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L'horreur sans signe avant-coureur

Sur le tacle de Valentin Eysseric qui a coûté sa cheville à Jérémy Clément, tout a été dit. Sauf peut-être du point de vue de l'arbitre.

Auteur : Pitchdobrasil le 7 Mars 2013

 


Une nouvelle chronique arbitrale issue de Poteaux-carrés.com, où elle a été initialement publiée. Lire aussi "Le hors-jeu à la limite".

 

Saint-Étienne-Nice aura été un match à part, y compris pour un arbitre qui a dû prendre des décisions importantes d'entrée de jeu puis adapter son sifflet et son attitude au contexte qu'avait créé la faute sur Clément. Sur ce tacle, tout a été dit. Quoique…
 

Beaucoup, y compris Galtier en conférence de presse (et sous le coup de l'émotion), ont critiqué l'engagement des Niçois, l'accusant de connaître un aboutissement "logique" dans ce tacle. Qu'en est-il réellement? Nice traîne une image historique méritée d'équipe dure. Pourtant, cette année, leur tableau de sanctions était jusqu'à présent plutôt léger: Nice était avant le match troisième au classement du fair-play avec un seul carton rouge reçu (Ospina pour une faute anéantissant une occasion manifeste) et un nombre d'avertissements dans la moyenne basse. Baste l'historique: après tout, une équipe gentillette peut aussi bien dégoupiller qu'une escouade de serial killers.
 


Vingt-cinq minutes basse tension

Tentons d'analyser les vingt-cinq premières minutes du match. En toute sincérité, elles semblent plutôt accréditer la thèse de l'acte isolé. En début de match, les Niçois mènent un pressing très haut et intense sur des Verts qui ont beaucoup de mal à s'en extirper. Mais ils le font sans commettre plus de fautes que la moyenne. Avant la faute sur Clément, Nice commet sept fautes (Bauthéac à la 3e minute, Gomis à la 5e, Civelli à la 8e, Anin à la 10e et la 16e et Maupay à la 17e et la 20e) dont une seule est un peu intense, contre seulement trois pour les Verts. Un match accroché en L1 voit facilement quarante fautes sifflées. Et, au-delà du nombre de fautes, l'arbitre n'a pas beaucoup eu l'occasion de laisser l'avantage (une fois à la 14e sur une succession de pertes de balle des deux équipes avec quelques contacts sans que l'arbitre ne juge bon d'intervenir), car les quelques fautes sifflées sont plutôt nettes, les actions claires.
 

Alors, il y a peut-être d'autres moyens de mettre la pression (paroles, petits coups loin du ballon, petits accrochages…), des détails échappant au spectateur devant sa télé et qui expliqueraient la réaction de Galtier, mais pas vraiment de trace d'énervement avant cette fatidique 23e minute. Pour preuve, l'arbitre n'a pas eu à faire l'habituel rappel à l'ordre sur les premiers coups de pied arrêtés. Le seul joueur un peu véhément sur le penalty puis le but refusé est Digard, d'ailleurs calmé par un équipier sur cette deuxième action. À la 11e minute, Cohade met Anin dans le vent dos au but mais le Niçois ne le "tombe" pas et le laisse frapper. L'action se reproduira plusieurs fois. Brandao laisse légèrement traîner le pied devant Ospina à la 15e et passe dix secondes à s'excuser sans que le portier azuréen n'ait bronché. Pas d'agressivité outre mesure, pas d'échauffourée, pas d'intervention en retard ou d'antijeu: non, définitivement, on n'a pas l'impression d'une équipe voulant mettre ses balloches sur le nez de l'adversaire, de l'intimider.
 


Deux décisions cruciales

En ce début de match, l'arbitre a tout de même du prendre deux décisions très importantes. Dès la 5e minute, il siffle un penalty a priori incontestable sur Aubameyang. Le gif animé réalisé par le potonaute larsouille est parlant: le Niçois touche légèrement le pied du Stéphanois qui est déséquilibré. Les supporters niçois ont beau crier à l'injustice et à la simulation, à pleine vitesse et en croisant les courses, un contact, même léger, peut suffire à déstabiliser complètement. Il faut bien avoir conscience du fait que le joueur placé devant et en possession du ballon a une position préférentielle. Dernier détail, quel intérêt avait l'attaquant stéphanois de plonger au lieu de fusiller Ospina?

 



 

La seconde, à peine trois minutes plus tard, est le refus du but de Civelli, à juste titre. On dit souvent que les gardiens sont trop protégés en France – en citant systématiquement l'Angleterre – et c'est peut-être vrai. Dans les faits, il est tout à fait autorisé de charger un gardien, même en l'air (comme pour un duel aérien classique entre deux joueurs de champ). Sauf qu'il est extrêmement difficile de disputer "loyalement" le ballon en l'air à quelqu'un qui dispose de l'énorme avantage d'avoir le droit de se servir de ses bras pour jouer le ballon. Par contre, à partir du moment où le gardien touche ou tient le ballon (et c'est le cas ici), il ne peut être chargé.
 

 



 

En résumé, il y a faute parce que Ruffier est en possession du ballon au moment du contact, mais il y aurait probablement eu sanction même sans cela. Dernier point, le fait que le contact a lieu dans la surface de but ne change rien à l'affaire : la règle qui précisait que le gardien ne pouvait être chargé dans les 5,5m a été abolie il y a plusieurs années. À la décharge du Niçois, il cherche vraiment à marquer et Ruffier saute dans sa direction, un déplacement qui rend forcément le contact plus rude et impressionnant, tout en provoquant un réflexe de protection de Civelli (c'est d'ailleurs à cause de ce réflexe qu'il semble marquer du bras ou de l'épaule). Donc, encore une fois, l'engagement du Niçois est très loin des limites de l'acceptable. Il n'est même pas averti ou sermonné pour le coup.
 

 

Collatéral

Parfois, un arbitre à côté de son match, une ou deux équipes très remontées sont des signes qu'un match peut dégénérer, mais ce n'était pas le cas samedi. Le début du match est vraiment propre alors même que Nice pourrait se sentir – à tort – floué par l'arbitrage. Et vint ce tacle. Évidemment, sur le geste en lui-même, il n'y a rien à analyser. Par contre, la seconde qui le précède a une importance capitale: un petit accrochage parfaitement sanctionnable est commis sur Eysseric. Ce coup de pied lui fait prendre le retard qui sera fatal et l'énerve suffisamment pour qu'il se lance de manière complètement disproportionnée.
 

 



 

On reproche souvent (et régulièrement à raison) aux arbitres français de trop siffler, nuisant ainsi au rythme de la partie. Pourtant, depuis quelques saisons, un vrai travail est fait pour sanctionner au minimum les "micro-fautes", laisser au maximum l'avantage. L'arbitre est-il donc en partie responsable de l'agression? Non, pas plus que cette petite faute ne peut justifier l'engagement d'Eysseric. À moins d'être doué de préscience, l'arbitre ne pouvait deviner les conséquences de sa décision, car on est ici dans l'exceptionnel, le genre d'action qui se produit une fois par an au maximum en Ligue 1. Le contexte du début du match ne l'a vraiment pas incité à serrer la vis et siffler ce contact anodin: il a fait confiance aux joueurs. D'ailleurs, au moment de la faute, il est en train de siffler la première et ainsi de revenir sur l'avantage. Et il n'a pas pris conscience immédiatement de la gravité du geste et de la blessure, c'est assez flagrant sur les images.
 

 




 

Aller au bout

Que faire pour lui par la suite? Tout le monde est choqué sur la pelouse et la fin de la première mi-temps est totalement anecdotique. C'est une situation que j'ai à titre personnel vécue à plusieurs reprises. La suite dépend paradoxalement souvent de ce qui s'est passé auparavant: si le match a été calme, il le sera encore plus ou, au contraire, peut dégénérer; si le match était chaud, ce sera la guerre. L'intelligence de l'arbitre est souvent d'aller capter les moments potentiellement dangereux et les anticiper: siffler un peu plus tôt, sortir des cartons ou dialoguer avec les joueurs selon les situations et le feeling qu'il peut avoir. Varela nous a plusieurs fois montré ses capacités d'apaisement (lire l'article sur VA-ASSE la saison passée) et il l'a fait une fois de plus samedi. Il sait par expérience, par exemple, que Ruffier a le sang chaud (lire l'article sur Bastia-ASSE cette saison). D'ailleurs, après l'évacuation de Clément, le gardien stéphanois vient haranguer ses coéquipiers, sans doute pour les inciter à ne pas lâcher malgré ce coup du sort.
 

En tout début de deuxième période, Bauthéac est lancé, quand Ruffier lui enlève le ballon dans les pieds. L'attaquant touche, sans doute involontairement, le portier qui a un sérieux mouvement d'humeur et va pousser le Niçois. En toute autre circonstance, l'arbitre aurait probablement adressé un avertissement à l'ancien Monégasque. Pas ici, car il juge le carton contre-productif. Il préfère lui parler, assez longuement d'ailleurs, d'abord de façon autoritaire avant de s'adoucir à mesure que Ruffier se calme. On est alors à un moment charnière du match. Les joueurs reviennent juste des vestiaires et rien ne dit que la plus petite étincelle ne peut faire exploser le match. L'arbitre ne sait rien des consignes passées par les entraîneurs à la mi-temps. Sa pédagogie auprès de Ruffier donnera le ton pour la suite du match: il a montré qu'il comprenait que tout le monde était touché par la blessure de Clément. Résultat, le seul événement un peu tendu jusqu'à la fin du match sera l'avertissement à Bauthéac pour une intervention en retard sur Brison.


[Passez au vert: lisez Poteaux carrés]
 

 

Réactions

  • Pascal Amateur le 07/03/2013 à 12h11
    N'aurait-il pas pu arborer un brassard noir ? Fallait-il qu'il ôte son maillot ?

  • Portnaouac le 07/03/2013 à 12h47
    Josip R.O.G.
    aujourd'hui à 11h42

    Passionnant en tous points....
    Le seul truc qui me gêne dans l'article tout en confortant la doxa locale , c'est la vidéo du penalty sur Aubameyang.
    1) le contact sur le pied du stéphanois est encore moins évident que celui de Rabesandratana sur Ravanelli
    [...]

    ---------------

    Le contact pas évident ? Au premier regard, certes mais si tu observes très attentivement, il ne fait plus aucun doute.

    Le problème, c'est qu'il n'y a pas de timeline, il est donc difficile de te dire quand regarder exactement.

    Néanmoins, au tout début, juste au moment où le défenseur pose son premier appuis (son pied gauche donc) tu regardes le mouvement du pied gauche d'Aubameyang (celui qui est en l'air, donc) et plus particulièrement le mouvement de son talon ; et là, tu vois qu'il y a un mouvement "parasite", juste à l'instant où le tibia droit du défenseur est à proximité.

    Alors oui, Aubameyang tombe parce qu'il se fait lui-même un croche pied ; mais il ne se fait un croche pied que parce que le défenseur, dans sa course, pousse dévie la trajectoire de son pied et l'envoie derrière son tibia en appuis ; il n'y a pas de violence, il ne le bouge pas de 50 centimètres, mais c'est une petite déviation largement suffisante (en particulier en pleine course).

  • pitchdobrasil le 07/03/2013 à 15h05
    Bonjour et merci pour vos différents messages, cela fait plaisir d'être lu et complimenté. ;)

    ___________________________________________________
    et alors
    aujourd'hui à 10h19

    Comme les précédents, je trouve le point de vue très éclairant. Un chiffre me fait tout de même tiquer : "une mi-temps accrochée en L1 voit facilement quarante fautes sifflées."
    ___________________________________________________

    En fait, il s'agissait d'une coquille durant la rédaction, qui a été corrigée suite à ton commentaire. Il fait bien sûr lire "Un match accroché" et non "une mi-temps accrochée".

    À noter que, régulièrement, les deux périodes d'un match sont assez déséquilibrées en nombre de faute. L'évolution du score, de l'état physique ou nerveux des joueurs, le ressenti (justifié ou pas) de l'arbitre, le nombre de cartons expliquent ce fait. Du coup, on peut très bien avoir une première mi-temps à 5-10 fautes et une seconde à 25-30, même si c'est de moins en moins le cas. C'est cela que je voulais exprimer au départ dans mon papier, mais j'ai changé en cours de route pour ne pas partir dans tous les sens et j'ai oublié de retoucher.

    Dernier point, les stats sont souvent fausses. Exemple : à la mi-temps de ce Sainté-Nice, BeIn sous-évaluait le nombre de fautes sifflées.

  • et alors le 07/03/2013 à 16h48
    Merci de la précision qui confirme mon impression. Bastia-Ajaccio était donc bien au niveau des matchs les plus accrochés (j'ai utilisé les chiffres de l'é lien) ; et le Roma-Juve à 75 fautes bien quelque chose de délirant (pour la petite histoire, la Juve gagne sur deux erreurs d'arbitrage manifestes, un but nettement hors-jeu et un pénalty pour une faute clairement en dehors de la surface - contre un beau but de Cassano ; rétrospectivement, ce ne sont sans doute pas des bourdes involontaires vu ce qu'on a appris du contexte de l'époque).

  • Moravcik dans les prés le 07/03/2013 à 17h59
    Très bon article, qui correspond effectivement à mon ressenti lors de la vision du match : on pardonnera à Galtier ses paroles sous le coup de l'émotion, mais rien chez les Niçois n'annonçait une telle faute, pas même un éventuel sentiment d'injustice sur le péno, qu'ils ne contestèrent pratiquement pas (idem pour le but refusé).

    A noter d'ailleurs que lors de la faute d'Eysseric, de mémoire seul Digard semble (brièvement) protester à la vue du carton rouge, Eysseric lui-même semblant considérer la sanction comme absolument normale. Une absence de réaction certes simplement décente de sa part, mais tout de même à souligner.

    Par la suite, tout le monde semble effectivement sous le choc, et il m'avait même semblé que plusieurs joueurs (surtout des anciens) cherchaient même à faire en sorte que le match ne dégénère pas, notamment par des gestes d'apaisement lors des contacts (j'ai peut-être rêvé, mais Civelli en particulier m'a semblé être l'un de ceux-là).

    A l'inverse, et surtout pendant le reste de la première mi-temps, il m'avait semblé, en direct, que le banc stéphanois, un peu sur les nerfs (et encore une fois, on peut lui pardonner), réagissait un peu trop vivement à chaque faute ou contact. Mais les joueurs sont restés à peu près tous très calmes, à l'exception peut-être de Bauthéac et Ruffier. Et le souci de pédagogie de M. Varéla pendant le reste du match est effectivement à souligner dans des circonstances aussi particulières : même si ne pas donner de jaune à Ruffier sur son emballement parait étrange, c'était en effet peut-être la meilleure chose à faire sur le moment.

    Pour finir, on a beaucoup remarqué la sortie de Galtier, mais tous les joueurs stéphanois (et même Roro) sont restés extrêmement dignes dans leurs déclarations, avec mention spéciale pour la classe de Guilavogui et de Perrin, qui tous deux, pourtant à chaud et complètement choqués (surtout Guigui, au bord des larmes), tiennent à souligner qu'Eysseric n'est pas un méchant garçon.

  • xTieum78x le 07/03/2013 à 18h07
    @Portnaouac : effectivement, contact entre le talon et le tibia du défenseur niçois. J'avoue qu'avant tes précieuses indications, je n'arrivais pas non plus à distinguer le contact.

    Félicitations aux auteurs pour ce brillant article, et aussi à Mr Varela, donc, pour avoir su tenir le match.

  • Yoop2804 le 07/03/2013 à 19h57
    xTieum78x
    aujourd'hui à 18h07

    @Portnaouac : effectivement, contact entre le talon et le tibia du défenseur niçois. J'avoue qu'avant tes précieuses indications, je n'arrivais pas non plus à distinguer le contact.
    -------------
    Alors que depuis le Kop Nord, à l'autre bout du stade, on l'avait tous vu.

  • grognon le 07/03/2013 à 20h38
    Très bon article, comme souvent (voire tout le temps) avec poteaux-carrés.


  • Jankulovic Hasek le 07/03/2013 à 20h48
    Je pense que Galtier a surréagi par rapport aux Niçois, car il s'attendait à un match engagé.
    Dans cet article lien il est dit que Blachon a visionné les matchs des Niçois et qu'ils commettaient beaucoup de fautes.

  • Roger Cénisse le 07/03/2013 à 20h49
    Juste pour rougner un peu (parce que sinon ça se fait pas), c'est vrai que Brandao qui fête ses deux buts en exultant comme un fou, ça fait vraiment joueur super choqué par ce qui est arrivé à Clément.

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