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There's only one Bohemka

Dimanche aura lieu en République tchèque un derby très particulier, qui opposera les Bohemians de Prague... aux Bohemians de Prague.

Auteur : Richard N. le 1 Oct 2009

 

 

La situation est pour le moins confuse. Deux clubs au profil identique disputent cette saison la Gambrinus Liga, première division du football tchèque. Mêmes couleurs blanches et vertes, même kangourou en guise d'emblème, et quasiment le même nom: Bohemians 1905 et FK Bohemians Praha... Deux clubs différents que tout oppose mais qui se réclament tout deux de l'héritage du club le plus populaire de l'ex-Tchécoslovaquie, les Bohemians de Prague.


bohemians_logo.jpgUn baptême et deux kangourous

S'ils n'ont pas un palmarès aussi fourni que leurs voisins, les Bohemians sont un grand nom du foot d'Europe centrale. Le club est fondé en 1905 sous le nom de AFK Vršovice, issu d'un quartier du sud-est de Prague. Mais c'est en 1927 qu'il forge son identité.

 

Cette année-là, le club est invité à effectuer une tournée en Australie. Une invitation, en fait, par défaut: elle arrive après que les promoteurs eurent essuyé le refus de l'équipe nationale tchécoslovaque puis des grands clubs praguois de l'époque (Sparta, Slavia, Viktoria Zizkov...). Dans les contrées anglophones de l'hémisphère Sud, le nom d'AFK Vršovice est quelque peu obscur et quasi imprononçable. Les organisateurs proposent alors à l'équipe tchèque d'adopter quelque chose de plus poétique et de plus vendeur: Bohemians de Prague.

 

La tournée est un tel triomphe (Quinze victoires pour vingt rencontres, trois défaites seulement) que le club, à son retour au pays, décide de conserver le nom. Il revient en outre de son périple avec un joli cadeau: deux jeunes kangourous qui deviendront les attractions du prestigieux zoo de Prague. L'animal deviendra quand à lui la mascotte du club et figure encore aujourd'hui sur le blason.



bohemians_3.jpg
 

Par la suite, les remous de l'histoire obligeront le club a changer de nom plus souvent qu'à son tour. En 1940, l'envahisseur nazi lui impose le doux patronyme de Bohemia. Après la guerre, le non moins envahissant pouvoir communiste le rebaptise Železnicári Praha, puis carrément Spartak Praha Stalingrad.

 

Finalement, le nom de Bohemians reviendra au goût du jour au début des années soixante et ne subira plus que de mineures rectifications. De toutes manières, les gens de Vršovice ont pris l'habitude de nommer leur club "Bohemka" et d'identifier les joueurs par le surnom de "klokani" ("Les kangourous").




Des sommets européens à la faillite

Bohemka, donc, connaît ses plus belles saisons au début des années 1980. L'équipe est emmenée par un joueur étonnant qui deviendra mondialement célèbre pour avoir rendu chèvres quelques gardiens sur de fameux penalties, Antonin Panenka. En 1983, le club remporte son premier (et seul) titre de champion de Tchécoslovaquie. La même saison, les Kangourous s'offrent un joli parcours européen.

 

Après avoir notamment mis K.O. l'AS Saint-Étienne: ils bondissent jusqu'en demi-finale de la Coupe UEFA et s'inclinent devant Anderlecht. Deux ans plus tard, ils sont à deux doigts de conquérir un nouveau titre, mais une défaite à la dernière journée met fin à leurs espoirs.

 

L'occasion ne se présentera plus: une vague histoire de corruption pourrira les années suivantes, durant lesquelles l'équipe cumulera les échecs. En 1995, le club de Vršovice fête son quatre-vingt-dixième anniversaire par une relégation. Dix ans plus tard, il atteint son centenaire en situation de faillite.



bohemians_2.jpg


La saison 2004-2005 se termine en effet sans les Bohemians. Le club a été liquidé sous le poids d'une ardoise de quelques quarante millions de couronnes tchèques (environ 1,3 million d'euros). Sommé de trouver de l'argent pour rembourser ses créanciers, le propriétaire du club va jusqu'à vendre le nom du club et les droits d'exploitation qui vont avec.

 

Il trouve rapidement preneur avec le FC Strížkov, un obscur club praguois de troisième division, tout heureux d'acquérir un nom si prestigieux. Pendant ce temps, une formidable mobilisation prend forme à Vršovice parmi les supporters qui ne veulent pas voir leur club mourir.

 

Un appel aux dons est lancé, qui permet d'amasser suffisamment d'argent pour inscrire une équipe en troisième division tchèque. Un club amateur de Vršovice est rebaptisé "Bohemians 1905", avec l'approbation de la Fédération tchèque de football.



bohemians_ts.jpgEt un, et deux, et...

Lors de l'été 2005, le championnat tchèque de troisième division reçoit l'inscription de deux clubs portant le même nom ou presque: Bohemians 1905 et FK Bohemians Praha. La Fédération tente de mettre fin à l'absurdité de la situation et interdit au club de Strížkov d'utiliser le nom. Mais celui-ci rappelle qu'il l'a acheté tout à fait légalement et s'appuie sur les tribunaux – lesquels, évidemment, lui donnent raison.

 

Ainsi vivent deux Bohemians de Prague. À Strížkov, on revendique la propriété du nom et l'exercice du bon droit, même si l'on peine à gagner un public. À Vršovice, on se réclame de l'histoire, on joue dans l'enceinte historique de ?olí?ek, qui affiche souvent complet, et on place le glorieux Antonin Panenka à la présidence.
 

Sur le plan sportif, les deux clubs s'en sortent plutôt bien Les Bohemians 1905 de Vršovice retrouvent l'élite dès 2007, mais ne tiennent qu'une saison. L'autre Bohemians, celui de Strížkov, prend le relais la saison suivante et parvient à se maintenir. Et comme Vršovice décroche une nouvelle accession, les deux clubs se retrouvent en première division tchèque à l'aube de la saison 2009-2010.

 

En plusieurs occasions, l'un a annoncé que l'autre n'avait plus le droit d'utiliser le nom, mais aucun des deux n'a cédé. Les deux équipes vacillent aujourd'hui au fin fond du classement, mais elles s'apprêtent à en découdre ce dimanche pour le derby le plus absurde de la Gambrinus Liga.



bohemians_panenka.jpg
Antonin Panenka (photo CTK)


Bohemians vs Bohemians, Kafka aurait adoré. Surtout que pendant ce temps, dans les profondeurs du football tchèque, un troisième larron a démarré sa saison dans la toute dernière des divisions amateurs du football praguois. Même s'il n'en a pas tout à fait fini avec la procédure de faillite, il a gagné le droit de s'inscrire aux compétitions amateurs.

 

Le FC Bohemians Praha, le vrai, l'héritier légitime, celui qui a fait faillite en 2005, refait sa vie loin des sournoiseries du football professionnel.


(Thanks to Zbynek Pawlas)

Réactions

  • Tonton Danijel le 01/10/2009 à 11h54
    Oui, je me rends compte que Sparta peut tout bêtement faire référence à Sparte. Et que ce n'est pas le Spartak le club de l'armée rouge mais le CSKA. Mes confuses, je vais bientôt avoir l'opportunité de paufiner ma culture Tchèque.

  • DidierF le 01/10/2009 à 12h24
    Hum, Tonton Danijel... Des CSKA (TsSKA), on en trouve dans pas mal de pays du feu-bloc de l'Est (URSS, dont Russie, Ukraine, Moldavie, Arménie, mais aussi Bulgarie, peut-être ailleurs) mais pas en Tchécoslovaquie. Le sigle signifie "club sportif central de l'armée".

    Les clubs corporatifs sont relativement peu nombreux en Tchéco - où la tradition de football est une des plus anciennes d'Europe, datant de l'Empire austro-hongrois. Le club est avant tout l'émanation d'une communauté urbaine (quartier, ville), éventuellement ethno-linguistique.

    A la faveur de crises d'appareil et de "tournants" à l'époque stalinienne, les noms ont pu valser mais la base de supporters restait la même. Un Sparta a pu ainsi brièvement devenir Spartak puis retourner à l'ancienne appellation...

  • holybinch le 01/10/2009 à 12h28
    Excellent article, bravo.

  • José-Mickaël le 01/10/2009 à 13h22
    Tonton Danijel
    jeudi 1 octobre 2009 - 11h54
    > Oui, je me rends compte que Sparta peut tout bêtement faire référence à Sparte.

    Spartak, ça ne fait pas plutôt référence à Spartakus, celui qui a dirigé une révolte d'esclaves du temps de l'empire Romain et qui, du coup, serait un héros pour le régime communiste ? (C'est ce que j'ai toujours pensé mais après tout je ne sais pas si c'est le cas.)

  • Pascal Amateur le 01/10/2009 à 13h23
    C'était bien, ça, à l'époque :

    "À l’image d’autres grandes villes européennes, la capitale tchèque possède trois clubs: le Sparta Prague, le Slavia et le Bohemians 1905, dont les compositions hasardeuses et les nombreux faux rythmes évoquent plus une reprise R’n’B de M. Pokora que la rhapsodie originale de Queen.

    Le Sparta Prague est évidemment le grand nom du football tchèque. Alors soumis à la tutelle soviétique, il figure parmi les meilleures formations européennes. Malheureusement, dès qu’il est placé sous le feu des projecteurs, il dit "J’avoue, j’avoue!" en donnant les noms de ses principaux opposants.

    Au cours des dernières années, le Slavia Prague a pour sa part fini huit fois deuxième – une performance qui facilite les blagues. En 2007, le club a même participé aux poules qualificatives de la Ligue des champions, pour un résultat évidemment quelconque. Son entraîneur a cependant reconnu: "Nous nous sommes assis sur la préparation", ce qui n’est jamais bon quand on appartient au groupe H.

    Le Bohemians, remonté en première division après une liquidation judiciaire, porte le surnom de "Kangourous". Ce sobriquet, attribué en 1927 après une tournée organisée en Australie, leur donne raison de n’avoir pas voyagé en Corée, où les joueurs se blessent parce que leurs dirigeants veulent s’en mettre plein les poches.

    Quant au club du Viktoria Zizkov, que l’on pourrait traduire par "la femme de David Beckam a eu une aventure avec un Bulgare", il végète en fin de classement. On a envie de dire tant mieux."

  • Tonton Danijel le 01/10/2009 à 14h07
    DidierF
    jeudi 1 octobre 2009 - 12h24

    Oui, mais quand je fais référence à l'armée rouge, je ne fais pas référence à l'armée Tchéque (à moins qu'au temps de la Tchecoslovaquie ils aient eu eux aussi une armée rouge). Je faisais référence à la confusion Spartak/CSKA de Moscou.

    Possible aussi comme le soulignait JM que cela vienne aussi de Spartacus. On a d'un côté (Spartacus) le mythe de l'insurgé, prêt à livrer un combat déséquilibré, de l'autre (Sparte) le mythe de la cité qui s'appuye sur une discipline austère poussant au sacrifices des individus pour la cause de la cité. Les deux mythes ont de quoi plaire à des dirigeants communistes, en fait.

  • Pascal Amateur le 01/10/2009 à 14h14
    Au Portugal, on parle plutôt du Sporto.

  • poiuyt le 01/10/2009 à 14h14
    Merci pour cet article annonçant la terrible lutte entre george worst et moi même pour la VMLdu week end...

    Et puisqu'on est dans la culture, je rappelle juste que la Bohème, c'est un région de la république Tchèque...

  • la touguesh le 01/10/2009 à 15h52
    Ah zut, j'étais persuadé que c'était un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ...

    Merci pour ce chouette article qui fleure bon la VML !!

  • Commodore Djevic le 01/10/2009 à 19h32
    J'adore ce genre d'articles, ou la confrontations de deux clubs se présentant comme fils unique d'un même père mène un combat fratricide.
    Cela flatte mon synapse épique.
    De quoi en faire un film à effets spéciaux à Hollywood.

La revue des Cahiers du football