Le serment d'hypocrite
Pour tous ceux qui ont assisté à la retransmission sur Canal + du match Metz-Lyon, une chose a dû vous paraître étrange: Luis Fernandez dans un état d’excitation incroyable profitant de n’importe quelle occasion pour y aller de sa blague lourde et dérangeante. L’explication de cet état d’euphorie n’allait pas tarder, le Luis, après avoir mené un drôle de scénario avec les dirigeants olympiens de Marseille, succédait officiellement à Philippe Bergeroo...
Auteur : Clément Jumeau
le 3 Dec 2000
Pour tous ceux qui ont assisté à la retransmission sur Canal + du match Metz-Lyon, une chose a dû vous paraître étrange : Luis Fernandez dans un état d’excitation incroyable profitant de n’importe quelle occasion pour y aller de sa blague lourde et dérangeante. L’explication de cet état d’euphorie n’allait pas tarder, le Luis, après avoir mené un drôle de scénario avec les dirigeants olympiens de Marseille, succédait officiellement à Philippe Bergeroo. Ce même Luis qui quelques heures plus tôt disait qu’il n’était au courant de rien, jurant n’avoir jamais été contacté par Perpère et Canal+. De toute évidence, dans le coup monté par les opposants au régime Bergeroo, ceux-ci avaient la carte Fernandez dans leurs mains depuis bien longtemps. Sans doute le bon Luis était-il au cœur même du complot impitoyable.
Car c’est bien le drame de cette histoire, et peu importe ce que l’on peut penser du brave Philippe Bergeroo, qu’on le trouve mou, insipide, franchement mauvais, ou sympathique, le fait est que les clubs de football français subissent des influences de plus en plus semblables à celles que la mafia utilise pour faire sa loi. La loi du milieu quoi.
Rolland Courbis ne s’en plaignait-il pas quelques jours avant cette affaire en disant que si les "bruits de couloirs entendus se vérifient, le métier d’entraîneur est non seulement difficile, mais il devient impossible".
Qui fait la loi ? Qui pousse les publics (pas seulement au Parc des Princes, mais aussi dans d’autres grands stades) à crier à la chute précipitée de l’entraîneur ? Ce public qui n’est qu’un maillon supplémentaire dans la grande chaîne de la rumeur avivée de partout. Il est le dernier représentant, celui que l’on pousse quand il s’agit de réussir son plan d’action. Sans l’accord du public, rien ne se passe, et s’il ne réagit pas, inutile d’insister. Dans la cas Bergeroo, le public a largement précipité le changement d’entraîneur. De là à y trouver une forme de manipulation il n’y a qu’un pas. Même s’il arrive que le public réagisse de façon spontanée, il est clair que la Parc des Princes n’a pas cité le nom de Fernandez par hasard. Et que l’hypothèse lancée par Louis-Dreyfus décrivant Luis comme quelqu’un qui aime avoir son nom dans les journaux n’est pas idiote. Et si Luis avait contacté Louis-Dreyfus dans le but de refaire parler de lui au Parc. Ainsi, il se remettait sur les rangs d’entraîneur en quête de contrat. N’a-t-il pas répété ad lib que son rêve était de revenir au Parc. Sacrément bien joué en tous cas.
Autre cas, le retour de Nouzaret dans le chaudron stéphanois était un moment d’une intensité incroyable. Non seulement parce que le Marseillais avait fait du Saint-Etienne actuel, une équipe faisant de nouveau rêver, mais aussi parce que tout le monde se demande encore pourquoi il a été viré. Si les résultats ne suivaient pas, l’espoir était permis.
De même à Marseille, les nombreux coups en douce dans le dos de l’infortuné (si je puis m’exprimer ainsi) Louis-Dreyfus, n’ont laissé aucun espoir de réussite à Abel Braga. Des coups internes fomentés par on ne sait qui, même si à la lecture de "l’Express" du 23/11/00, l’on peut une nouvelle fois se demander si Tapie n’a pas gardé quelques relations dans le club ou dans son entourage proche. Autant de coups d’états donc, totalement prémédités, développés par le journal "l’équipe" à longueur de pages chaque jour qui est passé jusqu’à l’éviction du soldat visé.
A qui le tour ? Puel ? Courbis ? C’est con, Baup parvient à faire de belles choses avec son équipe jugée pourtant moyenne par pas mal de fouteurs de merde en début de saison.
En tous cas, la prochaine fois, Luis, cache ta joie et attends la fin du match du PSG. Et si les joueurs s’étaient laissés aller un peu exprès. Après tout, il n’y a qu’Anelka pour dire qu’il sera absent jusqu’à la trêve. Les médecins eux disent le contraire. Et Luis est tellement sympa, comment remettre sa parole en doute? Hypocrisie quand tu nous tiens.