Ne perdez pas de temps à lire ce texte, connectez-vous vite pour commenter les articles des CDF. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Le tourbillon de l'avis

Perfusés aux commentaires à l'emporte-pièce, les médias tournent en rond comme des chèvres attachées à un piquet: pas question de brouter au-delà la corde.
Auteur : Thibault Lécuyer le 29 Sept 2009

 

Contaminé, envahi, grippé. C'est une pandémie sans vaccin. Le gêneur occupe la place et c'est le football tout entier qui se retrouve noyé sous une avalanche verbale et verbeuse: les commentaires. C'est l'avis, qui grignote peu à peu toutes les autres formes d'expression autour du ballon rond.


tourbillon_avis_2jpgEnvoyés dans l'espace
Engoncés dans les comptes-rendus de matches, les journalistes de L'Équipe se sont octroyé depuis peu un espace pour y allumer leurs lumières. Un hors-texte pour sortir du cadre: Alonso est un meilleur meneur que Sessegnon. Auxerre-Nice: quelle purge. Cavenaghi est à la cave. Lâche tes comm', Duluc. Après les matches, le lundi c'est permis. 

Un autre exemple? Plus pernicieux, dans L'Équipe Magazine. La rubrique Zoom: quatre doubles pages, rares dans la presse, laissent de la place à la photo de sport. Sobrement légendées avec un bandeau dans un coin jusqu'en 2007, elles ont d'abord été souillées d'un petit à-plat noir venu s'immiscer plus proche de la scène en 2008. Depuis la rentrée, c'est carrément un micro article – à la valeur ajoutée incertaine – qui vient s'ajouter à la légende. Le besoin de commenter devient compulsif. Les écrans de télévision ou d'ordinateur, les ondes radio sont aussi empoisonnés par la maladie du commentaire, peut-être même sont-ils la souche du virus. Pas la peine de faire un dessin, personne ne demande "Dessine-moi les moutons".


Facile à chanter
Pour des médias qui ont été graduellement vidés par la diffusion en masse des matches, que reste-t-il à donner une fois que l'image a tout dit? Son avis, bien sûr. On pourrait profiter de l'espace créé pour approfondir le contexte et mieux connaître le jeu, mais ça demande du boulot, alors qu'un commentaire… L'avis est un long fleuve tranquille. Le commentaire n'est pas une chronique , l'avis n'est pas une analyse, l'avis n'est même pas une opinion, et encore moins une intime conviction. Car l'avis est par nature réversible, amnésique, partiel, irréfléchi. Brandao est une chèvre, Toulalan est inutile, Wenger a toujours raison. Chienne d'avis.

On pourrait croire que c'est le fond qui préside à sa forme, légère et digeste. C'est le contraire. Le commentaire doit être lapidaire, pour tenir entre deux coupages de parole, entre deux coupures pub. Il doit être assimilable et reproductible. Car une des fonctions premières de l'avis est d'être diffusable. Le microblogging n'a pas été inventé par Twitter et ses 140 caractères maximum. Le propos doit tenir là-dedans. L'avis écourte. Le récepteur doit le comprendre vite pour pouvoir le répéter sans tarder. Si l'avis comporte un bon mot, il mettra les rieurs de son côté et sera répété jusqu'à devenir une vérité.

tourbillon_avis_1.jpg


La bourse ou l'avis
Sur le marché du commentaire, la concurrence est féroce, c'est ce qui le fait proliférer. Il faut du téléspectateur, de la PDA, de l'auditeur, des visiteurs uniques et des pages-avec-publicité. Alors il se décline en émission, en blog, en podcast, en video-webcast, en articles ou en hors-texte, il fait sortir des placards du consultant qu'on déverse à la tonne, jusqu'à tout recouvrir. C'est un parasite qui se nourrit des faits, et les fait disparaître derrière lui, en minuscules chiures. Un parasite qui tue son hôte à petit feu en le vidant de son sens.

Un exemple? Le traitement médiatique des gardiens de but. Il suffit que l'un d'eux soit touché par la lumière médiatique pour être d'abord glorifié puis ridiculisé, à outrance. De tous temps, les gardiens de but ont pris des buts casquette. Les bons comme les mauvais, les Arconada comme les Van Breukelen. Les tayloristes du commentaire se repaissent des malheurs occasionnels des gardiens starifiés, tirant des conclusions comme on tire à vue. Quand on a joué avec Landreau comme un chat avec une souris hémiplégique, quand on a décidé que l'un était un incapable parce qu'il avait raté deux sorties aériennes, que l'autre ne supportait pas la pression parce qu'il avait provoqué un penalty, doit-on s'étonner que les seuls gardiens qui fassent l'unanimité soient ceux qu'on ne voit que très peu? À l'avis, à la mort.


Contrat moral
Les avis se construisent comme les épidémies. La radio prend l'antenne quelques minutes après le match, les balles doivent déjà se trouver dans le barillet. Puis la grande machine s'enclenche dans un fracas assourdissant: sur les blogs le soir même, chez Roustan sur L'Équipe TV le dimanche soir, puis sur M6 une heure après, dans le journal le lendemain, dans les émissions du lundi soir. On commentera les commentaires pendant le restant de la semaine, avant d'en trouver d'autres le week-end suivant.
La course est si effrénée qu'on construira les avis le plus tôt possible. À l'image d'un Franck "On sent bien après trente-cinq secondes de jeu que Cissé n'est pas du tout dans son match" Sauzée, ou de médias qui décident d'accorder des enjeux disproportionnés aux rencontres avant même qu'elles aient débuté.

Il fallait voir la réaction incrédule du présentateur d'une émission confidentielle bien que nationale lorsque l'auteur de ces lignes, sommé de répondre à la question "Ibrahimovic fera-t-il aussi bien qu'Eto'o à Barcelone?" s'est contenté de répondre "Je ne sais pas". Mordre dans l'avis, outrage suprême, coup de canif dans le contrat moral. On sert à quoi si on n'a pas réponse à tout? "Si tu n'as pas d'avis, pourquoi est-ce que je te pay…" Ah non, c'est pas payé. Lutte contre l'avis cher?

Réactions

  • arnaldo01 le 29/09/2009 à 11h07
    J'ai peut-etre mal lu l'article mais celui-ci critique plutot le fait que les medias demandent de plus en plus l'avis de consultants plus ou moins légitimes (rien que de voir Elie "je coule les clubs et je m'en vais" Baup sur le plateau du CFC, ca me fait zapper !!!).
    Et les avis de ces consultants sont devenus plus importants que le match en lui-meme comme tres bien souligné dans cet article. Il faut aussi dire que ces consultants sont payés tres chers par les chaines donc c'est logique qu'elles les mettent en avant.
    Et encore une fois, j'ai peur qu'on reagisse en grand connaisseur du foot qui n'ont pas besoin d'eux alors que les fans de foot doivent apprécier de retrouver les champions du monde 98 et leurs avis seront plus écoutés. C'est pour cela qu'on aura toujours plus Dugarry plutot que Denoueix aux commentaires d'un match.

  • Zlatanist le 29/09/2009 à 11h11
    La dernière trouvaille de l' lien qui illustre parfaitement cet article: les mini Compte-rendus des week-ends de championnats européens, avec une petite rubrique "on a aimé/on n'a pas aimé" qui fleure bon le skyblog... "On aime, on n'aime pas" c'est le degré d'analyse de notre presse sportive actuelle. Pour la valeur ajoutée, on repassera !

  • lemon le 29/09/2009 à 11h29
    Ce qui me fait rire dans les réactions, c'est la comparaison avec les forums.

    Oui, ici, on donne nos avis. Et comme à peu d'exceptions près, aucun de nous n'évolue dans le monde du foot de haut niveau, ton avis vaut bien le mien.

    En revanche, pour rester sentencieux, on est en droit d'attendre des journalistes de l'information et du décryptage. Journalisme.

    Aujourd'hui c'est l'éditorialisme sportif qui se répand comme une mauvaise herbe. Partout et tout le temps. L'important c'est "Moi", "ce que Je dis", et encore mieux "ce que Je prédis". Je ne peux pas me contenter de décrire une situation ou d'éclairer tel ou tel sujet. Non, il faut que je mette mon jugement dessus. Sur 100% Foot, dimanche, Philippe Lucas déclare qu'il regrette sincèrement (sic) que Moulin ne soit pas resté président du PSG. Non mais sans dec' ? Quelle opinion faut-il avoir de soi pour imaginer que son avis sur une telle question est pertinente pour les téléspectateurs ?

    "Moi, je tiens à dire publiquement, sur l'avis de ma mère, que j'aime les épinards" a déclaré lemon en réaction à un article des CDF. Ca vous fait de bozieux, non ?

    Pour revenir à nos moutons, cet article est effectivement un éditorial de la rédac. L'intérêt des cdf, à mon avis - vous l'aurez compris maintenant - réside dans le fait que les codes avec ses lecteurs sont identifiés. Tu as de l'édito et des prises de positions assumées et présentées comme telles, tu as de l'info et des décryptages et tu as du n'importe quoi destiné à faire rire le lecteur.

    Dans d'autre media de journalisme sportif, je ne les vois pas bien ces lignes de démarcation.

  • ZyZy le 29/09/2009 à 11h42
    Je plussune en tout point Hassan sans SAS.

    Je vois pas trop la logique de ce papier. En gros, les journalistes (ou les personnalités intervenant dans les médias) se prononcent et donnent leur avis sur les sujets qu'ils traitent... Et c'est pas bien... Ils ne devraient se contenter que du factuel... Surtout que leur avis... hein... bon... c'est pas fameux hein... Pourquoi ils nous donnent leur avis... on s'en fout, en plus...

    Alors je vois pas si il s'agit d'attendre des articles moins subjectifs, qui ne s'éparpillent pas en commentaires et "réflexions" (pourtant, j'aime bien la Gazette hebdomadaire des Cahiers, moi...), ou bien de fustiger la platitude des pseudo-analyses qui constellent le PAF (pas Frau, l'autre...). Et dans le second cas, on est en plein dans le cours magistral, le don de leçons...

    Certes, c'est vrai, c'est le plus souvent peu brillant, ce que l'on peut lire ou entendre, mais généraliser à ce point la médiocrité des avis, alors que les Cahiers donnent le leur quand ça leur chante, je trouve ça très enflé de la cheville...

    Voilà, je ne vais pas m'éparpiller en commentaires (parce que bon, hein... faut pas), vu que je ne cerne pas l'idée principale dans sa globalité (au delà de : l'avis, c'est moche parfois, enfin souvent, enfin tout le temps, quoi...), et je vais lire les avis des autres, pour voir si c'est moi qui n'ai rien compris...




  • Raspou le 29/09/2009 à 11h48
    Ne jouons pas au jeu de "ah oui mais tous nous n'avons que des avis, cet article n'est qu'un avis lui aussi, qui es-tu pour penser que ton avis il est mieux que celui des autres, etc.".

    Ce que pointe l'article, ce me semble, c'est que les médias font la part belle à des jugements lapidaires présentés sous la forme "l'avis de l'expert" plutôt que sur les analyses censées motiver ces avis. Car le problème n'est pas tant d'avoir un avis - on ne va quand même pas reprocher aux journalistes d'en avoir un! Le problème c'est quand l'avis s'affranchit de l'analyse qui est censée le produire.

    La télévision et la radio, avec leur manie d'écourter les temps de parole, sont très fortes pour zapper les analyses et se contenter de jugements péremptoires. La presse écrite, malheureusement, avec ses encadrés guère plus détaillés, ne va guère plus loin.

    L'exemple des gardiens donné par l'article est très intéressant. Le fameux débat Mandanda / Lloris est alimenté par le sens du vent, l'impression du moment: l'un rate une sortie, c'est l'autre qui tient la corde; le second provoque un pénalty, c'est le premier qui reprend place dans le baquet. Vous avez déjà lu ou entendu un type qui se serait refadé les 50 derniers matchs des deux, qui aurait des chiffres précis sur les sorties aériennes, le jeu au pied, etc.? Ah ben oui mais ça demande un travail titanesque, ça! Ben oui... Mais c'est ça qui pourrait distinguer un analyste d'une girouette à avis.

    Quand tu as un Denoueix qui te fait un montage vidéo d'actions du Barça comme celui avec le rôle des changements d'aile de Marquez, l'avis auquel il aboutit est quand même autrement solide que celui de tartampion te disant que machin est nul parce qu'il a raté un tacle.

    Et du coup, et c'est la jolie fin de l'article: dans cet univers journalistique où l'avis coûte si peu cher, ou chacun peut les empiler sans prendre le soin d'y réfléchir sérieusement avant, ne pas avoir d'avis en devient incongru... Or, ce serait pourtant la seule position sage pour qui ne s'est pas penché sur la question de manière un peu réfléchie.

  • suppdebastille le 29/09/2009 à 11h50
    "lemon
    mardi 29 septembre 2009 - 11h29

    Sur 100% Foot, dimanche, Philippe Lucas déclare qu'il regrette sincèrement (sic) que Moulin ne soit pas resté président du PSG. Non mais sans dec' ? Quelle opinion faut-il avoir de soi pour imaginer que son avis sur une telle question est pertinente pour les téléspectateurs ?"

    Je n'imagine pas que Lucas ait la prétention de penser que son avis est pertinent ou pas, il donne un avis le sien exactement comme chacun d'entre nous, il n'est pas présenté comme "expert", après on peut effectivement débattre s'il est à sa place ou pas dans ce genre d'émission.

  • gurney le 29/09/2009 à 11h51
    Moi ce que j'ai du mal à comprendre, c'est comment des consultants, des mecs qui ont passé leur vie dans le football, qui ont été joueur, voire même entraineur, arrive à poser des avis qui ressemblent à celui de dédé qui boit son premier pastis à 9h du mat.

    Ca, ça me sidère. Des anciens entraineurs qui te balancent des phrases à la con, des "mais machin il aurait du jouer en 3/6/1 et puis c'est tout". Des gars qui ne tiennent compte à aucun moment de la réalité du foot, qui a pourtant été la leur pendant des années.

    Je comprends pas. Et des fois, tu tombe sur un Denouex qui sait lire le jeu, qui sort une ou deux analyses pertinentes, qui interesse.

    Les autres, on se demande si ils font exprès de se mettre au niveau des auditeurs/ ou télespectateurs, mais franchement... je crois même pas que ce soit ça. Je pense qu'ils sont sincères dans leurs clichés, dans leurs phrases sans queue ni tête.

  • king carrasco le 29/09/2009 à 11h56
    @ gurney
    Je pense que les mecs répondent à la demande, tout simplement. C'est pareil pour le marché des consultants-arbitres: ils savent qu'on leur demande de casser du confrère, alors ils s'exécutent avec plus ou moins d'allégresse. Sinon, ils peuvent dire adieu à leurs émoluments.
    Après, tu peux noter que les entraîneurs-consultants les plus bankables sont des Fernandez, des Lucas, des Courbis...

  • king carrasco le 29/09/2009 à 12h04
    @ zyzy et QMCCT
    Je ne sais pas par quel prodige vous parvenez à ne pas faire de différence entre la production des Cahiers et celles qu'ils critiquent dans cet article. L'argument du "c'est çui qui dit qui y est" est d'une extraordinaire minceur, il me semble, et ne sert qu'à renvoyer dos à dos des manières de pratiquer le journalisme sportif totalement aux antipodes... Quant à réduire les CdF à l'étiquette "donneur de leçons", ça me paraît aussi incroyablement spécieux.

    Mais bon, lemon et raspou ayant souligné ces différences mieux que je ne saurais le faire, je m'abstiendrai.

  • Hurst Blind & Fae le 29/09/2009 à 12h10
    Hassan sans SAS
    mardi 29 septembre 2009 - 09h47
    Ce qui est drôle, c’est qu’en lisant l’article, j’ai pensé à tous nos avis donnés sur le forum.
    Parce que OUI, ce sont des avis. On pense que « machin » n’est pas bon à tel ou tel poste, que la tactique de l’équipe « bidule » n’est pas la bonne, et on donne même très souvent notre avis sur la composition de l’équipe pour le prochain match.
    _____

    Tu remarqueras qu'ici, lorsque quelqu'un se contente de balancer un avis non étayé, il se fait assez souvent reprendre de volée par une dizaine de personnes qui lui demandent l'analyse qui l'a amené à cette conclusion. Puis remonter les bretelles quand il n'y en a pas (débats sur Cheyrou et Brando récemment, dans ce que j'ai lu, avec hacook et Choa8). Il n'y a rien de tel dans les médias qui vivent de ces avis balancés à la chaine.

La revue des Cahiers du football