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La fin du "but à l'extérieur", un but contre la coupe d'Europe

Au nom de l'équité mais au mépris de l'intensité dramatique, l'UEFA a supprimé une règle qui a fait le charme et les drames des coupes d'Europe. 

Auteur : Constantin Gaschignard le 12 Oct 2021

 

À l’entame d’une nouvelle campagne de Ligue des champions, difficile de se projeter dans les affiches du printemps sans un serrement au cœur. Le 24 juin dernier, le comité exécutif de l’UEFA a validé l’abolition de la règle dite des buts marqués à l’extérieur dans toutes les compétitions européennes, à compter de la saison présente. 

Une décision que l’on pressentait depuis quelques années et qui illustre la frénésie réformatrice de l’instance européenne, au mépris comme souvent des traditions qui font le mythe du football, au nom comme toujours de l’équité sportive érigée en fin – mais constamment bafouée par ailleurs.

 

 

But en milieu hostile

Depuis son introduction par l’UEFA en 1965, la règle des "buts à l’extérieur" a fait le bonheur des supporters. Elle consistait à ce que, en cas d’égalité en nombre de buts marqués lors d’une confrontation éliminatoire en aller-retour, l’équipe qui en a le plus inscrit sur le terrain de l'adversaire se qualifie. Dès l’origine, l’idée était d’encourager le spectacle en valorisant le but inscrit en milieu hostile.

Dans son communiqué, l’UEFA invoque justement l’obsolescence de cet argument pour justifier le retrait de la règle. "Les statistiques depuis le milieu des années 1970 jusqu’à ce jour montrent une nette tendance à la réduction progressive de l’écart entre le nombre de victoires à domicile et à l’extérieur (de 61% à domicile et 19% à l’extérieur à 47% à domicile et 30% à l’extérieur)", explique-t-elle. 

Elle énumère aussi les causes probables du phénomène: "une meilleure qualité des terrains et des tailles standardisées, une amélioration des infrastructures des stades, des conditions de sécurité optimisées (…) des conditions de voyage plus confortables", pour n’en citer que quelques-unes.

La démonstration a beau pulluler de statistiques, on n'est pas pour autant convaincu de l’opportunité de supprimer une règle qui a contribué à la légende des plus grandes joutes européennes depuis cinquante ans. 

Car si la règle des buts à l’extérieur était initialement motivée par l’intention d’équilibrer les débats en donnant un avantage aux équipes visiteuses, ses mérites ont largement dépassé ce louable motif. Réduisant les chances de prolongations, ces dernières n’étant possibles qu’en cas de scores identiques sur les deux rencontres, elle a permis des matches retour épiques. 

Combien a-t-on vu de fins de match soumises à la versatilité du sort, durant lesquelles chaque occasion asphyxiait le stade, chaque but inversait le destin? 

Éloge de la cruauté

Qu’il s’agisse d’Iniesta en 2009, à la dernière minute d’une demi-finale étouffante à Stamford Bridge, de Manolas face à Barcelone au bout du quart de finale renversant d’un mois d’avril 2018, ou de Lucas Moura inscrivant un an plus tard le but du 3-2 sur le terrain de l’Ajax, que les travées s’éteignent subitement ou au contraire explosent de joie, l’intérêt de la règle résidait dans sa cruauté et son corollaire, ces émotions intenses.

 

 

Sans la règle, les trois exemples précités auraient débouché sur des prolongations, issue ô combien moins cruelle et dont il est permis de douter de la postérité. Dans l’histoire des coupes d’Europe, les matches les plus mémorables sont presque toujours ceux où, mise au pied du mur par l’impossibilité d’une prolongation, une équipe n’eut d’autre choix que d’aller chercher le but libérateur dans le temps réglementaire. 

Beaucoup de secondes mi-temps des matches retour pâtiront de la décision de l’UEFA, qui augmentera inévitablement le nombre de prolongations. Les minutes s’égrenant, les équipes éviteront de se découvrir, au lieu de pousser pour marquer comme la règle des buts à l’extérieur les y contraignait.

Les prolongations, Aleksander Ceferin en parle dans le communiqué du 24 juin. Selon lui, la règle les rendait injustes. Il accuse cette dernière d’obliger "l’équipe recevante à marquer deux fois lorsque l’équipe visiteuse marque un but". Certes. Mais l’abolition de la règle n’abolira pas l’iniquité. 

Puisque la prolongation se jouera toujours dans le stade du match retour, c’est désormais l’équipe recevante qui, jouant devant son public chauffé à blanc et libérée de la double menace du but adverse, sera favorisée. 

Équité contre intensité

À son insu, Ceferin nous prouve que la recherche à tout prix d'une justice sportive est un vain combat. L’instauration de la VAR nous l’a déjà prouvé. Si l’équité doit être aux fondements du sport, elle ne saurait en être l’autel sur lequel sacrifier l’émotion, la passion, le mythe.

L’étendard de l’équité brandi par l’UEFA est surtout un habile prétexte, l’arbre qui a du mal à cacher la forêt du business – la multiplication des prolongations et l'augmentation du temps de jeu suggèrent que les diffuseurs y trouveront le compte d'une augmentation de leurs revenus publicitaires. 

Qui croit à la sincérité de Ceferin lorsque, au nom de la santé des athlètes, il se récrie contre l’hypothèse d’une Coupe du monde tous les deux ans suggérée par la FIFA, tout en promouvant une Ligue des champions avec cent matches de plus à partir de 2024?

On désespère que l’UEFA comprenne un jour que le football ne peut se concevoir en faisant fi de la tradition, de l’émotion, du récit, du mythe, de tout ce qui fait, au fond, la poésie et l'intensité dramatique du sport le plus populaire du monde. 

La règle des buts à l’extérieur était peut-être une anomalie, peut-être n’était-elle pas rationnelle. Mais elle nourrissait la passion et, quoi qu’en dise Ceferin, n’était jamais mise en cause par les acteurs du football. En ajoutant du tragique au jeu, elle façonnait la légende et marquait les mémoires. Elle va terriblement nous manquer.

 

 

Réactions

  • dugamaniac le 12/10/2021 à 11h26
    Je dois dire que depuis l'annonce je n'ai pas tellement d'avis sur ce changement.
    Et il me semble qu'on a souvent defendu ici l'intensité et la dramaturgie des prolongations chaque fois qu'elles ont été contesté (but en or, but en argent) ou abolies (en coupe).
    En coupe du monde, euro et partout il n'y a pas cette règle sans que l'intérêt soit moins bien.

    A la limite, c'est peut être la remise en cause des matchs aller-retour que l'UEFA prépare avec ce règlement, comme d'ailleurs l'idée du final four ou final 8 je ne sais plus.

  • Kéruzorro le 12/10/2021 à 11h42
    Moi non plus je n'ai pas un avis tranché...
    C'est pas la réforme la plus scandaleuse des dernières ou prochaines années, de mon point de vue ...
    Peut être que les équipes qui reçoivent en premier redouteront moins de se prendre un but, et du coup joueront plus...
    Le stade rennais a gagné une coupe de France en 1971, et a éliminé l'OM au péno en demie en perdant 2 0 à l'aller et en gagnant 3 1 au retour ... Et alors ! ?

  • Sens de la dérision le 12/10/2021 à 13h45
    Tiens tu parles des buts en argent et en or et j'en viens à me dire que le problème à l'UEFA/FIFA, c'est qu'il n'y a pas de ligne directrice (à part peut-être celle du pognon). Prenons cette histoire d'équité. C'est un argument qui se tient, pourquoi pas. Mais alors est-ce qu'il est équitable que des clubs puissent avoir quasiment deux équipes de très bons niveaux quand certains doivent se dépatouiller comme ils peuvent ? Est-il équitable que les Euros, les Coupes du Monde ne puissent se tenir que dans un nombre restreint de pays parce que les installations doivent respecter des cahiers des charges abominables ? On pourrait multiplier les exemples à foison.

    Évidemment, pas sûr que ce soit vraiment l'équité qui guide ce choix.

  • Mik Mortsllak le 12/10/2021 à 13h50
    Et alors c'est génial si on aime les prolongations et les séances de tab, mais le dernier Euro a montré que ça pouvait aussi être pénible.

    Plus que de l'équité, l'abandon de cette règle offre surtout une protection de plus aux grands clubs, puisque la Juve, Barcelone et M.City ont été les principales victimes de cette règle ces dernières années. Il faudra maintenant leur marquer un but de plus sur deux matchs, ce qui va forcément diminuer le nombre de surprises.
    Mais cela ne fait que 20 ans que l'UEFA protège de plus en plus les grands clubs, ce n'est que la continuité malheureusement.

  • Ba Zenga le 12/10/2021 à 16h25
    Merci pour cet article qui rappelle que ce but à l'extérieur fait l'essence de ces compétitions... Quelle tristesse de le voir disparaître. L'un des trop nombreux clous plantés dans le cercueil de notre football. (Ouais je sais, vieux con tout ça, mais j'ai très mal à ma passion depuis quelques mois et ça fait chier.)

  • Vas-y Mako! le 12/10/2021 à 18h30
    Mes 3 plus grands souvenirs de ”supporters”, St Etienne Hadjuk de 74, St Etienne Kiev de 1976, St Etienne Nantes de 1977 en coupe de France, 3 matchs retour avec prolongations.
    Cette frénésie de réformes de l’UEFA est certes pénible ( la Ligue des Champions nouvelle formule fait peur), mais il faudra peut-être attendre avant de condamner définitivement celle concernant le but à l’extérieur.

  • José-Mickaël le 12/10/2021 à 20h41
    Pour moi le problème principal est que ça va augmenter le nombre de séances de tirs aux buts (c'est mathématique).

    L'UEFA dit que le pourcentage des victoires à domicile baisse. Oui mais il est toujours nettement supérieur : 47 % contre 30 %, ce n'est pas rien. De plus cette réduction n'est-elle pas due au fait que les écarts de niveau se creusent entre les équipes les plus riches et les moins riches ? Autrefois, quand le champion d'Espagne rencontrait le champion de Belgique, de Bulgarie, de Hongrie ou Yougoslavie, c'était serré, alors qu'aujourd'hui il se balade. Du coup, plus d'équipes étant largement supérieures à leurs adversaires, il est normal que plus d'équipes gagnent aussi à l'extérieur.

    Plus de prolongations favorise les équipes riches ayant des remplaçants de qualité, surtout si on permet un ou deux remplacements supplémentaires. Ça n'a plus rien à voir avec l'époque dont parle Vas-y Mako. Quand l'UEFA parle d'équité, elle se fout de nous.

  • Utaka Souley le 13/10/2021 à 10h11
    Pour moi le problème principal est que ça va augmenter le nombre de séances de tirs aux buts (c'est mathématique).
    ---------------------------------------------------
    Absolument, et en particulier tous les matches qui se finiront à l'aller 2-2, retour à 1-1.

  • Toni Turek le 19/10/2021 à 20h15
    Cette évolution, c'est juste pour donner une couche de "modernité" au football. Du changement pour le changement, autrement dit.

    On sait s'il y avait beaucoup de clubs ou de footballeurs ou de fans qui demandaient l'abolition de cette règle ?

La revue des Cahiers du football