Sur le gaz : les satisfactions et les contrariétés du président de l'OM — le suspens soutenable du départ de Fernandez — le logo très "free party" du Mondial 2006 — la sécu fait raquer les clubs — et un jeu-test.
L'exécution est suspendue
Le problème avec l'agonie de Fernandez et l'hésitation de Laurent Perpère à lui mettre le coup de grâce malgré les demandes répétées de la presse sportive, c'est que cette dernière a de plus en plus de mal à filer la métaphore. Acculé, Jérôme Touboul en arrive à écrire dans L'Equipe de ce lundi:
"Jusqu'où s'effondreront-t-ils? Quel sera le terminus de leur noyade?"
L'estocade portée à Fernandez par la presse unanime tourne en effet au feuilleton, même si Le Parisien veut croire que le coach
"doit désormais se préparer à quitter le PSG proprement. Dans la dignité d'une victoire à donner à son club, jeudi prochain contre Bordeaux". Après la sentence, l'oraison funèbre.
Fernandez semble effectivement avoir plus de facilité à mobiliser les tribunes que son équipe, revenue de Rennes avec une nouvelle feuille blanche. Mais tout va bien, l'entraîneur parisien est "en pleine bourre", même si le visage de Laurent Perpère est tellement fermé qu'il va bientôt se rétracter en lui-même.
On voit cependant réapparaître sur les écrans les dirigeants "historiques" du PSG (et d'autres plus exotiques — voir ci-dessous), tel Charles Talar sur Infosport qui prône la méthode douce et le maintien de Fernandez jusqu'au terme de son contrat, plutôt que de lui trouver un successeur dans l'urgence, avec un effet très aléatoire sur le plan sportif. On lui donnerait volontiers raison, mais les enjeux politico-médiatiques prennent maintenant le dessus sur la raison et le limogeage pourrait avoir lieu sans bris de vaisselle durant la trêve.
Histoire de participer au marché spéculatif sur le nom du successeur de Fernandez, nous jetterons pour le plaisir ceux de Vincent Guérin, Alain Giresse, Aimé Jacquet et Philippe Jeannol.
Après Gilbert Ponce, c'est Robert Pilate qui va se laver les mains du sort de Fernandez? |
L'OM nouveau pose ses marques
Si au premier abord Christophe Bouchet diffère en tout de ses prédécesseurs à la direction de l'OM et si la politique qu'il insuffle dans ce club apparaît à bien des égards inédite, il s'inscrit en revanche dans une parfaire continuité sur d'autres points, notamment quand il s'agit de présenter son club comme la victime d'odieux complots tramés en haut lieu pour l'humilier en même temps que son actionnaire majoritaire.
Après le désaccord sur la répartition des droits télé, qui prend la forme d'un conflit ouvert ("on ira au bout" déclarait-il à La Provence le 6 décembre, "même si certains ne nous croient pas capables de le faire"), c'est la DNCG qui contrarie les intérêts de l'Olympique en le maintenant sous recrutement contrôlé. Bouchet a dénoncé "deux poids, deux mesures", une "parodie de justice", "une mesure de défiance", des "bâtons dans les roues" (AFP 06/12). On a pourtant entendu des présidents de tous les clubs se plaindre des décisions de l'instance, toujours présentée comme excessivement exigeante et ses décisions comme arbitraires. C'est plutôt le signe positif qu'elle remplit sa fonction, ce que l'on peut espérer alors que la situation comptable des clubs s'est fortement dégradée lors des deux derniers exercices.
Même si l'endettement a été considérablement réduit, l'OM paye sa RLD-dépendance, et certainement un peu le prix de ses dérives financières passées — ce en quoi son cas n'a rien d'original. L'affichage d'une vertu retrouvée ne suffit peut-être pas à inverser une situation en quelques mois. Christophe Bouchet a raison d'être ambitieux pour son club, il semble en défendre les intérêts avec détermination, et avoir par ailleurs bien ajusté sa communication au contexte.
Depuis son fauteuil présidentiel, Robert Louis-Dreyfus se félicite en tout cas du renouveau marseillais (France Football 13/12). Récompensé du titre de champion d'automne, le parcours de l'OM apparaît effectivement sous un jour d'autant plus positif. Mais si l'on a l'impression que l'équipage peut encaisser les revers de fortune, il y a peut-être de quoi s'étonner d'entendre les protagonistes décrire le tandem Bouchet-Perrin comme une solution définitive, d'ores et déjà couronnée de succès — surtout dans une période où les directeurs sportifs et les entraîneurs sont soumis à une précarité endémique et où la force des aléas sportifs ne se dément pas. Aussi bien le technicien que le président doivent encore faire leurs preuves dans la durée, sans croire que l'équilibre est acquis, puis recueillir les fruits du redressement. La direction de l'Olympique de Marseille est une longue suite de challenges.
Fun, fun fun
Le Comité d'organisation de la Coupe du monde 2006 a dévoilé il y a quelques semaines son logo officiel, destiné à être imprimé sur des millions d'articles (que le géant de la distribution KarstadtQuelle sera chargé de commercialiser). La création de logos et de mascottes fournit d'inépuisables sujets d'amusement, et les gros smileys de celui-ci n'échappent pas aux sarcasmes outre-Rhin. On notera qu'il marque assez peu la germanité du pays hôte, symbolise la famille (papa, maman et le fiston?) et qu'il vaut mieux savoir qu'il s'agit de football.
Pour les ecsta, il faudra passer par la Hollande. |
On sait maintenant qu'en 2006, les projecteurs se déplaceront chez les voisins suisses et autrichiens, désignés pour accueillir l'Euro 2008. La co-organisation des grandes compétitions, qui comptait beaucoup de détracteurs récemment, est-elle en train de passer dans les mœurs après la réussite du Mondial 2002?
Qui casse les jambes les paie
Histoire d'assurer un suivi exemplaire de l'information et afin de rester un modèle pour nos confrères, notifions les jugements rendus dans des affaires évoquées récemment pour lancer un débat (
Faut-il interdire les blessures?). Le PSG a vu sa condamnation à verser 22.000 euros d'indemnités à la Caisse primaire d'assurance maladie des Côtes-d'Armor confirmée par la Cour d'appel de Paris (à la suite de la blessure de Charles-Edouard Coridon). Quelques jours plus tôt, l'OM a pareillement été débouté dans l'affaire Blondeau-Deroff, et devra rembourser près de 30.000€ à la CPAM de Nantes.
Le premier jugement a adopté la thèse de la CPAM, selon laquelle "le risque accepté ne peut être qu'un risque né de la pratique normale du sport et non une blessure résultant d'un acte que l'arbitre avait qualifié de dangereux" (AFP, 09/12). On se réjouira que la "normalité" des blessures dans le football de haut niveau puisse être remise en cause. C'est toujours un pas de plus vers une baisse du niveau de la brutalité ordinaire et du nombre "d'accidents" qui en résultent.
Jeu-test
Reconnaîtrez-vous ce stagiaire, qui il y a quelques années jouait les mannequins de fortune dans le journal du PSG, avec sa panoplie complète de jeune supporter tout droit sorti des fantasmes d'un responsable du marchandising?