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Poli, c'est nous !

Une ville dépossédée de son équipe de foot, des clubs mutants et des businessmen prêts à tout. Bienvenue à Timişoara.
Auteur : Ludovic Michel le 26 Fev 2009

 

gg_ventremou.jpgCet article est une production de la Ventre Mou's League, née en août 2008 sur les Cahiers du football. La VML réunit une quarantaine de forumistes autour des performances en championnat de 400 clubs de 26 ligues européennes, de la Bundesliga allemande à la Ligat Toto israélienne en passant par la vénérable Premiership nord-irlandaise. De ce jeu est né, entre autres, un site Internet, sur lequel vous pourrez trouver pléthore d'informations vitales comme futiles, et une Gazette qui explore le football méconnu de ces championnats. "Une Histoire vraie" (titre original) est tiré de son numéro 2, qui contient aussi un dossier détaillé sur le championnat slovaque – avec notamment un portrait du grand Lubomir Moravcik.


Le Politehnica Timişoara, du nom de l’école qui l’abrite (en plus court: Poli) est fondé en 1921, à Timişoara, tout à l'Ouest du pays (1). Au fil du temps, le Poli se développe et gagne deux Coupes de Roumanie sous la dictature communiste, en 1958 et 1980. Ses couleurs sont le blanc et le violet. Il fait partie de ces fiertés provinciales qui luttent contre les clubs de la capitale, comme le Steaua de l'Armée ou le Dinamo du ministère de l'Intérieur. Un bon club, qui ne se bat pas à armes égales avec les ténors nationaux. Jusqu'ici, l'histoire est d'une banalité confondante.

À la chute du communisme, le Poli se maintient dans le haut du tableau en championnat, mais la saison 1992/93 est ratée: le club finit à la treizième place (sur dix-huit). Il faut dire que les coulisses sont agitées. Les dirigeants se brouillent avec le recteur de l'Institut Polytechnique. Le divorce devient effectif et l’école fonde de son côté l'AS FC Politehnica qui devient rapidement CSU Politehnica Timişoara, club amateur qui sombre dans les divisions inférieures roumaines. Les résultats du club professionnel déclinent, et en 1997, c'est la relégation. Dans le marasme de la Liga 2 puis Divizia 3, sans le sou et sans espoir sportif, le club accepte en 2000 l'offre de reprise de l'Italien Claudio Zambon. S’il parvient à "récupérer" une place en deuxième division dès sa prise de fonction (2), la suite de l’aventure tourne vite au sordide.

timisoara_2.jpg


Un naufrage et une disparition
L’Italien se brouille avec les autorités locales et les assigne en justice, sans succès, pour défaut de paiement de sommes promises au club. En mesure de rétorsion, il exile l'équipe à Dragaşani, petite ville connue pour être un haut lieu du piratage informatique, puis Bucarest. Les résultats sont mauvais. Devant son échec à la fois sportif et financier, il quitte le navire en cours de saison 2001/02. Peu après, Zambon est exclu de toute compétition nationale par la Commission de discipline de la Fédération roumaine de football (FRF) pour avoir tenté de convaincre ses joueurs – visiblement avec succès – de laisser leurs adversaires gagner certains matches. Le club est en effet bon dernier, ce qui ne l’empêche pas d’écoper de quinze points de pénalité pour le non-règlement d'un transfert, alors qu'il n'a inscrit que... sept points en championnat de Liga 2. Les supporters des Violet et Blanc sont désemparés: après l’affront d’un naufrage sportif dans les années 90, les voici maintenant sans club du tout.

Une histoire trop simple? Pendant ce temps, le Fulgerul Bragadiru, banlieue de Bucarest connaît une réussite sportive surprenante. Saison 2001-02: ce tout petit club réalise un superbe parcours en deuxième division. À la trêve hivernale, Anton Doboş, ancien défenseur international roumain, membre de la Selecţionata qui s’est rendue au Mondial 98, rachète le club. Il le déplace de quelques kilomètres, dans la capitale. Il le renomme AEK Bucarest, et en change les couleurs en l’honneur de son ancien club, l’AEK Athènes (3). L’équipe qui joue désormais en jaune et noir continue sur sa lancée, décroche le titre et accède à la première division.


Résurrection du Poli
Quel rapport avec le Poli? Les déçus de Timişoara se sont regroupés sous l’égide d’un certain Andrei Constantin, qui a mis sur pied un groupe d’investisseurs locaux prêts à mettre la main à la poche pour faire revivre le Poli de leur cœur. Et tant qu’à faire revivre une légende, autant ne pas perdre de temps. Des contacts avec Anton Doboş sont pris, et aboutissent sans tarder.

Ainsi naît le Politehnica AEK Timişoara. Cet hybride résulte de la fusion de l'AEK Bucarest, ex-Fulgerul Bragadiru, et du CSU Politehnica Timişoara, l'avatar amateur de la scission de 1993. L’amalgame conserve la place dans l'élite de l'AEK Bucarest acquise en Liga 2 l'année précédente, et dispute ses matches dans l'enceinte historique du Poli Timişoara, le stade Dan Păltinişanu. Ce nouveau club est d'emblée adopté par les supporters comme le prolongement logique du Poli de 1921, dont il reprend les attributs, notamment les fameuses couleurs violettes et blanches. Mieux, en mars 2003, la FRF délivre un document attestant que cette entité poursuit l'activité de l'AS FC Politehnica Timişoara, dont le palmarès – les coupes nationales de 1958 et 1980 entre autres – ne saurait être revendiqué par quelqu'un d'autre, selon les termes du document.

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Zambon à l'os
Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si Claudio Zambon avait décidé de jeter l'éponge. Mais l'homme d'affaire italien, paria en 2002, fait enregistrer dès 2003 un club sous le nom de FC Politehnica SA Timişoara basé à... Bucarest. Les documents officiels lui donnent droit aux couleurs et à l'hymne du Poli historique. Ce nouveau club peut démarrer en Divizia 3, où il remporte son groupe dès la première année. Il fait depuis l'ascenseur entre Liga 2 et Divizia 3.

Ce qui pourrait n'être qu'anecdotique vire au mauvais goût lorsque Zambon décide de faire interdire au Poli AEK – devenu FCU Politehnica Timişoara en 2004 – l'utilisation des couleurs du Poli. Le TAS de Lausanne est saisi et rend son verdict en avril 2008: Claudio Zambon est titulaire de plein droit du nom et des couleurs du Poli Timişoara. Le club qui joue dans la ville de Timişoara doit changer de nom et de maillots pour gommer toute référence au Poli d'antan. Une surprise de taille, d'autant qu'en 2007, les dirigeants de l'association AS FC Politehnica Timişoara, qui est liée directement à l'Institut Polytechnique de la ville et qui subsiste malgré la fusion de 2002, ont publiquement reconnu le droit du Poli AEK à conserver le palmarès du Poli de 1921, confortant le procès-verbal officiel de la FRF évoqué plus haut.


timisoara_1.jpgLes supporters dans la rue
Du côté des fans, la réaction est sans équivoque: Zambon est un imposteur, et l'acte d'enregistrement de son club en 2003 ne peut être qu'un faux, ou du moins le résultat d'une corruption au sein de la fédération – hypothèse malheureusement crédible. Ils descendent en masse dans la rue pour protester contre cette décision qu'ils jugent inique, se retrouvant jusqu'à dix mille dans les rues de Timişoara, comme le mardi 9 septembre dernier. Un manifeste est publié en cinq langues pour sensibiliser un maximum de monde à leur cause. Le slogan "Poli sunt noi!" (Poli, c'est nous!) est leur cri de ralliement.

Le club refuse dans un premier temps de céder, mais la FRF, sur demande de la FIFA qui entend faire respecter la décision du TAS, lui inflige six points de pénalité. Ainsi naît le FC Timişoara, qui arbore désormais du blanc et du bleu à domicile, et du jaune et du noir à l'extérieur (comme… l'AEK). L'écusson est changé, et la seule référence commune est le heaume noir. La devise "Poli, notre patrie" disparaît. Mais la mobilisation populaire ne décroît pas, alimentée par le fantasque président du club Marian Iancu (lire ci-dessous), jamais avare de propos démagogiques. Au Dan Păltinişanu, les tribunes demeurent violettes et blanches, et l'on se prend à rêver d’un titre national en guise de pied de nez vengeur à cette farce ubuesque.


(1) La ville de Timişoara est un peu à part en Roumanie. Bien plus cosmopolite que les autres, sa longue appartenance au domaine des Habsbourg lui a légué une architecture austro-hongroise typique et une ouverture sur l’Europe centrale et de l’Ouest unique. Plus récemment, elle a accueilli de nombreuses entreprises high-tech, comme Alcatel, et jouit d’une économie plutôt prospère.Ses habitants sont réputés pour en nourrir un sentiment de supériorité par rapport au reste du pays, et surtout Bucarest.
(2) Dacia Piteşti, club des usines d’automobiles Dacia, avait achevé la saison 1999/2000 en cinquième position du championnat de deuxième division. Un accord, probablement financier, est trouvé avec Zambon pour intervertir les positions de Dacia Piteşti et Poli Timişoara pour 2000/01.
(3) Il y a passé deux ans, de 1996 à 1998, glanant une Coupe de Grèce la dernière année. Doboş a été victime d’un grave accident de la route l’été dernier. Il souffre toujours de très lourdes séquelles.



Marian Iancu, un populiste roumain
timisoara_iancu.jpgÀ la tête du club depuis 2005, le président de la Balkan Petroleum s’inscrit dans la lignée des dirigeants populistes qui sévissent dans le football roumain. Sorties médiatiques plus ou moins contrôlées, invectives, crachats, casseroles judiciaires et coups bas… Iancu évolue dans les mêmes sphères que son meilleur ennemi, Gigi Becali, boss du Steaua (lire "Qui l'eût Cluj?"). Il excelle également dans le limogeage d’entraîneurs. Durant les deux premières saisons de son règne, six passent à la trappe, dont un certain Gheorghe Hagi.

De juillet 2007 à décembre 2008, Iancu a pourtant maintenu Dušan Uhrin Jr., qui avait éliminé l’OM en UEFA avec Mladá Boleslav, lequel offrait le parfait contrepoint de son bouillonnant président. Renvoyé sans raison apparente, c’est Gabi Balint, l’homme qui a inscrit le dernier tir au but du Steaua face à Barcelone en finale de la C1 1986, qui officie maintenant, avec pour mission de décrocher une place en Champion’s League.

Réactions

  • Pierre Des Loges le 26/02/2009 à 10h33
    Sympa cet article. La Roumanie est malheureusement un pays où la corruption est très présente. La rentrée dans l'union européenne peut pousser à une 'purification' (je crois que Bruxelles attendaient du reste de leur part une lutte plus active contre la corruption), mais je n'y crois pas trop, tant les réseaux sont solides.

    Sinon, pour être allé fréquemment en Roumanie, Timisoara est effectivement une ville à part. La seule qui est intéressante pour le tourisme de par son passé culturel. Alors que Bucarest, c'est très laid, surtout maintenant que les baraques d'architecture soviétique jouxtent les bureaux des grandes compagnies.

  • pied le 26/02/2009 à 10h43
    La seule, peut-être pas, mais c'est sûr que la "Petite Vienne" possède un charme que le béton socialiste peut difficilement concurrencer. Par exemple, Brasov vaut une petite halte, ne serait-ce que pour sa cathédrale noire. Et il paraît (je n'y suis pas allé) que le Nord-Est, la Moldavie (la région roumaine, pas le pays), est la partie la plus charmante du pays. Bon, peut-être pas grâce aux villes, qui ont souffert de la folie "centralisatrice" de Ceausescu : pour schématiser à l'extrême, il souhaitait regrouper toute la population dans quelques centres urbains, ce qui a provoqué la construction de grands ensembles bétonnés, laids et impersonnels, dans toutes les grandes villes.

  • Raspou le 26/02/2009 à 11h47
    Super article, bravo!

  • Papin Jour Pape toujours le 26/02/2009 à 12h26
    Super papier.

    (pour la Roumanie et Brasov notamment, je me souviens maintenant qu'il y a longtemps, quand j'avais des incisives proéminentes et un gout prononcé pour les virées nocturnes, j'ai frayé avec le prince de cette cité, ainsi que celui de Timisoara, Cluj-Napoca. Mais j'ai l'impression que je suis loin du sujet là...)

  • sansai le 26/02/2009 à 14h04
    Je savais pas que Pierre Ménès s'investissait dans le football roumain.

  • D. Gullit le 26/02/2009 à 14h13
    sansai
    jeudi 26 février 2009 - 14h04
    Je savais pas que Pierre Ménès s'investissait dans le football roumain.
    ----------------------------
    J'aurais plutôt penché pour un De Niro! (voire Deux Niros vu les mensurations du poulet)

  • sansai le 26/02/2009 à 14h37
    Ah oui, ça colle aussi niveau caractère.

  • Toni Turek le 27/02/2009 à 04h12
    (Le mou, c'est EVIDENT !)

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