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La Coupe du monde au plus offrant

Russie 2018 et Qatar 2022: la FIFA sème le rouble et récolte les pétrodollars en votant pour Vladimir et les émirs. Pour quelle Coupe du monde?
Auteur : Jérôme Latta le 8 Dec 2010

 

La désignation de la Russie et du Qatar, outsiders inattendus, pour organiser les éditions 2018 et 2022 de la Coupe du monde de football a provoqué une perplexité mondiale, pour ne pas parler de franche désapprobation. Elle souligne l'opacité du comité exécutif de la FIFA, qui a infligé un camouflet à la candidature anglaise en l'écartant dès le premier tour de scrutin de façon inexplicable – sauf à invoquer une sanction à l'encontre des médias britanniques, coupables d'avoir enquêté d'un peu trop près sur les affaires de corruption touchant actuellement la confédération. Surtout, ce choix résulte de motivations politiques et économiques dont les conséquences seront profondes sur la compétition elle-même.

russie2018_qatar2022_1.jpg


Station Vladimir
La Russie a toute la légitimité sportive – et démographique avec ses 142 millions d'habitants – pour recevoir un événement qui ne s'est jamais produit sur son sol, et elle en aura certainement la capacité économique (qui ne l'aurait pas après l'Afrique du Sud?). L'obtention du Mondial 2018 consacre aussi le retour du pays sur la scène internationale en même temps qu'elle renforce l'aura de ses dirigeants. Quant à s'étonner qu'une démocratie aussi peu exemplaire sur le plan des droits de l'homme et de la corruption soit ainsi récompensée, c'est prêter à la fédération internationale une morale qu'elle n'a jamais revendiquée. La FIFA ne fait pas de politique, uniquement du commerce d'influence. Ses considérations idéologiques se résument donc à brandir l'étendard des fumeuses valeurs sportives sans entrer dans des considérations sur les régimes avec lesquels elle traite.
Après Mussolini en 1934 et le général Videla en 1978, Poutine (s'il est encore là) marquerait en 2018 un nouveau flirt de la FIFA avec les chefs d'États autoritaires (en l'occurrence avec un régime tout de même plus fréquentable – 1). Va pour la Russie et son football romantique, et tant pis si les lancinantes cornes de brume, traditionnelles dans les tribunes, rappellent les vuvuzelas.

russie2018_qatar2022_2.jpg


Candidature-spectacle
Le choix du Qatar est d'un autre tonneau, et accorde cette fois la primeur au poids économique plutôt qu'à la puissance politique. Sa candidature n'était crédible ni sur le plan géographique (un pays comptant 1,6 millions d'habitants sur une superficie équivalente à celle de l'Ile-de-France, pas même dirigé par une personnalité aussi charismatique que Jean-Paul Huchon), ni sur le plan de l'histoire du football: le débauchage à prix d'or de Ballons de Plomb et de stars vermoulues ne constitue pas un viatique très épais de ce point de vue. En revanche, l'embauche de porte-parole prestigieux comme Zinédine Zidane ou Pep Guardiola a été doublement payante.
Tout semble de l'ordre de l'alibi, d'ailleurs, dans la candidature-spectacle de la monarchie de Doha, à commencer par ces stades "écologiques" qui vont pousser dans le désert avec autant de naturel que des géraniums ou des pistes de ski. On parle de BTP, pas de production de fromage de chèvre bio, alors respecter l'environnement commencerait par ne pas faire croire que l'impact écologique sera symbolique. L'aberration que constitue, en termes d'aménagement, l'érection de neuf stades dans un rayon de cinquante kilomètres, est également habillée de charité façon Ubu: certaines enceintes seront entièrement démontables pour être installées dans des pays en manque d'infrastructures...

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Un football de parc d'attractions
Que reste-t-il à invoquer, sinon "l'ouverture" au "monde arabe", en tant que nouveau territoire pour la Coupe du monde? Un message interrogeable sous l'angle de la représentativité douteuse d'une monarchie oléo-gazière aussi peu sociale que démocratique, plus éloignée sous bien des aspects du Maghreb, par exemple, qu'une bonne partie de l'Europe... Le Qatar risque aussi de rester étranger à une large fraction des supporters, qui hésiteront à se déplacer dans une nation vouée au tourisme de luxe. On imagine mal les traditionnelles hordes de fans hollandais semer un joyeux désordre orange et éthylique dans les centres-villes – si tant est que ces villes aient des centres, et que le derme batave soit à l'épreuve de la fournaise locale. Si l'on peut prêter au Qatar la possibilité d'organiser un événement festif en l'imaginant autrement, la FIFA prend le risque du couper un peu plus le Mondial de son enracinement populaire pour en faire un divertissement organisé dans des contrées proches de Disneyland.


Le raccourci est facile: le Qatar et la Russie, avec leurs dossiers techniques nettement inférieurs mais leurs garanties d'investissements faramineux (les budgets estimés sont de 75 et 34 milliards d'euros), c'est le choix de l'argent. Mais justement, la FIFA elle-même aime beaucoup emprunter ce raccourci. Ajoutons-y tout de même une dimension politique, au sens le plus restreint: l'industrie du football et sa plus haute instance vont étendre leur influence, condamnés qu'ils sont à l'expansion sans fin et à la rentabilisation de leur Barnum. L'ouverture n'est pas allée jusqu'à l'Australie, qui cumulait pourtant l'atout du continent encore vierge de toute organisation et celui d'un excellent dossier technique: le décalage horaire aurait mis en péril le niveau des droits de retransmission. La décroissance, ce n'est pas pour la FIFA.


(1) Gardons-nous d'amalgamer ces trois-là, qui méritent bien que l'on souligne les sinistres singularités de chacun.


Blatter veut-il doubler la mise ?
Le temps de la Coupe du monde est si long qu'il est légitime d'accorder à la Russie une compétition à laquelle l'Angleterre a déjà eu droit il y a seulement quarante-quatre ans. Ce rythme quadriennal est une (divine) anomalie dans un monde du foot qui s'est dévalué dans la multiplication des rencontres, abandonnant le sens de la rareté et des délices de l'impatience.
En ouvrant largement le cercle des prétendants (à ce titre, l'Allemagne – 1974, 2006 – et le Mexique – 1970, 1986 – devraient rester longtemps des exceptions), la confédération mondiale a exacerbé les frustrations. La démarche participe peut-être d'un dessein de Sepp Blatter, consistant à remettre au goût du jour une idée qui avait été repoussée sans ménagement il y a quelques années, mais qui lui tenait à cœur et donc on pourrait ainsi résumer l'argument de vente: "Puisque vous constatez l'écart cruel entre l'offre et la demande, pourquoi ne pas organiser la Coupe du monde tous les deux ans?"

Réactions

  • antigone le 08/12/2010 à 14h44
    "[La Russie] aura certainement la capacité économique (qui ne l'aurait pas après l'Afrique du Sud?)"

    ~~~

    Hmmm, environ 160 pays, selon la Banque Mondiale ?
    lien

    A noter que parmi ces gueux, seul l'Uruguay a organisé une CdM. En dollars un peu inconstants, certes. Et à un époque où on embarquait 4 équipes européennes sur un bateau à pas cher pour taper dans la balle deux semaines plus tard, recertes.

  • Jean-Patrick Sacdefiel le 08/12/2010 à 14h53
    @Tapas
    L'article, sur le Qatar : "une monarchie oléo-gazière aussi peu sociale que démocratique"
    Il faudrait que tu lises un peu mieux les articles, quand même...

    Quant aux "bons vieux clichés" sur la Russie: lien
    Tu as le bonjour d'Anna Politkovskaïa.

  • newuser le 08/12/2010 à 15h30
    Je vais aller dans le sens d'Antigone, enfin disons que la perche et belle.

    Est-ce qu'on a besoin de faire des CDM et JO avec autant de pognon ?

    Je mets la Russie à part vu l'histoire du pays avec le foot et la construction quasi obligatoire de stades pour le jeu.
    Mais le Qatar finalement la seule proposition faite c'est une ligne comptable de 60 grosses patates.

    La FIFA est en train de monnayer son trophée sur des lignes comptables en se foutant bien des retombées et autres.

    Et qu'il serait pas temps de mettre dans le cahier des charges d'essayer de faire light ?
    A la base c'est quand même juste 22 gars qui shootent dans le ballon. Et j'ai l'impression que le cout du foot en lui-même est peanuts dans les dossiers préparés.

  • Gone n Rosette le 08/12/2010 à 15h49
    Je crois que vous sous estimez les vertues du choix du Qatar.

    Pensez vous que si l'Australie avait été élue, on aurait pu faire des calembours aussi merveilleux que :

    CDM 2022 : Mieux vaut Qatar que jamais ? ( lien)
    CDM 2022 : L'élection est une blague qui tombe à l'eau. C'est le Qatar marrant. (ouestfrance)
    CDM 2022 : Le Qatar, si ! (hypnose magazine)

    Etc, etc...

  • J'ai remis tout l'allant le 08/12/2010 à 16h01
    "Oh Qatar Ianetta bella chix chix !" (EDD)

  • le petit prince le 08/12/2010 à 16h14
    "Une croisade contre l'hérésie Qatar" (L'Osservatore Romano)

  • Maveric le 08/12/2010 à 17h54
    Merci Tapas Tef y Graf.

    Je suis étonné que ce ne soit sorti qu'à la deuxième page. Et encore plus étonné qu'il y ait encore des gens pour dire que la Russie n'est pas suffisamment démocratique pour abriter une CdM.

    Et arrêtez de ressortir le dossier Politkovskaya. Je n'ai pas l'impression que la justice soit mieux appliquée en France actuellement. En arriveriez-vous aux mêmes énormités en ce qui concerne la France.

    La première vérité, c'est que Poutine a été élu haut la main. C'est la base de la démocratie non ? Personne sur la scène internationnale ne l'a contesté. La seconde vérité, c'est que Poutine (puis Medvedev) sont les meilleurs dirigeants qu'ait connu la Russie depuis extrêmement longtemps, peut-être même depuis Lenine.

    Alors, effectivement, tout n'est pas rose en Russie, notamment la corruption, mais la corruption n'a pas été institutionnalisée par Poutine (même s'il a dû en profiter à un moment). Poutine (et Medvedev toujours) essaie de redresser cette mentalité qui est maintenant ancrée à tous les niveaux chez les Russes.

    D'un point de vue français, oui Poutine peut faire peur parce qu'il prend des positions qui sont certaines fois radicalement opposées à celles des USA, mais d'un point de vue russe, il défend les intérêts de la Russie et des Russes.

    Poutine est un juste Sarkozy brillant à la tête d'un état puissant. Ou l'inverse, Sarkozy est un Poutine idiot à la tête d'un état impuissant (mais respecté culturellement, ce qui compte un peu).

    Pour être fiancé avec une Russe depuis 10 ans et demi et y être allé une petite dizaine fois), j'ai vu l'évolution de la Russie et notamment de Novossibirsk, la troisième ville de Russie en terme de population. Donc, croyez-moi, les Russes sont contents de l'avoir.

  • gironflon le 08/12/2010 à 18h01
    bolkonsky
    mercredi 8 décembre 2010 - 14h10
    C'est couillon mais moi je reste très sceptique sur la viabilité économique du Qatar. Que peux-t-on affirmer sur l'état des finances qatari sur une projection de 12 ans?
    --------

    Comme cela a déjà été souligné sur le fil de la coupe du monde, ce n'est pas le pétrole mais le gaz qui fait vivre ce pays (15% des réserves mondiales). Les plus grandes usines à faire du Gaz naturel liquéfié viennent à peine d'être mises en route donc je ne me fais aucun soucis de la viabilité économique du pays. De plus, les qataris savent très bien diversifier leurs investissements.



    Quand on voit ce qui s'est passé avec les difficultés financières de Abu Dhabi l'an passé je suis un peu circonspect face à un tel pari sur l'avenir.

    -------
    En fait, c'est Dubaï, qui n'a aucune ressource naturelle qui a eu des problèmes économiques et a été sauvé par Abu Dhabi qui a lui beaucoup de pétrole.

    ------

    Concernant la migration post coupe du monde des stades, j'ai du mal à imaginer l'impact écologique d'un tel déménagement !
    Imaginez des gros camions qui déplacent 6-8 stades d'environ 20000 tonnes chacuns (j'imagine pour le poids).

  • El Soto le 08/12/2010 à 18h08
    Même si le Qatar est une hérésie (taille du pays, nombre d'habitants, le Qatar c'est le Luxembourg en gros, climat pas vraiment idéal pour jouer au foot sauf en décembre, janvier, février), il y a quelques points à préciser:

    - Les étrangers peuvent boire de l'alcool au Qatar sans aucun problème, et les soirées à Doha sont plutôt sympa, pas mal de resto agréables et pas très chers.

    - Le Qatar n'est pas l'Arabie Saoudite, les qataris sont en tenue traditionnelle et les "qatariennes" portent le voile intégral mais les occidentales et les asiatiques n'y sont pas du tout obligées, et toutes les occidentales que j'y ai croisé étaient habillées à l'occidentale classique (pas de minijupe ou de décolleté trop plongeant)

    - Les purs Qataris ne sont que trois cent mille environ, ils dirigent le pays et n'ont quasiment pas d'opposition, le problème de la liberté d'expression ne se pose pas réellement, le système de redistribution de la manne pétrolière fonctionne à plein, et aucun pur Qatari n'a à se plaindre

    - Les habitants qui pourraient se plaindre (et qui auraient des raisons de le faire mais qui ne peuvent pas) sont les hindous, les philippins et autre travailleurs immigrés sans aucun droit civique et corvéables à merci, venus en masse travailler. Mais en même temps, un hindou gagne en 6 ans au Qatar, dans des conditions de vie merdique, de quoi acheter un commerce rentable en Inde et du coup mettre à l'abri sa famille. Ils ne sont pas contraints de venir travailler et sont plutôt contents de bosser là bas. En tout cas, ceux avec lesquels j'ai discuté. Par contre, ils peuvent être renvoyé du jour au lendemain sans aucun préavis, si un qatari le décide (en gros comme un sans papier dans une démocratie exemplaire comme la notre)

    -Le vrai problème est l'avenir du pays sur lequel l'Iran lorgne très fortement (c'est juste en face), avec lequel il existe des liens forts (beaucoup d'iraniens ayant fui la révolution sont devenus citoyens du pays)et un contentieux énorme. Pendant que le blocus pétrolier frappait l'Iran, le Qatar a vidé les poches maritimes de pétrole situé à cheval sur les 2 pays.

    Mais bref, quand on regarde une carte, le Qatar est une enclave plutôt libérale qui donne accès à tout le monde arabe (frontière commune avec l'Arabie Saoudite et Oman, proximité de l'Iran et l'Irak, donc un vrai bassin de population de fans de foot. Savoir comment va évoluer la région est impossible mais ce choix couillu n'est peut être pas si idiot.

  • Maveric le 08/12/2010 à 18h08
    Je retire ce que j'ai dit :
    lien

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