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Qui a besoin des journalistes sportifs?

Les avancées techniques pourraient rendre inutile la profession de journaliste sportif... Imaginons.
Auteur : Ilf-Eddine alias Raspou le 27 Juil 2009

 

Chaque époque a ses professions. Que ne nous a-t-on narré le temps où l'on croisait encore rémouleurs, poinçonneurs des Lilas ou maréchaux-ferrants? Et puis la technique a changé, et avec elle l'économie, et ces fonctions-là sont devenues obsolètes... Nul doute que si, au moment de leur splendeur, on avait annoncé à ces braves artisans leur disparition prochaine, ils auraient oscillé entre l'éclat de rire et l'indignation. Car c'est un constat universel: quiconque est rémunéré pour une tâche en déduit deux choses – fût-ce contre tout bon sens: premièrement, que ce qu'il fait est important; deuxièmement, que cela continuera à l'être de toute éternité. Il en va ainsi, de nos jours, avec l'une des catégories socioprofessionnelles auxquelles le développement d'Internet pourrait faire un sort: les journalistes sportifs.

Rappelons juste qu'en plus d'être parfaitement superflu, se contentant d'ânonner des banalités que tout le monde connaît déjà, le journaliste sportif atteint un degré de nocivité pour son public qu'on ne retrouve par ailleurs que chez les groupes de hard rock ou les psychanalystes lacaniens: flagorneur avec les puissants, tenu par des intérêts économiques qui l'incitent au servage de soupe, dénué de toute compétence le distinguant de son auditeur ou lecteur, le journaliste sportif ne peut justifier son existence qu'en remuant les mêmes vieilles recettes mercantilo-démagogues: cocardiérisme dans la victoire, lynchage dans la défaite, vindicte anti-arbitrale et semage de zizanie dans tous les cas... Bref, autant des personnes sensibles au folklore réactionnaire peuvent verser une larme sur feu le rémouleur au musée des vieux métiers de la Celle-Guenand, autant personne ne pleurera la fin du journalisme sportif.

Passons du constat à l'action. Comment la technique, dans sa course folle, pourrait-elle accomplir l'œuvre de salubrité publique que nous appelons tous de nos vœux? En frappant chacune des poches de résistance où le journaliste sportif entretient l'illusion de son utilité... Revue de détail.


1/ Le commentaire audiovisuel

Navire-amiral du journaliste sportif, le commentateur en constitue la version la plus horripilante parce que la moins évitable, sauf si l'on aime regarder les matches sans le son. Flanqué de son non moins insupportable consultant, le commentateur est, dans la famille des mouches, la grosse verte qui bourdonne fort et pose ses pattes velues sur votre steak tartare – à vous couper net l'appétit.

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Pourtant, ses jours sont comptés: un chronomètre s'affiche maintenant sur nos écrans, les noms des joueurs sont floqués sur les maillots: c'est déjà 90% du temps de parole de Thierry Roland qui se trouve marqué au sceau de l'inutilité la plus patente. Mieux encore: les micros modernes peuvent rendre la moindre parole prononcée sur le terrain ou alentour... Demain, c'est sûr, regarder un match permettra d'entendre, en plus de la clameur des tribunes, les consignes données par le coach ou le capitaine pour replacer son équipe, les coups de gueule virils de Cyril Rool sermonnant ses gars ou les explications de l'arbitre exposant aux joueurs et aux téléspectateurs les raisons de ses décisions.


2/ Les émissions à résumés

Le soir après les matches ou le lendemain matin, les chaînes repassent les moments forts de la journée en un cocktail d'une fadeur telle qu'il ferait passer le Champomy pour du bloody-mary:
• un quart de parlotte masturbatoire du présentateur vedette qui alterne sourires sirupeux et émerveillements fantoches.
• un quart d'interviews bidons où chacun s'évertue à répéter dans le bon ordre les lieux communs savamment appris.
• un quart de statistiques absconses pour donner un vernis de scientificité.
• et enfin un quart d'images des matches, si possible truffées de gros plans et de ralentis pour qu'on en comprenne le moins possible sur ce qui s'est passé.

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Eh bien Internet, via les sites des clubs et YouTube, va mettre bon ordre à tout cela: sur les premiers, chacun pourra voir le match ou le long résumé du match de son club préféré; sur le second trouver les images des autres rencontres sans s'infliger les péroraisons des énergumènes suscités.


3/ Les talk shows

Même dans un milieu qui fait de la bêtise une vertu cardinale, les talk shows footballistiques laissent pantois... Même moi, là, présentement, je ne trouve rien à en dire qui fasse mesurer la profondeur de leurs abysses: les métaphores animalières deviennent déplacées, par respect pour nos amies les bêtes, y compris les plus stupides d'entre elles... le recours à l'ethnologie, voire à la paléontologie, n'est d'aucun secours... Il ne reste plus, je crois, que les neurosciences et la psychiatrie pour aborder correctement cette part à l'évidence pathologique de l'activité humaine.

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Eh bien même les talk shows, les On refait le match et consorts, pourront être efficacement combattus par un streaming diffusant en direct sur le Net des conversations filmées au cœur même des PMU de France et de Navarre... On s'évertuera à choisir les bars-tabac rassemblant le plus d'imbibés notoires, le plus de pochetrons à même d'éructer des insanités partisanes ou d'invectiver le corps arbitral, le plus de mous du bulbe assénant des jugements sans appel... Avec un peu de chance, le spectacle de l'alcoolémie live (et non préalable comme à la télévision) détournera le téléspectateur du talk show professionnel pour son juste pendant amateur. Quel intérêt, demanderez-vous? Mais qu'au moins, quitte à ce qu'on se repaisse de dégoiseries éthyliques, on ait la consolation de savoir que personne n'est payé pour déballer ces énormités! Que l'on se roule dans la fange, peut-être, mais entre amateurs, dans la candeur excusable de l'acte gratuit!


4/ Les articles de presse écrite

La même logique pousse à courir sus à la presse écrite, qu'elle répande ses calembredaines sur papier ou sur écran... Non! Diable non! Nous n'avons pas besoin que le racontage du match de la veille ou que "l'analyse" des prestations soient l'œuvre de professionnels! Il n'y a dans cet exercice nul savoir que l'on transmet, nulle investigation que l'on mène, nulle réflexion qui justifierait une activité rémunérée.
Dès lors, les forums sur le Net seront des espaces suffisants pour ceux qui veulent lire ou écrire des résumés de match ou des dissertations tactiques...

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5/ Le reste

Elagué de ses branches inutiles, qui constituaient 95% de l'arbre, le journalisme sportif pourrait prendre un autre sens: ne plus être une activité en soi, une sorte d'OVNI intellectuel que l'on peut approximativement situer entre la conversation de soudards et la dissertation d'analphabète, mais devenir ce qu'il aurait toujours dû être: du journalisme appliqué au sport... Du journalisme fait par de vrais journalistes, qui s'occupent d'autres sujets par ailleurs, qui ne font pas qu'interviewer Franck Dumas et vivre de la manne générée par le football. Des journalistes qui vont parler de dopage. Des journalistes qui vont parler de finances. Des journalistes qui vont parler de politique...

Pour ça, oui, vraiment, on a besoin de pros... Pour le reste, pour déblatérer sur le ballon trop rond ou le poteau trop carré, pour vibrer, pleurer ou s'émouvoir, on est de grands garçons, on peut faire ça tranquille entre nous, en amateurs... Pas la peine de faire des fiches de paye pour ça.

Réactions

  • ouais.super le 28/07/2009 à 13h48
    En tout cas, ce qui est certain, c'est que pour les interviews de joueurs sur le bord du terrain, des robots pourraient dès aujourd'hui faire tout aussi bien. Il n'y a que 10 questions différentes pour environ autant de réponses.

  • M Cyclodrome le 28/07/2009 à 13h59
    Bon article.
    Il y a quelques temps déjà, j'ai entrepris une croisade visant à expliquer à ma femme les rudiments du football. Partant d'un postulat où ce sont 22 gars qui courent comme des abrutis après un ballon et que le seul sentiment que ça lui inspirait c'éatit une haine viscérale des Lyonnais, je me sentais comme un Don Quichotte. Le seul point positif était que les commentateurs la gonflait autant que moi (enfin autant qu'ils me gonflent moi, pas que je gonfle ma femme. Ou pas.)
    Bref, j'ai pris l'habitude d'éteindre le son du match et de lui expliquer plus ou moins ce qu'il se passait sur le terrain, à base de "et là, tu vois, le 6 il vient compenser la montée du latéral" et autre "t'as vu il a fermé le triangle. Mais si, rappelles toi, je t'ai expliqué..." bien aidé par le pilote time.
    Pas la joie au début, beaucoup de rembarrages. Mais j'ai persévéré.
    Et la récompense est tombée en fin de saison dernière quand, alors que je pensais qu'elle ne prêtait aucune attention au match, elle s'est fendue d'un "tiens, il est monté d'un cran Niang là, non ? On est passé à deux attaquants ?"
    C'était beau, faux mais beau. J'étais ému.

    La morale de cette histoire est que même si on peut faire comprendre un peu le foot à n'importe qui avec beaucoup d'efforts, et bien j'aurais nettement préféré que ça soit les mecs payés pour causer dans le poste qui s'en chargent. Parce que, comme c'est si bien dit dans l'article, c'est un peu beaucoup leur taf.

  • Cyril trolle... le 28/07/2009 à 14h04
    lien
    mardi 28 juillet 2009 - 13h48
    En tout cas, ce qui est certain, c'est que pour les interviews de joueurs sur le bord du terrain, des robots pourraient dès aujourd'hui faire tout aussi bien. Il n'y a que 10 questions différentes pour environ autant de réponses.
    -------------------------------------------------------------

    Rien ne vaut une bonne cure de Tour de France pour relativiser, avec Jean-René posant au grand battu du jour: "Alors, vous êtes déçu?" ou au mec devant la voiture balai: "Alors, sale journée aujourd'hui?"

    (La palme de la question stupide revenant à Gérard Holtz en 1999. Alors que Christophe Moreau, de retour d'exclusion après l'affaire Festina, était troisième du général, il lui sort un "Alors, finalement, vous êtes meilleur quand vous ne vous dopez pas, non?" J'ai vraiment cru que Moreau allait lui en coller une...)

  • ouais.super le 28/07/2009 à 14h59
    Oui, Gérard Holtz est incontestablement dans le Top 3 des journalistes sportifs les plus horripilant, les footeux n'ont pas le monopole.

  • 12 mai 76 le 28/07/2009 à 16h25
    Cyril trolle...
    mardi 28 juillet 2009 - 14h04
    ...
    (La palme de la question stupide revenant à Gérard Holtz en 1999. Alors que Christophe Moreau, de retour d'exclusion après l'affaire Festina, était troisième du général, il lui sort un "Alors, finalement, vous êtes meilleur quand vous ne vous dopez pas, non?" J'ai vraiment cru que Moreau allait lui en coller une...)

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    Il a sorti ça Holtz ? Pour le coup je trouve que c'est plutôt gonflé, impertinent et marrant. Une question directe à un coureur sur le dopage lors du Tour de France c'est quand même rare. J'aimerai bien moi qu'ils se lachent dans leurs questions les journalistes, sportifs ou pas, plutôt que de toujours sortir leurs banalités pour fâcher personne.

  • Cyril trolle... le 28/07/2009 à 16h47
    Je trouve la question sacrément naïve et le pire, c'est que le Gégé ne devait même pas avoir cherché à faire du second degré....

    Ceci dit, Moreau s'était révélé grand spécialiste du clm en 1999, mais avait explosé ensuite en montagne. A l'inverse de 2000 où il a été bon sur les deux tableaux et a pu finir 4e du Tour.

  • 12 mai 76 le 28/07/2009 à 16h52
    Vu le palmarès du gars possible effectivement qu'il ait pas fait exprès.

  • arnaldo01 le 28/07/2009 à 18h05
    Cyril trolle...
    mardi 28 juillet 2009 - 11h53
    Le bon commentateur sportif, c'est celui qui t'apportera l'info que tu ne peux pas voir sur ton écran, notamment les joueurs démarqués (à gauche?) qui sont tronqués par l'image. Le fameux 'en retrait pour Giresse, en retrait pour Giresse, en retrait pour Giresse!' de Séville 1982 alors qu'aucun téléspectateur ne peut voir Giresse arriver, par exemple.


    Encore faut il que le commentateur soit dans le stade...

  • Cyril trolle... le 28/07/2009 à 18h18
    arnaldo01
    mardi 28 juillet 2009 - 18h05

    Encore faut il que le commentateur soit dans le stade...
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    Le problème avec Thierry Rolland, c'est que même quand il est au stade (et on se doute que Jean-Mimi au moins y était), il donnait l'impression de ne jamais lever les yeux du moniteur. Au moins M6 a limité les frais.

  • New Zorro le 29/07/2009 à 06h18
    En Nouvelle-Zelande, lors des grands matchs entre la NZ et l'Australie sur la chaine Sky TV, il y a une option sur la telecommande qui permet de choisir soit les commentateurs autraliens ou les neo-zelandais. C'est une aubaine car les commentateurs kiwis sont horripilants par moment.

    Et bien c'est une idee à creuser. Donc une option avec/sans commentaire est bien possible.

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