La Gazette, numéro 13
recadrage-débordement
On connaît les qualités techniques d'Arsène Wenger, mais aussi sa capacité à amener ses joueurs à donner le meilleur d'eux-mêmes en faisant avec eux les bons choix. Sa totale réussite totale avec Thierry Henry en témoigne, mais le décollage foudroyant de l'international français l'oblige aussi à calmer les ardeurs de son protégé. Le champion d'Europe, qui a réalisé des choses extraordinaires depuis moins d'un an, risque désormais plus la surchauffe qu'une brutale perte de confiance en lui. Dans le but de prévenir un gonflement excessif des chevilles, Wenger est intervenu dans la presse anglaise.
"Thierry est un peu trop attiré par le but, a-t-il déclaré. Avant tout, il ne doit pas commencer à ne penser qu'à marquer. Les buteurs égoïstes finissent toujours par tirer leur équipe vers le bas parce qu'ils ne respectent pas le jeu collectif". Henry a dit de son côté que "lorsqu'on est un attaquant de haut niveau, on n'existe que par le nombre de buts marqués". Le débat semble ouvert entre le joueur et son coach...
cristal Daum
En deux semaines, l'entraîneur du Bayer Leverkusen vice-champion d'Allemagne et futur sélectionneur de l'équipe nationale a tout perdu. La polémique lancée par Uli Höness (voir Gazette 12) avait contraint Christoph Daum à une analyse capillaire destinée à établir sa consommation éventuelle de produits stupéfiants. Longtemps poursuivi par les rumeurs, fragilisé par les mauvais résultats de son club en ce début de saison et attaqué par quelques pontes du foot allemand, l'entraîneur s'est brisé comme un verre à l'annonce samedi des résultats positifs.
La presse se déchaîne contre le "drogué" (alors qu'on ne sait même pas quelles substances sont incriminées), lequel a remis ses démissions et rompu tous ses contrats de sponsoring.
Cette exécution profite à tout le monde, à commencer par ceux qui ont creusé le sol aux pied du condamné. Höness se tait, mais Beckenbauer a très vite tiré les conclusions, conseillant une cure de désintoxication à son collègue. Le programme préparé par la DFB pour installer Daum en juin 2001 aux commandes de la Mannschaft tourne donc court et c'est l'intérimaire, que tout le monde adore, qui hérite du mandat. Rudi Völler s'était bien gardé de tirer sur son successeur présumé et prend donc officiellement cette fonction prestigieuse mais périlleuse: sélectionneur national d'un football en pleine crise...
majorité
Si l'instruction en cours devait confirmer la culpabilité du supporter arrêté, il faudra donc constater que c'est un jeune homme de dix-huit ans qui en a blessé gravement un autre du même âge (celui-ci devrait cependant s'en sortir sans trop de séquelles, à ce qu'on l'on comprend des bulletins médicaux). Cela en rajoute à la tristesse de cet "accident", mais laisse supposer que ce geste est plus la conséquence d'une connerie de gamin que d'une volonté délibérée de faire du mal.
Voilà qui repose aussi la question de l'atmosphère de haine qui se crée parfois dans les stades et à laquelle succombent facilement des esprits faibles. On ne peut espérer que les mentalités évoluent très vite (l'atmosphère qui continue d'environner les PSG-OM montre les difficultés à enrayer une logique israélo-palestinienne), mais au moins faut-il renforcer les mesures de sécurité et dissuader à la racine toute intention d'agression physique. Les clubs doivent prendre le problème à bras le corps et se montrer un peu audacieux. Ainsi, pourquoi ne pourraient-ils pas organiser des rencontres entre les responsables des associations de supporters des deux parties afin de préparer les matches avec les chargés de sécurité? L'établissement d'un code de conduite et d'honneur entre les groupes est-il encore inenvisageable?
Caliméro devant les micros
Il y a quelques temps, nous avions interpellé les présidents de club trop bavards, suite aux déclarations intempestives de René Ruello qui en appelait au lynchage de Gallardo (Dirigeants, fermez-la!).
C'est cette fois l'omniprésent Jean-Michel Aulas qui y va d'une inutile diatribe contre l'arbitre du match Bordeaux-Lyon, qui s'est pourtant soldé par un nul malgré l'expulsion contestée de Grégory Coupet. Comme toutes les opérations de "relations publiques" qui visent le corps arbitral, celle-ci comporte évidemment une part de victimisme: "Je souhaite que ce ne soit pas l'OL qui est visé, mais je ne le pense pas". En mettant la pression sur les arbitres, il s'agit de les inciter à prouver qu'ils ne persécutent pas le club en question.
"Contre Marseille et Bordeaux, nous n'avons pris que deux points sur six alors que le PSG caracole en tête", dit-il aussi, comme s'il fallait voir un lieu de cause à effet direct... Les erreurs d'arbitrages sont regrettables, celle-ci est discutable d'ailleurs, mais elles servent à tout et n'importe quoi, y compris à justifier à l'avance des contre-performances: "Nous sommes pénalisés en jouant à dix à quatre jours d'une rencontre de coupe d'Europe (...). J'espère que Lyon n'aura pas à repenser à ce match de Bordeaux". Allons, l'OL doit-il vraiment aller en Ligue des champions avec des excuses sous le bras?
Aulas va superviser les adversaires avec le staff, il donne ses commentaires techniques sur les matches, monte au créneau contre les arbitres et s'exprime aussi en tant que vice-président de la Ligue nationale... Il n'a pas un mercato sur le feu pour l'occuper un peu?