Ligue 1 : la LFP met la clé sur la porte
Une Balle dans le pied – En réduisant à deux les promotions-relégations entre la L1 et la L2, la LFP franchit une étape vers fermeture du championnat de France, sans autre logique que la satisfaction d'intérêts de moins en moins généraux.
La transformation du football en une industrie de plus en plus cynique, depuis une vingtaine d'années, peut se résumer en un seul et unique processus : la réduction de l'incertitude des résultats, de l'aléa sportif, au profit d'une logique économique visant à assurer la pérennité et la maximisation des profits. (…) La réduction à deux du nombre de relégations et de promotions entre la Ligue 1 et la Ligue 2 (et entre celle-ci et le National), annoncée de façon impromptue hier à l'issue du conseil d'administration de la Ligue du football professionnel, ne fait pas exception. On peut s'en remettre aux propos du président de cette dernière, Frédéric Thiriez : « L'idée est de dire que les investisseurs ont besoin d'un peu plus de sécurité. Trois montées et trois descentes, c'est trop. » La sécurité des investisseurs, voilà ce que le football doit aujourd'hui assurer, avant tout et au détriment de tout le reste. Voilà le résultat d'une fantastique incapacité générale à penser le football, à concevoir – même vaguement – un intérêt supérieur à celui des intérêts économiques, un intérêt infiniment plus commun que celui des actionnaires des clubs et des diffuseurs.
« Trois montées et trois descentes, c'est trop », vraiment, alors que la Ligue 1 va être le seul championnat majeur à adopter un tel système ? En réalité, c'est trop de risque sportif : celui d'une saison tournant à la catastrophe pour une grosse écurie, celui, plus simplement d'une relégation pour un club moyen. La volonté de puissance des "gros" et la lâcheté des "moyens" constituent le ciment de ce pacte. Tant pis pour les "moyens" s'ils se vouent ainsi à ne jamais monter dans cette hiérarchie figée. Les dommages seront encore plus importants pour les formations de Ligue 2 qui se verront plus fortement assignées à cette division paupérisée. (...)