En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Imbula/Doyen Sports : un drôle de manège

Les tribulations de Giannelli Imbula entre l'AC Milan, l’Inter et Porto pour son transfert ont eu un point commun: le fonds d’investissement Doyen Sports, présent à titre divers dans les trois clubs, et qui depuis son arrivée en 2011 ans est devenu un acteur financier important du foot européen.

Auteur : Plumitif le 4 Juil 2015

 

 

Si Giannelli Imbula n’est pas allé à Milan et à l’Inter, c’est à cause de Doyen Sports. S’il est allé à Porto, c’est grâce à Doyen Sports. S’il va à Milan dans un an, ce sera grâce à Doyen Sports. Comment un fonds d’investissement peut ainsi influer sur la trajectoire d’un joueur, qui plus est alors que l’intervention des tierces parties (TPO) est interdite depuis le 1er mai 2015? Pour comprendre, il faut entrer dans les coulisses des contrats de joueurs et des transferts.

 

 

 

 

La saga Imbula/Doyen Sports démarre vraiment mi-juin avec la bagarre entre l'AC Milan et l’Inter pour Geoffrey Kondogbia. Le joueur monégasque, arrivé dans la Principauté en 2013, fait partie de l’écurie Doyen Sports depuis son passage au FC Séville. Le fonds d’investissement, qui le range sur son site internet au chapitre "Players Investment", détient 50% de ses droits. Une pratique pourtant interdite en Ligue 1. Interrogé sur la présence à Monaco de joueurs venus d’Espagne et du Portugal sous le régime du TPO, un éminent juriste du football nous a répondu: "Il peut exister en effet un doute raisonnable quant au respect de l’interdiction d’utiliser le TPO dans ce club, vu l’environnement très lusophone. Mais on ne peut le prouver. Parce que dans ce cas rien n’apparaitrait sur les contrats adressés à la Ligue. Il suffirait d’établir entre les parties un acte sous seing privé ou une contre lettre." [1]

 

 

Second choix

Mi-juin, Milan veut Kondogbia et l’affaire parait bien engagée puisque Doyen Sports a conseillé Bee Taechaubol (milliardaire thaïlandais) lors de l’achat par ce dernier début juin de 48% des parts du club rossonero. Mais, coup de théâtre, c’est l’Inter Milan qui rafle finalement Kondogbia. L’Inter dont le propriétaire, Erick Thorir (homme d’affaires indonésien), est actionnaire de Doyen Sports. Kondogbia arrive chez les Nerazzuri pour 40 millions d'euros, soit le double de son transfert à Monaco deux ans plus tôt. On devine donc qu’entre un joueur étiqueté Doyen Sports, l’Inter Milan et le fonds d’investissement dont le président est actionnaire, toutes les parties ont trouvé leur intérêt.

 

Cette affaire a fait une victime collatérale, Giannelli Imbula, d’abord séduit par l’offre intériste. Sauf qu’une fois le transfert Kondogbia opéré, l’Inter et son entraîneur, Roberto Mancini ont fait patienter le milieu de terrain marseillais. Imbula était échaudé par sa mésaventure au FC Valence, où Jorge Mendes, grand ennemi de Doyen Sports depuis un an, avait fait acheter le brésilien Rodrigo Caio en dernière minute, ceci ayant pour effet de stopper son transfert. Répudié par Valence, un peu baladé par l’Inter, Imbula était en attente. Et qui arrive en sauveur? Doyen Sports par Porto interposé!

 

 

Changement stratégique

Le club portugais fait partie des clubs clients privilégiés du fonds d’investissement dans la péninsule ibérique avec l’Atlético Madrid et le FC Séville. Avec 20 millions d'euros Porto a cassé sa tirelire puisqu’il s’agit du gros montant d’achat de son histoire devant Hulk (19 millions) et Danilo (13 millions). Le club portugais a fait appel à Doyen Sports, son partenaire déjà pour Falcao, Mangala, Defour et Brahimi. Mais dans des conditions différentes. Fini le TPO, la cession de parts de joueurs à des fonds d’investissements, pratique bannie par la FIFA depuis le 1er mai dernier. C’est donc en tant que "banquier" du FC Porto pour le transfert, et non plus en tant que détenteur de parts de joueurs, que Nelio Lucas, le Directeur Général de Doyen Sports, était attablé dans un restaurant de Porto mardi soir aux côtés de Giannelli Imbula.

 

 

Photo publiée par (@diario_fcp) sur Twitter.

 

 

Avec ce transfert, le plus coûteux de son histoire, le FC Porto change de stratégie. Jusqu’ici, elle consistait à financer ses achats de joueurs les plus coûteux en vendant un pourcentage de leurs droits à des fonds d’investissement. En détenant 100% de ceux d’Imbula, le club prend un gros risque. Son équilibre financier était déjà précaire du fait des intérêts très importants versés aux fonds prêteurs. C’est pourquoi la thèse d’un séjour très court de l’ex-Marseillais à Porto, avec un transfert dès l’été prochain, paraît la plus plausible.

 

 

Doigt dans l'engrenage

Ce départ serait déjà bouclé selon Gianluca Di Marzio et Luca Marchetti, journalistes à Sky Sports Italie. Lesquels ont affirmé que Nelio Lucas, le Directeur Général de Doyen Sports, avait "placé" Imbula à Porto en lui promettant que dans un an, il irait à l'AC Milan. Afin aussi de se "rattraper" du raté Kondogbia? Kondogbia à l’Inter à l’été 2015 pour 40 millions, Imbula au Milan à l’été 2016 pour 50 millions (montant de la clause libératoire)? Imbula entre donc à son tour dans la grande lessiveuse. L'ancien Guingampais est resté en attente, mardi soir à Porto, pendant que le club transférait Jackson Martinez à l’Atlético Madrid pour 35 millions d'euros et Danilo au Real Madrid pour 31 millions avant de signer son contrat. Deux transferts que Jorge Mendes a opéré entre trois (Porto, Atlético Madrid, Real Madrid) de ses nombreux clubs familiers. Car le FC Porto est aussi une gare de triage où de manière tacite le super agent et Doyen Sports oublient leur concurrence.

 

Tout un monde rejeté par Willy Ndangi, le père de Giannelli Imbula, qui déclarait dans L’Équipe du 29 décembre 2014: "Un mois environ avant que Giannelli signe à Marseille, j’ai eu une réunion avec une structure en affaires avec Chelsea. Mais les gens voulaient la mainmise sur le joueur pendant cinq ans. Vous voyez le système Kondogbia, Mangala et tralala… J’ai refusé l’argent (1 million d'euros) (…). Le footballeur, il faut qu’il soit libre, qu’il maîtrise sa carrière et son salaire. Je ne voulais pas que Giannelli ait une laisse autour du cou." Il a finalement signé à Porto le 30 juin, le club qui arrivait loin derrière Valence, Milan et l’Inter au début de ce mois dans l’ordre de ses préférences. Un drôle de manège.

 

 

Qui est Doyen Sports?

Présent plus particulièrement à l’Atlético Madrid, au FC Séville, Sporting Gijon, FC Porto, AC Milan et Inter Milan, Doyen Sports est une des filiales du Doyen Group qui se présente comme un investisseur privé opérant dans les marchés émergents. La holding est basée à Istanbul, la division financière à Londres (Doyen Capital LLP) et la division sportive (qui opère depuis 2011) à Malte (Doyen Sports Investments). Parmi les principaux investisseurs dans Doyen Group figure le Turc Fettah Tamince, propriétaire de la chaîne Rixos Hotels et de Stars MediaGroup. Tamice est très lié à Recep Erdogan, le président turc. En avril 2013 Tamince a par ailleurs vendu 50% de ses parts de Stars Media Group à SOCAR, la société pétrolière nationale de l’Azerbaïdjan. Trois mois après cette opération, l’Azerbaïdjan est devenu sponsor maillot de l’Atlético Madrid, succédant à Rixos Hôtel Group.

 

Le club madrilène est un des principaux dans la galaxie Doyen Sports. Diego Simeone, l’entraîneur, est cité sur le site de Doyen Sports comme une des stars du foot international avec Neymar, Xavi et Januzaj. Tevfik Arif (Kazakh/Turc) est un autre investisseur de Doyen Group. Il est fondateur de Bayrock Group, basé à New York (investisseur immobilier en partenariat avec Fettah Tamince et Donald Trump). Erick Thohir, le propriétaire de l’Inter Milan, magnat indonésien des médias, est l’autre investisseur connu de Doyen. Les autres restent soigneusement dans l’anonymat.

 

[1] Une contre-lettre est une convention occulte qui contredit, en les annulant ou en les modifiant, des dispositions contenues dans une convention ostensible.
[2] Nelio Lucas. le directeur général de Doyen Sports est originaire de Coimbra. Après des études de communication aux États-Unis il a travaillé pour Creative Artists Agency, agence qui en 2008 s’est associée avec Gestifute la société de Jorge Mendes. Lucas est entré dans le monde du foot en devenant l’assistant de Pini Zahivi, le sulfureux agent israélien.

 

 

*L’essentiel des informations sur Doyen Sports proviennent du livre Gol Di Rapina (Edizione Clichy) et des articles sur calciomercato.com de Pippo Russo, universitaire et sociologue italien spécialiste reconnu en décryptage des enjeux et rouages de l’économie du foot.

   

Réactions

  • dugamaniac le 03/07/2015 à 16h38
    C'est aussi intéressant que compliqué pour moi.

    Finalement Imbula il n'a aucun lien avec Doyen Sport aujourd'hui? Lui il a juste un contrat de x années avec Porto contre un salaire défini.
    C'est uniquement Porto qui a une relation avec Doyen.

    L'autre truc que je ne comprends pas bien c'est qui s'enrichit sur le dos de qui dans ces transactions. Je sens bien que le fond survalorise les joueurs d'un transfert à l'autre mais si j'ai bien suivi il les place autant que possible dans des clubs où il a des parts.
    Comme s'il gonflait la valeur avec ses propres fonds.

  • plumitif le 03/07/2015 à 17h03
    dugamaniac
    aujourd'hui à 16h38

    En effet Doyen ne peut plus détenir de parts d'Imbula.
    Le lien entre Doyen et Imbula c'est que le fonds s'est mis d'accord avec Porto pour que le club l'achète (en finançant 50 %) du transfert.
    Et Doyen se fait fort de trouver un club à Imbula afin que ce club paye dans un la clause libératoire à 50 M€.
    Soit 30 M€ de plus value que Porto et Doyen vont se partager.
    Doyen conduit la carrière d'Imbula uniquement selon ses interêts.


    Dans ces opérations, Doyen ne prend pas de parts dans les clubs.
    Avant l'interdiction du TPO Doyen achetait des parts de joueurs un club. Qu'il revendait à ce club avec de gros intérêts.
    Maintenant Doyen va prêter de l'argent aux clubs avec de gros intérêts.
    Doyen traite avec des clubs à qui les banques ne prêtent plus pour surendettement.
    Donc il peut fixer des taux usuraires.

    Le joueur s'enrichit tout court.
    Le club s'enrichit apparemment mais en fait s'endette énormément.
    Doyen s'enrichit tout court.
    Car évidemment tous les risques et aléas concernant les joueurs (méforme, perte de valeur sportive, blessures, arrêt de carrière) sont à la charge du club, pas du fonds d'investissement.

  • plumitif le 03/07/2015 à 17h04
    afin que ce club paye dans un AN la clause libératoire à 50 M€.

  • Vieux légume le 03/07/2015 à 18h47
    C'est beau le football moderne.
    Merci pour le topo plumitif, extrêmement intéressant.

    J'imagine que ça explique le petit manège qu'il y a pu avoir entre Porto et Valence cet été.
    J'ai hâte de voir ce qui se passera quand un club ne pourra plus rembourser Doyen Sports, quand il sera persona non grata pour tout joueur de l'écurie.

  • osvaldo piazzolla le 03/07/2015 à 19h30
    Merci ! du coup j'ai une autre double question: il y a six ans j'avais fait ça (oui je sais il n'y a jamis eu de suite):

    lien

    1) Dans un paysage géopolitique actuel (apparemment) dominé par Mendes, D'Onofrio, etc... que deviennent HAZ Sport et Zahavi? A combien estimes tu le nombre de "superagents" (tels que définis par Pippo Russo) qui se partagent le marché? (Classerais tu Bernès dans cette catégorie, au moins dans le paysage français?)

    2) Peut on voir ton étude de cas comme un manuel de "comment s'adapter à une situation où la TPO devient taboue" et qu'en cela elle représente le futur par rapport à des opérations comme celles de 2009?

  • Daijinho le 03/07/2015 à 19h49
    Je m'interroge quand même sur le fait que la TPO n'ait pas percé en Angleterre, en Allemagne et en France, sachant que comme il est expliqué dans l'article, on peut la déguiser facilement. Vu le manque de vision à long terme des dirigeants français en particulier, ce genre de montage d'apparence win-win-win devrait pourtant être très prisé.

  • Daijinho le 03/07/2015 à 19h51
    En Angleterre, seraient-ce les imbroglios Tevez et Mascherano qui auraient refroidi les clubs ? Mais ailleurs, pourquoi ne se jette-t-on pas dessus tel un Mozer sur des chevilles frétillantes ?

  • osvaldo piazzolla le 03/07/2015 à 20h53
    C'est à dire que pour les clubs, cela correspond à abandonner l'idée de souveraineté sur l'équipe. Pour un président, qui considère souvent qu'il est le patron (au point parfois de décider du onze), il y a un côté inacceptable.

    Il y a aussi une question de rapport de forces de puissance financière, j'imagine. Le Portugal, le Brésil et l'Argentine sont trois pays où les structures financières des clubs ne leur permettent pas de s'imposer et sont donc à la merci des superagents...c'est peut être vrai aussi pour beaucoup de clubs espagnols. On peut imaginer qu'en Anglettere (le pays du droit télé facile et égalitaire) et qu'en Allemagne (le pays dont on vante l'organisation rigoureuse des clubs) et qu'en France (le pays de la DNCG), ça soit plus compliqué. Le mystère serait plutôt l'Italie...

  • plumitif le 03/07/2015 à 21h25
    osvaldo piazzolla
    aujourd'hui à 19h30

    A propos de ton papier. C'était l'époque des triangulations dans le football argentin, très inventif en malices.
    La triangulation d'Higuain et des joueurs passés par Locarno consistait à régaler des sociétés et des agents comme Zahavi.

    Il y a eu l'autre triangulation consistant à faire transiter un joueur par l'Uruguay ou le Chili pour un transfert entre deux clubs argentins.
    Parce que les clubs argentins ne payaient pas d'impôts sur les transferts de joueurs venus de l'étranger.
    En revanche ils devaient payer entre 15 et 35 % d'impôts selon un barème très compliqué pour un tranferts entre deux clubs argentins.

    HAZ et Zahavi ont disparu des radars en termes de chiffre d'affaires et Zahavi n'a plus l'influence déterminante qui était la sienne à Chelsea et Portsmouth.

    Les super agents aujourd'hui sont deux: Mondial Sports Management de Constantin Dumitrascu et le Gestifute de Jorge Mendes par le volume de leurs transactions.

    Bernès en France correspond à la notion de super agent puisqu'il est super influent: agent de joueurs, d'entraîneurs et de sélectionneurs

    Le cas Imbula est le cas type du post TPO depuis le 1er mai.
    Le fonds d'investissement change de casquette. Il eest tout aussi influent sur le club et le joueur mais différemment. Et de manière plus opaque.


  • plumitif le 03/07/2015 à 21h51
    Daijinho
    aujourd'hui à 19h49

    osvaldo piazzolla
    aujourd'hui à 20h53

    Le TPO n'existe pas officiellement en Angleterre parce que la richesse de la Premier League permet aux clubs de s'appuyer uniquement sur des banques.

    Clubs riches (bien que très endettés) le Real et le Barça utilisent beaucoup moins le TPO que la plupart des autres clubs espagnols.
    Endettes aussi mais qui offrent beaucoup moins de garanties que les deux clubs dominants. D'où l'appel aux usuriers fonds d'investissements.

    En France, les clubs grosso modo tiennent leurs finances avec le secours des banques.
    Et le TPO n' y est pas une pratique jugée culturellement correcte. Tout comme en Allemagne.

    En Espagne et au Portugal on a une conception beaucoup plus pragmatique de l'économie du foot. Qui consiste à ouvrir le capital et à faire appel à des sociétés financières qui fourmillent.
    Quand Porto donne la liste dans son bilan annuel des sociétés associées aux transferts et aux cessions de parts de joueurs, on en dénombre une trentaine...

    Effectivement, pourquoi pas en Italie ?
    Mais le TPO y existe. Utilisé à Milan AC la Roma, Lazio, Genoa Hellas Vérone, Palerme, Cesena, Catane.

La revue des Cahiers du football