Quotas : comment plier l'affaire ?
Une balle dans le pied – Pour espérer sortir de la crise par le haut, il faut faire œuvre de pédagogie sans céder sur la réalité des torts.
Auteur : Jérôme Latta
le 9 Mai 2011
La médiatisation massive de l'affaire des quotas se poursuivant, les termes et l'objet originels de la controverse se trouvent brassés avec une quantité de considérations sans grand rapport (lire "Amalgame over"). La fin de semaine a ainsi été le moment du diagnostic, par les médias, de "l'explosion" du groupe de France 98 - vite assimilé, au passage, à la "génération black-blanc-bleur" dont le symbole n'en finit plus d'être dépecé.
France 98 proche de l'armistice
À y regarder de plus près, et en tenant compte de la volonté d'apaisement exprimée ces derniers jours, les divergences ne sont pas si profondes. Les uns ont exprimé leur inquiétude en insistant (légitimement) sur la gravité des faits, sans jamais suggérer que Blanc serait raciste. Les autres n'ont pas tous nié cette gravité, même si leur façon d'exonérer Blanc a parfois été grossière dans sa façon d'éluder le fond de la question [1]. Il suffisait pourtant de lire attentivement les déclarations des premiers pour ne pas verser dans une dramatisation dont, paradoxalement, ils ont été accusés par les seconds. À cet égard, l'interview de Lilian Thuram parue dans L'Équipe de samedi [2] est limpide et dénuée de l'agressivité que l'on trouve, sur la même page, dans l'entretien avec Christophe Dugarry [3].
La division des opinions entre Noirs et Blanc de l'équipe de France 1998 reste troublante. Elle s'explique en partie par une différence de sensibilité évidente entre ceux qui ont vécu les effets de préjugés et de discriminations parfois subtiles - et si ancrées dans l'inconscient culturel majoritaire qu'il est très difficile de les amener à conscience - et les autres. Le spectaculaire empilement d'amalgames réussi par les membres de la DTN, tout en restant en deçà du racisme caractérisé, réunissait toutes les conditions pour que les divergences s'exacerbent, entre ceux qui veulent faire reconnaître la gravité des faits et ceux qui y voient des attaques démesurées contre leur ami.
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