Il n’est point de paradoxe dont les Cahiers du foot se laissent embarrasser. Au point que nous ne rechignerons pas à consacrer ce petit rien qui se sera avéré si utile dans un monde aussi futile que celui du ballon rond. Après tout, on a bien laissé Alexandre Ruiz nous débiter minutieusement le contenu éditorial de Jour de Foot, écouté Rudy Roussillon nous expliquer la mort dans l’âme pourquoi il fallait absolument changer une fois encore d’entraîneur, et même lu les éditoriaux sentencieux de Denis Chaumier dans sa bible apocryphe du football. Las! En toute franchise, reconnaissons que le superfétatoire est le quotidien du passionné de football.

Alors quand un truc utile voit enfin le jour, ça nous semble aussi salutaire que lorsque Aldo Platini a offert son premier ballon au petit Michel, aussi bénéfique que les consignes d’Aimé Jacquet qui répétait à Zizou qu’il y avait un coup à jouer sur corner contre les copains de Ronaldo, aussi essentiel que le centre de formation de l’Olympique lyonnais le sera jusqu’à la fin des temps rien que pour avoir couvé Hatem Ben Arfa.

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La suppression de l'Intertoto

Quel est le seul trophée européen dont la France détient le record de victoires? Le seul dont puissent s’enorgueillir Bordeaux, Strasbourg, Guingamp, Bastia, Auxerre (deux fois), Lyon (premier titre de l’ère Aulas), Montpellier, Troyes, Paris, Lille, Marseille (deux fois), Lens? Un trophée si facile à gagner que même l’Ethnikos Achnas FC, le FC Tobol Kostanay et le FC Otelul Galati l’ont inscrit à leur palmarès?

Le seul intérêt de cette compétition – qui disparaîtra dans un an avec l'apparition de la nouvelle formule de la Coupe de l'UEFA – résidait dans son nom, à même de provoquer l’hilarité chez nos compagnes. On sait moins que la Coupe Intertoto fut à l’origine créée en 1961, pour permettre aux parieurs de ne pas s’ennuyer pendant l’été, d’où son nom: toto étant le nom donné aux paris sportifs en Italie notamment, puis ressuscitée en 1995. De cette époque reste son logo en forme de 1X2. Malgré un match légendaire joué entre Marseille et la Lazio Rome, elle a surtout produit des oppositions poussives, un épuisement précoce des clubs qui la jouaient pour gagner et une surcharge supplémentaire de clubs français, italiens ou espagnols en Coupe UEFA.
Il semble donc raisonnable de dire qu’elle ne manquera à personne.

Atout
Ça fera un truc de vieux con à raconter à nos petits-enfants qui ne nous croiront pas.
Faiblesse
Et comment on va gagner des coupes d’Europe, maintenant?



Si les Stéphanois et les Manceaux pensent pouvoir se cacher du Grand méchant Intertoto, c'est vraiment mal le connaître.


Le retour du ballon à damier

On le croyait perdu dans les oubliettes du jeu, remplacé par des ballons de plage fluorescents. On ne sait pas très bien qui est à l’origine de cette initiative encore marginale, mais c’est plus que la couleur d’un morceau de cuir qui a changé. Le ballon à panneaux noirs et blancs provoque un rééquilibrage spatio-temporel avec le passé footballistique. Il renvoie aux souvenirs de l’amateur et à la naissance du football moderne, ne cède pas aux sirènes du marketing pour redevenir un symbole atemporel.
Magnanime, le ballon à damier autorisera même le recours aux ballons orange, l’hiver sur des pelouses enneigées.

Atout
Il ouvre la voie au retour des numéros de 1 à 11 au coup d’envoi, des maillots sans sponsors ou de la représentation nationale dans les équipes de clubs.
Faiblesse
Pas sûr que ça change quelque chose pour l’enfant chinois qui les fabrique.



Il suffit à Raymond Domenech de siffler avec quatre doigts pour expédier un ballon émasculer un ramasseur de balle qui fait du zèle.


Le mag de l’Euro sur W9

L’ironie a voulu qu’après avoir accouché de la pire émission de football jamais diffusée à la télé française (on vous laissera deviner laquelle), la saison 2007/08 aura également vu l’avènement d’une des meilleures. François Pécheux y fut parfait d’équilibre dans le rythme donné à l’émission. Sidonie Bonnec, qui a oublié d’être bête, y a fait valoir une connaissance du football supérieure à toutes ses consœurs réunies (son père est entraîneur) en reprenant Didier Roustan une fois ou deux sur des détails de l’histoire du foot.

Didier Roustan, justement: il avait la chance de jouer sur du velours, pouvant prendre toute la place qu’il désirait et sans véritable opposition. Et on s’est aperçu qu’il valait mieux écouter une personne avec qui on n’était pas toujours d’accord, plutôt que cinq qui s’engueulent en essayant de représenter toutes les opinions. Jonglant avec habileté entre la légèreté et quelques réflexions sur le jeu, ce fut surtout la seule émission de foot depuis des lustres pendant laquelle on avait l’impression de ne parler "que" de foot, et pas de problèmes fondamentaux pour l’avenir de la race humaine.

Atout
Après les maillots à l’envers et les t-shirts haute couture, on a envie de connaître la suite des facéties vestimentaires de Didier Roustan.
Faiblesse
Ça risque de les encourager à continuer 100% Girondins.

 

Voici la preuve qu'à la télé, les animateurs sans manches.


Paris Sonne le Glas

Ce n'est pas nous envoyer des fleurs : juste responsables de l'hébergement, les Cahiers n'ont aucune prérogative éditoriale sur Paris Sonne le Glas, blog d'autonomistes parisiens qui ont dynamité le genre en surgissant, tels des anges de l'apocalypse, au cours d'une saison dantesque mêlant affaire d'État, faillite sportive, victoire en coupe, sauvetage in extremis et castings sauvages. Le PSG n'est plus un club, c'est un théâtre peuplé de fous qui montent sur scène les uns après les autres. Une expérience extrême et une épreuve mentale insoutenable pour des supporters qui ont conclu l'exercice sur l'arrivée de Charles Villeneuve.

Il fallait donc, pour accompagner cette traversée des enfers à la manière de l'orchestre du Titanic jouant "Plus près de toi, mon Dieu", des chroniques inimaginables comme les Kikonjoux, Paris Saint Graal ou la tribune des experts. Un vrai manuel de survie à l'usage des rustres et des malpolis.

Atout
Ils contribuent à l'attractivité du PSG indépendamment de tout résultat sportif.
Faiblesse
Avec la nomination de Villeneuve, la réalité met la parodie à rude épreuve.



Tiens, Jérôme Rothen a invité Diané à passer quelques jours chez lui.


Le recrutement d’Alain Perrin à Lyon

Il y a plusieurs façons d’envisager l’utilité du recrutement d’Alain Perrin à Lyon.

Rationnellement (1), utile pour réaliser la prière religieusement réitérée par Bernard Lacombe chaque année : remporter la Coupe de France (et accessoirement réaliser le doublé, mais la Ligue 1, ça ne compte plus)
Amèrement (2), utile pour rabaisser quelque peu la prétention du président lyonnais aux métaphores lourdingues (La Formule 1). Déjà que Gérard Houllier avait un peu de mal à rentrer dans le baquet, il était difficile d’imaginer Alain Perrin en Fangio des temps modernes.
Absurdement, utile pour démontrer les limites du modèle lyonnais en termes de progression. Le mal vivre exprimé récemment par Perrin sur son année et les nouvelles fonctions de son successeur en sont la preuve. Par contre, pas les résultats (cf. point n°1), mais il est d’usage, aujourd’hui, de ne plus se fier aux simples résultats lors des bilans et choix à venir (Real/Capello, France/Domenech etc…).

La saison à venir, et le recul inhérent sur ce recrutement qui ne faisait pas l’unanimité, donneront encore des enseignements sur le fonctionnement du football actuel et des forces en présence. En attendant, qu’est-ce qu’il a pris cher, Duverne, la vache.

(1) Un critère que l’on attribue généralement à la conception lyonnaise du football.
(2) Un critère que l’on attribue généralement à la vision anti-lyonnaise de la conception lyonnaise du football.
Atout
Le délitement en matière de célébration du  titre à Lyon avait déjà atteint son paroxysme. Ouf, pas de colorations.
Faiblesse
Le délitement en matière de célébration du titre à Lyon avait déjà atteint son paroxysme. C’est un peu triste pour le football.



"Tu prendras Diop, Bassong, Cubilier et Gygax au marquage. Et n'oublie pas de te bander les yeux et de te nouer les pieds avant de rentrer en jeu."


La palette à l’ancienne d’Angel Marcos

Alors que la quasi-totalité des nombreuses émissions consacrées à l’Euro se résumait, comme à l’accoutumée, à commenter les compostions a priori, les performances individuelles a posteriori ou le bien-fondé des demandes en mariage en direct, il restait sur L’Équipe TV un petit village qui résistait encore à l’envahisseur de comptoir, celui d’Angel Marcos et de sa "palette à l’ancienne". Le nom se veut évidemment un clin d’œil appuyé à la très décevante (et qu’on devine très légèrement plus coûteuse) "palette+ 3D" de Philippe Doucet et désigne en fait un banal tableau à l’horizontale et une simple craie.

À l’aide de ce dispositif technologique de pointe, l’ancien entraîneur de Nantes, Lorient et Niort délivra pendant trois semaines d’enthousiastes débriefings tactiques d’après-match, nous permettant d’enfin d’entendre,  par exemple, expliquer la réorganisation tactique espagnole et ses implications lors du  remplacement de Villa par Fabregas en demi-finale contre la Russie. Et de façon plus générale, que le football ne se résume à un empilement de noms sur une feuille de match. Belle leçon: on espère que le champion du monde 98 qui l’assistait expliquera à ses ex-coéquipiers qu’on peut n’avoir comme palmarès d’entraîneur qu’une Coupe du Gabon et un titre de champion d’Égypte et être tout de même compétent.

Atout
En plus, pendant qu’Angel Marcos était à sa la palette, on entendait curieusement beaucoup moins Emmanuel Petit.
Faiblesse
La "palette à l’ancienne" ne fait pas le café.



Une flèche de palette en forme mesure en moyenne 18 mètres. Mais l'important reste encore de savoir s'en servir.


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