Irlande-France : les gars
Onze joueurs ont disputé une partie de leur avenir sportif sur la pelouse de Croke Park. Les Hugo Boys ont tous souffert pour l'emporter...
le 16 Nov 2009
Non content d'avoir réussi toutes ses sorties aériennes et capté proprement les rares frappes irlandaises, Lloris a été décisif en gagnant deux duels cruciaux devant Keane (28e) et Whelan (87e). Le genre de match qui peut installer un numéro 1.
On peut se demander comment Sagna a réussi à faire exister un côté où il s'est le plus souvent retrouvé seul en première période. Il s'est logiquement appliqué, quand il le put, à délivrer des centres généralement précis mais qui trouvèrent rarement des clients (Henry de la tête à la 43e). Duff se joue de lui avec une talonnade-petit pont (52e), mais il lui a globalement bien résisté.
Par la faute d'une adversité farouche sur son côté, Évra n'a pas été le latéral offensif que l'on connaît. Le jeu n'ayant été écarté que sur l'autre flanc, il s'est même plus illustré dans l'axe, comme avec cette chute sur Given qui n'aurait pas complètement usurpé un penalty. Quelques erreurs de placement, comme lorsqu'il recule inexplicablement devant McGeady, le laissant déclencher une frappe qui aurait pu être autrement plus dangereuse (86e), et une perte de balle qui amène un contre dangereux (70e).
Si les défenseurs centraux ont réussi un nombre significatif d'interventions décisives, leur passif est lesté d'erreurs notables. Malgré une montée tardive qui ne met Keane hors-jeu que de quelques centimètres (48e), Abidal avait ainsi un excellent bilan avant son pas de deux de la 86e minute, qui offre un quatre contre trois et une énorme occasion aux Verts. On retiendra donc plutôt ses bons jaillissements (70e, pour éteindre une contre-attaque ou 78e, pour reprendre Keane) et son impact athlétique. En priant pour que son association avec Gallas apparaisse rapidement plus probante.
Auteur d'une petite bourde qui valut une touche et un centre dangereux (49e), Gallas ne s'est cependant pas mis souvent à la faute, essentiellement grâce à un bon placement et un physique affûté. Il tacle (6e) ou surgit à bon escient (12e) et accomplit ensuite un match discret, mais efficace.
Un Diarra et demi
La densité de l'entrejeu irlandais a empêché Lassana Diarra de rayonner comme il le peut, et il a rarement perforé les lignes vertes, cherchant plutôt la passe juste après en avoir raté beaucoup en début de match. Il est au four et au moulin avec la belle action de la 56e minute, qu'il amorce avec une récupération rageuse et manque de conclure avec un superbe tir qui va faire frissonner la lucarne. Il est encore à la manœuvre avec un rush qui lui permet d'alerter Anelka (80e), puis allume un bon tir du gauche, dévié en corner (87e).
Évoluant en retrait de son homonyme, Alou Diarra a semblé avoir du mal à se positionner et en dépit des ballons ratissés ou renvoyés de la tête, il a insuffisamment contribué à donner une homogénéité à son équipe – d'autant qu'il a peu soutenu le côté gauche. Il commet une main qui manque de se transformer en passe décisive tant elle met Robby Keane en position idéale (26e).
Gourcuff a connu une première mi-temps pénible. D'une rare discrétion jusqu'à sa frappe sur Given (26e), il commence à peine à s'intercaler utilement dans les actions (un service pour Gignac, 29e), mais n'émergera qu'en même temps que toute l'équipe, après le gros quart d'heure irlandais de la reprise. Un tir écrasé à l'issue d'un solo dans l'axe (53e) et une frappe ratée (85e) indiquent un manque d'inspiration à la finition, moins dans les relais: s'il rate ses transmissions pour Anelka (57e) ou Gignac (80e), sa déviation instantanée pour Anelka a fait une grande partie de la différence sur le but. Une talonnade et une remise de la poitrine présomptueuses ont dénoté un état de forme aléatoire.
Le paradoxe Anelka
Anelka a commencé par verser dans ce que l'on est bien obligé de considérer comme un travers, en jouant très reculé et surtout très axial. Il a ainsi abandonné Sagna sur le flanc droit et empiété dans la zone de Gourcuff, avant de revenir en fin de période à son placement présumé, non sans plusieurs pertes de balle énervantes. Son indéniable activité est enfin devenue prolifique à l'approche de l'heure de jeu: il enchaîne alors les tirs (57e, 60e) et les débordements, mais ne trouvera la réussite qu'un peu plus tard avec son ouverture du score. Si elle est chanceuse, le contrôle est parfait et la prise de décision impeccable. La suite sera plus quelconque, hormis un pressing devant Given qui provoquera l'énorme occasion de Gignac (80e).
Oscillant entre "discret" et "invisible", Henry conclut sa mince première période... en se procurant les deux meilleures occasions de son équipe: un tir au sortir d'une série de contres favorables, malheureusement non cadré (39e), et une tête décroisée sur un centre de Sagna (43e). Le Barcelonais disparaît de nouveau après la pause, et il faudra attendre son net réveil dans le dernier quart d'heure, pour un bilan modeste: une transmission juste pour Gignac (78e). Il s'est rarement mis en position de tir et a connu un déchet technique important – se rattrapant toutefois avec des coups de pied arrêtés bien exécutés, malgré une balle en retrait fantaisiste pour Lassana Diarra (60e).
Parfois confus, parfois hors-jeu, souvent contré, Gignac s'est livré sans ménagement dès le début: un premier corner obtenu (4e) et un "but" invalidé pour une position illicite (11e). Il est près de faire la décision à plusieurs reprises, mais la densité défensive irlandaise l'a contrarié, ou sa propre maladresse avec un intérieur complètement dévissé alors qu'il se trouvait seul devant une cage largement ouverte. À défaut, il a cherché à réussir l'avant-dernier geste, comme lorsqu'il lance Evra avec une passe dans le dos des défenseurs qui aurait pu provoquer un penalty (69e)... Productif à défaut d'être décisif et fort plaisant à voir dans cette équipe qui a, dans un passé récent, souvent manqué de présence dans la surface.
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