La Ligue 1 veut couper les ponts
Une Balle dans le pied – En quittant l'UCPF au motif du conflit entre la LFP et la FFF sur le nombre de promotions et relégations, les clubs de Ligue 1 marquent leur volonté de rompre la continuité sportive et économique avec la Ligue 2.
Mardi, dix-huit clubs de Ligue 1 (puis dix-neuf mercredi) annonçaient leur démission collective de l'Union des clubs professionnels français (UCPF), afin de "former ensemble un nouveau syndicat professionnel". Un geste qui s'inscrit dans le contentieux opposant la Ligue du football professionnel (LFP) à la Fédération française du football (FFF), cette dernière ayant refusé de valider le passage à deux relégations-promotions entre la Ligue 1 et la Ligue 2 (contre trois actuellement) dès cette saison. La LFP s'est pourvue en référé devant le Conseil d'État, qui examinait le dossier ce jeudi – lire "Ligue 1 : pourquoi cette fronde des clubs de l’élite ?".
Cette sécession d'une partie des clubs professionnels est la dernière manifestation d'une série entamée il y plus de quinze ans. Aujourd'hui, elle marque cependant la volonté d'une rupture plus prononcée que jamais entre L1 et L2, parfaitement en phase avec le projet de verrouillage de la première (lire "La LFP met la clé sur la porte").
En 1999, sous l'égide de Jean-Claude Darmon (alors immanquablement qualifié de "grand-argentier-du-football-français"), six clubs – OM, PSG, Bordeaux, Monaco, Lens et Lyon – fondent le Club Europe. Si celui-ci apparaît comme l'outil de communication des partisans d'un football plus "élitiste", il va fonctionner concrètement comme un groupe d'intérêts. On apprendra en 2003, par un audit mené au sein du groupe Vivendi après la chute de Jean-Marie Messier, qu'un accord avait été conclu pour que Canal+ distribue aux membres du Club Europe un total de 250 millions d'euros entre 1999 et 2005. Ceci au titre d'un droit de préemption sur de futurs droits de diffusion — au cas où la Ligue aurait permis leur vente individuelle par les clubs. Dans les faits, cela a permis de mettre en œuvre sans attendre un système de répartition plus inégalitaire des droits TV.(...)