    Bravo, et quel joli titre !

  • Raspou le 18/02/2024 à 21h18
    Bravo Captain! Noté sur la liste d'achats...

  • inamoto le 18/02/2024 à 22h37
    Oh félicitations Markov!
    Livre qui m'intéresse à plus d'un titre.

  • Red Tsar le 19/02/2024 à 09h50
    J'ai une petite question pour toi, Markov. Pourrais-tu m'adresser un mail à cedric point darras chez protonmail ? Mille mercis.