Hildebrand X
Ex-numéro 3 de la Mannschaft, Timo Hildebrand a disparu du paysage après son départ de Stuttgart. Il tente de se relancer avec Schalke. Mais est-il encore temps?
Hildebrand: le nom s'est rappelé à nos souvenirs cet automne, lorsque Neuer a tenu 770 minutes dans les cages munichoises sans prendre de but en Bundesliga. Cette série d’invincibilité a en effet été l’occasion de rappeler que le record est toujours détenu par Hildebrand: en 2003, celui qui était gardien du VfB Stuttgart était resté invaincu durant 884 minutes.
La sélection sans jouer
En 2003, le CV de Hildebrand est alléchant. Le gardien natif de Worms affiche une vingtaine de sélections avec les Espoirs allemands et compte à son actif trois saisons comme titulaire au VfB, où il a succédé à l’Autrichien Wohlfahrt. Grâce à sa longue invincibilité, il est élu "footballeur du mois" en septembre et octobre 2003 [1]. Enfin, il profite d’une exposition maximale avec la participation de son club à la C1 – deuxième de Bundesliga en 2003, le VfB a évité le tour préliminaire – et à sa qualification en huitièmes de finale aux dépens du Panathinaikos et des Glasgow Rangers. Pas étonnant, donc, que Hildebrand soit appelé en équipe nationale par Völler.
Mais les débuts sont laborieux. La première cape au printemps 2004 n’est pas un cadeau: Hildebrand remplace Kahn à la mi-temps (0-4) d’un match catastrophe en Roumanie. La deuxième sélection intervient huit mois plus tard, au terme d’une tournée en Asie qui permet à Hildebrand de fêter sa première titularisation. Entre les deux, pas une minute de jeu pour le numéro 23 du groupe allemand à l’Euro portugais.
Hildebrand continue à se distinguer en Bundesliga et en Coupe d’Europe – le club souabe disputant la C3 en 2005 et 2006. Mais en équipe nationale, malgré le départ de Völler et l’arrivée de Klinsmann, sa situation n’évolue pas: Hildebrand reste troisième derrière Lehmann et Kahn. Il effectue un match avec l’Allemagne en 2005, deux en 2006. Inclus dans les vingt-trois Allemands retenus pour "leur" Coupe du monde, Hildebrand reste spectateur, y compris pour la rencontre pour la troisième place qui sert de match d’adieu à Kahn. Cinq capes en trois ans: Hildebrand peut être frustré, malgré ses deux médailles de bronze.
Échec international
La saison 2006/07 voit le VfB Stuttgart réaliser un excellent parcours, conclu par un titre de Meister – le premier depuis 1992 – et une place de finaliste en Coupe d’Allemagne. Elle marque aussi l’émergence d’un groupe de jeunes à suivre (Tasci, Khedira, Gomez…). Mais pour Hildebrand, elle sonne également la fin de son parcours à Stuttgart. Dans sa dernière année de contrat, Hildebrand tergiverse avec ses dirigeants, qui retirent leur offre en décembre 2006. Bien que titré, Hildebrand part l’été suivant tenter sa chance en Espagne, au FC Valence.
Avec succès… au début. En concurrence avec Cañizares, avec qui il ne s’entend pas du tout, Hildebrand parvient à se faire sa place pour sa première saison à Valence, où il joue une trentaine de matches et remporte la Copa del Rey 2008. Mais à l’été 2008, alors que Cañizares met un terme à sa carrière, Hildebrand est rétrogradé au rang de troisième gardien à l’arrivée d’Emery comme entraîneur. Privé de jeu, Hildebrand négocie la rupture de son contrat. Du côté de la Mannschaft, même devenu numéro 2 avec Kahn parti en retraite, Hildebrand ne glane que deux capes supplémentaires en 2007. Pire, pour accompagner Lehmann à l’Euro austro-suisse, Löw – ayant sans doute noté la triste série d’un seul succès en dix matches de Valence au printemps 2008 – promeut à la fois Enke et le jeune Adler. Hildebrand finit ainsi 2008 sans club et sans place en sélection.
La carrière internationale de Timo Hildebrand
Mauvaises relances
Pour se reprendre le fil, Hildebrand revient en Allemagne, à Hoffenheim. Pas un choix anodin, puisque le 1899 Hoffenheim est alors entraîné par Rangnick, que Hildebrand connaît de sa période à Stuttgart. Avec "Hoppenheim", Hildebrand retrouve une place de titulaire et dispute trente-huit matches en Bundesliga. Mais c’est insuffisant pour que son contrat soit automatiquement prorogé – une clause exigeait trois matches de plus –, et comme le climat dans le vestiaire n’est pas au beau fixe, Hildebrand n’est pas conservé au terme du contrat. A l’été 2010, il refait ses valises, mais indique ne pas encore se résigner à un rôle de remplaçant. Côté Mannschaft, la retraite de Lehmann et le suicide d’Enke ont permis à Neuer et Wiese d’intégrer pour de bon la sélection. De Hildebrand, même comme numéro 23, il n’est même plus question…
A trente ans passés, Hildebrand retente alors sa chance à l’étranger, cette fois au Sporting Portugal, où il signe pour un an. Las, il doit se satisfaire de trois apparitions en coupes, sans jouer une minute dans le championnat local. En 2011, retour donc à la case chômage le temps de trouver un cinquième club… qui n’est pas Manchester City, où le test effectué par Hildebrand cet été est jugé non-concluant.
Coup de jeunes
Mais le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. Privé de son gardien titulaire Fährmann blessé, le FC Schalke 04 recrute Hildebrand en octobre, afin de conserver trois gardiens à disposition. Hildebrand rejoue enfin cet automne… avec la réserve des Königsblauen, en quatrième division. Pour le retour dans l’élite, il faut attendre. Pourtant, le temps presse, car Hildebrand a bientôt trente-trois ans. Or, l’actuelle tendance en Allemagne est en faveur des jeunes: Leno, ter Stegen (19 ans), Baumann, Trapp (21), Zieler (22), Kraft, Ulreich (23)… Seuls trois des dix-huit portiers titulaires de l’élite sont, comme Hildebrand, nés avant 1980. Difficile pour les "vieux" de se faire une bonne place. Hildebrand doit-il alors se résigner à évoluer en réserve, ou partir dans une division inférieure? Une troisième aventure à l’étranger serait-elle raisonnable?
Certes, un miracle est toujours possible: Butt l’a montré après un passage infructueux au Portugal, en signant au Bayern en 2008, où il est passé titulaire aux dépens de Rensing puis de Kraft. Butt est devenu un pilier de l’équipe du doublé Coupe et championnat en 2010, ce qui lui a permis d’être rappelé en sélection pour la Coupe du monde après sept ans d’absence. Pour Hildebrand toutefois, une telle relance s’annonce d’autant plus ardue que lui n’est même pas deuxième gardien à Schalke, et que Löw, le sélectionneur qui l’a "oublié" voici quatre ans, est toujours en place. En fait, le "Timonator" n’a-t-il pas déjà laissé passer sa chance... en 2007en quittant Stuttgart?
[1] Hildebrand finit 18 des 34 matches de la saison 2003/04 sans prendre de but. Le VfB Stuttgart, entraîné par Magath et où évoluent alors Lahm, Hinkel, Hleb et Kuranyi, finit quatrième et meilleure défense de la saison avec 24 buts encaissés – record du club et deuxième meilleure défense de l’histoire de la Bundesliga.