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Nos excuses à Pablo Correa>
Camiso de force> Roux se replace
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Camiso de force> Roux se replace
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Auteur : Le Feuilleton de la L1
le 29 Août 2007
Nos excuses à Pablo Correa
C'est vrai, notamment en le nommant pour la Spirale de l'ennui et de la frilosité, nous avions fait de lui le parangon de l'absence d'ambition sportive qui plombe nos chances d'éprouver du plaisir en regardant la Ligue 1. Mais cette façon de stigmatiser un entraîneur (qui ne s'était toutefois pas caché de se contrefoutre du spectacle, ayant un maintien à assurer) ne rendait probablement pas justice à la simple réalité. Réalité que l'on pourrait résumer par "peut-être que les entraîneurs qualifiés de timorés font simplement ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont, et que si on les laisse faire, ils font mieux".
En l'occurrence, à Nancy, faire mieux n'était pas recruter des joueurs de calibre, mais conserver son effectif. Ce qui ne signifiait pas forcément faire des économies, puisqu'il fallut prolonger des joueurs convoités... Mais à l'arrivée, Correa dispose d'un groupe rodé, affiné, dont il est en mesure de tirer la quintessence... et de lui demander de jouer de manière plus offensive. À l'image des ces ultimes minutes au Vélodrome, où les Lorrains jouèrent la victoire jusqu'au bout du temps additionnel.
Non, mesdames et messieurs, vous ne rêvez pas. Grâce à la méthode infaillible du Docteur Correa , il suffit d'acquérir son Œuf Gris Magique© puis de souffler dessus. Et hop, ton club, il est leader.
Camiso de force
La "caméra isolée" sur l’entraîneur, à l’image de sa cousine – la caméra isolée sur le président – sert rarement à mettre en valeur son sujet. Celle que Jour de foot a braquée sur Pablo Correa lors de Nancy-Auxerre aura au moins produit un enseignement. On a beau en faire des tonnes sur l’importance de l’influence tactique d’un entraîneur, la présence de celui-ci sur le banc semble le plus souvent servir a ce qu’il expulse toute la tension accumulée, plutôt qu’à livrer de véritables consignes tactiques. Car on se demande bien ce que les joueurs ont pu retirer de celles enregistrées par les caméras de Canal. À moins que ces dernières aient soigneusement évité les recommandations les plus intéressantes…
"AOOOOOOH! ANDRÉÉÉÉÉÉ! ANDRÉÉ! PARLEZ-VOUS, VOUS JOUEZ COMME ÇA, VOUS ETES TOUS LES DEUX LÀ COMME ÇA, DEUXIEME FOIS!"
[…]
"OUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAIS! OUAAAIS!"
[…]
"ALLEZ GARCONS, ALLEZ ALLEZ, ALLEZ! ALLEZ, ALLEZ, ALLEZ! KIM? KIM! KIM! FAUT TRAVAILLER, IL FAUT TRAVAILLER!"
[…]
"SORTEZ! Y a plein de moustiques putain, sans déconner, je suis en train de me faire manger!"
[…]
"Putaiiiiin, Jonathan, merde, même ma mère il la met celle-là!"
[…]
"Pour les caméras de Canal. Celle-là c'est pour Canal!"
Roux se replace
L’info a été répétée quatorze fois – dix par le seul Alexandre Ruiz – lors des cinquante-cinq minutes qu’a duré Jour de foot: Guy Roux a démissionné. Son nom a pour l’occasion été prononcé plus de trente fois (1) et c’était en exclusivité sur les chaînes du groupe Canal. Il n’a certes pas fallu longtemps pour que l’ancien entraîneur bourguignon déballe son malaise sur d’autres ondes, mais le fait que la primeur de l’info ait été accordée à son ancien employeur en dit long sur le sens de l’anticipation de l’homme au bonnet.
C’est Cyril Linette, pourtant disparu de l’antenne pour cause de nouvelles fonctions à la tête de la rédaction football de la chaîne qui s’est chargé de recueillir les premiers mots du démissionnaire, soit le patron qu’il aurait eu s’il était resté sur la chaîne. Une manière de poser les premiers jalons en vue d’un retour au bercail? L’évènement est à rapprocher d’une petite phrase - rapportée par L’Équipe – lâchée à un commentateur de Canal+ à qui il demandait, quelques jours, plus tôt de lui "garder une place au chaud".
La chaîne cryptée avait annoncé le recrutement de Gérard Houllier pour pallier la défection de Guy Roux cette année. Y aura-t-il assez de place pour deux cardiaques retraités sur le trépidant plateau des Spécialistes?
(1) Voilà ce que ça fait, trente fois Guy Roux: Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux Guy Roux.
"Comment ça, ça fait beaucoup? Attends, man, si tu veux t'enquiller PSG-Lille et OL-Saint-Étienne, faut compter un pied de beuh par personne. Minimum."
L'hypothèse du lièvre
Les excellents débuts de saison d'outsiders comme Le Mans, Nancy et Lorient ont fait l'objet de beaucoup de commentaires et de quelques tentatives d'explication. Une hypothèse n'a pas été évoquée à notre connaissance. Attendu que:
- un cinquième du championnat serait joué au soir du 1er septembre.
- qu'une course au maintien se joue souvent très tôt dans la compétition, surtout en cas de mauvais départ.
- qu'un bon départ influe sur le moral des troupes et leur donne le sentiment de leur valeur.
- que la préparation physique de beaucoup d'équipes ne les mènera à l'optimum que dans quelques semaines.
Alors, le "coup" consistant à miser sur un départ en trombe n'est-il pas particulièrement jouable? Quitte à patiner plus tard, les points acquis constituent un appréciable matelas.
Le journalisme est Amour
Enfin, il le serait peut-être si la presse catholique comptait en son sein un journal de football enclin à la compassion, à la charité et à la compréhension du prochain. Faute de quoi, on a pu lire dans L'Équipe de lundi dernier un joli morceau de malveillance ordinaire sous la plume de Jérôme Touboul, En un seul article, le chargé de mission auprès du PSG illustre ce renoncement à l'exercice d'un journalisme critique au profit de jugements de valeur ("le PSG reste une équipe sans envergure"), de vannes bilieuses ("Au pays des nuls, Paris caracole en tête de la L1") et de regrets personnels ("À une poignée de minutes près, il y avait matière à déclarer un début d'incendie" et "À 0-2, Paris aurait été dévasté et le Parc aurait déversé ses sifflets les plus amers et ses slogans les plus railleurs").
L’interview remarquable
L’interview de joueur est un exercice souvent dérisoire, le sportif ayant été parfaitement formé à parler pour ne rien dire, et à enfiler les lieux communs. Rien cependant qui ne soit susceptible de rebuter une recrue fraîchement débarquée à Jour de foot, qui lance ses questions comme on frappe une balle de tennis contre un mur.
L’inintérêt footballistique de l’interview est cependant contrebalancé par le surréalisme issu de cet échange de sourds, entre un footballeur déboussolé et un journaliste dépourvu d’autre outil que ses questions. Il faut cependant entendre le décalage entre le désespoir de l’un et l’agressivité de l’autre pour en saisir pleinement la vanité.
Aruna Dindane : "Pas de commentaire. Pas de commentaire".
Laurent Vernet : "Mais est-ce que tu étais au courant?"
Aruna Dindane : "Je sais pas. Je sais pas".
Laurent Vernet : "Comment tu peux l’expliquer, ça, que…"
Aruna Dindane : "Je sais pas. Je sais… Franchement, je sais pas. Je sais pas".
Laurent Vernet : "Il a démissionné en fait en coulisses il y a deux jours".
Aruna Dindane : "Ben on nous l’a caché alors. Je sais pas. C’est bizarre".
Laurent Vernet : "Vous l’expliquez? Tu peux l’expliquer?"
Aruna Dindane : "Je sais pas. Je sais… sais… y’a rien à dire. Franchement, je sais pas. Là c’est à chaud là, je sais pas, c’est bizarre".