Pénibles préliminaires
Après s’être retenus pendant plusieurs jours, les supporters de balle au pied vont enfin pouvoir se soulager devant leur télé pour l’ouverture de cette 17e Coupe du monde. Mais il ne faudra pas se tromper dans le calcul du décalage horaire et allumer sa télé avec une heure d’avance. Vous risqueriez de tomber sur une scène que l’on déconseille même aux plus avertis de nos lecteurs: la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde.
En effet, cette première journée de festivités ne se contentera malheureusement pas de nous proposer petits ponts, débordements et passements de jambe: l’avant-match sera entaché de la présentation d’un spectacle sans intérêt. Faute de temps et de recherches suffisantes (on n'a pas que ça à faire), nous ne disposons pas du nom de l’ignoble personnage qui a inventé cette bien triste tradition. Mais nous espérons vivement qu’il n’a été récompensé d’aucune distinction honorifique pour ce geste odieux…
Car la cérémonie d’ouverture est une véritable figure imposée dans le cadre de l’organisation d’une telle compétition. Et contrairement au patinage artistique, la recherche esthétique est ici limitée à sa plus pure expression. Bien que nous ne soyons pas en mesure, à l’heure ou nous mettons sous presse, de vous communiquer le programme, on ne se fera pas d’illusion : dans ce genre de spectacle planétaire, l'hyperconsensus est toujours de mise. Il faut donc s’attendre à subir une nouvelle fois des chorégraphies de pacotille, un symbolisme angélique tout juste digne d’un épisode de "Oui-oui footballeur" ou un folklore digne du 13h de Jean-Pierre Pernault. On se souvient que la France avait placé la barre très haut avec ses géants ridicules circulant dans les rues de Paris. Il n’avait pas été facile de s’en remettre, et il avait quand même fallu la victoire finale pour effacer la honte peinte sur le visage de chaque français après cet épisode dramatique.
Si seulement ce spectacle se faisait dans l’intimité d’une salle réservée aux élites politiques de notre football… Mais non: comme il y a quatre ans, TF1 a décidé de prendre l’antenne à 12h20, essayant de nous imposer plus d’une heure de cette mascarade. Dans l’échelle de l’horreur du commentaire, Roland et Larqué devraient pour leur part commettre une performance des plus spectaculaires, à moins que des consultants spéciaux n'aient été mobilisés. Il y a fort à craindre qu’à côté, les logorrhées de Charles Villeneuve lors des défilés militaires ne passent pour des modèles de subtilité. Et ne nous y trompons pas: si quelques temps morts émaillent la manifestation, ce n’est pas tant par manque d’originalité du créateur que pour permettre aux nombreux diffuseurs de placer leur quota de spots publicitaires pour mâles rasés de près.