Une saison de buts en bleu
Dressons le bilan de l'attaque de l'équipe de France 2010/2011, avec ses 18 buts en vidéo et en infographies.
Avec 18 buts en 12 rencontres, soit 1,5 but par match, l'équipe de France de Laurent Blanc n'a pas vraiment traduit au score les ambitions offensives de son sélectionneur. En dehors d'Ukraine-France et de son final renversant, elle n'a jamais inscrit plus de 2 buts par match, même contre le Luxembourg (deux fois 2-0), et son efficacité n'a été sauvée en 2011 que par ces mêmes dix dernières minutes à Donetsk. L'analyse de la façon dont ces buts ont été inscrits montre tout de même que la sélection a des ressources offensives à (mieux) exploiter.
Les 18 buts de l'équipe de France 2010/2011
On a privilégié dans le montage l'action dans son intégralité, augmentée de ralentis quand ils donnent plus d'information sur sa conclusion (voir aussi la liste des buteurs).
Buteurs et passeurs
Ont été exclues du décompte des "passes décisives" (notion très imparfaite de toute façon) les passes au buteur quand ce dernier a dû lui-même "créer" son occasion, la dernière passe étant secondaire dans la décision. En revanche, les coups de pied arrêtés – corner, coups francs indirects – ont été considérés comme passes décisives (parti pris qui se discute aussi).
Même s'il n'a plus marqué depuis France-Brésil (il n'a disputé que trente minutes en Ukraine et est resté sur le banc en Pologne), Benzema s'est imposé en pointe des 4-3-3 et 4-2-3-1 de Blanc avec une efficacité tangible: il a ajouté deux passes décisives à son bilan de quatre buts en huit titularisations.
Le Madrilène est le seul joueur à pouvoir prétendre à une telle influence sur le résultat. Le total de Gourcuff est certes significatif, mais le joueur a beaucoup perdu de crédit, tandis que Nasri, qui a décliné sous le maillot bleu au fil de la saison, présente le bilan assez faible d'une seule passe décisive (sur coup franc, pour la tête de Mexès).
La dispersion des passes décisives dénote peut-être le manque de leader technique dans cette équipe, voire de "cadres" offensifs. En 116 minutes, Martin présente le même bilan que Malouda en 771, et tout deux sont sur le podium...
De la variété
L'équipe de France s'est montrée nettement plus efficace en seconde période: 13 buts contre 5, avec une prédilection pour le dernier quart d'heure (7 buts dont 2 dans le temps additionnel) qui doit beaucoup à la victoire contre l'Ukraine.
Les buteurs l'ont d'abord été en reprenant de volée des passes et des centres (6 buts) ou en pénétrant individuellement pour se mettre en position de frappe, soit sur des appels en profondeur, soit sur des percées balle au pied (5 buts au terme d'une course, 3 après dribbles, crochets ou combinaison).

Le côté droit confirme sa prédominance comme zone où la différence a été faite (7 actions, autant que pour l'axe et le flanc gauche réunis). En revanche, c'est à gauche qu'ont été exécutés les 4 coups de pied arrêtés victorieux: 2 corners (Benzema sur corner de Gourcuff, Kaboul de la tête sur corner de Martin) et 2 coups francs (Payet pour Gourcuff et Gourcuff pour la tête de Mexès).
Si les situations de but présentent une certaine diversité, on note l'absence de coups francs directs – Nasri et Gourcuff notamment ayant eu peu de réussite dans cet exercice.
Positions de tir
Les positions du buteur sont variées, avec trois tirs de loin assez spectaculaires (Ben Arfa, Gourcuff, Martin), pour une majorité de frappes à l'intérieur de la surface et une préférence sensible pour le côté droit – bien que les tireurs ne se soient pas beaucoup excentrés.
Benzema a ajusté le gardien de près, soit sur des centres (dont un corner au deuxième poteau), soit après avoir combiné ou crocheté. Mexès et Kaboul ont placé des têtes sur coups de pied arrêtés, mais on note qu'aucun milieu défensif ni latéral n'a été buteur.

Bilan : du mouvement avant toute chose
L'équipe de France tient en Benzema son buteur, mais il lui manque encore un secteur offensif stabilisé, capable de faire émerger d'autres scoreurs (et passeurs décisifs) majeurs. Souvent en échec face à des équipes regroupées, elle a dû imprimer du mouvement pour les déséquilibrer et marquer: un tiers des buts l'ont été, sinon sur de purs contres, du moins sur des remontées de balle rapide après une récupération, en profitant des espaces et avec suffisamment de vitesse dans les enchaînements. Le but type commencerait ainsi, se poursuivrait par un décalage sur le côté et un centre, pour s'achever sur un tir de volée ou après contrôle. Du classique.
L'attaque bleue devra progresser sur les points déjà positifs (coups de pied arrêtés, tirs lointains, combinaisons dans l'axe), augmenter l'efficacité des centres, compter encore sur des buts de solistes, et si possible se trouver un tireur de coups francs directs – avec ou sans numéro 10 dans le dos.
LISTE DES BUTEURS
Norvège-France : 2-1, 11 août 2010 (Benarfa)
Bosnie-France : 0-2, 7 septembre 2010, (Benzema, Malouda)
France-Roumanie : 2-0, 9 octobre 2010, (Rémy, Gourcuff)
France-Luxembourg : 2-0, 12 octobre 2010 (Benzema, Gourcuff)
Angleterre-France : 1-2, 17 novembre 2010 (Benzema, Valbuena)
France-Brésil : 1-0, 9 février 2011 (Benzema)
Luxembourg-France : 0-2, 25 mars 2011 (Mexès, Gourcuff)
Biélorussie-France : 1-1, 3 juin 2011 (Malouda)
Ukraine-France : 1-4, 6juin 2011 (Gameiro, Martin, Kaboul, Martin)
Pologne-France : 0-1, 9 juin 2011 (N'Zogbia)