Messi peut-il être une erreur de casting ?
Minichro - Prisonnier de la politique sportive de dirigeants qui ne privilégient pas le projet sportif, le PSG reste bloqué dans la même impasse.
La minichronique pose une question, elle n'y répond pas toujours et, à la fin, elle en pose une autre.
* * *
Évidemment, l'hypothèse est scandaleuse. Quelle équipe ne rêverait pas d'avoir Lionel Messi dans ses rangs, et laquelle n'en profiterait pas ?
Le Paris Saint-Germain, est-on tenté de répondre à la seconde question, sur la foi de prestations décevantes de l'Argentin, mais surtout sur celle des prestations collectives du club.

La défaite contre Manchester City n'a fait que confirmer, voire aggraver le diagnostic émis après la demi-finale de Ligue des champions 2021. Une équipe homogène capable d'une expression collective aboutie a plus de chances de réussir que celle qui compte surtout sur les éclairs de ses génies.
Certes, cette théorie aurait été mise à mal si Neymar avait converti la balle de 1-2 à l'issue de cette splendide action à 43 passes. Mais, en novembre comme en mai, Paris a observé ses propres lacunes dans le miroir mancunien.
Si Messi a fait admirer son sens du placement à Manchester, c'est en se trouvant en position idéale pour contempler les superbes buts de City, c'est-à-dire ce qui manque à son nouveau club... et qu'il ne pouvait en aucun cas apporter.
Sous le coup de l'enthousiasme délirant qui a salué son transfert, de tels doutes sont restés inaudibles. Le PSG allait aligner la meilleure attaque, voire la meilleure équipe du monde, n'eût-elle pas encore disputé un seul match.
On ne s'interroge pas assez sur ce qui fait une superstar, sur ce qui lui vaut un statut et des privilèges qui, sans cela, peuvent plomber une équipe.
Recruter Messi sans se séparer de Mbappé, c'était poursuivre une fuite en avant, croire qu'on allait résoudre les déséquilibres de l'effectif en les accentuant. Malgré des renforts aux postes faibles (Hakimi, Nuno Mendes, Wijnaldum), le PSG ne se cogne que plus fort à ses propres limites.
En pointant du doigt celles de ses milieux, l'absence de Verratti ou les insuffisances supposées de Pochettino, observateurs et supporters se le mettent dans le même œil.
Le problème n'est pas que les dirigeants parisiens ont installé l'armement d'un F-16 sur un Cessna. Plutôt qu'ils ne se sont toujours pas résolus à construire une équipe, ni à confier tout le pouvoir sportif à leur entraîneur.
Depuis 2012, ils n'ont jamais abandonné leur politique du casting consistant à aligner les jouets dans la vitrine, comme s'ils évoluaient dans une ligue Fantasy. À leur décharge, cette stratégie a parfaitement fonctionné sur le plan économique, contribuant à la médiatisation et à la valorisation du club.
Avec cet état d'esprit, ils n'ont évidemment pas résisté au coup exceptionnel que leur autorisait la fenêtre de tir ouverte par la pandémie - allègement du fair-play financier, rivaux en crise, crédit illimité. Messi est arrivé, les problèmes sportifs sont restés.
Le star system n'est toujours pas un système de jeu. Existe-t-il un entraîneur en mesure de faire performer cette équipe immature qui ne semble pouvoir jouer qu'en 7-0-3, d'imposer aux ego son autorité, enfin établie par les dirigeants ?
La suite de la saison peut encore démentir l'hypothèse, mais la révolution qui s'impose semble appeler des changements bien plus importants que celui de l'homme sur le banc.