Échec aux régionales : fallait-il renvoyer l'entraîneur?
Tribune des lecteurs - Dans la série "Foot et politique", notre tribuniste pousse la métaphore sportive et étudie l'avenir du FC Gouvernement.
Auteur : Lilian L. - Pauillac (33)
le 31 Mars 2004
L'équipe gouvernementale actuelle, match après match, accumule défaites et résultats décevants, tant à domicile que loin de ses bases — même si certaines confrontations à l’extérieur on pu tourner à son avantage (crise irakienne, Côte-d’Ivoire…). Néanmoins les résultats à la maison ont fait naître un profond mécontentement chez les supporters, mécontentement qu’ils ne se sont pas privés de manifester vigoureusement. La récente et humiliante élimination dans une compétition "qui pour être locale, n’en est pas moins nationale" et qui, si elle n’est pas en lien direct avec le quotidien du championnat, participe à la décrédibilisation générale de l’équipe en place. Dans de telles situations, nombreux sont les présidents qui n’auraient pas hésité une seconde à faire porter le chapeau à l’entraîneur et le vider pour mauvais résultats. Le président n’a pas fait ce choix, pourquoi? L'appel vibrant des Cahiers du football au maintien des entraîneurs en poste lors des périodes de crise a certainement eu son influence, mais ça n'est pas tout. Sans doute le président est-il conscient que son élection triomphale d’il y a deux ans à son poste l’a placé lui, personnellement, dans une position de responsabilité à la hauteur des attentes des supporters. Il a aussi certainement considéré que le problème venait d’abord et en priorité de certains joueurs, de leur manque d’adaptation aux contraintes du championnat français, de leur absence de vision du jeu ou tout simplement de leur niveau trop faible. Des changements devraient donc intervenir à l’occasion d’un mercato improvisé. L’entraîneur doit d’autant plus en être dédouané qu’on sait bien que ce n‘est pas lui, mais le président qui choisit les joueurs et constitue l’équipe. Le rôle de l’entraîneur se réduit en effet, comme souvent, à assurer la gestion de l’équipe au quotidien, à motiver et invectiver les joueurs et à répondre aux interviewes et autres sollicitations médiatiques. Le rôle de l’entraîneur est ici d’autant plus restreint que l’attaquant vedette et capitaine de l’équipe se pose en leader charismatique et reste très populaire dans le cœur des supporters (pourquoi? mystère), à tel point qu’il a même été pressenti pour devenir entraîneur-joueur. La profonde inimitié du président pour le capitaine nous épargnera encore sans doute quelques temps la réalisation improbable de ce scénario. S'il est vrai que notre très médiatique attaquant bouge énormément sur le terrain, il n’a pas l’efficacité face au but qu’il aimerait nous faire croire et joue quand même un peu perso. Si l’entraîneur est aujourd’hui maintenu dans ses fonctions malgré les résultats calamiteux de l’équipe, on peut penser qu’il n’en sera pas toujours ainsi, et que si les prochaines confrontations européennes (qui pour être européennes, n’en sont pas moins nationales, comme dirait l’autre) voyaient à nouveau l’équipe éliminée, la sanction tomberait, inexorable, et l’on assisterait à nouveau au sacrifice d’un entraîneur sur l’autel de la sacro-sainte exigence de résultat (comme le dit si bien Jean-Michel A., "l’état est une entreprise comme les autres").