En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

« Ils sont sur la Breizh »

Reportage – Ambiance mardi soir, près de Nantes, pour ce match entre l’équipe nationale du Mali et la sélection de Bretagne. Nationale, la sélection?

Auteur : Erwan Menez le 30 Mai 2013

 


Un énorme grain vient d’inonder le stade de Carquefou, ville qu’on ne présente plus comme la banlieue cossue nantaise mais bien comme une équipe de football rivale des voisins en jaune et vert. En ce mardi soir, le préposé au micro s’amuse: "Amis du Mali, soyez les bienvenus en Bretagne". L’enjeu est différent pour les deux équipes: les Maliens préparent deux rencontres de qualification pour la prochaine coupe du monde. L’équipe de "Breizh", elle, tâte le terrain auprès des fédérations française et internationales pour savoir à quel point elle peut dire "on existe".
 

Le match aura lieu, et c’est déjà un petit miracle, comme à chaque coup: outre la météo moisie, ce sont les autorisations qui ont bien failli manquer. Celle de la FFF est tombée le jour même à 16 heures. "La première fois qu’on a joué avec leur accord, c’était le Cameroun en 1998", commente le président de la Bretagne Football Association Gérard Russo qui se souvient: "En acceptant que ce match soit officiel, ils ont ouvert une voie. D’autres matches et d’autres régions ont suivi, dont les Corses qu’on a joué il y a deux ans. Eux y vont beaucoup plus à la hussarde que nous. Pour faire vivre leur équipe, ils se passent volontiers des autorisations. J’espère que ça ne va pas pousser les bureaucrates de Paris à faire machine arrière".

 


 


Landreau et Gourcuff en tribune, Danic et Didot sur le terrain

Autre difficulté à l’organisation de cette rencontre: début mai, il a fallu trouver un autre stade que celui de Vannes, où elle était programmée. L’IRB, qui organise le mondial de rugby des moins de 20 ans, n’était pas d’accord. L’option Carquefou, à deux pas d’un vivier de supporters bretonnants bien fourni, a été validée. Et puis évidemment, il y a eu l’appel des joueurs, et ce n’est pas le plus simple: sur son site web, la Bretagne Football Association annonce une trentaine de joueurs sélectionnables puisque nés en Bretagne, ayant des aïeux bretons, ou arrivés en Bretagne avant l’âge de trois ans. Ça fait du beau monde, à ce jeu on pourrait voir un jour les Jérémy, Menez et Toulalan, absents hier soir. Landreau et Gourcuff étaient là, mais seulement en tribunes, préservés pour la tournée avec l’équipe de France. Quand aux joueurs rennais, une histoire d’assurance les a privés de ce match. Un assureur moins regardant dans d’autres clubs puisque Gaël Danic, Etienne Didot et Frédéric Sammaritano démarrent la rencontre. Parfois, le refus relève d’un choix personnel: le Rennais Kévin Théophile-Catherine, à la fois guadeloupéen et breton d’origine, à choisi de représenter l’île des Caraïbes. Question de climat?
 

L’affiche est quand même jolie et à l’entrée du stade, ils sont une dizaine à vendre le Gwenn Ha Du, ce drapeau breton noir et blanc. Cinq euros pièce, la palme revenant à Raphaël Vinet, l’héraldiste local célèbre pour ses drapeaux bretons colorés en jaune et vert, couleurs FC Nantes, baptisé Melen-ha-Gwer. Il met les points sur les "i": "Tu es journaliste donc je t’explique, car les journalistes ne comprennent rien, ou ils en font exprès parce qu’ils sont Jacobins: donc, lors d’un derby tu n’écris pas 'les Bretons se déplacent à Nantes', mais 'les Rennais viennent à Nantes pour le derby breton'". Il finit plus pragmatique: "Je table sur la montée en Ligue 1 pour écouler un peu le stock. Tu me prends en photo?"
 


La starlette et les Erwan

Derrière, voici quelques anciennes gloires locales: Fred Da Rocha et Nicolas Savinaud, celui-ci mégote sur le tarif infligé à son fiston, "Vous dites dans la presse que c’est gratuit pour les mômes, et en vrai c’est pas gratuit". Les stadiers, trempés pour une bouchée de pain depuis deux heures, sont sidérés. Personne ne lui a dit que la recette est versée à une ville malienne, pays où se déroule une guerre, ces jours-ci. Le Savinaud sera puni plus tard par son pote Landreau, en tribune: "Lui, c’est un Ventrachou (Vendéen), y a pas moyen de le mettre dans une équipe bretonne. Trop sud-Loire!"
 

Il y aussi des people, du vrai, et TF1 est en force sans même avoir dépêché de caméra: la présentatrice Karine Ferri accompagne son Yohann, et le coup d’envoi est donné par la charmante Laura Chab’, une fille des bords de Loire remarquée à l’émission "the Voice", et l’une des rares présences féminines de la soirée. C’est peu dire qu’elle est remarquée: la plupart des caméramen se fendent d’un interview bidon de la jeune chanteuse avant le match pour taper la causette. La feinte de cow-boy… Elle est la marraine de l’équipe malienne et donne le coup d’envoi d’une partie qui ronronne gentiment: c’est l’occasion d’un tour des tribunes pour en connaître un peu plus sur l’histoire des noirs et blancs. Il y a ce club de supporters, la plupart rennais, qui adore vanner avec des jeux de mots ("ils sont sur la Breizh") et a accepté de s’approcher de la rivale nantaise pour la bonne cause régionale. "Regarde bien le drapeau, il y a l’évêché nantais. Ici on est en Bretagne!" Ils s’appellent tous Erwan, comme les opposants à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à 20 kilomètres d’ici, se sont tous rebaptisés Camille pour éviter de se faire ficher par les RG qui pourraient bien rôder par ici.
 


Exclusivement en breizhou

"En fait l’équipe bretonne a vraiment commencé à exister en 1998", raconte un Erwan. "Claude Le Roy a bien poussé l’affaire, d’ailleurs il était à la fois sur le banc du Cameroun et de la Bretagne sur ce coup-là". Variante hier soir: il coache l’équipe bretonne, tout en téléphonant à Kinshasa, pour y laisser quelques consignes en tant qu’entraineur du Congo. Entre deux coups de fil, il aime rappeler ces modestes connaissances en langue bretonne, et les origines de sa mère, "née à Gouarec, entre Rostrenen et Loudéac". Il est le seul à échanger quelques mots du crû avec les journalistes de Radio Kerné, qui donnent les commentaires en direct sur quatre antennes exclusivement en breizhou.
 

 


Claude Le Roy et Michel Audrain
 Dans la tribune d’en face, Erwan et ses potes entonnent "l’hymne national" qui a plus de succès que le classique "Nous sommes les Bretons/ et nous allons gagner…" Un Kermorgant bien de chez nous inscrit le seul but de la rencontre, le kop Breizh chante de plus belle, regrette entre deux actions que les joueurs ne parlent pas du tout leur langue d’origine "à cause de ces Jacobins de l’Education nationale", mais se félicitent que certains compensent: "Didot danse la gavote après chaque but". La tribune en rigole avant d’entamer le sujet qui fait consensus, lancé un énième Erwan: "La réunification de la Loire-Atlantique avec la Bretagne, ça serait bien l’an prochain, pour les 500 ans de la mort d’Anne de Bretagne. Un 9 janvier. À l’école, on nous apprend seulement son mariage avec le Roi". Il termine, énigmatique: "On rigole, on rigole, mais un jour il faudra bien faire quelque chose…"

 

Réactions

  • Marf le 30/05/2013 à 12h05
    A l'image d'illustres journalistes fondateurs de grandes compétitions sportives, Dame Rédac' n'oserait-elle pas lancer une compétition périodique inter-régions françaises ?

    Tous les 4 ans, une année impaire, essayer de réunir des joueurs de renom pour défendre leur région, ça peut être sympa.

    Il faut trouver la bonne formule à 26 régions.

    Je suis sûr qu'avec les fous qu'on trouve ici, les idées de formule peuvent fuser. Après, il faut convaincre les instances officielles, trouver des sponsors, des stades pour accueillir l'événement, etc.

    Des broutilles quoi !

  • Marf le 30/05/2013 à 12h07
    Mais réunir sous le même blason les supporters de Lille, Lens et VA, ceux de Rennes, Brest et Guingamp, voir s'embrasser nancéiens et messins, ou encore lyonnais et stéphanois, ça n'a pas de prix !


  • Marf le 30/05/2013 à 12h07
    Et paf, je me prends une fin de page dans la tronche.

  • le Bleu le 30/05/2013 à 12h08
    Je croyais que tous les Bretons s'appelaient Yann.

  • theviking le 30/05/2013 à 12h58
    Et quand même, dans ces débats sur la langue bretonne, le gallo est largement oublié (je pense aux supporters qui reprochent à certains joueurs de na pas parler Breton) , c'est dommage (et légèrement méprisant)

  • A la gloire de Coco Michel le 30/05/2013 à 13h16
    OLpeth
    aujourd'hui à 08h33
    Ces pauvres opprimés bretons, corses et autres basques nous font croire que le méchant état jacobin français les empêchent de pratiquer leur langue, d'affirmer leur culture, bref d'exister, alors que tout leur est permis, voire subventionné.
    ---
    C'est beau de lire ça.
    A croire que les châtiments moraux et physiques infligés à ceux qui osaient parler leur langue maternelle à l'école ne sont que pures fictions. Vilains ploucs!

  • Allez Lou-ya ! Allez Lou-ya ! le 30/05/2013 à 13h41
    Je trouve toujours rigolo, les nantais et les rennois qui se voient bretons alors qu'ils sont mi-ventrachoux, mi-mayennais... Faut pas rêver les gars, la Brestagne à 5 départements, c'est n'importe quoi, ouais, on se garde que le Finistère, les 22 et la moitié du Morbihan. On veut bien faire de vous un protectorat quand on aura rendu l'indépendance à la France.

  • On meinau score le 30/05/2013 à 14h06
    Il y a apparament maintenant une (inaperçue) coupe de l'UEFA des régions. La bretagne n'y participe pas ?
    Il y avait eu un article à ce sujet dans L'Alsace il y a quelques jours : lien

  • On meinau score le 30/05/2013 à 14h11
    (y'a même un résumé de Normandie - Alsace sur Dailymotion).

  • Allez Lou-ya ! Allez Lou-ya ! le 30/05/2013 à 14h12
    Je trouve toujours rigolo, les nantais et les rennois qui se voient bretons alors qu'ils sont mi-ventrachoux, mi-mayennais... Faut pas rêver les gars, la Brestagne à 5 départements, c'est n'importe quoi, ouais, on se garde que le Finistère, les 22 et la moitié du Morbihan. On veut bien faire de vous un protectorat quand on aura rendu l'indépendance à la France.

La revue des Cahiers du football